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237419 (20) juillet 2014 (1) ... L’Ukraine nous presse, elle ne desserre pas son étreinte sur ma psychologie inquiète. Même le chroniqueur n’y échappe pas ; je veux dire que même l’ample vêtement de la chronique ne parvient pas à ôter de mon esprit la pression de cet événement. Certes, voici la troisième Chronique du 19 courant... consacrée au sujet de l’Ukraine, après celle du 19 (21) mars 2014 et celle du 19 juin 2014, – donc deux Chroniques du 19 courant... se suivant, sur le même sujet. C’est un signe.
Il y a un aspect personnel, entre l’Ukraine et moi-même, et cela pour expliquer l’intérêt que lui prête le chroniqueur, en général libéré des contraintes des temps courants qui exigent votre attention, à côté de l’enquêteur des textes généraux de dedefensa.org appréhendant les aspects plus formels, plus structurés, autant que les spéculations politiques et psychologiques. Les mystères de la perception de cette crise de l’Ukraine m’arrêtent et suscitent mon incrédulité stupéfaite et angoissée ; j’y suis sensible d’abord en raison de mon âge et de son expérience acquise dans ce métier de la plume, durant une bonne partie de la Guerre froide (disons, à partir de 1967-1968). Je m’intéressais déjà aux relations Est-Ouest, et à l’URSS en particulier, et il m’était donné de percevoir la situation du monde d’une telle façon qu’il était impensable et intellectuellement obscène que les acteurs de la politique du monde prissent le risque de mettre face à face, en situation antagoniste, deux soldats de chacune des deux superpuissances nucléaires. C’était une sorte d’article principal de la foi qui nous assurait la survie, – et ce dernier mot de “survie”, ce n’est pas rien dans le chef du poids qui pesait sur nous, consciemment ou inconsciemment ressenti, de la possibilité de l’affrontement nucléaire ... De là, ma stupéfaction permanente, réalisée consciemment ou inconsciemment acceptée selon les moments, avec cette crise qui semble mêler les aspects les plus futiles, les plus improvisés, avec des démarches extraordinaires d’imprudence irresponsable et inconsciente et d’impudence folle d’audace dont l’aboutissement pourrait être justement de mettre face-à-face ces deux soldats. (Bien entendu, je parle du côté du bloc BAO, USA en tête et même au galop, fonçant comme un buffle aveugle – est-il nécessaire de le préciser ? Bien entendu, je ne fais pas l’éloge de cette situation de la Guerre froide, je m’attache surtout à faire la différence entre alors, où la vérité de la situation était encore considérée, et maintenant où cette mesure du temps et de la réalité semble l’objet d’une répulsion chronique et automatique.)
Enfin, – qu’avais-je donc à l’esprit d’opposer des arguments rassemblés autour de l’expérience, d’une recherche de la raison, pour critiquer et condamner la façon dont cette crise fut fabriquée de toutes pièces, déclenchée, conduite, cochonnée, laissée à son désordre et à ses folies ? Fou que tu es, toi-même ! Ne vois-tu pas que tu ne parles pas de la même chose, que tu te réfères à un monde qui n’est pas le leur ? Passons à autre chose par conséquent, à un constat qui est d’ordre psychiatrique et nullement d’ordre politique.
J’insiste sans me décourager, sans craindre la répétition, sur ce qui me paraît être une rupture de l’esprit, faite par le moyen du mépris de l’expérience et du déni du passé, mais posés inconsciemment là encore, comme allant de soi, sans le souci de la responsabilité, au cœur de la psychologie des divers sapiens qu’on voit se satisfaire du Système, non, plus encore, s’y ébrouer avec un enthousiasme révélateur. Nous vivons tellement dans leur big Now, leur “présent éternel”, qu’on ne peut leur faire grief d’un acte consciemment élaboré à cet égard. Là-dessus, et pour l’Ukraine spécifiquement, s’est bâtie, toujours inconsciemment j’insiste là-dessus, une étrange construction intellectuelle qui mêle tous les styles de la distorsion et de l’inversion de la pensée, à laquelle tel critique adepte de l’“Art Contemporain” trouverait l’allure baroque. Il n’y a nullement besoin d’être partisan dans la crise de l’Ukraine pour se trouver dans le camp où je suis puisqu’il s’agit de celui de l’antiSystème, et bien entendu nullement nécessaire d’être spécifiquement prorusse par conséquent ; on s’y retrouve par simple réflexe de survie, comme le nageur qui n’a pas accepté de se laisser emporter par le courant démentiel des flots finit par saisir d’une main fiévreuse un arbuste fermement planté dans l’interstice des roches d’une rive faite d’une falaise de pierre à l’à-pic de laquelle gronde le flux ; le nageur égaré, emporté mais qui résiste s’y raccroche parce qu’effectivement c’est le seul moyen d’échapper à l’attraction mortelle.
