Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1135La thèse britannique est que Sarkozy en a marre de la France et de ses cacophonies internes de pays retardataire si souvent documentées dans la presse britannique, au contraire de l’Angleterre qui brille comme un sou neuf as everybody must know, et qu’il entend usurper le trône bien connu de “Président de l’Europe”. (Il n’est pas question pour la France, tout de même, du trône d’Inspirateur of the World, celui-ci étant attribué d’office à Gordon Brown, avec éventuellement un strapontin pour Obama.)
Par conséquent, observe Charles Bremner dans le Times du 2 janvier 2009, Super-Sarko est déjà en action pour poursuivre sa présidence de juillet-décembre 2008.
«Paris may have handed the EU’s six-monthly chair to Prague yesterday, but President Sarkozy made clear that he intends to keep the job of Europe’s commander-in-chief. Four hours before ending France’s turn in the EU presidency, Mr Sarkozy announced that he was flying next week to Israel and the West Bank to mediate over the Gaza conflict. He prepared the ground at talks in Paris yesterday with Tzipi Livni, the Israeli Foreign Minister.
»In his new year address, Mr Sarkozy made clear that he had no intention of taking a back seat after what he regarded as the most dynamic turn by any leader in the Union’s rotating presidency. In 2008, he boasted, he had not just shaped the destiny of France, but of the whole world.
»“The initiatives which I have undertaken in the name of the French presidency of the Union – coordinating the action of all the Europeans and bringing the heads of state of the 20 biggest world powers to Washington – have enabled the world to avoid sliding down the slope of ‘everyone for themselves’, which would have been fatal,” he said. As well as taking credit for organising the emergency summit of the G20 nations in Washington in November, Mr Sarkozy made clear that he intended to impose his views on a “new world order for capitalism” at a G20 meeting in London in March.
»Critics regard Mr Sarkozy as being obsessed by the idea that France is too small for a man of his talents. “He has one fear – becoming again the President of an average country, disarmed in the face of recession and confronted by soaring unemployment,” Le Monde newspaper said.
»In Mr Sarkozy’s view, the leadership of Europe cannot be left to the Czech Republic, a small, recent member state with a Eurosceptic government. The Union needs a powerful figure from a founder state to steer it through dangerous times, he believes. “Of course I will be taking initiatives,” he told the European Parliament last month after a triumphant review of his handling of the financial turmoil and his peace-brokering in the Caucasus war last summer.»
Suivent diverses indications permettant de mesurer l’ampleur du complot super-sarkozyste. Nous sommes évidemment dans les terres déjà abondamment foulées de la polémique anglo-française, un must de la réflexion politique et historique britannique. Cette polémique ne manque pas de munitions puisqu’il suffit de se tourner vers le commentaire quotidien et parisien pour y trouver tous les arguments, constamment rafraîchis, contre toutes les ambitions françaises, y compris celles qui sont prêtées plus qu’affichées.
Il n’empêche qu’il n’y a jamais, comme nous en informe aimablement le bon sens populaire, de fumée sans feu. Il n’empêche que le cas est convaincant de démontrer, dans les semaines et les mois agités qui viennent, qu’il n’y a en Europe que des nations, et des nations égales parmi lesquelles certaines sont plus, beaucoup plus égales que les autres, et l’une certainement parmi toutes. Là-dessus, il est tentant de polémiquer en attendant que “la force des choses”, dito une relance de la crise un peu plus tonitruante que les autres, par une voie d’eau ou l’autre, nous fasse comprendre que la question est sérieuse.
…D’ailleurs, nous ne sommes pas loin d’y être déjà si l’on considère, comme on doit le faire impérativement, que la crise israélo-palestinienne courante est une phase de plus d’une crise sectorielle systémique, laquelle fait partie de l’ensemble général de la crise systémique qui nous (nous: “notre-civilisation”) secoue comme un vieux chaland pourri. L’intervention de Sarko fait effectivement partie du rôle habituel de la France quand il prend à ce pays d’activer sa diplomatie, comme elle fait partie du vaste complot de Super-Sarko “to keep the job of Europe’s commander-in-chief”. C’est évidemment de ce dernier point de vue, de préférence à l’autre, qu’on ne manque pas de considérer cette intervention.
Quoi qu’il en soit de ces interprétations, l’atmosphère de crise qui se poursuit avec une alacrité extrême contribue très largement à alimenter les réflexions et les spéculations autour de la structure et des modalités de fonctionnement de “l’Europe”. Sarko, alias Super-Sarko y tient toujours le premier rôle. Les Britanniques y tiennent leur rôle habituel de critiques venimeux. L’un dans l’autre, on peut commencer à y voir une confirmation que la présidence française et les crises qui l’ont marquée ont largement contribué à déstabiliser durablement le ronron inefficace et standardisé qu’a constitué jusqu’ici le fonctionnement institutionnel de la susdite “Europe”. Cette crise-là, – une de plus, – reste désormais ouverte et fort active.
Mis en ligne le 2 janvier 2009 à 13H37