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47267 juillet 2015 – Il se trouve que l’UE et Bruxelles, avec ses divers satellites en très grand nombre, – mais nommons tout cela, provisoirement, “la bande à Bruxelles” à défaut d’autres expressions puisque celle-ci est promise à disparaître dans notre vocabulaire, – tout cela, donc, est devenu un phénomène fort proche du paranormal. Une de nos sources, de longue date à l’UE et ayant échappé à l’internement psychiatrique, nous disait ceci qui ne la compromet guère, qui est du détail mais du détail qui introduit bien le sujet et, en fonction de ce qui suit, justifie de son importance :
« Il y a quelques années, la consigne parmi les officiels-dirigeants était de faire le plus discret possible, notamment au niveau des apparats de fonction, et particulièrement dans le cas des voitures de fonction, pour suivre une politique de discrétion convenant à ce que l’on pensait et devait faire savoir de l’institution. Depuis quelques petites années, depuis quelques mois, c’est un déluge extraordinaire dans l’autre sens. On dirait que les constructeurs, – particulièrement nos fameux allemands, – ne cessent de faire plus gros, plus massifs, plus blindés, leurs énormes 4x4 et SUV, etc., en charge des officiels, spécialement conçus pour les officiels, – Juncker est l’un des champions dans ce domaine ... Ils ressemblent de plus en plus à d’énormes blockhaus blindés, d’une puissance et d’un luxe inouïs, intouchables, toutes vitres teintes, s’étirant en longs convois avançant comme des chars russes envahissant l’Ukraine...» (La dernière image, sans doute pour se rattraper des confidences qui précèdent, qui sont absolument sacrilèges on s’en doute, – quoiqu’un peu marquée d’ironie, alors...)
Attention, cela n’est nullement pour introduire une critique des privilèges, qui n’est pas vraiment dans nos préoccupations parce que nous jugeons avoir dépassé le stade de ces querelles accessoires ; un autre souci nous anime... Il y a ceci que la “bande à Bruxelles” n’est pas en train de se transformer sous nos yeux mais elle est en train, à l’occasion de la crise grecque et sous nos yeux, de se découvrir pour ce qu’elle est en vérité, ou disons mieux encore de se découvrir pour ce qu’elle était promise à devenir en vérité. Déjà, dans la logique et dans le langage, elle ne dissimule plus son usage favori du sophisme et de l’inversion, tordant la logique à son profit avec une aisance qui nous fait penser que l’on se rapproche de la nature même de la chose. En voici un exemple, qui est à nouveau à mettre au crédit du même Juncker, manifestement le plus “nature“ de “la bande“, le plus naturel exposant de cette transmutation, sans le moindre regard détaché sur lui-même, acceptant sans complexe cette transmutation de soi puisque n’en ayant strictement nulle conscience, et même écartant l’idée d’avoir conscience de quoi que ce soit à son propre égard, parfait robot huileux-rugueux. Voici donc un rapide extrait de EUObserver du 7 avril 2015, avec la conclusion qui nous importe, et quelques extraits qui nous renseignent en même temps sur les piètres chances qu’ont les Grecs d’obtenir ce qu’ils semblent devoir espérer ou ce qu’on peut raisonnablement comprendre qu’ils espèrent après leur vote au référendum. (Nous soulignons de gras l’extrait qui nous importe.)
«Most eurozone leaders coming to Brussels for an emergency summit on Tuesday (7 July) are likely to maintain a tough line when Greek PM Alexis Tsipras presents his new bailout proposal. According to an EU source quoted by Greece's Kathimerini, 16 out of 18 of Tsipras' colleagues around the table are in favour of letting Greece leave the eurozone. Only France and Italy appear ready to accept Tsipras’ demands on debt relief and investments. [...]
»If the Greek government went to Brussels thinking its partners will change their minds because of the No, “then I think it is over,” Dutch prime minister Mark Rutte told MPs on Monday. “If things stay the way they are, then we're at an impasse. There is no other choice, they must be ready to accept deep reforms,” he said.
»Speaking at the European Parliament Tuesday, European Commission president Jean-Claude Juncker noted that “the ball is clearly in the Greek camp” and added that no one should expect a final agreement on Tuesday evening.»
