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1272C’est un signe important, l’émergence dans différents domaines et selon différentes orientations, au sein du système US, de personnalités et de mouvements qui devraient rester absolument marginaux selon les règles de ce système. On a vu l’émergence des femmes, fortement populistes. On a vu, dans ce Bloc-Notes, ce même 1er décembre 2009, les inquiétudes du président de la Federal Reserve, Ben Bernanke. Dans ce cadre, justement, trône la personnalité de Ron Paul. Le site Politico.com consacre (ce 30 novembre 2009) une analyse sur l’extrême popularité du “gentleman du Texas”, comme on le nomme, on Congrès – une popularité de Rock Star, précise Politico.com.
«He’s got everyone from South Carolina Republican Sen. Jim DeMint to Minnesota moderate Democrat Collin Peterson to California liberal Barbara Boxer on his side in his audit-the-Fed crusade. He’s drawing liberal support in his push to rein in the cost of the war in Afghanistan. Senate candidates like Democratic Rep. Paul Hodes of New Hampshire are finding Dr. No’s populist economic anger to be useful in the campaign, echoing Paul’s criticism of the Federal Reserve. Even Financial Services Committee Chairman Barney Frank (D-Mass.) is delivering backhanded compliments, taking credit for merely allowing a vote on Paul’s amendment to audit the central bank.
»This convergence of odd bedfellows, and the economic angst that’s driving it all, is yet another signal that President Barack Obama is going to have more and more trouble keeping his traditional Democratic allies on his side as the economic debate continues. It seems that everyone is looking for something new to latch on to in the economic debate — even if those ideas belong to one of the more eccentric members of Congress.
»“This brought people together [from] the whole political spectrum, from progressives and liberals and libertarians and conservatives. ... they all came together. That, to me, is what is really so important,” said Paul, who has been introducing his audit-the-Fed measure since the early ’80s.»
Dans le courant actuel de sa popularité, Ron Paul élargit son influence vers des domaines d’un très grand intérêt. Il devient en effet un point de rassemblement au niveau de la politique extérieure. C’est un point capital, peut-être plus important encore que son attitude vis-à-vis de la Federal Reserve.
«Paul’s long-standing critique of American foreign policy has also earned him some new allies. Paul joined Reps. Walter Jones (R-N.C.), Jim McGovern (D-Mass.) and Steve Kagen (D-Wis.) on Nov. 18 in a series of House floor speeches to argue against committing more resources to Afghanistan and Pakistan. The members of this bipartisan team were all signatories of a Sept. 25 letter to Obama that carried 53 other Republican and Democratic names opposing sending more troops to Afghanistan.
»“I don’t think we can win the argument,” Paul recalled telling his three co-speakers as they planned the debate. “But eventually we’ll win — not because they’re going to listen to us and have another foreign policy. But we’re going to win because we don’t have any money, we’re broke and the troops will come home.” “All empires end through a flawed foreign policy,” Paul said at another point in his interview with Politico.»
@PAYANT Bien sûr, il importe de placer cette nouvelle dans la même perspective que la précédente, de ce même 1er décembre 2009, mais selon un autre point de vue. Nous intéresse moins, ici, l’action de Ron Paul vis-à-vis de la Fed, que la façon dont son action s’élargit au sein de ses collègues parlementaires, sans distinction de tendances et de partis; elle s’élargit au domaine plus vaste de la crise financière et économique en général et au domaine de la politique extérieure.
Il n’est pas question d’avancer ici l’hypothèse d’un “homme providentiel” que serait Ron Paul, voire de parler d’une candidature possible de Ron Paul dans l’élection présidentielle à venir – bien que cette sorte d’hypothèse ait bien des raisons d’être envisagée malgré le seul véritable handicap de Ron Paul, qui est son âge (72 ans cette année). Nous sommes au-delà des spéculations électorales et autres du même type. Nous sommes dans le domaine du constat de l’évolution de la situation au sein du système, et là, bien sûr, nous rejoignons par ce biais la nouvelle précédente concernant Bernanke et la Federal Reserve. La popularité et l’influence nouvelles de Ron Paul sont évidemment un signe convaincant du désarroi qui règne au Congrès devant la situation telle qu’elle évolue, devant la sensation qu’aucune crise ne se résout, que toutes les mesures classiques prises selon les normes du système, parfois dans des proportions gigantesques comme avec le sauvetage des banques, n’ont aucun résultat décisif et semblent ne servir qu’à prolonger une situation transitoire avant une nouvelle chute. Dans ce cadre, le discours de bon sens de Ron Paul autant que la personnalité si inhabituelle de l’homme deviennent un pôle d’attraction.
Nous prenons garder d’affirmer qu’il n’est absolument pas dans nos intentions d’avancer une prévision politique précise sur les conséquences possibles d’une telle situation. Nous parlons ici des conséquences pour la situation politique générale, pour le “climat” disons, de l’évolution dans des domaines politiques structurels précis, notamment avec les avancements concrets de certaines des initiatives de Ron Paul (contre la Fed) et son probable gain de popularité que ne manquera pas d’engendrer la dégradation continue, et qui va se poursuivre – là, la prévision est possible –, de la situation en Afghanistan. Il nous paraît inutile d’envisager une évolution politique précise, de type électoral par exemple, à partir des hypothèses concernant l’évolution de ces situations.
Ce qui nous intéresse est le fait de plus en plus incontestable que Ron Paul joue un rôle grandissant de référence face à la crise du système, tant à cause de son discours qu’à cause de sa personnalité. C’est d’abord un rôle utile parce que ce parlementaire concrétise, humanise un argument solide contre la politique d’un système en décomposition très rapide, au lieu de laisser l’opposition au système stagner dans les domaines de la théorie ou de l’invective, ou de rassemblements populaires sans relais efficaces. Ensuite, et selon l’évolution des choses, cette “utilité” de son rôle de référence pourrait prendre une dimension explosive sans que lui-même (Ron Paul) ne le veuille ni ne fasse rien pour cela. L’atmosphère électorale qui commence à s’établir (pour les élections mid-term de novembre 2010) peut pousser dans ce sens. La situation serait “explosive” dans la mesure où le facteur Ron Paul est un facteur antisystème mais aussi un facteur antiparti puisque, républicain lui-même, il s’oppose à son parti dans des domaines extrêmement importants (la politique extérieure).
Ce à quoi nous assistons est la déstructuration souterraine d’un des composants essentiels du système (le Congrès), conduisant à des oppositions de plus en plus inattendues aux consignes du système. Il se pourrait bien qu’on rencontre une circonstance extrêmement déstabilisante de la perspective politique générale lorsque le budget de la guerre en Afghanistan viendra devant le Congrès, dans une atmosphère électorale surchauffée, une opposition qui pourrait devenir complètement bipartisane, appuyée sur le discours de Ron Paul, et sans doute avec l’absence de résultats convaincants du conflit. Il faut avoir à l’esprit qu’on est passé bien près d’un vote négatif de la Chambre sur cette question au printemps dernier.
La tendance générale qu’alimentent ces remous est un affaiblissement du centre au profit des forces centrifuges. Ce n’est pas Ron Paul qui s’opposerait à cette tendance, lui qui est de tendance libertarienne, qui est partisan d’un gouvernement central minimal et qui ne s’est pas déclaré hostile, au contraire de la plupart des parlementaires, au principe des déclarations du gouverneur du Texas concernant la sécession de cet Etat. Le moins qu’on puisse dire est que Ron Paul a un rôle déstructurant majeur, quelles que soient ses intentions propres, dans la bataille qui se déroule à l’intérieur du système.
Mis en ligne le 1er décembre 2009 à 11H12