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1501Le grand Platon se servait d’une allégorie (la caverne de Platon), pour montrer où en sont les hommes dans leur développement psychique. Où ils en sont face à la réalité. Dans cette allégorie, ce grand penseur met en scène des hommes qui sont enchaînés dans une caverne. Une demeure souterraine qui montre le psychisme humain privé de la lumière de la conscience. Ces hommes, dos à la sortie, n’ont pour toute perception de la réalité que les ombres d’eux-mêmes projetées sur le mur devant eux. Sans cette lumière qui permet les ombres sur le mur, et la possibilité de concevoir cette autre dimension, la noirceur serait restée totale.
Quand l’animal peut concevoir cette luminosité qui se projette, il devient homme. À son tour, l’homme qui peut transcender cette perception faussée de la lumière, l’ombre, devient graduellement sage et accède à la liberté. Platon expose en termes imagés la pénible ascension des hommes à la connaissance de la réalité.
Cette quête de conscience, c’est le chemin parcouru depuis notre animalité jusqu’à aujourd’hui. Tout ce temps, nous l’avons vécu dans l’illusion, dans le mensonge, dans l’irréel. C’est le monde de la forme, du factice, du quantitatif et de tout ce qui est transitoire. Cette forme, fugace et illusoire, a besoin du fond, permanent, pour réaliser qu’elle n’est que l’ombre de celui-ci.
Platon, ce grand spiritualiste, fait la synthèse des hémisphères cérébraux et nous raconte comment il est difficile de transmettre cette connaissance qui libère de la noirceur. Toutes les crises de croissance nous montrent cette forme qui atteint ses limites et qui doit être brisée pour donner naissance à un surplus de conscience.
La connaissance, c’est la coquille de l’œuf qui permet l’élaboration du poussin, mais qui n’a plus aucune utilité une fois que celui-ci (perce sa caverne) sort au grand jour. Ce que Platon décrit avec une allégorie la compréhension et le rôle de la forme par rapport au fond. La psychologie qualitative montre aujourd’hui que depuis l’apparition de la conscience, à part ces quelques grands spiritualistes qui ont percé le mystère, l’humanité s’est perdue dans les illusions.
La crise que nous traversons, l’américanisme et l’occidentalisme, c’est cette somme de mensonges et d’illusions que nous véhiculons, individuellement et collectivement. C’est ce double langage où nous tordons la réalité et où le mensonge devient pure vérité.
La quête extérieure, la connaissance, a donné de grands résultats qui nous permettent aujourd’hui de réaliser que cette victoire est une coquille vide. La réussite extérieure, sans la réussite intérieure, c’est un avortement. C’est le poussin mort-né. Là où la vie n’a pas transcendé la mort. L’américanisme, ce virtualisme hollywoodien, c’est croire à cette pensée mécaniste et totalitaire que le matériel fait le bonheur, que la coquille c’est le poussin, que l’illusion c’est la réalité. Le capitalisme et le matérialisme sont l’antithèse de la vie et de la croissance.
Même si non démontrable, car la partie ne peut concevoir ni démontrer la totalité, Dieu existe. L’histoire de la psychologie et de la conscience va dans ce sens. Un jour, les culs terreux à vue unique, les adeptes de la caverne sans issues devront l’admettre ou avorter et mourir dans les ténèbres de l’inconscience. La psychologie pressent cette grandissante Lumière derrière les apparences. Si l’évolution existe, il n’y a qu’un sens, qu’une direction donnée au psychisme. C’est toujours plus de Lumière!
Cette parenthèse matérialiste, dans le temps, n’est qu’une construction temporaire, qui, par la souffrance, doit nous conduire à plus de maturité psychique. Des hommes conscients n’auraient pas permis un tel échafaudage! La tour du Babel américaniste et occidentaliste doit s’effondrer!
La crise, comme le terme grec l’indique, krisis, ne fait que nous renvoyer à l’inévitable idée de jugement. Des décisions doivent être prises. Dans ce sens, krisis devient apocalyptique dans son acceptation étymologique de révélation. La crise c’est le moment des mutations nécessaires, des révélations, des réévaluations, des réparations à tous les niveaux. La krisis est douloureuse pour les uns, ceux qui sont absorbés par l’illusion, salutaire et libératrice pour les autres, ceux qui veulent briser leurs chaînes.
Roger Leduc