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1549Chicago en mai, c’est évidemment le sommet gargantuesque de l’OTAN, et c’est une sorte d’opération massive, colossale et herculéenne, extraordinaire et presque irréelle dans ses dispositions de sécurité. D’autre part et en premier lieu, comme pour mêler le symbole à la lourde réalité de notre propre terreur, on observera que cette “opération” se situe dans la métropole la plus violente des USA, où la criminalité “sauvage organisée” des organisations de narcotrafiquants a connu une expansion remarquable, – financées et contrôlées à partir du Mexique et de la Colombie. (Où l’on comprend, selon un précieux enseignement stratégique qui laisse à penser, que l’expansion à l’intérieur des États-Unis du narcotrafic venu des pays de la frontière sud des États-Unis a achevé son périple à l’intérieur de l’hyperpuissance de l’American Dream, et atteint la frontière nord…) Le tout donne une ville qui, “en temps normal” (on n’ose dire “en temps de paix”), hors-sommet de l’OTAN, mériterait une intervention humanitaire type R2P (Responsability To Protect), de l’acronyme rassurant désormais utilisé pour les interventions type-Libye, – si réussie, cette dernière, que certains voudraient bien l’appliquer à la Syrie… Mais pourquoi pas Chicago ?
Sur GlobalResearch, le 29 avril 2012, l’activiste Ross Ruthenberg, qui habite Chicago, trace donc un parallèle entre la Syrie et Chicago, cette ville où la cirminalité a réalisé des progrès considérables…
«Chicago’s notoriety as a violent city has gone into overdrive in recent years with an epidemic in fatal shootings. Last year, nearly 2,300 people were shot in the Windy City, resulting in 441 homicides, including men, women and children. In the first three months of this year, some 656 were shot, with 145 homicides. At that rate, the victims of gun crime will amount to over 2,600 shootings and 580 homicides by the end of this year alone.»
Le contexte ainsi précisé, voici le cas que présente Ruthenberg pour une intervention type R2P. Après tout, le cas est solide, et Chicago n’a rien à envier à la Syrie.
«Let’s put Chicago’s annual casualties of gun crime into a Syrian context. On a Syrian versus Chicago population basis (20.5 million versus 2.8 million), the American figures would be equivalent to 18,815 civilian shootings and 4,160 homicides in Syria. This is of the same order as the unverified, and no doubt grossly exaggerated, UN figures commonly quoted for Syrian victims since conflict broke out in that country 13 months ago. If such dubious figures for Syria have sparked so much attention from Western governments, mainstream media and the UN Security Council, why is the plight of Chicago citizens being ignored? As the cheeky saying goes in this city: “What are we? Chopped liver?”
»It is not hyperbole to say that large areas of Chicago resemble a war zone for its hapless population. Schoolchildren have to be escorted daily by armed guards for even a short trip to visit a library across town. People from ethic minorities are particularly at significant risk of suffering a violent death from just walking out on the streets. Surely, there is a legal case at the UN or some other international court that the US authorities are abdicating a responsibility to protect their own citizens. The UN or NATO is thereby mandated to intervene to protect Chicago citizens (assuming, of course, that the principle and practice of R2P is genuinely construed).
»Another factor for R2P being applicable to Chicago is the level of systematic violence emanating from armed gangs and criminal mercenaries. Many of the shootings in the city are believed to be the work of heavily armed gangs or private militia engaged in industrial-scale drug dealing. Furthermore, many of these private armies are funded and directed from foreign territories – Mexico and Colombia…»
Bien, il s’agissait du “temps de paix”… En mai 2012, à Chicago, ce ne sera pas un “temps de paix”. Comme on l’indiquait plus haut, c’est un temps de mobilisation extraordinaire pour le sommet de l’OTAN. Russia Today nous informe, ce 30 avril 2012, qu’en plus des formidables forces de sécurité amassées dans la ville, à partir de cette semaine, les autorités prévoient un plan d’urgence d’évacuation de la population en cas de nécessité… Quelque chose d’“épique”, on vous le dit.
«A memo has been sent out of the Milwaukee, Wisconsin Red Cross office that confirms that officials are already taking measures to handle an emergency of epic proportions during the upcoming NATO Summit, scheduled for the week of May 20 in the city of Chicago, 70 miles to the south. In addition to armed security forces expected to begin patrolling Chicago as early as this week, authorities are now making plans to usher residents up to Milwaukee in case the planned NATO protests cause an emergency that warrants an immediate evacuation of the city.
»“The American Red Cross in southeastern Wisconsin has been asked to place a number of shelters on standby in the event of evacuation of Chicago,” reads a recent email sent out to Milwaukee-area volunteers of the emergency assistance organization. Chicago’s WLS News reports that the email states that the reason for stand-by is that the NATO Summit “may create unrest or another national security incident.”
