Chacun pour soi, Dear Mister President

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Les temps sont de plus en plus durs pour Barack Obama. C’est un événement important que la prise de position de la Speaker de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, pourtant partisane fidèle et très efficace de BHO jusqu’ici. Cette fois, sur la question vitale des crédits supplémentaires qui vont être nécessaires pour la guerre en Afghanistan, avec l’intervention décidée par Obama, Pelosi annonce qu’elle ne s’impliquera pas trop, si pas du tout, parce que la cause est boiteuse, y compris pour les démocrates, que les élections (mid-term, novembre 2010) approchent et que les électeurs ont d’autres priorités que ces guerres lointaines en tête.

Ce 17 décembre 2009, Antiwar.com fait une rapide synthèse de la nouvelle, avec les liens nécessaires.

«[W]hile Congresswoman Pelosi wouldn’t commit to how she intends to vote on that next bill, her message to the administration is that it is up to the president to win the funding, because she has no intention of going out on another limb.

»Polls show public doubt growing about the Afghan War, and with the mid-term elections coming up next year House Democrats will have to answer to their constituencies if and when they approve the next emergency bill.»

Notre commentaire

@PAYANT Cette prise de position de Pelosi est extrêmement importante. L’année dernière, elle a évité de justesse, en s’engageant à fond avec l’aide de John Murtha, une défaite de la demande de crédits supplémentaires à la Chambre, pour l’Afghanistan et l’Irak. Cette fois, elle s’en lave les mains et indique à Obama que, pour faire voter les fonds supplémentaires pour le renforcement décidée en Afghanistan, il devra s’y prendre tout seul, comme un grand président qu’il semble prétendre être puisqu’il lui faut “sa” guerre.

C’est extrêmement important parce que vous retrouvez, version (encore) soft parce qu’on n’en est pas encore au cœur du sujet, la philosophie de la “discorde chez l’ennemi”, où chaque centres des pouvoirs divers du système, placé devant une décision qui n’est en fait que l’entraînement nihiliste du système, songe d’abord à numéroter ses propres abattis et à les conserver en bonne forme. Pelosi ne tient pas à risquer et son siège et sa glorieuse fonction de n°3 du système (le Speaker est troisième en rang de succession en cas de décès et/ou d’indisponibilité du président et du vice-président pour s’installer à la Maison-Blanche), pour une guerre dont elle soupçonne la vanité et dont elle sait de science avérée l’impopularité dans le public comme dans une majorité grandissante de Représentants.

Tout de même, la situation est amusante. Pelosi est démocrate et, quoiqu’avec élégance comme tout chez elle, la voilà qui fait un bras d’honneur symbolique à l’intention de son président démocrate bien-aimé. (Elle en est au point où elle-même n’a même pas précisé dans quel sens elle voterait – même la voix de Pelosi n’est pas assurée pour le président!) Nombre de Représentants démocrates ne sont pas du tout fanatiques de la guerre et pas loin d’être opposés à une ristourne de quelques dizaines de $milliards pour satisfaire au plan McChrystal. Alors, Obama partira-t-il à la pêche chez les républicains pour trouver les voix qui lui manqueraient chez les démocrates? Piteuse manœuvre dont on n’ignore pas par ailleurs qu’elle n’est rien moins qu’assurée. D’abord parce que les républicains, surtout à la Chambre, détestent Obama; ensuite parce que, comme on le sait désormais, la tendance, de ce côté, pourrait réserver des surprises, avec la résurgence notable, comme au temps du Kosovo en 1999, chez ces mêmes républicains notamment à la Chambre, d’un courant anti-guerre (dito, les guerres extérieures pour buts soi-disant humanitaires, type clintonien ou “néo-wilsonien”).

Rappelez-vous cette citation de Reuters du 24 juin 2009, avec ces remarques de John Murtha, l’un des plus puissants des Représentants à la Chambre et très proche de Pelosi: «Democrats could even refuse to fund war bills if the Obama administration failed to make good on its promise to withdraw U.S. troops from Iraq, Murtha said. “It's quite possible that we could lose the war funding. If it hadn't been for the speaker [Pelosi], we would have lost it this time.”» Les troupes US sont toujours en Irak et, en plus, on en envoie en Afghanistan pour une guerre incertaine alors que l’Amérique (avec ses citoyens-électeurs) est enfoncée dans une crise économique de dimension gargantuesque. Tout cela nous promet du sport – au mieux, un supplément de polémique et de paralysie du système, tandis que l’Ouest défend glorieusement la liberté en Afghanistan – au pire une jolie petite crise de plus du système at home, à Washington D.C.


Mis en ligne le 17 décembre 2009 à 11H51