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119712 janvier 2012 – Certains commencent à s’en apercevoir, pendant que nos grands médias-Système continuent à débiter en tranches parfaitement coupées leur monotone mésinformation qui confine à la plus grotesque ignorance. Nous avons été frappés par ce commentaire rapide, dans le Guardian jusqu’ici impeccablement du type “Paul n’existe pas”, de Ana-Marie Cox, ce 11 janvier 2012, sous le titre et sous-titre inattendus (à propos des primaires du New Hampshire) de «Ron Paul is a winner with second place in New Hampshire – Mitt Romney's emphatic win is less significant than Ron Paul's result. And what it signifies is a Republican party fragmenting…»
Puis, ce premier paragraphe : «Though Mitt Romney made history with the first non-incumbent's consecutive Iowa-New Hampshire victories in GOP history, Ron Paul's second-place finish in the New Hampshire primary is by far more significant when it comes to the future of the Republican party.» Nous ajouterions que cette seconde place de Ron Paul, et ce qu’elle suppose de potentiel pour les semaines à venir, est “bien plus significative” pour ce qui concerne l’avenir de Ron Paul lui-même, et l’avenir des Etats-Unis eux-mêmes.
Le 9 janvier 2012, avant la primaire du New Hampshire, Politico.com avait tracé un portrait de Ron Paul… Quelques paragraphes suffisent à en donner la tonalité. Ron Paul est l’homme de la catastrophe, “l’homme de l’apocalypse”, et il l’est avec un enthousiasme, une exubérance qui ne cessent d’étonner pour cet homme, tout de même, de 76 balais comme l’on dit. Tandis que ses adversaires ont pris le parti original, encourageant et qui a déjà tant fait ses preuvces, de l’optimisme sans fin et sans bavure de la Grande République («Huntsman […] asserted that “we are on the cusp of a manufacturing renaissance in this country” before musing about “the magic of America.”»), – Paul, lui, interprète selon l’hommage à la vérité, que “noir c’est noir”…
«It’s a nation that permits the assassination of private citizens, a place where the military can arrest you at will. The unemployment rate is higher than officials let on. The economy is careening toward crisis. Violent street demonstrations are on the horizon. The government edges toward tyranny and dictatorship.
»Welcome to Ron Paul’s America.
»There’s no gauzy, uplifting imagery in the Texas congressman’s stump speech, no city on a hill. It’s a grim, thousand-points-of-darkness jeremiad that makes the rest of the GOP field’s somber depiction of Obama-era America seem sunny.
»But in a moment when voters’ own optimism has faded, Paul’s message is clearly resonating. After finishing a close third in Iowa, the most recent New Hampshire poll has him in second place behind Mitt Romney, and he’s got crowds showing up at event after event to hear his gloomy scenario of a nation “where our personal liberties are under attack” and an economy that could “go over a cliff and suddenly sink rather rapidly.”
»“In an economic crisis, which I anticipate will come, if we don’t clean up our act the economy is going to get much worse, the conclusion of the destruction of currency can have a lot of violent repercussions [and] a lot of demonstrations in the street, if not violence,” Paul said Friday night at a town hall in the student union at the University of New Hampshire in Durham. “So they have all these laws against this. Who knows? If you happen to belong to a group that happens to be considered anti-war, … you can’t tell what they might do.” […]
»“Most of the world is run by tyrants and dictators,” he told a crowd in Atlantic, Iowa, recently, “and we’re drifting that way.” In Durham, he cautioned: “We shouldn’t be so intimidated and frightened that we allow our presidents to assume this power to assassinate an American citizen with no charges.” […] “When you count the way they did during the Depression … unemployment is probably closer to 20 percent. That’s why there’s a disconnect. People feel worse than the government tells you you’re supposed to feel,” Paul said. “The unemployment rate is much bigger, the inflation rate is much worse.”»
Faut-il lui en vouloir ? Son chef de campagne, Jesse Benton, nous annonce donc que Ron Paul ne fait qu’une chose, qui est de dire aux gens la vérité. «He’s telling the truth. That’s just who he is. He’s running out of deep concern. He has very little personal desire to be president. … He feels so strongly about trying to help and solve these problems that he’s running for president.» Comme on l’a lu plus haut, Politico.com reconnaît simplement que le sombre message de Ron Paul lui attire bien des suffrage : «But in a moment when voters’ own optimism has faded, Paul’s message is clearly resonating.»