La logique par rapport au bon sens des rapports politiques et les situations politiques appréciées selon le bon sens (et non selon les arguties juridiques, sinon il faut alors en juger de même du comportement de l’UE en général et il n’en restera pas grand’chose) donne ce simple constat à partir du moment où il est établi que c’est l’Eurogroupe, par sa puissance statutaire et sa puissance brute, qui mène le jeu, donc qui imposera sa loi finalement. Pourtant, alors que le référendum signifie un rejet des propositions de l’Eurogroupe en même temps qu’une réaction (ou tentative) de réaffirmation souveraine, un Juncker fait entrer la loi du “jeu égal”, comme s’il y avait négociation d’égal à égal, comme si Eurogroupe et Grèce c’était la même “ligue” : “puisque vous avez rejeté nos propositions, faites les vôtres” (“la balle est dans votre camp”). Cela est dit par un homme qui, après les élections du 25 janvier en Grèce, expliquait que «les normes européennes (traités, directives, etc.) avaient désormais prééminence sur la volonté populaire nationale exprimée par un État-membre» (voir le 4 juillet 2015), ce qui entérine effectivement le sophisme du “la balle est dans votre camp” puisque, quoi que vous fassiez, quelque balle que vous nous renverrez, c’est tout de même nous qui déciderons quoi en faire et quoi inscrire dessus. La même logique sophiste et invertie de Juncker par rapport aux principes de souveraineté et de légitimité est entérinée par Merkel-Hollande lorsqu’ils demandent aux Grecs d’avancer leurs propositions, “sérieuses et substantielles”,– bref comme l’on demande à une poularde, non seulement de tendre son coup pour que la lame s’enfonce mieux, mais de ne pas oublier de glisser la recette à laquelle elle sera cuite, – please, un peu de tenue...
(Avec cette précision de l’aigreur de Merkel, de plus en plus aigre, à côté de Hollande, de plus en plus poire dans sa placidité vantée pour réaliser des compromis entre Angela Hollande et François Merkel, – Merkel selon laquelle “les dix-huit pays de l’Eurogroupe, c’est aussi la démocratie” [autant qu’un référendum, hein], – vielle experte, la Merkel, qui aurait pu nous dire ça aussi du temps de sa jeunesse, que “c’est aussi la démocratie” les huit pays du Pacte de Varsovie, et puis la même chose des 28, – ou 29, ou 27, ou 31, qu’importe, – pays de l’OTAN. L’aigreur de Merkel s’explique en bonne part, – sentiment personnel, dans ce cas, – par la sensation qu’elle a de voir se détacher l’une de ses préoccupations majeures qui est de passer pour un “un grand homme d’État” [voir Alexander Mercouris sur Russian Insider, le 7 juillet 2015 sur “La Kaiser est nue”], – puisque réduite à être une bonne servante de “la Secte” comme on le verra.)
Certains jugent cette situation pleine d’espoir tout de même, cela à partir de la victoire du “non”, lorsqu’elle est appréciée comme une affirmation de légitimité populaire et, sans doute de souveraineté. On a beaucoup entendu cette thèse et la jubilation qui va avec, notamment, en France, du côté des gens de “la gauche de la gauche” (Mélenchon & Cie). On comprend parfaitement la logique de ce discours et de la satisfaction qui l’accompagne, tout en doutant que la chose constitue pour l’instant un fait politique capable de peser d’une façon considérable sur la situation. Pour mieux apprécier la thèse dans toute son ampleur, on cite Jean-Numa Ducange, de tendance néo-marxiste, professeur d’histoire à l’université de Rouen (à Sputnik-français le 7 juillet 2015) :
«La victoire écrasante du “non” est une excellente nouvelle pour la Grèce. Dans l'immédiat cela donne bien sûr un plus grand poids à Tsipras pour négocier (même si ce sera difficile) alors même que la plupart des médias européens se sont déchaînés contre lui et l'idée même du référendum, en annonçant avec des “sondages” que le oui allait l'emporter. C’est un désaveu cinglant des technocrates européens coupés du réel et ne disposant que d'une très faible légitimité démocratique et politique...
»C’est également une bonne nouvelle pour les autres peuples de l'Union européenne. Elle montre que l'on ne peut pas indéfiniment flouer les revendications populaires, à plus forte raison lorsqu'elles sont portées par un gouvernement élu qui fait preuve d'une grande audace et redonne la dignité à un peuple méprisé et humilié par les créanciers. On ne peut souhaiter qu'un effet domino pour les prochaines élections espagnoles et, pourquoi pas, françaises. C'est peut-être le début d'une nouvelle période historique pour une autre Europe...»
