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888Il y a eu un débat de plus, le troisième. Tout l’arsenal de la presse-Système parisienne (l’une des dernières à croire à 120% aux 150% de la vertu d’Obama) était en place pour “couvrir” le débat. Le Monde, toujours à la pointe de la nouvelle qui compte, annonçait qu’Obama l’avait emporté sur Romney, comme s’il y avait eu véritable débat alors qu’il n’y eut qu’un simple tournoi d’habileté complaisante et d’éloquence artificielle et de communication, entre deux vieux complices, autour de thèmes donnés, intangibles et imprescriptibles, selon les consignes communiquées par le Système.
Cela fait qu’il se confirme chaque jour cette évidence que ces élections, que la presse-Système tente de nous faire croire haletantes, n’intéressent pas grand’monde sur le fond. Elles sont plus que jamais “blanc bonnet-bonnet blanc” (toujours des excuses à BHO pour cette expression racialement suspecte), selon le mot du communiste Jacques Duclos concernant Pompidou contre Poher au deuxième tour des élections présidentielles de 1969. Ce qui est plus intéressant, par contre, c’est le fonctionnement de la “première démocratie du monde” (expression-Système estampillée), au niveau des urnes elles-mêmes notamment, au niveau de la “technique” du fonctionnement démocratique et, au-delà, de l’esprit de la chose qui y préside par le moyen de si nombreuses manigances et entourloupes développées par le Système pour que le déroulement et donc le résultat des élections soient conformes à ce que ce même Système en exige. C’est en effet cette question qui apparaît à la fois la plus intéressante, à la fois la plus couramment traitée puisque le contenu de la campagne, l’outre vide des non-politiques qui s’affrontent, découragent toute l’attention disponible. Quelques appréciations et nouvelles permettent de mettre en évidence l'infinité diversité du spectacle…
• Une appréciation radicale, toujours intéressante à avoir et à garder à l’esprit, concerne le Système lui-même. Comme l’on voit, ce débat sur le vote, la capacité de voter, la liberté de voter, etc., bref tout ce qui fait la “technique” du “village Potemkine” de la démocratie que sont les USA, conduisent à des jugements historiques et philosophiques fondamentaux. Il s’agit ici du jugement de Darnell Sumners, chercheur américain (et même africain-américain) de l’Institute for Cultural Diplomacy de Berlin, interviewé le 23 octobre 2012 par TVPress.com. (Voir aussi le débat, où Sumners est en présence de deux autres participants.) Sumners insiste sur le concept de “slavocratie” pour définir les USA, en référence bien entendu à une situation d’esclavage.
« “The average citizen has absolutely [no role in the elections]. If you just reflect on the immense amount of money that’s being spent on the campaigns, two billion dollars by each candidate, that in and of itself indicates that the common man has no place, no role in the electoral process. I mean, our guest [another guest in the show] said that we don’t have control that we have lost control, well, we never had control,” said Darnell Summers with the Berlin-based Institute for Cultural Diplomacy (ICD) in a recent Press TV interview. […]
»“We have a situation where the United States started as a ‘slavocracy’. From the very beginning a large section of the people living in the country, the European settlers and the Indians of course, they didn’t have any, the indigenous people they had no say in the workings of the political aspect of the United States government from the very beginning and that pattern has continued.” […] “The slave owners they had the mass great fortunes, controlled the economy, north and south and everything was based upon that particular foundation, Slavocracy, then to what some people called democracy, however, the situation for the majority of people in the United States has remained the same – they remain politically powerless,” he said.»
• Une autre appréciation radicale, en un sens mais dans le sens exactement opposé de la dérision de l’apparat par contraste avec la dureté d’un système bien construit pour conserver en l’état l’asservissement, c’est celle de Tom Engelhardt. Lui, il développe une analyse du monstre économique et de communication que sont ces élections, où les dépenses se comptent par $milliards (les présidentielles 2012 coûteront au moins $6 milliards), pour le résultat extraordinaire de vide qu’on voit. Le “Biggest Show on Earth”, pour sûr, qui ne nous montre absolument rien, sinon des pantins convenus agitant leurs ombres incertaines dans une caverne type-Platon modernisée, standardisée, ripolinée, “potemkinisée” et éclairée à la lumière vulgaire et faussaire d’un néon incertain. Donc, lire le texte d’Engelhardt, stupéfait du déballage de moyens sans effets et de vents divers déplaçant des masses de communication emplie de néant, dans TomDispatch.com, le 23 octobre 2012.
