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951La question examinée ici est de savoir si la “désacralisation” de 9/11, mise en évidence dans les circonstances autour de la commémoration de cette année, ne touche pas également l’état d’esprit religieux qui a jusqu’ici entouré les commentaires autour de l’attaque, sur les circonstances de l’attaque, notamment et essentiellement avec les hypothèses de complots. (La “désacralisation” dont nous parlions initialement concerne l’unité politique et psychologique aux USA autour du système, réalisée symboliquement à l’occasion de chaque commémoration ; nous voulons parler ici de la possibilité de la “désacralisation” de la version officielle des circonstances de l’attaque.)
Ce qui nous intéresse est moins le fait lui-même (la vérité sur l’attaque), moins la prise de position elle-même (favorable ou non au “complot”), que l’évolution psychologique qu’implique le constat que nous faisons. Nous nous arrêtons à quelques observations à propos d’un article paru en France, dans le journal Le Monde, concernant la commémoration de samedi. Un lecteur signalait cet article, dans le Forum du F&C du 11 septembre 2010, à la date du 12 septembre 2010.
L’article («Les Etats-Unis n'en ont pas fini avec le 11-Septembre»), publié le 11 septembre 2010, est remarquable dans la mesure où il regroupe toutes les questions posées autour de 9/11, des plus pratiques («Pourquoi Ground Zero est-il encore en chantier?») aux plus polémiques… C’est-à-dire qu’une partie non négligeable de l’article concerne les questions soulevées dès le départ sur la nature même de l’attaque (vrai attentat, provocation, montage ou complot ?). Les questions relevant des théories dites “complotistes”, c’est-à-dire mettant en doute la version officielle, y sont évoquées d’une façon directe, sans la moindre appréciation anathématique, et même avec une implicite nuance revendicatrice. Le Monde pousse l’obligeance jusqu’à donner le lien d’accès aux vidéos de la série Loose Change.
Il faut lire cet article avec, à l’esprit, le climat qui régnait à l’encontre du simple doute concernant la version officielle, dans la “presse officielle” ou “presse-Pravda”, jusqu’à récemment encore. Il s’agissait bien d’un état d’esprit religieux portant sur le principe de l’interdiction de la mise en cause de la version officielle, et nullement sur les modalités de cette mise en cause, écartées de facto. L’hypothèse même du complot “n’était pas une option”, comme l’on dit dans le langage du système, et celui qui l’évoquait était effectivement menacé d’être frappé d’anathème, et frappé effectivement. (En 2008 encore, sans aucun doute, comme Philippe Grasset en fut le témoin sinon l'acteur, devant les réactions de journalistes “officiels”, effarés qu’on puisse évoquer la contestation de la thèse officielle, et ce simple fait de cette évocation comme une transgression d’un principe effectivement de l’ordre du religieux.)
Cet extrait montre la différence d’état d’esprit, avec une présentation impliquant que les doutes sont pour le moins permis sinon justifiés et demandent à être examinés, avec une défense implicite de certaines personnalités (Cotillard, Bigart) favorables à la thèse du complot, – lesquelles, à l’époque, ne furent guère défendues par Le Monde. (On se demande quelle autorité “obligea” Bigart à «“demander pardon” après qu'il eut tenu des propos similaires…». Le Monde devrait enquêter ; il trouverait un bon coupable dans la pression extraordinaire et terroriste du système dans cette affaire comme dans tant d’autres, comme dans le cas plus général de la mise en cause du système, et pression dont le journal lui-même se fit et se fait souvent le relais et l’expression. Le “bon coupable” tient une assemblée permanente et inquisitoriale, il règne dans les salons, dans les rédactions et dans les talk shows parce qu’il existe effectivement sous la forme “des salons, des rédactions et des talk shows”.)
«Rapidement après les attentats, des doutes sur la version officielle des faits ont été émis, en premier lieu par les familles des victimes. Les théories de la conspiration ont ensuite fleuri sur Internet, à travers vidéos et sites Web.
»Chaque jour ou presque, des dizaines de nouvelles vidéos sont découvertes et publiées, alimentant les doutes. Si, ponctuellement, les autorités ont contredit certaines théories du complot en publiant des nouveaux documents ou des nouvelles vidéos, il n'y a jamais eu d'explication globale et officielle répondant une bonne fois pour toutes à toutes les questions posées (versions contradictoires sur la nature de l'avion, images montrant des explosions suspectes...).
»Les doutes n'en sont que plus nourris, d'autant que les autorités n'ont jamais accepté d'ouvrir une enquête indépendante, comme le réclament les familles des victimes. Dans une des premières et plus célèbres vidéos du genre, la série Loose Change (par l'association Reopen911), une série de faits jugés suspects et basés sur des données chiffrées et des témoignages était pointée.
»Car, neuf ans après, le 11-Septembre reste un sujet extrêmement sensible pour les Américains et le moindre doute émis est vu comme un nouvelle attaque. Il suffit de voir la polémique suscitée par les propos de la comédienne Marion Cotillard, qui se disait “de l'avis de la théorie du complot”, ou de l'humoriste Jean-Marie Bigard, obligé de “demander pardon” après qu'il eut tenu des propos similaires…»