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1645Netanyahou est particulièrement nerveux, intempérant ou caractériel, imprévisible, prompt à des accès de colère et des initiatives inattendues, répandant une atmosphère de confusion, de contradiction et de désordre autour de lui, notamment dans son équipe. Dans notre langage convenu et technocratique, on dit poliment qu’il est devenu “incontrôlable”.
C’est ce que montre Haaretz, le 9 juillet 2009, parlant de la “paranoïa” de Bibi, décrivant une conférence de presse impromptue décidée par lui, mercredi, tenue par cinq de ses conseillers de sécurité nationale qui ignoraient manifestement pourquoi ils se trouvaient là, qui se contredisaient, s’interrompaient les uns les autres, etc. Haaretz, qui n’aime guère Bibi, en profite pour décrire le climat qui règne dans les services du Premier ministre depuis l’arrivée de Netanyahou. Dans le gouvernement et autour, on commence à s’en inquiéter.
«An atmosphere of permanent crisis has surrounded Netanyahu's bureau ever since he took office, so it was no surprise that the press conference also had an air of panic. The five advisers – National Security Adviser Uzi Arad, cabinet secretary Zvi Hauser, director general of the Prime Minister's Office Eyal Gabai, political adviser Ron Dermer and Nir Hefetz, who heads the public relations desk - arrived at the meeting without a prearranged, uniform message. Over and over, they cut each other off. […]
»At a recent meeting with with Netanyahu, ostensibly about the understandings with the U.S. on the settlements, former prime minister Ehud Olmert was shocked to see the prime minister focusing mainly on the media. “Is this what he called me in for?” a source close to Olmert quoted him as saying.
»Behind closed doors, Netanyahu's coalition partners – including Defense Minister Ehud Barak and Foreign Minister Avigdor Lieberman – have also expressed shock at his behavior. One senior minister told an aide that he is finding it very difficult to work with the premier. “He drives us mad,” the minister said. “Every minute things change, and I am constantly busy doing maintenance on Netanyahu.”»
Cerise sur le gâteau, si l’on veut, et d’ailleurs titre de l’article de Haaretz, l’attitude de Netanyahou vis-à-vis des USA, de Barack Obama, et, de plus en plus, vis-à-vis des deux conseillers juifs d’Obama (Axelrod et Emanuel).
Manifestement, Bibi a pris pour argent comptant toutes les versions critiques, voire apocalyptiques qui accueillirent la nomination d’Emanuel comme chef de cabinet de BHO, en novembre dernier. Pour les critiques radicaux, particulièrement aux USA, Emanuel c’était l’œil et la main d’Israël qui allaient manipuler la “marionnette” Obama au profit exclusif d’Israël. D’où la fureur de Netanyahou, également obsessionnelle et marquée d’étranges réactions psychologiques, qui est de dénigrer avec fureur Emanuel (et Axelrod) pour leur trahison, puisque BHO n’est pas complètement marionnette. Les deux hommes entrent donc désormais dans la catégories des “juifs honteux”, voire des “juifs antisémites” ennemis d’Israël (qualificatifs de Bibi: “self-hating Jews”). (On observera que cette idée d’impliquer Emanuel et Axelrod dans l’orientation critique de la politique israélienne de BHO a déjà été signalée par Mary Devjevsky.)
«Netanyahu appears to be suffering from confusion and paranoia. He is convinced that the media are after him, that his aides are leaking information against him and that the American administration wants him out of office. Two months after his visit to Washington, he is still finding it difficult to communication normally with the White House. To appreciate the depth of his paranoia, it is enough to hear how he refers to Rahm Emanuel and David Axelrod, Obama's senior aides: as “self-hating Jews.”
»“He thought that his speech at Bar-Ilan would become mandatory reading at schools in the United States, and when he realized that Obama gave no such order, he went back to being frustrated,” one of his associates said.»
Vraiment, la psychologie a une importance considérable… Netanyahou montre toutes les marques de l’évolution psychologique des neocons US, dont il est si proche comme l’on sait, et de tous les interventionnistes exacerbés, américanistes et occidentalistes. Les échecs successifs des politiques de force brutale depuis 2003-2004 pèsent sur ces fragiles psychologies. La résistance de la réalité à leur virtualisme s’inspirant d’une caricature éhontée d’un nietzschéisme de bazar mâtinée de doctrines type “chaos créateur” qui aboutissent au chaos en impliquant méchamment les auteurs de ce chaos, tout cela finit par laisser des traces.
Netanyahou qui attend depuis si longtemps le pouvoir, dont il juge qu’il l’a manipulé avec bonheur avant d’en disposer, voit son impatience devant les résultats contraires aux lubies que ses phantasmes réclament se transformer en une colossale frustration. Processus assez classique, mais il est extraordinaire qu’il se manifeste aussi fortement et avec cette intensité à ce niveau. C’est une belle illustration psychologique du poids formidable que fait peser l’évolution générale de la crise sur ceux qui croyaient que cette crise se ferait à leur profit, et qui découvre l’inverse. Désormais, nous ne sommes plus très loin de voir les “juifs honteux”-traîtres Emanuel et Axelrod classés dans la catégorie des terroristes qui veulent la destruction d’Israël. Confirmons qu’à côté d’eux, Ahmadinejad fera bientôt figure de modéré.
Que conclure? Eh bien, que Sarko ferait bien d’envisager de virer plutôt le Premier ministre israélien.
Mis en ligne le 10 juillet 2009 à 08H44
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