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615On sait qu’Obama veut aller très vite, on sait qu’il doit aller très vite. Il s’active donc, nous dit-on, dans tous les cas on s’active au sein de son équipe. L’un des premières mesures, et l’une des premières nouvelles de la future administration Obama, ce sera l’annonce de la formation du cabinet, avec les personnalités choisies. Beaucoup de bruits circulent déjà.
La première nouvelle donnée comme sûre, annoncée notamment par Steve Clemons sur son site The Washington Note le 5 novembre, est l’acceptation par le sénateur Rahm Emmanuel du poste de chef du cabinet personnel du président. Poste important, on s’en doute, et nouvelle plutôt amère pour ceux qui attendent du “changement”: Rahm Emmanuel est un démocrate conservateur, un orthodoxe pro-israélien dur, susceptible de peser dans la poursuite de la continuité de la politique extérieure actuelle.
Jim Lobe donne, le 6 novembre sur Antiwar.com, une recension générale des tendances et des nominations possibles pour les postes de direction dans l’administration, dans le domaine de la sécurité nationale où est développée la politique extérieure des USA.
«[I]t is believed that[Obama’s] first choice to head the Pentagon is the Republican incumbent, Robert Gates, who, along with Powell's successor, Condoleezza Rice, is given much of the credit for steering US policy on a less unilateralist and hawkish course since he joined the administration two years ago.
»Despite Gates's public opposition to several positions taken by Obama during the election campaign, including the president-elect's intention to withdraw all US combat forces from Iraq over a fixed 16-month timetable and bar the development of new kinds of nuclear weapons, he is still seen as desirable, both for his competence and experience and as a way to redeem Obama's promise of an inclusive administration.
»And if he decides against Gates – or if Gates declines the offer – Obama may very well choose another Republican realist as secretary of state, while opting for Clinton's former Navy Secretary, Richard Danzig, for defense secretary. Three have been mentioned so far – the ranking member of Senate Foreign Relations Committee, Indiana Sen. Richard Lugar; outgoing Nebraska Sen. Chuck Hagel; and the former head of the US European Command, Gen. James L. Jones, who backed Sen. John McCain for president. All three are solid realists who, significantly, are considered likely to be more evenhanded in addressing the Arab-Israeli conflict and less inclined toward confrontation with Iran than either the current administration or many liberal interventionists.
»If, on the other hand, Gates remains Pentagon chief, Obama is likely to pick a Democrat for secretary of state. Aside from the three Republicans, the names most frequently mentioned, according to Clemons, are the 2004 Democratic presidential candidate, Sen. John Kerry, who leans more to the liberal side of the spectrum, and Clinton's former UN ambassador, New Mexico Gov. Bill Richardson, whose eagerness to engage US foes puts him more in the realist camp. Another former Clinton UN Amb. Richard Holbrooke, a liberal interventionist par excellence, is also said to be in the running but has reportedly fallen from favor in recent weeks.
»James Steinberg, who served as Clinton's former deputy national security adviser and reportedly leans more to the interventionist side of the spectrum, is said to be the front-runner for Obama's national security adviser, while Clinton's former attorney and Democratic realist, Gregg Craig, is likely to be considered for deputy secretary of state.
»Clinton's former top Africa aide and liberal interventionist, Susan Rice, is reportedly in the running for deputy national security adviser and UN ambassador, while three of Obama's closest foreign policy advisers who have not worked for Clinton, Dennis McDonough, Gen. Scott Gration, and speechwriter Ben Rhodes, a realist who co-authored the Baker-Hamilton report on US policy in Iraq and the Middle East two years ago, are likely to get White House posts.»
Comme on le voit, le poste de secrétaire à la défense est le nœud de la composition de cette partie du cabinet, avec le nom de Gates au centre des spéculations. Les diverses nominations, y compris celle (reconduction), éventuelle, de Gates, apportent peu de surprises. Elles montrent un certain infléchissement, si l’on tient compte des positions des uns et des autres, par rapport aux administrations Bush, mais rien de décisif ni de vraiment significatif. Il faudra jauger la politique de sécurité nationale sur sa réalisation.
Par contre, Lobe apporte un élément significatif qui, lui, a une valeur indicative certaine. Il s’agit de la position privilégiée et active qu’occuperait le vice-président Biden dans la conduite de cette politique de sécurité nationale. Lobe estime en effet qu’Obama jouera un rôle plus effacé que prévu en matière extérieure, préférant se concentrer sur les problèmes intérieurs largement aggravés depuis la crise financière. Pour cette raison, il déléguerait des pouvoirs à Biden.
«With the US economy engulfed in the worst financial crisis since the Great Depression, Obama is not likely to have nearly as much time to focus on foreign policy than he had thought even two months ago. The fact that an overwhelming majority of Tuesday's voters rated economic issues as more important to them than the Iraq War or terrorism make it more likely that the new president will delegate more foreign policy decisions to his vice president, Senate Foreign Relations Committee chairman Joseph Biden, and subordinates who have yet to be named.»
La perspective de voir Biden prendre en mains la politique extérieure alors que Obama se concentrerait sur la politique intérieure est un schéma logique, dans les circonstances actuelles. Elle conduirait à faire penser à ceux qui jugent que l’administration Obama va poursuivre avec quelques aménagements la politique belliciste de Bush qu’ils n’ont pas tellement tort. Biden est de la catégorie “faucon” (hawk), qu’on dirait par ailleurs plutôt “faucon jubilant” (“jubilant hawk”, sans doute son totem chez les scouts). Mais toutes ces appréciations logiques se heurtent à la réalité du pouvoir. Il est difficile de diviser une politique générale selon ses deux branches à peu près égales en importance, en attendant que l’une et l’autre soient menées avec la même autorité et la même efficacité alors que l’un des dirigeants est le subordonné de l’autre et n’agit que par délégation, alors que la personnalité de celui qui commande est manifestement très forte. C’est une formule en apparence intelligente et logique, mais qui ne peut marcher que lorsque la personne ayant le plus d’autorité formelle est celle qui a le moins d’autorité réelle, comme c’était le cas avec Bush et Cheney (le vice-président ayant pu jouer assez aisément un rôle d’influence majeure dans la politique de sécurité nationale). Dans le cas du couple Obama-Biden, alors que s’imposent des difficultés budgétaires très grandes, le risque serait également très grand de voir des oppositions sévères de priorités, notamment par le biais de l’établissement du budget du Pentagone.
Mis en ligne le 6 novembre 2008 à 14H41
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