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1610Jetez un œil sur le tourbillon de Boston transformé en American Mess, et l’autre sur la querelle fondatrice de leur post-postmodernité, le printemps du mariage gay : comment n’être pas édifié ? Jamais la crise n’a aussi bien fonctionné, aussi droitement, aussi résolument ... Ces événements ont évidemment leur valeur propre qui peut être diablement profonde mais ils sont décalés et suscités comme des provocations ou des déclamations incantatoires dans un but incertain, invertis et manipulés comme des manœuvres d’évitement d’on ne sait quoi, devenus ainsi nécessairement dérisoires dans le cas qu’on en fait par rapport aux formidables soubresauts du monde. Ils pèsent pourtant et paradoxalement autant de tonnes que la surpuissance du Système peut leur en donner, et l’on peut effectivement entendre le grondement irrésistible de la crise d’effondrement (autodestruction de ce même Système), accompagné de l’éclat de rire de la susdite dérision. Ce qui est remarquable dans cette agitation, ce sont les déplacements des poids et des puissances des choses vers des points et des circonstances inattendus, le brouillement chaotique des significations insignifiantes, les fièvres soudaines et justifiées et soudainement retombées, l’apparition de la dérision à des propos aussi inattendus.
Ce désordre de signification et de représentation est un caractère inédit et pourtant significatif. Il est la marque de l’exceptionnalité de ces temps où plus aucun contrôle ne peut être exercé sur le flux déchaîné qui les battent et les transforment à chaque instant, à chaque nouvelle crise. Nous ignorons combien de temps il lui faudra encore, à la crise générale d’effondrement du Système, pour mener ses œuvres à bien et à terme, mais nous sommes assurés, d’inconnaissance intuitive pourrait-on dire, qu’elle ne pourra faire autre qu’aller à ce terme, que rien ne l’arrêtera. Nous autres, à dedefensa.org et autour de dedefensa.org, nous nous sommes placés de façon à scruter et à accompagner ces soubresauts de la chose, et en applaudissant comme il faut et quand il faut, sans nécessité du panneau d’affichage du studio du prime time pour ce faire. (Nous voulons parler de cette merveilleuse découverte, dite par exemple “ambiance sonore : applaudissements”, qui ne cesse de nous fasciner comme exemple jusqu’à la perfection de la production automatisée de la manifestation du bonheur, de l’optimisme et de la joie à la fois spontanés et sponsorisés.)
Puisque vous êtes avec nous dans cette aventure étrange et déroutante, vous pouvez avoir le cœur et l’esprit de nous marquer votre solidarité, ce qui revient également à nous soutenir, nous tous, pour que, tous, nous puissions poursuivre. Ce n’est pas un appel à l’aide, c’est un tout petit peu un appel aux armes, c’est essentiellement un appel à une solidarité commune et roborative. Vous savez de quoi nous voulons parler, puisque chaque mois nous vous en parlons à nouveau. Mais, cette fois, nous voulons placer notre babillage même pas revendicatif dans le cadre qui lui sied. C’est-à-dire qu’il se doit, ce cadre, et qu’il doit aux dieux qui veillent sur nous, d’être eschatologique à l’image de la belle et grande crise.
Vous pouvez voir combien ces pouvoirs sont décrépits, poignants de sottises contraintes et déroutants de désarrois incontrôlables, impuissants, paralysés, figés, installés sur l’inutile puissance de la production destructrice du Système. Le pouvoir a le double visage grotesque de l’Hystérie s’appuyant sur la Sénilité, dans le chef affaissé et pris comme bel exemple du couple des amigos Graham-McCain, les deux pompeux sénateurs républicains (Washington-Hollywood, USA) qui n’auront de cesse que l’on torture à mort le jeune citoyen US, Tchétchène-Américain de 19 ans, contre lequel le pseudo-Empire de carnaval avait délégué 9.000 policiers et supplétifs de tout poil déguisés en RoboCops, précédés d’autant de fusils à pompe et de fusils d’assaut. Cela se passait à Boston, USA, au XXIème siècle. Pour ce qui est de la France, autre cible désignée à notre vindicte résiliente, il suffit de contempler notre président-poire, ce Louis-Philippe post-postmoderniste déguisé en chef de guerre, décrétant le mariage gay comme on part sur le sentier de la Grande Révolution, comme on déploie la «guillotine permanente» de pacotille sur la place du Carrousel avant de passer à la place de la Révolution (ex-place Louis-XV et future place de la Concorde, la bien-nommée comme il se doit, – excellent emplacement pour s’essayer à une Contre-Révolution). Nul n’eut imaginé que la crise put pousser l’ironie sublime et quasiment métahistorique jusqu’à se manifester sous le masque carnavalesque et abracadabrantesque de débats et d’actes grotesques habillant ces événements, qui ont pourtant leur signification propre et fondamentale, d’une dérision si complète et si achevée. C’est dit et c’est le cas eschatologique de le dire, la crise n’est pas dénuée d’une véritable et véridique ironie sublime.
... Tout cela, de l’instantané, du pur courant d’une actualité dont le rythme ne se dément plus. Notre quotidien est décidément métahistorique. Vous savez bien que, demain, littéralement dans quelques jours, une autre crise relancée dans un élan paroxystique, se sera poussée sur le devant de la scène, avec autant de grotesqueries à notre service que le reste, pour enchaîner sur la précédente et raffermir la chaîne sans fin des crises. Ce sera la Syrie, la Corée du Nord, Wall Street, l’Italie, l’euro, l’Iran, – qui le sait et qu’importe de le savoir ? Il y a quelque chose d’admirable dans cette constance, quelque chose de magique, – et vous voyez bien qu’il s’agit d’une dynamique infrastructurelle. Il faut suivre cela, nullement dans le détail qui vous perdrait mais dans sa dynamique ample, superbe, comme une sorte d’aurore boréale métahistorique majestueuse surmontant et suscitant les tempêtes terrestres qui ne cessent de battre et d’emporter à mesure, l’une après l’autre, les digues précipitamment levées contre ses flots, percées de trous précipitamment comblés par un sapiens-Système ou l’autre, compagnon d’un FBI ou l’autre parlant couramment tchétchène & compagnie, et cela sans espoir car l’on n’arrête pas le Titanic... Il faut suivre tout cela, sans peur et sans reproche, et c’est notre destin inéluctable que de le tenter.
Voilà, c’était notre propos de ce début de semaine. Nous espérons vous avoir indirectement convaincus de nous soutenir, comme il est nécessaire de faire, comme à chaque mois que les dieux rigolards font, nous imposant ainsi de plaider une cause que nous imaginons noble, qui est celle de dedefensa.org. Si ce n’est pas le cas, si nous n’avons pas réussi à convaincre, tant pis pour nous et tant pis pour nous tous ; mais reste le fait qu’en écrivant ce message qu’on a peine à qualifier, ma foi, nous ne nous sommes pas ennuyés. Nous espérons qu’il en a été de même pour vous.
Mis en ligne le 22 avril 2013 à 07H03
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