9/11, un trou creusé dans l’espace-temps

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9/11, un trou creusé dans l’espace-temps

Parmi les interprétations nombreuses et variées qui sont faites de l’événement 9/11, pour son dixième anniversaire, celle de Justin Raimondo, dans sa chronique de ce 9 septembre 2011, ne manque pas d’intérêt. Raimondo traite dans sa chronique, de diverses questions récentes qui l’affectent, notamment d’une enquête du FBI contre lui, peut-être à propos de qu’il a écrit sur l’implication des Israéliens dans certains aspects de 9/11. Au milieu de ces réflexions, Raimondo glisse trois paragraphes qui forment effectivement un résumé de sa conception, hors des normes politiques courantes, de l’événement 9/11. Ces paragraphes sont construits autour du terme de “Bizarro”, adapté de la littérature des comic books et qui décrit un monde “bizarre” aux valeurs inversées, mais d’une façon assez anarchique et non pas seulement idéologiques. “Bizarro” indique la création d’un double du véritable monde, plutôt à la manière d’un virtualisme un peu incontrôlé qu’à la manière d’Orwell ; un monde où la logique est devenue folle plutôt qu’un monde où la logique aurait été inversée pour des raisons idéologiques sciemment construites.

Le titre de sa chronique est effectivement «9/11 and the Bizarro Effect».

« ‘Bizarro World’, – vous vous souvenez de votre jeunesse passée à lire des bandes dessinées, où il y avait, – où il y a, – un univers alternatif dans lequel les lois de la raison et de la logique sont renversées : l'eau coule en amont, la droite a tort, la gauche a raison, et le FBI, au lieu de protéger la sécurité nationale, est déterminé à la violer.

"Cela est parfaitement une ‘Bizarro-perception’ : dans notre univers, nous n'y sommes normalement pas soumis. Cependant, comme je l'ai déjà noté à plusieurs, la force terrifiante des explosions qui ont fait s'effondrer le World Trade Center a ouvert un trou dans le continuum espace-temps, de sorte que le ‘Bizarro World’ a "pénétré" dans notre propre univers, et s'en empare peu à peu.

"Cette théorie, – attention, ce n'est qu'une théorie, bien qu'elle semble se confirmer chaque jour, – explique l'inversion morale en vigueur depuis ce sombre septembre, lorsque l'impérialisme est devenu une "libération" et que la torture a été considérée comme un acte "patriotique". Il y a des moments où je pense que l'effet Bizarro est en train de reculer, – comme la révolte populaire contre l'idée Bizarro que le moyen de faire face à la faillite est d'augmenter les dépenses, – et à d'autres moments (plus souvent, je dois l'admettre), je suis convaincu qu'il ne se contente pas de s'étendre mais qu'il devient plus intense.»

La remarque la plus intéressante, pour notre propos, du texte de Raimondo est celle-ci (soulignée par nous en gras), où il écrit que “la force terrifiante de l’explosion qui abattit le World Trade Center ouvrit un trou béant dans la continuité de l’espace-temps” («…the terrific force of the explosions that brought down the World Trade Center opened up a hole in the space-time continuum»). Moins important est ceci, qu’il ajoute, que, dans ce “trou béant”, “le Bizarro World s’est échappé pour pénétrer dans notre propre univers, et prendre peu à peu le dessus”.

Pour nous, l’intérêt de cette interprétation est qu’elle suggère un phénomène qui dépasse les conditions habituellement considérées par la raison, sinon par les données physique habituellement acceptées, pour suggérer quelque chose de différent justifiant de voir, à partir de là (de 9/11), l’irruption de dynamiques et de processus nouveaux qui interfèrent dans les dynamiques et processus habituels. Cette interprétation explique qu’on puisse avoir des perceptions aussi fondamentalement différentes des événements depuis 9/11, entre ceux qui s’en tiennent aux seuls dynamiques et processus physiques et rationnels habituellement considérés, et ceux qui y voient des conditions entièrement nouvelles, au delà de la physique et de la raison courantes, – éventuellement considérées par la même raison, mais celle-ci débarrassée de la subversion qui la tient prisonnière, depuis deux siècles, de la “matière déchainée” et du système. De ce point de vue, Raimondo offre une interprétation inhabituelle et non conventionnelle, qui est également dans le sens de la nôtre ; cela, lorsque nous parlons d’un développement des événements, du fait du Système, à la recherche de l’établissement de conditions métaphysiques pour établir une “métaphysique de la force” qui chercherait à imposer un bouleversement complet du monde au profit du Système, et qui aboutit à un échec dont la conséquence ne peut être que la Chute, c’est-à-dire l’autodestruction du Système. Ce que Raimondo nomme “un trou dans la continuité espace-temps” ne serait pas autre chose qu’une porte ouverte sur la continuité politique et historique normale, pour faire pénétrer des facteurs de métapolitique et de métahistoire donnant une orientation complètement différente, qui dépasse les données physiques et rationnelles normales et conduit à des événements rupturiels fondamentaux ; ces événements ne pouvant donc être rupturiels que pour notre contre-civilisation elle-même, en même temps que pour le Système.

 

Mis en ligne le 10 septembre 2011 à 11H38