Donc, excellente nouvelle pour la Grèce, – et pour l’Europe, – c’est-à-dire pour les peuples grec et européen. Pourquoi notre scepticisme affleure-t-il pourtant ? Il y aurait beaucoup de réponses possibles, simples, rationnelles, de politique courante, sur les rapports de force, les impostures, les détournements, les comportements antidémocratiques, mais tout cela n’irait encore qu’aux “comment ?” qui ne sont que des composants, parfois intéressants mais toujours annexes, de la réponse à la question que nous posons. Nous avons déjà dit que ce qui nous importe, à nous, c’est de chercher la “Cause Première” ...
• Voir le 5 juillet 2015 :
«Bien évidemment, plus les évènements progressent, plus les thèses sur l’aspect eschatologique de la catastrophe civilisationnelle que nous sommes en train de vivre se confirment dans leur diagnostic final selon leurs diverses composants et variantes, selon leurs divers points de vue, plus secondaires deviennent ces composants, variantes et divers points de vue qui forment les explications ou tentatives d’explication du déroulement du phénomène (le “comment ?”), et plus se dessine la question fondamentale de la Cause Première de ce destin (le “pourquoi ?”).»
• Ou bien encore, voir le 6 juillet 2015 :
«Juste retour des chose que tout ce qui a débuté de notre aventure en Grèce il y a près de trois millénaires y trouve un point de rupture fondamental, un nœud gordien, – et sans doute, certainement y aura-t-il d’autres, – puisqu’il est question d’une civilisation devenue contre-civilisation, accouchée d’un Système, productrice de crises d’anéantissement entropique, – et ainsi, par le choc ainsi opéré notamment ce 5 juillet, posant et répétant à l’espèce et au monde, par les voix terribles de ce qui les nimbe, les entoure, les menace et les domine, éventuellement vient à leur aide selon les forces dont on parle, la question suprême de la Cause Première.»
Maintenant passons à l’aspect le plus risqué de ce F&C, qui concerne une réinterprétation de l’expression la “bande à Bruxelles” : qu’est-ce donc que cette expression-là, “bande à Bruxelles”, et n’y a-t-il pas autre chose à dire ... Surmontant la nausée qu’il est de bon ton d’afficher à chacune de ses interventions, nous reconnaîtrons discrètement mais fermement que l’avis de Marine Le Pen sur la “bande” est sans doute la meilleure image, le meilleur symbole, la meilleure définition trouvés jusqu’ici. Il s’agit d’une déclaration à Sud Radio, que rapporte Sputnik-français, le 6 juillet 2015, et qui introduit le mot qui nous importe :
«Les Européens doivent décider s'ils veulent continuer à vivre dans des démocraties ou s'ils acceptent de vivre dans ce qui apparaît de plus en plus comme une secte, a déclaré dimanche la présidente du Front national Marine Le Pen sur Sud Radio. “L'Union européenne a fait une pression inouïe sur les Grecs”, a déploré Mme Le Pen, se demandant si l’UE n'allait pas “imposer” à la Grèce un “gouvernement de technocrates”. “La vraie question est de savoir si on veut continuer à vivre dans des démocraties ou si on accepte de vivre dans ce qui apparaît de plus en plus comme une secte”, a indiqué Marine Le Pen. “L’Union européenne est devenue une véritable secte où on passe du lavage de cerveau, aux menaces, au chantage permanent...”»
Certes, le mot “secte” est extraordinairement bien approprié pour désigner “la bande à Bruxelles”, et nous le prendrons bien entendu dans son sens le plus polémique, éventuellement très péjoratif certes comme le traitement des “modernes” nous y a accoutumés, mais aussi avec quelque chose de plus que le courant de ce péjoratif ... Mélange de confrérie aveugle par l'évidence acquise et forcée délicieusement (il faut bien se ménager) selon l’argument d’une “excellence” partagée qui dispense de se référer non seulement aux lois courantes mais surtout aux impulsions principielles comme à une peste noire insupportable, d’ésotérisme de bazar richement doté, d’adoration des idoles (le “Veau d’Or” lorsque l’or reviendra à son cours normal, jusqu’aux 4X4 et SUV qu’on a vues), de djihadisme bruxellois complètement, absolument religieux et nécessairement intolérant, et donc qui serait par conséquent (on verra) absolument terroriste selon le mot de Varoufakis...
