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176002 juin 2012 – Alex Jones est du type de “journaliste” (guillemets parisien nécessaires) qui suscite aussitôt une moue de mépris sur les visages avenants des journalistes-Système type Alain Duhamel, J.M. Aphati, Christian Barbier, Franz-Olivier Giesbert & compagnie. Leur vertu d’objectivité et l’objectivité de leur vertu tressautent pareillement à cette évocation. Laissons-les à leurs tressaillements, pour ne pas avoir à supporter les effluves de mort qui émanent de cette sorte de “journalistes” (pas Jones, mais Duhamel, Aphati et les autres), car c’est bien le sort malheureux des serviteurs de la presse-Système d’ainsi se signaler plus par l’effluve que par la plume.
…Et passons à Jones. Il n’y a pas que des compliments à lui faire. Ce ne sont ni le sens de la nuance ni la grâce qui le caractérisent. Il ne fait guère d’embarras de l’outrance dans le propos, jusqu’à solliciter les faits, dont certains sont improbables, au profit de ses thèses sur les complots et autres nouveaux ordres mondiaux. Son goût du sensationnalisme implique l’approximation et ne s’attarde guère à l’élégance. Par contre, il a les vertus de la pugnacité, de la recherche acharné des faits intéressants, du goût de la provocation, de l’habileté dans le maniement des informations et des outils de communication dont il dispose, de l’absence complète de respect pour les conventions de l’establishment et de la compréhension parfaite de ce qui effraie l’establishment dans le non-respect de ces conventions.
Depuis la fin avril, Alex Jones s’est attaqué sérieusement à un gros morceau : le Bilderberg cru 2012, dont on sait qu’il tient sa session annuelle depuis le 31 mais 2012 à l’hôtel Westfields Marriott, proche du lieu-dit charmant de Chantilly, en Virginie, à mi-chemin entre Dulles International Airport et le siège central de la CIA, à Langley. Les bois des collines de Virginie, aussi bien à Chantilly qu’à Langley, sont d’une beauté à couper le souffle… C’est toujours ça.
Jones, qui chasse impitoyablement le “nouvel ordre mondial”, a depuis longtemps les Bilderberg dans son collimateur. On a vu (ce 2 juin 2012) qu’il travaille avec Robert Tucker, autre fameux “Bilderbeg’s hunter”. La campagne de Jones, sur le thème de Occupy Bilderberg a eu un réel succès, en attirant l’attention, d’une façon inespérée par ses effets, sur la réunion du groupe. (On peut voir sur le site Infowars.com les archives impressionnantes des textes référencés autour du thème de Bilderberg 2012.)
Manifestement, le succès principal de Jones, a été de forcer la presse-Système à rendre compte, d’une façon ou d’une autre, et souvent en passant par le canal de Jones lui-même, de cette réunion de l’hôtel Westfields Marriott. (Judsqu’ici, la presse-Système passait pudiquement sous silence cette sorte d’événement.) Inforwars.com a publié un texte sur cette implication de la presse-Système, le 1er juin 2012. (Le premier média-Système à avoir fourni un compte-rendu de la rencontre du Bilderberg et de l’action de Jones avait été le Washington Times le 30 mai 2012.)
«Alex Jones reports from Chantilly, Virginia, that the establishment media is present and reporting on the event, specifically the Associated Press, the Washington Post, and the London Guardian. The Guardian and Salon conducted an interview with Alex as we filed this report.
»In the past, the establishment media largely ignored Bilderberg confabs despite the fact the group is comprised of globalist leaders, titans of industry, and members of the establishment media. During the 2008 Bilderberg meeting (also held in Chantilly), there was a virtual establishment media blackout. At the time, we wrote [link] : ”On its face, it makes no sense the corporate media would ignore and fail to report a confab comprised of newsworthy royal elites, chancellors, prime ministers, presidents, ambassadors, secretaries of state, Wall street bankers and investors, CEOs of transnational corporations, and corporate media executives. It makes no sense — that is until you realize the corporate media is owned and directed by this very same elite. In the past, darlings of the corporate media have attended Bilderberg meetings, including the late Peter Jennings of ABC, Joseph C. Harsch of NBC, the “liberal” Bill Moyers of PBS, the “conservative” William F. Buckley, Jr., Robert L. Bartley of the Wall Street Journal, the neocon William Kristol, Thomas L. Friedman of the New York Times, the late Katharine Graham of the CIA’s favorite newspaper, the Washington Post, Leslie Stahl of CBS, and many others. Many are also members of the CFR and the Trilateral Commission.”
»Although the establishment media is now reporting on the event, that does not mean they will reveal the Bilderberg agenda or report in its geopolitical implications. Instead, they will attempt to make the anti-Bilderberg protesters out to be clownish buffoons as they have done with the Occupy movement (a far easier task with the latter due to their muddled and often contradictory political message).»