L’Ukraine est-elle donc comme un fleuve déchaîné dans des rapides qui vous emportent vers les abysses de l’enfer ? On le croirait, certes, dans le déchaînement de ces deux derniers jours, depuis que l’affaire du vol MH17 m’a obligé, dans la précipitation la plus extrême, à revoir ma chronique, – puisque j’avais à nouveau choisi le sujet ukrainien (1). Mais ce déchaînement-là, finalement, ne m’a rien appris que je ne susse déjà, d’intuition assurée, et d’expérience et de jugement confirmés. En un sens qui écarte tous les autres, la crise ukrainienne n’existe pas pour le bloc BAO, que je suis tenté de décrire également dans ces moments paroxystiques comme le bloc “BAO-monde” (2) tant il s’est constitué en un une chose à part, quelque chose qui ne veut plus rien à voir ni à faire avec le monde où nous sommes. C’est pourquoi je ne dirais en aucun cas, réflexion faite, que MH17 nous a ramenés à la crise ukrainienne...
Je dirais d’une façon décisivement différente que MH17 a rouvert un épisode crisique toujours en cours mais plus ou moins manifesté, parallèle à la crise ukrainienne et qui par conséquent ne s’y mélange jamais, qui hait la perspective de se frotter même accidentellement à la “vérité de la situation” ukrainienne, qui est une continuation de plus en plus paroxystique de l’épisode maniaque qu’on voudrait sans fin de leur maniaco-dépression universelle, propre au BAO-monde. Cet épisode crisique parallèle à la crise ukrainienne, constant dans sa marche vers le paroxysme, c’est leur crise maniaque antirusse, et anti-poutinienne pour ceux qui goûtent l’humanisme de la personnalisation, – pour pouvoir mettre un visage convenant à l’appétit de leur pathologie effrénée, et, comme tel prêtre vaudou, planter des aiguilles dans la figurine de l’être à détruire, hurler absolument sa haine, comme l’on vomit ses entrailles, littéralement. Ces êtres sont évidemment, absolument, complètement possédés.
Il n’y a pas de crise ukrainienne pour eux, il y a un épisode maniaque exprimé en une crise antirusse extraordinaire de tension hystérique, de puissance psychologique incontrôlée, de l’auto-exaltation narcissique du drogué enfin rassasié par sa prise magnifique... Alors qu’il y a cette image du nageur que j’ai décrite plus haut, le résistant antiSystème qui cherche l’arbuste fiché dans la dure roche de la rive pour s’y tenir et refuser avec fermeté le flux insensé des flots déchaînés, et s’en extraire autant que faire se peut, – ils ont, eux, les maniaques-Système en phase haute constante de leur maniaco-dépression, une planche de bois richement ornée, à laquelle ils s’accrochent résolument pour surnager dans le cours affreusement tumultueux du flot déchaîné, parce qu’en vérité ils ne veulent pas quitter ce flot déchaîné auquel les attache leur pathologie née d’une affreuse faiblesse psychologique. Cette planche s’appelle présentement Poutine, ou bien la Russie c’est selon, ou bien les deux pour enfoncer plus profond le clou. La tension folle du système de la communication fait le reste, en exprimant par spasmes d’une surpuissance formidable mais effectivement autodestructrice, cette expression désespérée de leur épisode maniaque, comme le drogué revient désespérément à sa dose. Ainsi le bloc BAO (BAO-monde, dans les vapeurs enivrés de l’épisode) est-il antirusse et antipoutinien, absolument, désespérément, jusqu’au bout de la nuit.
Effectivement, avant MH17 j’envisageais cette chronique comme le constat extraordinaire de l’inexistence de la crise ukrainienne pour le système de la communication du bloc BAO. Puis il y eut MH17, le bloc BAO à nouveau en phase paroxystique de l’épisode maniaque, devenant ainsi bloc BAO-monde, – et moi-même me demandant : comment soutenir encore que la crise ukrainienne n’existe pas pour eux ? La réponse, évidente, brillante de tous ses feux, s’affirme sans équivoque par la simplicité enchanteresse que dispense sa lumière elle-même : parce qu’elle (la crise ukrainienne) n’existe pas pour eux, parce qu’en vérité MH17 ne fait pas partie de la crise ukrainienne, qu’il ne fait pas partie de cette situation qui laisse parfois voir sa vérité, qu’il fait partie intégrante du bloc BAO devenu en cet instant d’une grâce étrange parce que grâce invertie par perversion, – le bloc BAO-monde. “Leur” monde règne, croient-ils, et il crée sa propre “vérité de situation”, jurent-ils en tentant d’annexer les termes qui décrivent le monde.