En d’autres termes, le succès du discours de Ron Paul tient essentiellement à ce qu’il rencontre à la perfection l’humeur d’une psychologie dépressive des citoyens américains, pour présenter un diagnostic simple et qui vous réconcilie avec vous-même. Il leur donne l’explication de cette humeur, ce qui est un pas essentiel pour pouvoir assumer le poids d’une telle humeur, sinon dans la bonne humeur, du moins dans la reconnaissance de la vérité. Paul donne un sens à leur humeur dépressive, faisant de cette humeur non pas le gouffre d’une dépression pathologique mais l’espérance que les retrouvailles avec la réalité peuvent donner à la psychologie la force de surmonter le caractère anémiant et affolant (dans le sens de “rendre fou”) de la dépression.
D’une certaine façon, on peut dire cela en termes médicaux, ce qui convient assez bien puisque Ron Paul est sans aucun doute médecin avant d’être homme politique. Ron Paul dit aux Américains que leur dépression est essentiellement exogène au premier degré (à cause de facteurs extérieurs à eux, les nombreux facteurs des crises objectives qui nous assaillent), et beaucoup moins endogène, sinon par voie de conséquence (à cause de déséquilibres psychologiques intérieurs). En ce sens, le candidat Ron Paul, se trouve être, d’ailleurs d’une façon assez silmple et sans génie particulier, un formidable médecin de l’âme américain, si cette chose (“l’âme américaine”) existe (cela, assez douteux) ; sinon, on dira qu’il est un formidable médecin de l’âme de ces êtres humains qui peuplent ce pays, qui est un mythe et qu’on appelle “Amérique”. Effectivement, cela n’est pas nécessairement du génie, mais aujourd’hui, par le fait même de la ligne suivie par la contre-civilisation et selon l’impulsion du Système, dire sur la scène nationale des USA deux ou trois choses de cette sorte, qui ont un rapport avec la vérité, constitue un événement formidable.
C’est pour ces raisons que nous jugeons essentielles les interventions de Ron Paul en matière de politique extérieure, et, notamment, à propos de la question de la crise brûlante de l’Iran et les menaces de guerre qui la caractérisent. Nous pensons que ces interventions pourraient provoquer des changements d’humeur et d’attitude importants de la part des citoyens US, changements qui pourraient jouer un rôle tout aussi important si la crise devenait un cas d’hostilités ouvertes où les USA seraient engagés. Ce “rôle important” le serait pour la crise elle-même, comme pour les élections présidentielles.
Nous avons tendance à traiter ce cas d’une façon indépendante de la candidature de Ron Paul, non sans dissimuler que si, réellement, le message de Ron Paul a fait l’effet que nous envisageons, il devrait y avoir des répercussions importantes au niveau de la campagne électorale, notamment pour ce qui est de la position de Ron Paul. Dans tous les cas, si la crise iranienne évolue vers un affrontement, il ne fait aucun doute que la campagne électorale pour les présidentielles prendra un tour dramatique, avec des affrontements d’une violence considérable, comme on n'en vit sans doute jamais dans notre époque moderne, y compris durant les élections de 1968 au moment de la guerre du Vietnam. Là encore, cette évolution aura évidemment des conséquences, tant sur la politique suivie par l’administration dans la crise-devenue-affrontement, que sur l’attitude de l’opinion publique. Si Ron Paul a véritablement réussi à toucher profondément la psychologie des citoyens et, par conséquent, leur perception et leurs conceptions, on peut avancer l’idée que la crise iranienne deviendra une crise intérieure nationale. Cela ne préjuge en rien de son issue mais conforte l’hypothèse de l’importance du cas.
Sur ce point, nous mettons en ligne ci-dessus un extrait de dde.crisis du 10 janvier 2012, consacré à ce sujet.