»Explaining the call for volunteers to Newsradio 620 WTMJ, Milwaukee Red Cross spokeswoman Barbara Behling adds that the agency is treating next month’s conference as it would with any other emergency situation. “It's like any situation where there would be an evacuation,” says Behling. “If a tornado would hit Chicago, we're an evacuation area.If there would be a large scale power outage, we're an evacuation area. This isn't anything out of the normal for us,” she adds.»
Les mesures massives de sécurité sont assurées par divers organismes, sans la moindre coordination. Ainsi, c’est la semaine dernière que le maire de la ville et les services chargés de l’organisation du sommet ont appris, par voie de presse comme dans tout pays démocratique, que le US Federal Protective Service avait décidé de commencer des patrouilles de ses agents armés dans Chicago dès cette semaine. Pour ce qui concerne les arrestations des membres des armées insurrectionnelles et dissidentes attendues dans la ville, là aussi les initiatives zélées viennent de tous les côtés, y compris celle du sympathique sheriff Dart, qui suggère la réactivation d’une vieille prison pour en faire une sorte de camp de concentration pour dissidents récalcitrants.
«Should emptying out one of the most populated cities in America in event of a national emergency seem too much for Chicago authorities to handle, Cook County, Illinois Sheriff Tom Dart has told the Sun-Times that he has another idea for any incidents that may arise. Sheriff Dart says that in case of a protest turned violent, law enforcement should send demonstrators to Cook County Jail, a massive price facility that has been vacant for over a decade. “It’s empty and it will be empty. There are no issues with that. If it’s functional, it wouldn’t take a lot of manpower to monitor. Transportation would be a straight shot down I-55. Across the street is Stateville [Correctional Center] We’re going there anyway,” the sheriff tells the Sun-Times. “The only thing everybody agrees is this is unpredictable. We’re trying to keep that in mind.”»
Il y a effectivement quelque chose d’épique et de symbolique de notre situation d’effondrement de notre puissance (surpuissance-autodestruction), perceptible dans ce déploiement monstrueux de forces en une sorte de marteau-pilon pour on ne sait quelle mouche à écraser, dans l’événement autour de l’événement, l’état de siège de Chicago pour le sommet de Chicago ; et l’élèment dominant, bien entendu, c’est la paranoïa, massive elle aussi, conduisant à des plans gigantesques, concernant des mesures surréalistes, élaborées sans la moindre coordination. Chicago nous donne le premier exemple à une échelle aussi considérable des USA devenus en deux-trois ans un “État”-policier, fonctionnant selon les règles structurelles (ou plutôt “les règles de déstructuration”) de l’hyperlibéralisme bureaucratique, où chaque agence, chaque organisation, dispose de pouvoirs discrétionnaire exorbitants mais agit dans la plus grande autonomie, sans se soucier de la moindre coordination et en n'oubliant pas de faire un croche-pied à l'occasion au service parallèle, ami mais concurrent, qu'on déteste naturellement. C’est l’étrange mariage de l'hyper-contrainte policière et de la paranoïa sécuritaire, avec le désordre “épique” du Système en cours d’effondrement, déjà lui-même complètement déstructuré et dans un processus de dissolution.
Par conséquent, Chicago vaut largement la Syrie, si ce n’est pire, – et c’est bien entendu pire, pour ce qui concerne l’esprit de la chose. L’événement du sommet de l’OTAN le sera plus encore, un événement, pour l’expérimentation du déploiement de l’“État”-policier US face à la subversion que sa paranoïa pare d’une puissance extraordinaire. On ignore ce que seront les effets des protestations anti-OTAN à Chicago, mais on a déjà la confirmation que les directions-Système des USA vivent dans la terreur de ce qu’elles supposent être une menace terrifiante contre leur sécurité. Le Système dont la psychologie est terrorisée et dont la fonction semble être de dispenser la terreur pour lutter contre une terreur supposée, vit en état de siège permanent, à Chicago encore plus qu’en Syrie. Le sommet de l’OTAN verra donc la réunion de l’un des principaux instruments d’application et d’expansion de la terreur exercée par le bloc BAO, et de l’effet paranoïaque de l’exercice de cette terreur sur les psychologies des directions du bloc BAO. Cela conduit à observer qu’il s’agit bien de la même terreur : ce sont les mêmes “psychologies terrorisées” par leur propre terreur qui dirigent les opérations de terreur de l’OTAN, et qui organisent la protection terrorisée du sommet de l’OTAN, contre la même terreur qu’on prête aux multiples adversaires supposés, ceux-là particulièrement craints puisque ce sont les ennemis de l’intérieur, les populations elles-mêmes… Ceux-là, ces ennemis de l’intérieur, à force d’être “supposés”, finiront bien par se manifester.
Mis en ligne le 1er mai 2012 à 06H11
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