Il y a 3 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
194024 juillet 2013 – L’article que vous commencez à lire maintenant, si vous ne passez pas le début, est le 10.000ème publié par dedefensa.org, selon la comptabilité chronologique de notre équipement, et donc le 10.000ème à entrer dans nos archives. L’événement valait bien une chronique spéciale, d’autant plus que cette chronique sera l’occasion de certaines mises au point, éventuellement de mises en perspective, éventuellement d’esquisses de prospective.
(10.000, en fait un chiffre symbolique... En réalité, le nombre d’articles publiés par dedefensa.org est supérieur. Il s’agit de 10.000 articles depuis fin février 2002, et effectivement quelques autres d’avant février 2002 encore disponibles dans nos archives. Nous nous expliquons. Autour du 20 février 2002, un grave accident affecta notre serveur, qui était alors texan [from Texas, USA]. Le serveur s’occupa d’abord de ses clients privilégiés, c’est-à-dire US, puis des autres, avant de terminer par dedefensa.org. Nous restâmes ainsi, sur le carreau, bloqués et inaccessibles pendant une semaine. Au décompte final, il s’avéra que nous avions perdu une grande partie de notre base éditoriale et de nos archives, parvenant difficilement à en récupérer une petite partie. Nous avons changé de serveur, préférant en avoir un dans la région de Liège, qui ait ainsi pour nous figure humaine. C’est donc une somme d’autour de 100-150 articles qui a disparu. [Le site, ouvert en 1999, ne devint vraiment opérationnel qu’au début de 2001, et il démarra d’abord “à petits pas”.] Il faut également signaler que certains articles publiés “sur papier”, qui sont en fait des textes datant d’avant l’installation du site et mis en ligne depuis, portent des dates largement antérieures à 1999, puisqu’ils sont identifiés par leur dates de parution initiale. Cela n’a rien à voir, bien entendu, avec l’existence du site, et notamment sa naissance et les avatars que nous avons rapportés.)
Nous n’allons certainement pas nous attendrir sur ce travail, chercher quelques discrets qualificatifs permettant de le glorifier sans trop y paraître. La seule chose qu’il nous importe d’affirmer, pour bien fixer les thèmes de cet article, c’est que nous avons grandement évolué, au niveau graphique et de la forme des textes, mais surtout (on le verra plus loin) au niveau de la ligne de pensée du site.
Il y a eu plusieurs changements graphiques, et au moins deux refontes de fond en comble du site. Cela explique notamment que, dans certains textes anciens, on peut retrouver parfois des formules d’encodage pour tel ou tel signe de police d’imprimerie à la place de ces signes nécessairement cabalistiques, parce que l’encodage a été modifié, ou abandonné, et que la correction n’a pu être réalisée partout. Épisodiquement, nous explorons certains textes anciens et faisons les corrections nécessaires, mais ce travail de bénédictin est nécessairement lent et incomplet. Nos lecteurs voudront bien nous excuser de ces inconvénients, lorsqu’il leur arrive de s’intéresser au passé de dedefensa.org.
Un autre point technique accessoire, mais pas inintéressant, concerne notre méthode de mise en page. Nous tenons toujours, pour tenter de débusquer les dernières (espère-t-on) coquilles et autres maladresses de frappe, à effectuer une dernière relecture du texte mis en ligne. La forme différente du texte et, surtout, l’absence des signes d’encodage existant dans les textes initiaux, permettent souvent de repérer des fautes passées inaperçues. Ainsi, lorsque un lecteur ouvre un texte qui vient d’être mis en ligne, il peut tomber sur diverses fautes qui, au bout de quelques minutes, et parfois au bout d’une demi-heure pour les longs textes, auront disparu avec une dernière mise à jour en ligne, dans tous les cas dans une certaine proportion (pas toutes, malheureusement, car “la coquille ne meurt jamais tout à fait”, – vieux principe de l’édition vu du point de vue tatillon de l'imprimeur). Il faut le savoir pour ne pas trop nous en vouloir...
Voilà donc pour certaines indications formelles, techniques, etc., sur la situation 10.000 articles plus tard.