«Obesity is an American plague -- and no, I’m not talking about overweight Americans. I’m talking about our overweight, supersized presidential campaign. I’m talking about Big Election… […] Though no one’s bothered to say it, the most striking aspect of this election is its gigantism. American politics is being supersized. Everything -- everything – is bigger. There are now scores of super PACs and “social welfare” organizations, hundreds of focus groups, thousands upon thousands of polls, hundreds of thousands of TV ads, copious multi-million dollar contributions to the dark side by the .001%, billions of ad dollars flooding the media, up to $3 billion pouring into the coffers of political consultants, and oh yes, though it’s seldom mentioned, trillions of words. […]
»And here, to me, is the strangest thing: for all the trillions of words devoted to campaign 2012, no one even bothers to discuss its size. Americans may be willing to argue copiously about whether New York's Mayor Bloomberg should control the supersizing of soft drinks in his city, but not a peep is heard when it comes to the supersizing of the run for the presidency.
»Under the circumstances, the slogan of ABC News seems either touchingly or mockingly silly: “Your Voice, Your Vote.” Whatever this thing may be, it certainly has ever less to do with your individual voice or your individual vote. As Big Election becomes a way of life, democracy – small “d” – increasingly seems like a term from a lost time. If this is democracy, it’s on steroids and on the Comedy Channel. It’s our own Democratic Mockpocalypse…»
• Dans ce théâtre obèse d’ombres faussaires, il est entendu que la fraude prolifère. Outre d’être ontologiquement une fraude, le Système permet à tous ses serviteurs d’exercer, chacun à sa façon, ce qu’on pourrait nommer son “droit de fraude”, – et que le meilleur l’emporte. Dans cette compétition, Romney est bien placé, puisque, par exemple mais bon exemple, avec des liens d’affaires, de financement, d’amitié et de connivence, avec un fabricants de machins à voter, ou urnes électroniques, dont il est avéré qu’ils (elles) sont éminemment “fraudables” sinon frauduleux(ses). En plus, ces machines-là, de ce faiseur-là qui les contrôle (libre-échange hyperlibéral oblige) dans leurs activités démocratiques, opèrent notamment dans l’Ohio, swing state par excellence, qui peut aisément basculer d’un côté ou de l’autre pour quelques milliers de voix, et ainsi donner au vainqueur un nombre de grands électeurs importants et peut-être décisif. (Sur Russia Today, le 22 octobre 2012.)
« Producers and investors of voting machines that have previously shown susceptibility to fraud in Ohio have been found to donate hundreds of thousands of dollars to the Romney campaign, raising concern about a dangerous bias in a major swing state. Directors at Hart Intercivic, a national provider of voting systems, were found donating vast amounts of money to the Republican presidential nominee Mitt Romney. Some of the company’s major investors are also big-time donors to the GOP campaign. Voters may feel uneasy because the voting machines produced by Hart Intercivic were found to be prone to corruption, according to an article written by Forbes contributor Rick Ungar. […] Overall, HIG is the Romney campaign’s 11th-largest contributor. To make the association even more distinct, one of HIG’s investors is Solamere Capital, which was founded by Romney’s son, Tagg, and his campaign finance chair, Spencer Zwick. Many of Romney’s family members, including himself and his wife, have invested in the Solamere Capital.
»No Republican candidate has ever won the presidency without winning the state of Ohio. With a state carrying so much weight in the election turnout, any potential bias among those who produce the voting machines could sound alarm bells, especially if the machines have previously showed signs of failure. Hamilton County, where the machines will be used during the 2012 election, includes Cincinnati and is the third most-populous county in Ohio. It has a population of more than 800,000…»
• Dans ce contexte à la fois général et très particulier dans le sens du spécifique règne évidemment une très grande tension, comme on l’a déjà vu. Cette tension est d’autant plus grande qu’elle ne porte pas sur des matières sujettes à débat politique, puisqu’il n’y a pas en vérité de débat politique, puisque les USA sont emportés dans une seule politique-Système, maximaliste, déstructurante, etc. Elle se reporte donc sur les processus, les intentions supposées, les manigances perçues indistinctement, bref sur ce qu’on désignerait comme un “climat”. Outre les fraudes matérielles type-urnes manipulées, il y a les diverses conditions posées pour permettre le vote, les conditions d’accès au vote, les pressions autour des votants, etc., car l’année 2012 est très novatrice à cet égard. Cela nous vaut une démarche originale d’un rassemblement de plusieurs groupes de droits civiques, intervenant auprès d’une grande organisation internationale, l’OSCE, qui est notamment la “gardienne”-Système de la vertu technique de la démocratie dans notre monde-Système. C’est une démarche très originale et sans aucun doute sacrilège à deux égards : d’une part, elle met en cause d’une façon officielle la réputation internationale et symbolique de la vertu démocratique de l’américanisme, qui est un élément fondamental de la narrative du domaine, dans l’ensemble virtualiste que présente le système de la communication ; d’autre part, elle fait appel à une instance internationale pour, justement, aborder un problème qui concerne une démarche sacrilège de mise en cause de l’américanisme, au cœur des affaires intérieures des USA. Pour apprécier le sel de la démarche, et mesurer combien les éléments constitutifs du Système sont de plus en plus désordonnés et irresponsables en un sens (on parlerait d’“infraresponsabilité”), on précisera que toutes ces organisations, dont la fameux NAACP, sont proches du parti démocrate, de Barack Obama et en général, représentatives de la cause des minorités raciales et des Africains-Américains. (Texte de Russia Today, du 22 octobre 2012.)