La réunion de Chantilly, Virginie, a été et continue à être l’objet de diverses pressions sous forme de manifestations, interventions télévisées, forte présence policière et mesures de sécurité, etc. Même si les réactions officielles, surtout des forces policières, est de tenter de banaliser cette situation comme étant “de routine” pour un événement de cette sorte, il reste qu’il n’en est rien. Il s’agit d’un évènement de communication important, déjà en gestation en 2008 avec des interventions alors sans effets de Jones lors d’une réunion similaire, dans le même hôtel ; mais qui se situe, en 2012, dans un climat général de contestation de ce qui représente le comportement et les agissements des élites internationales du Système.
Bien entendu, l’aura de secret et de “complotisme” qui s’est construit autour du Bilderberg contribue à rendre la situation intéressante. Au départ, cette situation de secret, ou disons de très grande discrétion, voulue par le groupe Bilderberg lui-même, a largement alimenté l’image complotiste qu’on a du groupe. Du coup, beaucoup de choses lui ont été prêtées, notamment la création de l’euro, par exemple à partir de déclarations du vicomte Davignon, le 16 mars 2009, à EUObserver. Mais, outre la faconde et l’égocentrisme hypomaniaque bien connues d’un Davignon qui a toujours su soigner sa publicité, et qui est de plus président d’honneur du Bilderberg, il est évident qu’il s’agit là d’une participation à un projet qui se serait fait sans le susdit Bilderberg, comme nombre d’autres réalisations de la même sorte.
Au fond, la réelle capacité du Bilderberg, c’est d’accompagner et d’appuyer les évènements quand les évènements vont dans le sens que favorise ce groupe (comme le CFR et la Trilatérale, qui lui sont liés), et, pour le reste, d’affirmer que son heure viendra un jour, après tout, parce qu’il faut bien que vienne son heure… Infowars.com (le 21 mai 2012) citait récemment Kissinger, vieille et poussiéreuse crapule “bilderbergienne”, affirmant que le chaos conduirait à la nécessité d’un gouvernement mondial made in Bilderberg : «In a recent statement Henry Kissinger admitted that social upheaval and mass civil unrest are to be used as a means of merging the US into an “international system”. “The United States has to be part of an international system that we create domestically”, he told The Harvard Crimson in the beginning of this month. When asked what the most important problems are facing American society today, Kissinger answered: “Internationally, the problem is that there are upheavals going on in every part of the world, but these upheavals don’t follow the same basic causes, and so the United States has to be part of an international system that we create domestically.”»
Le problème de cette sorte de “preuve” de l’efficacité complotiste des groupes type-Bilderberg, c’est que le même Kissinger annonçait la même chose, quatre ans auparavant, et qu’entretemps le gouvernement mondial aurait plutôt régressé que progressé, et le désordre, lui, terriblement renforcé, et au grand galop… «In a December 2008 Prisonplanet.com article it was reported that Kissinger, in an interview with the darling of Bilderberg Charlie Rose, “cited the chaos being wrought across the globe by the financial crisis and the spread of terrorism as an opportunity to bolster a new global order.”, Steve Watson wrote. “I think that when the new administration assesses the position in which it finds itself it will see a huge crisis and terrible problems, but I can see that it could see a glimmer in which it could construct an international system out of it.”, Kissinger told Rose.»
Finalement, c’est le vieux “Bilderbeg’s hunter”, Robert Tucker, qui a raison : «The program planned by Bilderberg has been set back for years and every year it gets worse and every year they get more depressed and every year they get more outraged – we’re winning, they’re losing.» Alex Jones observe lui-même, en forme de confirmation (DVD du 29 mai 2012) : «Alex talks about how the globalists lawlessness will undermine the rule of law and allow other tyrants to devour themselves…»
C’est ce que nous définissions nous-mêmes le 31 mai 2012 selon la logique de l’impuissance absolue des mouvements de “gouvernance mondiale” (dont le Bilderberg, certes) à créer l’instrument fondamental de la légitimité, de l’autorité et de l’ordre qu’est le Principe, puisque toute leur activité, dans les esprits avantageux mais bas de type Davignon et Kissinger, a toujours été de détruire le Principe :
«…Ce qui nous conduit à notre constat essentiel en nous amenant au fondement de notre propos : la question de “la gouvernance mondiale” ou du “nouvel ordre mondial” ne se pose pas, parce que le mouvement qu’on croirait porteur de ces ambitions (“gouvernance mondiale”, “nouvel ordre mondial”) est en réalité devenu, ou plutôt s’est révélé en découvrant ce qu’il dissimulait, un mouvement qui porte en soi, comme caractéristique unique, la haine du “principe du Principe”, c’est-à-dire la volonté de mort du Principe. Il en résulte évidemment que ce mouvement ne peut pas s’inscrire lui-même dans le Principe, il ne peut créer une souveraineté, il ne peut affirmer une légitimité. Il ne peut donc être ni “gouvernance”, ni “nouvel ordre”, car ces deux choses nécessitent le Principe, pour affirmer leur légitimité et faire régner leur souveraineté qui, seules, leur donneraient sureté, puissance et droit.»