Tout cela, déjà identifié d’une manière plus pompeuse et assurée d’elle-même du temps du virtualisme, in illo tempore (voir le premier Glossaire.dde, le 27 octobre 2012 : «We're an empire now, and when we act, we create our own reality»), – tout cela est dépassé. “Leur monde”, “leur vérité” ? Pffuittt, va jouer avec cette poussière ... Plus rien ne les conduit que les compulsions et les convulsions de leur pathologie maniaque. Ne me parlez plus des idées, au nom desquelles l’on conduit le monde et que certains s’acharnent encore à discuter sérieusement. Leurs “idées” gisent dans un champ de ruines de l’esprit, en Ukraine par exemple, où des nazis plus vrais que “néo-” côtoient les oligarques travestis en gouverneurs-false flag, où le FMI gazouille avec le “roi du chocolat” devenu-président, où Fabius «fidèle à lui-même, ne [sait] sans doute pas ce qu’il [fait] là....» (3), et ainsi de suite. Ne me parlez plus des idéologies, car il n’y en a point et je me demande si elles ont jamais eu quelque usage que ce soit, tant l’esprit est d’abord comptable de sa psychologie, de la faiblesse de cette psychologie, des lassitudes et de la vulnérabilité de cette psychologie. Leur idéologie est l’idéologie de la fin-de-l’idéologie, – quelle trouvaille, mazette, – avec cette construction baroque, cette “étrange construction intellectuelle” qui n’est rien, selon leur logique de l’inversion, que pure déconstruction ... False flag, MH71 ? Mais il n’y a que cela dans leur univers, lui-même false flag cosmique, comme l’est la construction mentale du maniaco-dépressif, – la pathologie du false flag par excellence, sinon par essence qui serait alors une essence-false flag... Le maniaco-dépressif, je connais, il est inutile de chercher à comprendre sa représentation ; l’inconnaissance est la vertu même du caractère qu’on peut, qu’on doit leur opposer.
Nous voilà au bout de nos peines, ayant parfaitement identifié l’objet de la folie ; nous voilà dans la caverne ukrainienne, avec le platonisme postmoderne, platonisme inverti d’une caverne inversée, ou postplatonisme en phase décisive si l’on veut. C’est leur BAO-monde, c’est l’Ukraine qui sont devenus caverne, et le cosmos lui-même un écran où s’agitent de gigantesques ombres chinoises. Plus encore que les spectateurs, les marionnettistes, projectionnistes, manipulateurs, etc., hurlent, déchaînés, envoûtés, ravis à eux-mêmes et ravis d’eux-mêmes, paroxystiques comme l’on va dans les talk-shows du parti des salonards, enchantés comme l’on est par la magie du spectacle vaudou qu’ils produisent, croyants de leur propre tromperie plus qu’aucun autre spectateur. Ils connaissent bien le piège que décrit Platon et ne lui accordent pas le moindre crédit, certains d’avoir dépassé ces temps obscurs ; c’est désormais dans leur caverne que règne la lumière, alors que l’extérieur et la vérité du monde, ils en sont persuadés, baignent dans la pénombre de la Fin des Temps... Ne les écoutez plus, n’essayez plus de les comprendre, et comprenez par contre que le spectacle qu’ils produisent pour leur propre ivresse, à coup de vols MH17 en l’occurrence, met en scène le fameux Système qu’ils servent comme un veau d’or, et qui s’effondre, qui s’effondre, qui s’effondre...
Philippe Grasset
(1) Une fois de plus, après le “19 courant...” du 19 (21) mars 2014, le chroniqueur est en retard. La cause en est à sa lenteur, ou son indécision on ne sait, ou sa réflexion trop prolongée après tout, devant un événement inattendu au cœur du sujet qu’il avait choisi. Dans le cours du texte, le chroniqueur s’en explique.
(2) L’expression “bloc BAO-monde”, avec “BAO-monde”, prétendrait indiquer, je crois, que le bloc BAO est en phase paroxystique absolue de son épisode maniaque constant, qu’il croit absolument qu’il est à lui seul le monde, que the Rest Of the World (ROW) fait partie de lui-même en cette instant divin et paroxystique. Disons que cette expression représente une sorte d’hyper-false flag du super-false flag qu’est normalement le bloc BAO. Cette expression a été employée pour la première fois le 19 juillet 2014. On ignore, à ce jour, si elle prendra une place à part entière dans l’arsenal sémantique de dedefensa.org ou si elle n’est que passagère.
3). Citation d’Emmanuel Todd, interview à Politico.com, repris du blog d’Alexandre Latsa, du 26 juin 2014.
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