Il est évident que dedefensa.org a profondément changé dans son orientation, l’ambition de ses réflexions, le domaine de ses spéculations, depuis son origine. La définition qui est souvent donnée de lui (de l’extérieur, et nullement de notre fait, certes) de “site géopolitique” n’a absolument plus aucune raison d’être. S’il fallait le définir aujourd’hui du point de vue de ses appréciations et de ses commentaires concernant ce que nous désignerions comme “les situations terrestres“, ou “les événements courants”, nous parlerions plus justement d’un site d’“analyse crisique”, c’est-à-dire directement lié à l’analyse des “crises”, mais selon la conception implicite, et ici explicitement exprimée, que le phénomène “crise” s’est complètement transformé jusqu’à ne plus être un événement, mais bien une forme essentielle de la situation générale du monde. (D’où la prolifération dans notre “arsenal dialectique” d’expressions employant le qualificatif “crisique”, telles que “structure crisique”, “chaîne crisique”, “infrastructure crisique”. C’est ce que nous nommons “le facteur crisique”. Voir, pour ceux qu’une telle évolution intéresse, le Glossaire.dde du 30 avril 2013.)
Parallèlement s’est développée une réflexion d’appréciation beaucoup plus haute sur cette évolution des “situations terrestres”, selon des points de vue métahistoriques et métaphysiques. Notre ambition est de tenter d’interpréter les “événements courants” selon cette perspective, ce qui constitue une tâche extrêmement délicate et, parfois, incomprise ou rejetée par certains lecteurs. Elle suppose d’embrasser plusieurs points de vue à la fois, d’établir une hiérarchie des événements, de considérer certains effets et d’en écarter d’autres, de ne pas s’attacher à des engagements et des soutiens systématiques, d’apprécier certains événements sur le terme et non dans leur immédiateté, d’écarter l’émotivité, etc. Nous sommes absolument persuadés que ces divers caractères correspondent à l’évolution du fondement des événements et se justifient par conséquent sans la moindre restriction ; sans ces références diverses, multiples et audacieuses, il nous semble impossible de comprendre précisément le sens le plus fondamental des événements en cours.
D’une façon générale, cette évolution implique des textes parfois difficiles, demandant beaucoup d’attention à la lecture. C’est une fatalité, pour nous, ou bien une exigence de la Providence… De toutes les façons, cette évolution est irréversible et elle est si marquée à nos yeux qu’il nous arrive de plus en plus souvent, de façon très symbolique, de considérer que le nom du site n’est plus approprié. Il est manifeste qu’un nom comme celui qui avait été donné à notre édition de la Lettre d’Analyse dans ses dernières livraisons, – dde.crisis, – serait aujourd’hui beaucoup mieux adapté à cette situation du site.
Nous avons conscience que cette évolution peut décontenancer certains lecteurs. Nous le déplorons mais, comme on le comprend à la lecture de ce qui précède, nous ne changerons pas pour autant une navigation qui est tout simplement essentielle pour nous, qui forme par conséquent l’essence de ce site. Nous faisons notre possible pour réduire ce qui peut sembler l’aspect rébarbatif de ces textes, mais ne céderons en rien sur les exigences de ces textes.
Cette observation disons d’intérêt général et somme toute assez anodine ne forme pas l’essentiel de ce que nous aimerions faire savoir à nos lecteurs, à propos de “nos lecteurs”. La question du Forum permet au contraire d’aborder l’essentiel dans ce domaine.
D’une façon générale, les lecteurs réguliers savent ou se doutent de notre appréciation pour le moins mitigée du Forum. Nous l’avons exposée à l’une ou l’autre occasion. Nous rappelons ici l’une de nos interventions principales à ce sujet, qui constituait en réalité une remarque introductive à un texte daté du 18 juillet 2011. Nous disions donc quelques mots du Forum, avant d’entrer dans le vif du sujet, parce que c’est par le Forum que nous étaient venues les remarques qui suscitaient ce texte... C’était Philippe Grasset qui prenait la plume et parlait ès qualité, en réponse à un lecteur qui était intervenu sur le Forum.