Est-ce ce mot-là (“terroriste”) qui lui coûta sa tête bien plus que ses Tea-Shirt aux séances de l’Eurogroupe ou dans les couloirs, ou sur sa moto ? Peut-être bien, dans tous les cas l’affaire a toute son importance au niveau personnel, montrant l’ambiance à la fois des relations et des humeurs des uns et des autres dans le cadre climatologique entretenu par “la Secte”, et essentiellement à cause du comportement de “la Secte”. Ernst Wolff, journaliste et auteur de World power FMI, affirme effectivement (à RT) que la démission de Varoufakis est l’effet direct de la pressions de “la Secte”, pour des raisons personnelles bien précises allant jusqu’à des gestes physiques, notamment l’insupportabilité ressentie par le Hollandais et président de l’Eurogroupe Dijsselbloem à l’encontre du ministre grec, et nullement pour des raisons objectives ou techniques de négociation,
«The thing is – it just goes to show the true system of power that Greece is living under at the moment. Greece has been dominated by the institutions that are the ECB, the EU and the IMF since 2010 and the Greek government cannot do anything without the consent of these three institutions. And if they don’t want Varoufakis at the table then Varoufakis has to go.».
Il n’y a rien, absolument rien d’essentiellement politique dans tout cela, – d’ailleurs d’une façon logique puisque la situation est à cet égard extrêmement fluide et défile très vite, – et d’ailleurs d’une façon encore plus logique puisque “la Secte” ne doute pas une seule seconde qu’elle balaiera Tsipras & Cie d’une pichenette finale et donc que le problème politique (et financier, et économique) est déjà réglé. C’est bien ceci qui nous importe : la formation, ou l’autoformation de la “bande de Bruxelles“ en “la Secte” constituant un phénomène psychologique majeur, précisément dans cette nébuleuse qui assure la direction européenne.
Il s’agit d’une formation que nous jugions selon notre appréciation spontanée, non organisée d’une façon systémique, du moins par une initiative humaine il s’entend, donc nullement de type “complotiste” qui impliquerait le sens des nuances, de la manœuvre, pour mieux enrober ou tenter d’enrober l’adversaire, l’amener à résipiscence avec un certain doigté qui permet ainsi à la communication de faire son travail de soigner l’emballage de la chose. A cet égard, l’on trouve confirmation, à notre sens, de cette situation dans le fait que la communication-Système (les journalistes et commentateurs-Système, les différents talk-shows-baptisés-“JT”) qu’on rencontre vaquant sur les chaînes d’info continue s’évertue depuis dimanche soir trouver diverses vertus à Tsipras pour mieux faire accepter l’idée que son écrasante victoire du “Non” de dimanche constitue en réalité une victoire du “Oui”, comme le veut secrètement Tsipras qui est devenu l’objet de toutes les vertus, pas loin d’être l'“un des nôtres” certes – encore plus sans Varoufakis, certes... Tout ce beau travail pour enrober le paquet-cadeau et faire passer la pilule est significativement contredit par nombre d’interventions cassantes de “la Secte”. (Les journaleux-Système font aussi partie de “la Secte” bien entendu mais ils sont d’abord comptable de leur travail de communication qui implique la meilleure action possible pour présenter la posture de “la Secte” et son action, et dans ce cas il s’agit évidemment de récupérer un Tsipras-vainqueur en l’amadouant pour mieux récupérer sa victoire au profit de “la Secte”, et transmuter le “non” en “oui”.)