«Eight US civil rights groups, [which include the National Association for the Advancement of Colored People, NAACP,] have asked the OSCE for help, expressing concern that millions of Americans could be excluded from the November 2012 election due to new voter ID laws that make it more difficult to cast a ballot. […]
»Civil rights groups are worried that Americans who are young, elderly, poor or of a minority race could be unable to cast a ballot due to new voter ID laws across 17 states. A study by the University of Chicago and Washington University found that under the new laws, as many as 700,000 minorities under the age of 30 would be ineligible to vote. “Our estimates are conservative. We are looking at demobilization from 9 to 25 percent,” Cathy Cohen, an expert on young and minority voters who worked on the study, told the Associated Press. “If young people really have valid IDs at a rate of only 25 or even 50 percent, the number of young people of color disenfranchised will be even greater than what we estimate.”
»Civil rights groups have also cited concerns that voter ID laws could keep disabled and women voters from casting their ballots. States they were most concerned about included Pennsylvania, Ohio, Florida, Texas and Wisconsin. The groups have asked the OSCE to send its observers to these states.»
…On ajoutera à cela, bien entendu, la vague de menaces de morts qui a envahi les “réseaux sociaux”, et qui s’exercent majoritairement contre Mitt Romney, en cas de défaite d’Obama. Le site Infowars.com, qui a largement documenté cette campagne des “réseaux sociaux”, suit avec attention l’évolution de la chose et dénonce aussi bien ce qu’il juge être une certaine inertie des autorités, que le caractère raciste de ces menaces telles qu’elles sont explicitées, – nous sommes évidemment en plein dans le fameux concept de “racisme anti-blanc” selon le code du système de la communication, concept dont la célébrité ne cesse de s’affirmer dans diverses citadelles du bloc BAO. (Infowars.com, le 23 octobre 2012 : «Not content with making violent death threats and promising riots if Obama loses, Obama voters have flooded Twitter with racist slurs targeting Mitt Romney and his supporters, an irony given the fact that those who have drawn attention to the death threats being made against Romney have been accused of “race-baiting”.»)
Dans ce cas comme dans beaucoup d’autres, la déconnexion est complète entre la réalité politique lénifiante et imperturbable de consensus de la situation politique officielle et la représentation que donnent de cette situation le “climat” et l’humeur. Par exemple, la cause d’Obama soulève une vague de protestations et d’accusations pour sa défense, au nom des valeurs libérales, des causes sociales, éventuellement progressistes, – on n’ose dire “antiguerres” tout de même, – pour un président qui a si parfaitement poursuivi la “politique de l’idéologie et de l’instinct” de son prédécesseur, et même l’accentuant, c’est-à-dire en accentuant la déstructuration et la dissolution, y compris aux USA, et cela frappant prioritairement les pauvres, les minorités, les Africains-Américains, etc., au profit des glorieux et fameux 1%, de Wall Street au Pentagone. Ce genre de dysfonctionnement psychologique et intellectuel contribue évidemment à encore aggraver le climat, les sentiments aussi peu assurés de leur bien-fondé étant poussés à l’extrémisme et à la surenchère pour dissimuler ce malaise.
Les USA qui voteront le 6 novembre se trouvent bien au-delà de la crise politique, de la crise économique, de la crise financière, etc. Ils se trouvent dans la crise psychologique la plus profonde, exprimant des dysfonctionnements fondamentaux de ce qui n’est même plus une société américaniste ou américaine, mais qui est d’ores et déjà un ensemble humain fragmenté et déstructuré, et en cours accéléré de dissolution. Le contraste entre cette réalité et ce qu’Engelhardt nomme la Big Election de la Democratic Mockpocalypse est si pressant qu’il assure la pérennité de cette tension qui se cherche un exutoire acceptable. Un résultat un peu serré, une déconnexion entre la majorité populaire et la majorité des grands électeurs (comme en 2000), une contestation de fraude dans un État-clef, fournirait un tel exutoire, et un enchaînement intéressant vers une immense crise de nerfs des USA se traduisant en troubles de type postmoderne qui sauront sans aucun doute retenir notre attention.
Mis en ligne le 24 octobre 2012 à 12H32