«Ces remarques et ces questions, notamment par les implications critiques que je crois y distinguer, méritent des réponses qui serviront à éclairer un peu plus le propos sur l’“inconnaissance”. Comme je le dis, j’avais, entre les deux messages de GEO, déjà terminé un texte répondant au premier. L’ayant remanié profondément et développé à mesure après le second message, je me suis aperçu qu’il devient finalement, ce texte, un énorme mammouth, et une sorte de manifeste de PhG/dedefensa.org. Prenez-le donc de cette façon car c’est bien de cela qu’il s’agit, et remercions GEO de l’avoir suscité, même si involontairement.
»Naturellement, j’ai choisi le moyen d’un texte structuré et travaillé pour le faire, ce qui est devenu “une sorte de manifeste” ; et j’ai choisi Ouverture libre (avec redoublement dans Notre Situation) pour le recevoir, parce que cette rubrique est, notamment, prévue pour cette sorte de cas. Il est dommage, à mon sens, que cette rubrique ne soit pas assez utilisée, au profit du Forum, parce que son usage conduit à la recherche d’une mise en ordre, d’un rangement que la formule “Forum” ne favorise guère. Comme on le comprend, je n’apprécie que modérément la formule “Forum”, qui favorise à mon avis bien des travers, les citations accusatrices hors de leur contexte, les anathèmes expédiés, la spontanéité facile et l’irresponsabilité qui va souvent avec, aux dépens du travail, de l’engagement structuré, bref de la responsabilité. Le “Forum” par rapport au texte structuré et travaillé, cela me semble un produit parfait de Derrida, Deleuze & Cie (on verra plus loin) refaisant le monde, c’est-à-dire le défaisant et renvoyant Platon et Nietzsche au garage… (J’ajoute aussitôt que le “Forum” de dedefensa.org, s’il n’est pas extraordinairement fréquenté, tend souvent à éviter les effets de ces faiblesses, ou à les minimiser. Il tendrait à troquer le quantitatif pour le qualitatif, il faut sans aucun doute lui reconnaître cela.)»
Consulté, PhG, qui signait ces lignes en employant la première personne du singulier, confirme sinon amplifie le sens de cette remarque jusqu’à avancer qu’il hésiterait peut-être bien à maintenir la parenthèse qui clôt la citation, dans tous les cas dans des termes aussi élogieux pour le Forum de dedefensa.org. Cela participe effectivement de notre jugement que, d’une façon générale, le Forum ne s’est pas amélioré ces deux dernières années. (Nous prenons la précaution de dire et de répéter que ces observations ne s’adressent pas aux remarques et apports constructifs, argumentés, écrits avec une politesse qui doit marquer nos rapports réciproques, etc.)
Ce que nous voulons signaler par là est que les interventions polémiques, oiseuses, parfois ébouriffantes et à la limite du délire, sinon incompréhensibles, – et souvent kilométriques pour certaines d’entre elles, –, ont notablement augmenté ces deux dernières années. (Il s’agit d’une indication qui en vaut une autre sur l’évolution de la crise générale où nous vivons.) Malgré notre volonté de départ de respecter l’accès au Forum de la façon la plus ouverte possible, nous avons été amenés à la restreindre, au contraire, de plus en plus devant cette prolifération de qualité douteuse, nullement légitime en aucune façon, destructrice et déstructurante. Les choses étant ce qu’elles sont, comme on disait il y a un demi-siècle, nous sommes résolument décidés à poursuivre cette politique de restriction. Les interventions qui se limitent à faire l’hypothèse de quelque vice ou duplicité indécrottable de dedefensa.org dans le traitement de telle ou telle information, sans autre argument que l’affirmation de choses contraires, ex abrupto et ex cathedra, sans compter l’affirmation sans réplique de thèses contraires au nôtres, dans les mêmes conditions, ne nous paraissent d’aucun intérêt. (Nous avons mis en ligne, comme exemple de la sorte, le dernier coassement, dans tous les cas sur dedefensa.org, de Crapaud rouge, le 21 juillet 2013. Ce qu’il y a de plus consternant, c’est qu’en plus d’être agressif et proche d’être insultant, il n’a rien compris au sens du texte. Donc, salut Crapaud rouge.)