Voici donc un extrait de la rubrique Perspectives du numéro du 10 janvier 2012 de dde.crisis. Cette extrait explique l’apport de Ron Paul en matière de politique étrangère. Bien entendu, cette appréciation générale est essentiellement exemplaire, à cause des circonstances, pour le cas cde la crise iranienne.
« La plus formidable innovation de Ron Paul, qui dépasser d’ores et déjà sa personnalité et son destin : l’ouverture révolutionnaire du débat sur la politique étrangère
» Une chose paraît d’ores et déjà acquise, qui dépasse Ron Paul, la campagne électorale, le destin de Ron Paul, etc. Les interventions du candidat Paul en matière de politique étrangère, à cause du statut que lui confère sa position dans la course à la nomination républicaine, ont brusquement élargi le débat de la politique extérieure aux USA, vers des domaines jusqu’alors absolument tabous. Il s’agit d’un discours mettant en cause toute l’orientation belliciste, expansionniste, de cette politique étrangère, dans des termes radicaux, qui en font on débat quasiment de constitutionnalité et de légalité de la chose.
» A la fin décembre, Ron Paul a commencé à orienter son discours vers des thèmes de politique étrangère, selon des lignes très marquées. Il s’est expliqué assez rapidement de cette orientation. Il a observé qu’en raison de la situation actuelle du pouvoir à Washington, un nouvel élu, et particulièrement lui avec un programme très extrême et très contesté, aurait beaucoup de difficultés à faire passer rapidement des mesures intérieures. Paul expliqua donc que le seul domaine où un nouveau président pouvait apporter des modifications radicales serait celui de la politique extérieure, où il disposait de grands pouvoirs ; de là, l’orientation choisie.
» Ron Paul est donc intervenu, à partir de ce moment, avec régularité, sur des questions aussi brûlantes que la crise iranienne, les relations avec Israël, la situation en Afghanistan, les divers engagements US dans le monde, les dispositions d’emprisonnement, de torture, de droits civiques, etc. mettant en cause toutes les équipes au pouvoir depuis plus de dix ans. Chaque fois, bien sûr, il s’est agi de plaider contre l’actuelle politique. Ron Paul a officiellement qualifié le président Obama de “dictateur élu”.
» Certaines interventions de Ron Paul ont été particulièrement ressenties comme complètement novatrices sur la scène nationale. Lorsque Paul explique la position iranienne par une analogie, il dit notamment aux Américains : “Que diriez-vous et que voudriez qu’on fasse si, demain, la marine chinoise venait patrouiller dans le Golfe du Mexique d’une façon menaçante ? C’est pourtant ce que nous faisons dans le Golfe Persique, face à l’Iran”. Il s’agit d’une analogie évidente, mais aussi d’une analogie de rupture, d’ailleurs aussi bien de rupture géographique que de rupture psychologique par renversement des conceptions et des positions. Ce faisant, Paul brise un tabou à partir d’une scène nationale qu’il occupe grâce à sa position actuelle dans les primaires ; il “officialise” quasiment un discours d’opposition jusqu’alors réservé à la seule “dissidence” politique, de droite et de gauche... Il ne fait rien moins qu’introduire une révolution dans la psychologie américaniste.
» L’esprit conformiste de l’américanisme est considérablement sensible aux formes, et à la vertu supposée du discours officiel. Ron Paul occupant la position qu’il occupe, donc quasiment “officialisé” lui-même, fait entrer son discours dans ce moule conformiste de la psychologie américaniste. Ce discours acquiert un crédit considérable, il devient audible en un sens, on se croit dès lors autorisé à l’écouter, on est autorisé à l’écouter... Le bon sens fait le reste puisque, évidemment, ce que dit Ron Paul est pur bon sens à cet égard, dans ce domaine sans le moindre doute. Cette démarche de Ron Paul est révolutionnaire et, encore une fois, elle le dépasse par le choc psychologique qu’elle implique.
» ...Il n’est pas étonnant que Ron Paul soit, et de loin, la cible privilégiée des neocons et du Lobby (lobby sioniste de Washington). Ce qu’il remet en cause, ce sont les fondements d’une politique étrangère totalement kidnappée, au nom du Système, par des petits groupes d’influence et des centres de pouvoir. Un acte sans précédent. »
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