Glossaire.dde” : présentation d’une rubrique

Glossaire.dde

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Glossaire.dde” : présentation d’une rubrique

Nous songions à la chose depuis un certain temps. Certains lecteurs et amis nous y avaient incité précisément, d’autres indirectement. Il s’agit de la mise en place et du développement du glossaire de dedefensa.org, cela par référence, par exemple, aux définitions du Wikipédia qui nous conviennent parfaitement…

« Un glossaire est étymologiquement un recueil de gloses, c'est-à-dire de termes étrangers ou rares associés à leurs définitions et centré sur un domaine dont il détaille les termes techniques spécifiques, comme, le glossaire d'informatique, ou le glossaire de médecine…

» Le mot “glossaire” est apparu au XVIème siècle, sous la forme glosaire. Il est emprunté du latin glossarium, de même sens, lui-même dérivé du grec [glôssa] , signifiant “langue”. Il désignait anciennement un dictionnaire expliquant certains mots obscurs d'une langue par d'autres termes de la même langue.

» Au XXIème siècle, Le glossaire désigne l'indexation d'un dialecte, d'un patois, des mots propres à un domaine scientifique ou technique, du vocabulaire propre à un auteur. On peut ainsi parler du “glossaire de la médecine”, qui va a priori contenir de nombreux mots utilisés par les médecins, du “glossaire de Rousseau”, qui va contenir une interprétation de la langue de cet auteur dans le langage actuel, etc. »

…Nous parlerons donc du “glossaire de dedefensa.org”, qui se développera dans une nouvelle rubrique (Glossaire.dde), que ce texte inaugure bien entendu. Ce glossaire sera constitué par des “définitions” conceptuelles de mots, dont certains néologismes, et d’expressions dont certaines néologistiques, que nous utilisons, après les avoir forgés pour certains, dans les articles que nous publions, comme autant de concepts qui nous sont propres. Ces mots et ces expressions, ces concepts, ont une signification spécifique à dedefensa.org (d’où la justification de parler d’un glossaire). Ils jouent un rôle fondamental dans la présentation, l’explication et l’évolution de notre perception du monde et, surtout, de l’évolution de la crise centrale et terminale du Système et de notre “contre-civilisation”. Ils constituent le matériel dialectique constant de la ligne de pensée qui anime ce site ; ils forment ainsi, par référence à notre démarche générale, ce que nous désignerions comme notre arsenal dialectique.

L’utilité de ce glossaire sera de deux ordres constitutifs au moins, et d’un troisième, dynamique, qui doit donner tout son sens à la rubrique. Cela apparaîtra d'une façon évidente à mesure du développement de la rubrique, qui se fera à son rythme bien entendu (le temps joue son rôle, parce que, bien entendu, la construction puis l'extension de la rubrique en prendra beaucoup).

Un outil de compréhension

D’une part, et de façon complètement évidente, le glossaire et ses définitions permettront à ceux qui le désirent, lorsqu’ils rencontrent un de ces mots ou une de ces expressions d’emploi courant dans dedefensa.org, de consulter le texte correspondant. Le cas est plus que fréquent dans nos textes, nous pourrions dire qu’il est quasiment systématique. C’est bien entendu à ce propos que nous avons parfois reçu des demandes d’explication qui portaient en germe la justification d’un tel glossaire.

Jusqu’ici et actuellement, de telles références sont offertes, mais elles renvoient en général à des textes où le mot ou l’expression est certes présent, voire en partie ou substantiellement éclairé et expliqué, mais dans un contexte général qui n’est pas spécifique à l’un ou à l’autre. Cela implique soit la nécessité d’une recherche dans le texte qui n’est pas nécessairement de l’intérêt immédiat du lecteur, soit une explication incomplète, soit les deux à la fois. Il existe quelques cas où un texte fut consacré précisément à un mot ou une expression nouvellement introduit dans notre “arsenal dialectique”, d'une façon spécifiquement conceptuelle ; ces textes seront éventuellement repris tels quels dans la rubrique, pour être prolongés quand c’est le cas par une “mise à jour” dynamique, ou bien cités substantiellement dans un texte inédit.

D’autre part et bien entendu, ce matériel sera, pour l’usage des lecteurs, extrêmement important pour mieux comprendre ce que nous désignons comme “ la ligne de pensée qui anime ce site”. Il permettra de préciser bien des points, de mettre en évidence certaines orientations qui peuvent ne pas être assez clairement exprimées. On sera mieux à quoi s’en tenir, lorsqu’on se trouve chez dedefensa.org.