Il n’y a donc rien à craindre de ces assemblées pléthoriques, plantureuses et autosatisfaites des Bilderberg, qui espèrent en ricanant comme si elles complotaient, que Ron Paul se fera enlever par des terroristes (musulmans, certes), pour se voir expédier ad patres… Le sublime désordre déstructuré qu’elles ont fait du monde depuis les années 1950 (date de naissance de la chose), – puisque tous les composants du groupe sont les grands dirigeants du Système et pensent à l’unisson, comme des robots, sans nécessité de complot, – ce désordre sans précédent parce qu'il frappe d'abord la psychologie en la déstructurant effectivement, témoigne de leur sublime inefficacité et de la sublime stupidité émanant de leur évidente intelligence-Système... Ou bien alors, c'est qu'ils ont interprété inconsciemment les consignes du Système dans le sens qu'il faut, qui est celui de la Chute. (C’est Davignon, ancien Commissaire européen, que nous entendions dire, en 1986, lors d’une conférence, – de mémoire, mais pratiquement texto pour l’esprit et l’ironie pseudo-voltairienne et voltairienne postmoderne du bonhomme : “On s’est aperçu que l’Europe à 6 ça ne marchait pas, alors on est passé à l’Europe à 9, et puis on s’est aperçu que ça ne marchait pas non plus, alors on est passé à l’Europe à 10, et alors on s’est aperçu que…”, et ainsi de suite, – une bonne mesure arithmétique de leur incompétence et de la bassesse de leurs projets, – ou de leur instinct de la marche en avant et en accélérant vers la Chute, c'est selon.)
Par contre, il est bon, il est excellent, de continuer à croire qu’ils sont des comploteurs et qu’ils veulent effectivement faire main basse sur le monde, et qu’ils pourraient y arriver si on ne les arrête pas, – et, ainsi, donner à la colère populaire, à la fureur de nos esprits, à nos armes de communication, une de ces cibles qui permet de substantiver la bataille et de bien en figurer son sens… Après tout, le Bilderberg fait partie de la clique-Système, et un coup de pied à l’âne agonisant est tout de même un coup de pied au Système. De ce point de vue, l’action d’un Alex Jones, quelque réserve qu’on puisse faire sur ces méthodes, représente une excellente dynamique qui a la vertu de rassembler les énergies, de les regrouper, de leur faire comprendre que le Système n’est pas seulement une entité universelle et inviolable, et insaisissable, hermétique et infranchissable, contre laquelle aucune résistance n’est possible.
Plus encore, ces attaques hâtent considérablement la dégradation du processus dynamique du Système de la surpuissance en autodestruction ; elles accélérent les craintes, les alarmes, puis les angoisses et les fantasmes paniquards de tous ces serviteurs du Système qui sont comme des êtres décérébrés puisque soutenus par rien du Principe qui fait qu’on a l'énergie et la fécondité de ses ambitions, puisqu’il ne sont que haine pour le Principe. (Comme disait le vice-président Théodore Roosevelt de son président McKinley pour lequel il avait une estime contrastée, et en cela trouvant le détail anatomique qui, sans vulgarité paillarde, va parfaitement bien : «Il a autant de colonne vertébrale qu’un éclair au chocolat.»)
…Et c’est encore une fois l’occasion de mesurer la véritable puissance de notre époque, qui s’adapte parfaitement en l’accélérant au processus surpuissance-autodestruction, en montrant l’autre face de son côté Janus pour qui veut en user, la puissance dominante de ces temps extraordinaires qu’est le système de la communication. Un Alex Jones, avec des moyens assez réduits, un crédit assez pauvre, des manières un peu grossières, mais une faconde incroyable et sans aucune gêne, un culot infernal et un parfait maniement des outils de la communication, réduit la formidable et mystérieuse réunion des Bilderberg à un show de “télé-réalité” et une foire apeurée à $18.000 pour le séjour des trois jours, protégée par des flics grognons. Songeant à la formidable puissance du Système telle qu’on la perçoit et qu’on en subit la pression jusqu’au fond de nous-mêmes, on a envie de se dire “tout ça pour ça”, et l’on se trouve à nouveau relancé pour de nouvelles mises en cause de contestation de communication, qui auront l’insigne effet de mettre les nerfs de ces messieurs-dames, ci-devant “maîtres du monde”, encore plus à vif.
La prochaine fois ou la fois d’après, excédés et tremblants devant tous les Alex Jones du monde, ils chercheront un palace un peu plus discret, quelque part en Libye, ou bien en Syrie… Il se trouvera bien un groupe de gangsters déguisés en al Qaïda pour les prendre en otages et en faire de fastueuses rançons.
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