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Un de nos lecteurs signalait, ce 15 août 2012 une information publiée par La Voix de la Russie (le 14 août 2012), sur la présence prolongée d’un sous-marin nucléaire russe le long des côtes US. Cette information était présentée comme venant du site “Washington FreeBeacon”, où elle est effectivement publiée le 14 août 2012. La nouvelle est très largement explicitée et met particulièrement en évidence : 1) que la croisière du sous-marins lanceurs de missiles de croisière (à têtes nucléaires) de type Akula (code OTAN) a été indétectée pendant des semaines, dans des zones stratégiques navales au large des côtes des USA (dans le Golfe du Mexique), à portée d’intervention des USA ; 2) qu’elle n’a été connue par les sources militaires US qu’après qu’elle se soit terminée
«A Russian nuclear-powered attack submarine armed with long-range cruise missiles operated undetected in the Gulf of Mexico for several weeks and its travel in strategic U.S. waters was only confirmed after it left the region, the Washington Free Beacon has learned. It is only the second time since 2009 that a Russian attack submarine has patrolled so close to U.S. shores.
»The stealth underwater incursion in the Gulf took place at the same time Russian strategic bombers made incursions into restricted U.S. airspace near Alaska and California in June and July, and highlights a growing military assertiveness by Moscow. The submarine patrol also exposed what U.S. officials said were deficiencies in U.S. anti-submarine warfare capabilities—forces that are facing cuts under the Obama administration’s plan to reduce defense spending by $487 billion over the next 10 years.
»The Navy is in charge of detecting submarines, especially those that sail near U.S. nuclear missile submarines, and uses undersea sensors and satellites to locate and track them. The fact that the Akula was not detected in the Gulf is cause for concern, U.S. officials said.»
• Sur le même site FreeBeacon, on lit une intéressante nouvelle, le 15 août 2012, concernant les batteries sol-air S-300 commandées par l’Iran à la Russie, et finalement non livrées à l’Iran. Cette affaire est actuellement un réel embarras entre la Russie et l’Iran, les Iraniens ayant été devant une cour internationale en réclamant des compensations et des dommages et intérêts à la Russie. La nouvelle, c’est l’annonce qu’un groupe important au sein de la direction russe est en train d’exercer des pressions pour que la vente, annulée en 2010 à la suite d’une résolution de l’ONU (alors que, selon les Iraniens, le contrat précédait de trois ans cette résolution et y échappait légalement), soit finalement réalisée. Des précisions intéressantes sont apportées concernant le modèle Almaz-Antey S-300PMU-1, quant à ses capacités sol-sol ou sol-mer, – en plus de ses capacités sol-air bien connues et en général fort craintes par les Israéliens et les USA, – à partir d’analyses de l’expert Pavel Felgenhaue, de la Novaya Gazeta :
«The S-300 system has a “dual-use” functionality built into its design requirements, Felgenhauer and others say. Its employment as a surface-to-surface ballistic missile as a secondary application has been fully tested and validated. The S-300 in Iranian hands is capable of being reconfigured and deployed as a conventional, short-range ballistic missile system that can hit both ground and seaborne targets—including U.S. naval vessels operating in the Persian Gulf. The system is also configured in such a way that it could be fitted if necessary with a “special warhead,” the official Russian euphemism for a nuclear payload.»
Mais, sans aucun doute, la précision la plus intéressante, de type politique, est donnée en fin de ce texte, qui concerne bien sûr la proposition de vendre finalement les S-300 à l’Iran, qui concernerait aussi bien les activités supposées du sous-marin type Akula et des Tu-96 ; elle est communiquée par un “spécialiste US des affaires russes”, sans autre précision… «“In another time there would be more reticence from the Russian government about the U.S. reaction to a sale concluded to Iran—and one that the rest of the world believes is in contravention to a U.N. sanctions regimes” said a retired senior U.S. military specialist on Russia. “But there are some unique conditions at present today that encourage the Russians to act less responsibly.” One such condition, the military specialist said, is the White House “re-set” policy, which has led the Russians to see “Obama as weak and uninformed in foreign affairs.”»
La question de la véracité des évènements mentionnés s’efface largement derrière cet avis tel qu’il est recueilli à la fin du texte sur le S-300. La source générale (FreeBeacon) est bien identifiée : un “journal on line” publié depuis février 2012 par le Center of American Freedom, un nouveau think tank de tendance neocon, également établi début 2012. Les informations vont dans le sens d’une défense US faible, d’une Russie devenant de plus en plus “agressive”, d’un Obama faible, etc., tout cela selon la narrative du domaine. (La tendance neocon étant surtout visible dans la façon de présenter les nouvelles et de les exploiter.)
Le point central pour nous, – Obama “faible” mais surtout “mal informé” dans le domaine des affaires étrangères, et “faible” parce que “mal informé”, – est extrêmement crédible sinon tangible, et rencontre sans aucun doute bien des mésaventures du côté russe, et des déceptions répétées avec Obama, qui a promis beaucoup à la Russie et tenu fort peu ; et toujours, pourtant, avec l’avis jamais démenti chez les Russes qu’Obama est un homme en qui on peut avoir confiance, et alors ses promesses non tenues, ses évaluations trompeuses, pouvant tout à fait s’expliquer par sa très mauvaise information en matière de politique extérieure. Cela n’a d’ailleurs rien d’un complot, nécessairement, et encore moins de l’argument de complète circonstance donnée par le “spécialiste” cité, de la “re-set policy” d’Obama vis-à-vis de la Russie, mais relève évidemment de l’éclatement et du fractionnement bureaucratique et de l’influence du Système, tout cela absolument radical aux USA, qui ne pourrait être vaincu que par un “coup d’État“ intérieur du type “American Gorbatchev” qu’Obama n’a jamais eu l’audace d’envisager. (Par ailleurs, la “sous-information” du président est partagée par divers ministères et agences entre eux, qui ont chacun leurs politiques, leurs informations, etc., et cela quelle que soit la politique menée vis-à-vis de la Russie.) Selon ce point de vue, il n’y a aucune raison de moins accepter les informations données par FreeBeacon que beaucoup d’autres, de sources plus officielles, et il y a même beaucoup d’arguments pour considérer comme absolument normal et logique que les Russes commencent à prendre des mesures concrètes pour signifier à l’establishment US que les choses deviennent sérieuses. Notre sentiment à ce propos (voir le 4 juin 2012 et le 11 juillet 2012) a été et reste que les Russes devront effectivement, s’ils ne le font déjà comme il est dit ici, durcir leur attitude devant l’évolution des crises, notamment de la crise syrienne et de la crise des antimissiles, d’ailleurs liées entre elles et avec tout ce qui va avec . Ce qu’on nous annonce va dans ce sens, d’ailleurs sans risques excessifs de déclencher des réactions menaçantes à Washington, qui est au bout, à la fois de ses menaces, de ses capacités militaires, de ses moyens de les améliorer, de ses capacités de diriger l’une ou l’autre expédition punitive… Devant l’“empire” pourri et absolument chancelant, Poutine & compagnie ne prendraient guère de risque en envoyant en croisière quelques sous-marins et bons vieux Tu-96…
Mis en ligne le 15 août 2012 à 16H03
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