Un outil d’exploration

D’autre part, une telle entreprise est également féconde pour nous-mêmes. En nous attelant à la tâche de définir les divers éléments de notre vocabulaire conceptuel intérieur, nous sommes conduits à en mieux en comprendre le sens, à développer les concepts qu’ils recouvrent et qui ne sont parfois qu’en partie exploités, à explorer finalement les champs éventuellement nouveaux qu’ils ouvrent. Ainsi pourrions-nous et pourrons-nous certainement, nous aussi (en plus de nos lecteurs, éventuellement), apprendre des choses intéressantes de ces exercices, voire même avoir des surprises, y compris pour nous-mêmes et sur nous-mêmes.

On notera que nous avons naturellement désigné ce travail comme autant d’“exercices” que seraient les “définitions” dans notre glossaire. Il faut effectivement prendre le mot, presque dans un sens méthodologique militaire : un “exercice” consiste à définir dans la pratique la signification d’un concept, à en démontrer la capacité opérationnelle. Dans notre cas, il s’agit d’une démarche similaire dans le champ intellectuel. Nous avons des automatismes, nous employons effectivement des mots ou des expressions qui nous sont propres, depuis des années, sans prendre garde nécessairement que les phénomènes qu’ils recouvrent ont sans aucun doute évolué d’une façon intéressante, peut-être d’une façon décisive… De quelle façon, de quelle manière, dans quel sens, etc. ? Cette sorte de question conduit nécessairement à la description de l’évolution des phénomènes décrits par ces mots ou ces expressions, donc à aborder directement l’évolution fondamentale de situations réelles, “opérationnelles” de notre crise générale.

D’autre part, dans ce même champ d’exploration pour nous-mêmes et à l’avantage de nos lecteurs, il doit être entendu que de nouveaux mots ou expressions que nous adopterions pour décrire une situation nouvelle que nous percevons, selon notre conception, seront inclus et définis directement dans le Glossaire.dde, éventuellement en parallèle chronologique avec l’événement justifiant la chose. Cela implique, par le fait, des textes d’une complète actualité, dans le sens où nous estimons que l’“actualité” dans cette période métahistorique que nous vivons peut avoir une signification métahistorique immédiate, qu’il est du plus grand intérêt de signaler et d’analyser comme telle, immédiatement.

Par conséquent, cet exercice de définition des mots et expressions de notre glossaire n’est pas simplement un outil pratique mais statique, notamment à destination de nos lecteurs. Il constitue pour nous un apport intéressant par rapport à notre travail quotidien, pour modifier ce travail, espérons-le dans le sens de l’élévation, de l’ampleur, de la création. Il permet de progresser dans la description de l’évolution de situations importantes, voire fondamentales de la crise. C’est donc également un travail d’actualisation de divers aspects des conditions actuelles du monde, et par conséquent un travail dynamique. Dans ce sens, un terme déjà défini et analysé dans le glossaire pourrait bénéficier, selon ces circonstances dynamiques, d’un second texte l’actualisant, et ainsi de suite.

La dynamique des “vérités cachées”

Nous voudrions encore plus insister sur ce second aspect en élargissant le propos, tant la fécondité du projet nous paraît grandir à mesure que nous en explorons la conception et ses développements. Il s’agit de la puissance de signification des mots ; l’idée qu’au plus on en explore le sens, au plus l’on découvre que ce sens recouvre des domaines divers et actifs de la pensée et de la perception. Or, un mot ou une expression employé dans le cadre d’un glossaire, c’est-à-dire avec une intention, un commandement précis de la part d’une entité (une organisation, une conception, un individu, etc.), et dans le cadre d’une perception très spécifique, très active et elle-même très créatrice, ce mot ou cette expression est conduit nécessairement, en un sens par sa vie propre, à se charger de sens et de significations très spécifiques et très riches, qui ne sont pas nécessairement apparents, qu’il faut savoir découvrir, et cela de la part même de celui qui l’a introduit. Ce n’est certes pas de la communication, bien sûr, ou bien ce n’est pas que de la communication, selon le sens assez bas de la chose ; c’est aussi, et surtout cela va sans dire, de l’initiation pour tous, y compris nous-mêmes, à partir d’un artefact de langage que notre contre-civilisation s’est en général appliquée à dégrader en le cantonnant par abaissement à la simple communication.

Dans La désinformation vue de l’Est dont nous avons entretenu nos lecteurs le 27 août 2012, Vladimir Volkoff parlait abondamment des travaux du sociologue soviétique puis russe Sergueï Kara Mourza. S’intéressant à l’influence du langage sur le comportement, Volkoff fait, page 121 de son livre, cette citation de Kara Mourza (le souligné en gras est de l'auteur):

«Quand l’homme lisait un manuscrit au Moyen Âge (d’ordinaire collectivement, à haute voix et en chantant), ce n’était pas un dialogue : l’homme, comme un pèlerin, suivait le texte en direction de la vérité qui y était cachée. […] Le texte était un labyrinthe, presque une icône. […] On ne pouvait le discuter, on ne pouvait que le commenter. L’imprimerie a donné un autre type de livre, qu’on lisait et qu’on relisait pour soi, en méditant et en contredisant l’auteur. Le lecteur est devenu un coauteur et la lecture une création.» Et Volkoff commente, marquant un degré supplémentaire d’abaissement : « Hélas cette cocréation paraît de plus en plus exceptionnelle : on ne cocrée pas une émission de télévision, on la subit.»

