Affirmation du “coup d’Etat postmoderne” de la NIE 2007

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Un article de l’AFP du 7 décembre 2007, sans détails particuliers concernant le processus d’élaboration de la NIE 2007 mais basée sur quelques déclarations de sources US du renseignement, marque à notre sens une affirmation (une confirmation) très convaincante du fait qu’il y a eu effectivement une démarche consciente et réussie de mise en cause de la politique de l’administration. En d’autres termes, il s’agit pour nous de la confirmation qu’il y a bien eu “coup d’Etat postmoderne”

Il s’agit d’une dépêche AFP que nous avons trouvée d’abord sur RAW Story le 7 décembre (jour de sa diffusion), puis qui a été repris ce jour sur le site SpaceWar.com. Le titre indique lui-même l’idée de “rupture” de la communauté du renseignement par rapport à la ligne du gouvernement: «US reversal on Iran intel reflects breaking of the ranks: analysts». On remarquera dans l’extrait ci-dessous l’affirmation («This is ours») d’une source citée par l’article, indiquant combien la communauté du renseignement tient à préciser qu’elle a refusé l’incursion du pouvoir politique dans NIE 2007, imposant au gouvernement un document exempt de toute pression politique. L’avis de Ray Takeyh, un expert du puissant Council of Foreign Relations (CFR), qui représente l’aide “réaliste” de l’establishment US, est particulièrement éclairant également. La description de l’opération que fait Ray Takeyh est effectivement celle d’un “coup”, et son appartenance au CFR indique l’approbation de cet organisme de la procédure suivie.

«The US reversal on Iran's nuclear weapons program has exposed a breaking of ranks within a waning administration, with US intelligence and military professionals asserting themselves on issues of war and peace, analysts said.

»Senior US intelligence officials said this week they were responding to new information, subjected to more rigorous analysis than in the past, in declaring with “high confidence” that Iran halted a covert nuclear weapons program in 2003.

»But their willingness to set aside all previous assumptions flowed from a determination not to repeat the errors made in 2002, when bogus intelligence on Iraq's weapons of mass destruction set the United States on a course to war, they said.

»And unlike 2002, when US intelligence officials complained of administration pressure to “cherry-pick” intelligence that supported going to war, the intelligence community this time has asserted its independence.

»“This is ours,” a senior intelligence official said this week, telling reporters that policymakers had no input in the conclusions of the National Intelligence Estimate, as the assessment is called.

(…)

»“It's a fundamental reversal of civil-military relations, and intelligence and political relationships, that were obvious in 2002,” said Ray Takeyh, an expert on the Middle East at the Council on Foreign Relations.

»He said the new intelligence assessment was “part of a larger narrative, namely how the formal institutions of government are now determined to resist the White House, which wasn't the case in 2002.”

»“In many ways this narrative suggests the irrelevance of the Bush White House, the irrelevance of the president himself,” he said.»

Enfin, il faut également noter dans cette dépêche l’avis d’un ancien officier de la CIA, Bruce Riedel, qui juge que l’option de l’attaque de l’Iran a été pulvérisée par NIE 2007 et que le Congrès a joué un rôle important dans la publicité de ce document: «And the Congress I think can be credited with having forced the administration to go public with these kinds of things, and to put them out there.» Cela rappelle effectivement combien les parlementaires ont mis en évidence, dès les premiers jours de sa publication, l’importance de la NIE 2007.


Mis en ligne le 11 décembre 2007 à 05H41