Elargissons notre vision pour l’inscrire mieux, pour l’avantage de la démonstration, dans la concrétude imagée de l’“opérationnel”, et tentant par là même de donner vie à cette hypothèse-générale-“la Secte” en lui offrant une chronologie historique. Nous avançons hypothèse chronologique secondaire que c’est en novembre 2013, à l’occasion de l’événement de la rencontre avec Ianoukovitch et les Ukrainiens, suivie de l’échec des négociations avec l’UE, puis de l’enchaînement vers la crise ukrainienne, et de la crise elle-même, que “la “bande à Bruxelles” s’est définitivement transmutée en “la Secte”. L’occasion était idéale : l’Ukraine et ses péripéties, menées par les bureaucrates-UE dont certains de pays de l’Est, et inspirées par des dirigeants de ces mêmes pays de l’Est de l’UE d’autant plus agressifs qu’ils étaient nouveaux membres et assez peu “Européens” dans l’esprit initial de la construction européenne, et totalement irresponsables par leurs poids respectifs dans l’UE ; il n’y avait aucun contrepoids sérieux du côté des dirigeants des principaux grands pays, totalement anesthésiés par une psychologie qui semble presque standard, – notamment la chancelière de fer qui s’avère plutôt de quelque chose entre le fer rouillé et le papier mâché, et le président-poire qui vaut ce que l’on sait qui vaut, doté comme Theodore Roosevelt disait du président McKinley d’un éclair en chocolat en lieu et place de sa colonne vertébrale. (On ajoutera, si l’on veut de l’exotisme pour faire trembler les foules les rêves bismarckiens-postmodernes de la chancelière rêvant du IVème Reich à la tête d’un pays privée d’armée, sous les écoutes bienveillantes de la NSA et les commentaires attentifs d’une presse inspirée par son actionnaire majoritaire qu’est la CIA ; contrairement au jugement commun, cette sorte d’hypothèse, pour une puissance si complètement déséquilibrée et donc plus apte à se mettre au service de quelque chose grâce à ses pans de puissance restants que d’accoucher de vastes desseins pour les réaliser, pour lesquels il lui faudrait une puissance complète et équilibrée, nous conduit à confirmer sans une hésitation l’hypothèse de la formation de “la Secte” dont l’Allemagne, bien disciplinée, serait l’une des plus zélées servantes.)
Ainsi fut introduit à l’occasion de cet événement absolument déclencheur qu’est le déclenchement de l’affaire ukrainienne, un élément majeur au sein de la “bande à Bruxelles”, qui permit de tout changer, qui est la force... Nous ne disons pas, par exemple, l’hybris, qui est bien sûr présente et qui joue un grand rôle, mais qui n’est qu’un composant et que c’est un composant humain alors que “la Secte” n’est certainement pas seulement, ni même majoritairement de composition humaine. Il s’agit de la force pure renvoyant nécessairement à l’ensemble dit de l’“l’idéal de puissance” mais sans le niveau d’organisation armée qu’on trouve dans les exemples historiques évoquée précisément pour ce concept ; la force où l’on trouve tout et où l’on fourre-tout, où l’on retrouve aussi l’autorité appointée, l’argent, les certitudes des conseillers triés sur le volet, le coup de téléphone de Soros et la promesse d’une aide personnelle, – il s’agit de tout cela et de quelque chose au-dessus, ou plutôt du faux au-dessus situé en-dessous comme le Mordor de Tolkien puisque nous sommes dans l’ère de l’inversion ; il s’agit d’une pression continuelle, une force émanant de rien d’autre que ce qu’on devrait nommer “Matière” (le “déchaînement de la Matière”) et qui se substantive justement en divers artefact ayant “figure humaine” mais échappant complètement à la définition humaine habituelle (l’argent ou le coup de fil de Soros devenant autre chose qu’une création humaine mais s’imposant comme une intervention de cette “Matière“ justement, – impliquant une définition très spécifique et très particulière du concept de “Matière“ dans ce cas du “déchaînement”...)
Jusqu’alors, ç’avait été la “bande à Bruxelles”, arrogante, faussaire, irresponsable et transgressant sans vergognes principes et légitimités à son profit. Mais le comportement, le ton, le climat, même dans la tempête financière de 2008 et après où les chefs d’Etat et Premiers ministres jouèrent un rôle essentiel en tant que tels, ès qualité si l’on veut et nullement encore totalement intégrés dans la “bande” comme ils l’ont été lorsque la “bande” est devenue “la Secte”, restaient assez feutrés, mesurés, contenus. En vingt mois, la transmutation a eu lieu, et la “bande de Bruxelles” est devenue “la Secte”, selon le mot joliment trouvé de Marine Le Pen. Mais nous ne parlerions pas, au contraire d’elle, de «lavage de cerveau, [de] menaces, [de] chantage permanent...», – d’ailleurs elle-même sans préciser de qui contre qui. Il n’y a rien de tout cela désormais entre les membres de “la Secte”, du moins rien de cette sorte d’une façon systématique, ou systémique, – seuls les incidents et avatars sont traités éventuellement de cette façon, ce qui n’empêcherait (n’empêchera) nullement l'apparition de situations soudainement très graves pour “la Secte”, justement par cette absence de terrorisation intérieure pour forcer au maintien des rangs, – et c’est bien entendu une faiblesse capitale, sinon essentielle, sinon la faiblesse décisive ... De même, il n’y a pas eu vraiment de «lavage de cerveau, [de] menaces, [de] chantage permanent...» contre la Grèce, mais simplement l’application directe et sans dissimuler une seconde de la force brutale dans toute sa nudité, sans aucune précaution de langage (“chantage par mot dissimulé”) ni manœuvre quelconque... Non, la force, rien que la force, et, à cet éclairage même le mot de Varoufakis n’est pas approprié ; même pas besoin de “terrorisme” (si vous être “terrorisé”, ça c’est votre affaire, nous parlons de l’intentionnalité), non la force, rien que la force brute ... C’est à ce point que se situe absolument la transmutation de la “bande à Bruxelles” en “la Secte”.