Cette citation ne doit pas être prise “au pied de la lettre” pour notre propos, selon le sens que nous lui attribuons. (L’expression “au pied de la lettre” manifeste symboliquement une dimension qualitative : “au pied de la lettre”, c’est au plus bas de la lettre, au niveau de la première signification, celle de l’apparence en un sens, qu’elle donne au mot qu’elle contribue à former. Il y a nécessairement d’autres niveaux, il y a un “au plus haut de la lettre” : “cette citation doit être prise au plus haut de la lettre, là où se trouve l’esprit”.) Cette citation ne doit pas être prise dans un sens chronologique impliquant qu’il existait une période, qui s’est achevée, où «l’homme, comme un pèlerin, suivait le texte en direction de la vérité qui y était cachée», puis qu’il exista une autre période effaçant la précédente où «[l]e lecteur est devenu un coauteur et la lecture une création». Elle doit être acceptée dans un sens “élargie” et transformée, pour nous signifier que ces différentes sortes de lecture devraient coexister et continuer à être explorées selon le sens et la profondeur dont sont chargés les mots, les phrases et les textes qui nous sont soumis, et pas nécessairement, – surtout pas, – selon les seules intentions de l’écrivain qui n’est pas nécessairement maître du sens et de la profondeur des mots, des phrases et des textes dont il est le média bien plus que l’auteur. (On devrait même rajouter aux types de lectures mentionnés, la lecture moderniste, réduite à la pure communication du sens direct le plus pauvre des mots et des phrases, réduite à l’“efficacité” de la vitesse de lecture, pour mieux la combattre par le fait même de son exploration, également pour apprécier la signification de son existence et de son intervention.) On devrait même préciser que “les différentes sortes de lecture devraient coexister”, mais selon un sens de l’appréciation qualitative, avec les différentes valeurs qu’elles ont, qui vont d’elles-mêmes, et ce sens évoluant vers le haut, vers l’initiation.

Cette citation (Volkoff/Kaza Mourza), décidément prise comme référence exemplaire bien plus que comme référence spécifique, doit illustrer, confirmer, enrichir et même guider éventuellement notre propos. Elle s’inscrit dans notre conviction qu’il y a dans la langue, dans les phrases et dans les mots, la probabilité sinon la certitude de substances propres à elle et à eux (mais aussi la possibilité qu’on les en prive, lorsqu’on s’abaisse au niveau de la communication). Nous voulons suggérer par là qu’un glossaire, c’est aussi, pour celui qui en a la charge, une invitation à rechercher des “vérités cachées” dans les mots et les expressions choisies pour représenter quelque chose de spécifique à une perception, à une psychologie, à une intelligence, et qui se révèle au contact de cette perception, de cette psychologie et de cette intelligence, et qu’il s’agit de découvrir… Le créateur et l’utilisateur du glossaire lui-même, celui dont la pratique et les nécessités de ses recherches ont créé le glossaire, n’est pas maître de la substance et des limites du contenu de ce glossaire, il n’est pas le maître de la vie propre du glossaire. Lui aussi est placé devant la probabilité, sinon la certitude, s’il s’attache à cette recherche, de ces “vérités cachés” qu’il lui faut dès lors découvrir.

Il existe, au-delà de la maîtrise de cette sorte d’expression par celui qui en use, un domaine qui est celui de l’intuition et de l’inspiration, qui donne une richesse de “vérités cachées” à cette sorte d’expression. L’auteur lui-même est placé devant la perspective de ces territoires inconnus qui ne sont pas du domaine de sa maîtrise, et il lui faut se doter des instruments et des outils pour les explorer. C’est l’esprit qui préside à l’ouverture de cette rubrique Glossaire.dde ; cette rubrique sera donc comprise, non pas comme une documentation utile mais fixée dans le temps et donc promise à perdre sa fonction dynamique, mais comme une documentation dynamique, initiatrice, qui tente d’apporter le sens des choses, autant que la dynamique de notre compréhension du sens des choses, pour nous y initier.

…En d’autres mots : ne considérez nullement cette rubrique comme annexe, ou secondaire dans son intérêt par rapport aux temps que nous vivons. Au contraire, elle s’y trouve, fichée dans leur cœur, pour tenter d’en éclairer un peu plus le sens.


Note pratique

Dans certaines circonstances, essentiellement pour prolonger le temps d'affichage en première page, un texte Glossaire.dde pourrait être présent également, au moins d'une façon temporaire, dans la rubrique Ouverture libre.