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1282Il y a déjà eu deux phases dans la crise ukrainienne, comme on l’a rappelé le 10 février 2014, “Ukraine.01” de la fin novembre à la mi-décembre 2013 et “Ukraine.02” à partir de la mi-janvier 2014 jusqu’au début février. Il semble qu'on se trouve désormais dans une phase transitoire, avec un apaisement de la situation signalant un affaiblissement du mouvement de contestation.
Les opposants ont accepté les propositions gouvernementale d’échanger une concession contre une autre, – la clôture des poursuites contre 234 détenus à la suite des manifestations de l’opposition, contre l’évacuation des bâtiments officiels occupés depuis trois mois et le démantèlement de certaines barricades. Le Los Angeles Times du 16 février 2014 note que la fin de l’occupation et l’allégement des barricades “semble avoir affaibli le rythme du mouvement de protestation et donné du temps à Ianoukovitch pour regrouper ses forces”. Le quotidien détaille ainsi les événements du week-end...
«Opposition activists have insisted that their concession, in exchange for the release of the last 234 detained protesters, won’t end their campaign to force Ukrainian President Viktor Yanukovich to resign. That has been the unwavering demand of urban Ukrainians since late November, when Yanukovich unilaterally decided to scrap an association agreement with the European Union in favor of maintaining economic ties with Russia. [...]
»Kiev City Hall had been the de facto command center of the anti-government action and its hand-over, under the mediation of the Swiss ambassador to Ukraine, was the key concession asked of the protesters in exchange for the prisoner release and the dropping of all criminal charges against those detained. Protesters also lifted barricades that had blocked traffic on central Grushevsky Street, Sergei Sobolev of the opposition Batkivshchina Party told Ukraine’s Channel 5 television.
»Several thousand anti-government protesters turned out Sunday afternoon in Independence Square, also known as Maidan, but their numbers and energy were palpably diminished from the December height of the protest when as many as 1 million people flooded the heart of the capital to denounce Yanukovich and his regime...»
... Il semblerait qu'on puisse faire l'hypothèse que la diffusion publique de la conversation de Victoria Nuland et de l'ambassadeur Pyatt ait causé quelques dégâts à l’intérieur de la coalition de l’opposition. On le comprend aisément puisqu’il apparaît que les USA voudraient écarter deux des trois dirigeants de l’opposition (Klitschko, alias Klitsch, et Tyahnybok), et cela dans des termes expéditifs, au profit du seul Iatseniouk (alias Yats). Il n’est plus du tout évident que les mécanismes US de manipulation de l’opposition, y compris les habituels paquets de dollars, suffisent pour maintenir le front uni nécessaire à la poursuite des troubles. Il se confirmerait ainsi que l’interception et la diffusion de la conversation Nuland-Pyatt ont constitué une belle manœuvre de communication contre l’offensive US. Pour rappel, l’extrait le plus significatif à cet égard de la conversation :
Victoria Nuland: «Good. I don’t think Klitsch should be in the government. I don’t think it’s necessary, I don’t think it’s a good idea.»
Geoffrey Pyatt: «Yeah, I mean, I guess… In terms of him not going into the government… I’d just let him stay out and do his political homework. I’m just thinking, in terms of sort of the process moving ahead, we want to keep the moderate democrats together. The problem is gonna be with Tyahnibok and his guys. And, you know, I am sure that is part of what Yanukovych is calculating on all this.»
Victoria Nuland: «I think Yats is the guy. He has economic experience and governing experience. He is the guy. You know, what he needs is Klitsch and Tyahnibok on the outside. He needs to be talking to them four times a week. You know, I just think if Klitchko gets in, he’s going to be at that level working for Yatsenuk, it’s just not gonna work…»
La “révolution ukrainienne” se trouverait alors devant un difficile problème : comment trouver son troisième souffle dans une atmosphère qui serait désormais empoisonnée par les soupçons des uns et des autres ? Cela ne signifie pas nécessairement la fin des troubles, mais certainement la mise à mal de la narrative véhiculée jusqu’ici d’une révolte unie contre un gouvernement faible et corrompu, qui constitua l’argument principal de “légitimation” du mouvement.
Mis en ligne le 17 février 2014 à 12H02
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