De ce point de vue, le site dedefensa.org ne veut en aucune façon être le relais d’attitudes et de comportements qu’il dénonce parce qu’il les identifie comme l’opérationnalisation, volontaire ou involontaire, de l’activité du Système. Ceux qui n’aiment pas dedefensa.org ne sont pas nécessairement condamnables, ils ne seront d’ailleurs pas inquiétés et pourraient même en être récompensés ; simplement, ils iront voir ailleurs. Ces remarques doivent être prises pour ce qu’elles sont : une “officialisation” allant de soi d’une politique nouvelle à l’égard du Forum, qui s’est mise en place d’elle-même, ces trois dernières années à peu près, devant l’augmentation de ce que nous considérons comme des agressions, sous une forme ou l’autre, conscientes ou non, de telle ou telle origine, etc. Par conséquent, l’accès au Forum, s’il ne l’a jamais été d’ailleurs, ne peut être considéré en aucune façon comme un droit pour n’importe qui d’écrire n’importe quoi, et cela plus encore dans une publication d’accès non payant et soutenue par la seule volonté de certains. (On ne vous cachera pas que les postiers d’agressions et d’anathèmes dont nous parlons ne sont pas de ceux-là. Ils estiment sans doute avoir assez payé avec leurs courriers.)
Ainsi, débarrassés du présent, pouvons-nous dire quelques mots de l’avenir du site. Du coup, le débat s’élargit… Certes, il reste encore quelques casseroles, comme la question du financement du site, les donations, etc. Nous avons appris qu’à moins d’une organisation sérieuse, de moyens puissants, d’un état d’esprit commercial (celui que nous n’avons pas), ce problème est quasiment insoluble pour nous d’une façon institutionnelle. Il reste donc notre façon de “faire du porte-à-porte”, revenir chaque mois à la charge, avec les mêmes arguments, usés, déguisés, “relookés”, etc. Impossible de passer outre, et alors nous en restons là de notre constat, quitte à y revenir si, un jour, la situation devenait vraiment grave. (Pour l’information de nos lecteurs, disons que notre situation présente est précaire, ou bien, selon l’humeur et l’humour un peu noir, “assez grave mais pas désespérée” …)
La chose la plus importante, sans nul doute, c’est l’évolution telle que la voudrions et telle que, nous l’espérons, elle se fera. Un projet va continuer à tenir une place essentielle, et de plus en plus, au cœur de notre travail, même si cela n’apparaît pas au niveau des publications. Il s’agit de La grâce de l’Histoire, bien sûr… Comme on devrait l’avoir à l’esprit désormais, ce projet entre dans une phase nouvelle avec une publication sur le bon et vieux papier, celle du tome I, et cela à l’automne espérons-nous avec ferveur. Nous serons alors devant une perspective inédite pour nous, – mais qui a été utilisée par d’autres auteurs, – de tenter de faire transiter, du moins au début, l’essentiel des ventes par le site (cette remarque ne valant pas, cela va sans dire, pour les lecteurs ayant déjà souscrit).
Pour le reste, eh bien nous tenterons de suivre en espérant ne pas trop nous faire dévorer par l’actualité de nos temps extraordinaire. Cet aspect qui est offert au système de la communication, et par lui bien entendu, et dont nous bénéficions (?) évidemment, revient souvent dans notre esprit et parfois sous notre plume, car ceci est vraiment inédit dans l’Histoire : cette idée que nous sommes spectateurs directs, en direct, presque sans restriction d'aucune sorte, d’événements extraordinaires et dont nous pouvons mesurer directement la puissance et la substance pour pouvoir en déterminer l’essence, – et, éventuellement, saisir parfaitement cette essence ou la rater complètement, selon ce que nous aurons fait, en connaissance de cause, de la connaissance de cette puissance et de cette substance… Tiens, cela était déjà écrit dans les Chroniques de l’ébranlement (Philippe Grasset, 2003, éditions Mols), et les choses à cet égard n’ont fait que se renforcer d'une façon exponentielle. (Bien sûr, cette entame concernait le 11 septembre 2001, – “cette attaque”) :
«D’abord, il y a ceci: en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d’une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L’histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. On sait également que ceux qui ont décidé et réalisé cette attaque l’ont fait parce qu’ils savaient qu’existe cet énorme phénomène d'observation des choses en train de se faire, et de nous-mêmes en train d'observer...»
Forum — Charger les commentaires