Ainsi voici donc accomplie et pleinement opérationnelle cette transmutation de la “bande à Bruxelles” en “la Secte”. Donc, pas de plan, pas de complot, pas de finesses tactiques, non il ne s’agit que de psychologies épuisées, infiniment fragiles, pleines de fissures où s’installent les centres d’influence maléfique qui forcent à ce compromettre, d'une brutalité inouïe. Ne croyez pas qu'ils soient méchants ni même vraiment brutaux (une telle explication serait bien trop facile, on s'y fourvoie depuis des siècles) ; ils ne sont pas stupides, tous ces figurants richement dotés, simplement leur sensibilité et leur intelligence sont totalement prisonnières d’une perception que leur fournit une psychologie complètement détruite, sans aucune de ses fonctions habituelles de discernement, de classification, de hiérarchisation, sans aucun espoir de récupérer un grain de ce qui fait la légitimité et l’autorité, un grain de cette poudre magique qu’est l’essence principielle, structurelle et ordonnée, du monde. Le déterminisme-narrativiste ne leur est plus un accident de circonstance lié à un problème spécifique (la crise ukrainienne dans ses premiers temps) mais une véritable nouvelle fonction cognitive qui remplace toutes les autres, qui s’installe en maîtresse absolue.
Ce que nous décrivons ici est extrêmement encourageant, contrairement à l’apparence désespérément monolithique qu’on lui trouverait, la disparité des forces en présence, des moyens disponibles, etc. Cette force incroyable, rassemblée pour son fonctionnement en “la Secte”, et usant de toutes ses capacités, n’a strictement aucun sens de la mesure qui fait les victoires, aucun goût pour la tactique qui aménage les circonstances pour permettre à la stratégie de s’établir ; d’ailleurs, on s’en doute, la stratégie dont il est question est bien entendu selon les lignes de la formule déstructuration-dissolution-entropisation (dd&e), et ce genre de stratégie n’a absolument pas besoin des gracieusetés et des habiletés de la tactique, – elle frappe, première et unique disposition, et point final ... Ce qui est extrêmement encourageant, bien entendu, c’est que cette immense déploiement de tout ce qu’elle est capable de déployer avec fureur en fait de production de force, “la Secte” le réalise contre la minuscule Grèce ! Quel marteau-pilon et quelle mouche ! Plus que rassurer sur la forme du géant, tout cela semble plutôt dissimuler bien des faiblesses et bien des vulnérabilités, et c’est là-dessus qu’il faut compter, sans se décourager une seconde.
Ces messieurs-dames intelligents, parfois (enfin, rarement) cultivés, parfois brillants, se sont transformés en robots poudrés au regard d’acier, en zombis maquillés pour ne pas trop effrayer la populace, et ils montent au tocsin, dans un formidable élan de mobilisation, dès qu’une Grèce ridiculement petite menace de voter, puis met sa menace à exécution et le fait dans le sens sacrilège qu’on sait. Une force aussi puissante et aussi peu assurée d’elle-même, et menant des esprits de si considérable format transformés en résidus atrophiés par une psychologie dévastée, voilà une circonstance qui n’est pas banale et qui n’est certainement pas décisive pour la fortune de “la Secte”, mais plutôt une nuance de son crépuscule... Et pas le “Crépuscule des dieux”, hein, il ne faut pas rêver ; on est au sous-sol en-dessous.
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