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625Il est extrêmement important d’admettre que lorsque les deux interventions sur l’Iran, celle de Sarkozy et celle de Bush sont mises en parallèle, les intentions et les possibilités de guerre qui sont évoquées ont toutes les chances d’être très différentes.
Sur le premier cas, celui des intentions, il y a ce commentaire d’Arnaud de Borchgrave, en général très bien informé et venu d’une position d’extrême droite à une position assez indépendante dans le monde politique washingtonien. Dans un commentaire pour UPI du 29 août, Borchgrave interprète l’intervention de Sarkozy comme relevant beaucoup plus d’une tentative pour faire avancer l’issue diplomatique et tenter d’écarter l’alternative qu’il qualifie de “catastrophique” (la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran) :
«After a brief interruption of his New Hampshire vacation to meet President Bush in the family compound at Kennebunkport, Maine, French President Nicolas Sarkozy came away convinced his U.S. counterpart is serious about bombing Iran's secret nuclear facilities. That's the reading as it filtered back to Europe's foreign ministries:
»Addressing the annual meeting of France's ambassadors to 188 countries, Sarkozy said either Iran lives up to its international obligations and relinquishes its nuclear ambitions or it will be bombed into compliance.
»Sarkozy also made clear he did not agree with the Iranian-bomb-or-bombing-of-Iran position, which reflects the pledge Bush made to his loyalists and endorsed by GOP presidential candidate Sen. John McCain and independent Sen. Joe Lieberman.
»But Sarkozy recognized unless Iran's theocrats stop enriching uranium to weapons-grade levels under International Atomic Energy Agency inspection, we will all be “faced with an alternative that I call catastrophic.”
»A ranking Swiss official, speaking privately, said, “Anyone with a modicum of experience in the Middle East knows that any bombing of Iran would touch off at the very least regional instability and what could be an unmitigated disaster for Western interests.”»
Ensuite, Borchgrave enchaîne sur la question du classement comme organisation terroriste de l’organisation iranienne des Gardiens de la Révolution (IRGC). Cette question nous ramène à la scène politicienne intérieure de Washington, sujet sur lequel il est intéressant de lire le commentaire de Trita Parsi, ce jour sur Antiwar.com. Parsi, un historien et un universitaire d’origine iranienne travaillant aux USA (il a présenté avec succès une thèse de doctorat en 2006 avec le soutien de Fukuyama et de Brzezinki à John Hopkins University), a une particulière connaissance des questions iraniennes et des rapports entre les USA et l’Iran. L’analyse citée ici place complètement l’actuelle poussée agressive de l’administration Bush contre l’Iran dans le cadre de la situation politique washingtonienne et de la crise irakienne. C’est une vision complètement différente de la vision européenne (française) qui concerne, elle, le seul aspect du nucléaire iranien par rapport aux traités internationaux.
Parsi décrit l’activisme US anti-iranien en Irak (avec des arrestations à Bagdad d’Iraniens en séjour légal en Irak à la demande du gouvernement irakien) coïncidant avec le discours de Bush devant l’American Legion. Il rapproche ce discours de celui du 10 janvier : «In fact, Bush's speech to the veterans in Nevada has several similarities to his address to the nation on Jan. 10. That was also slated as a major speech on Iraq, though it spelled out little new about Washington's strategy except to call for staying the course. Instead, it revealed key elements of the U.S.' new aggressive posture on Iran.»
Il s’agit bien d’une tactique interne, tendant à obtenir des décisions et des soutiens à la politique irakienne par le biais d’accusations contre l’Iran, en déplaçant le problème vers des accusations contre l'Iran. Avec le parallèle entre les deux discours (10 janvier et 28 août), Parsi constate que, plus que jamais, il s’agit ici d’un affrontement entre la Maison-Blanche et le Congrès, — avec, comme enjeu, une attaque contre l’Iran, mais dans des conditions sans rapport direct avec la crise iranienne (nucléaire) proprement dite. Mais, aujourd’hui, la situation est beaucoup plus grave qu’en janvier et le Congrès est dans une position très différente pour éventuellement freiner les intentions belliqueuses de l’administration contre l’Iran.
«At a hearing in the Senate Foreign Relations Committee a day after the president's Jan. 10 address, Sen. Chuck Hagel of Nebraska drew parallels with the Richard Nixon administration's attempt to deceive the public regarding the U.S. government's efforts to expand the Vietnam War into Cambodia.
» “[O]ur government lied to the American people and said we didn't cross the border going into Cambodia. In fact we did,” he told Secretary of State Condoleezza Rice. “I think this speech given last night by this president represents the most dangerous foreign policy blunder in this country since Vietnam, if it's carried out. I will resist it,” Hagel continued.
»Other lawmakers publicly questioned the veracity of the president's allegations regarding Iranian involvement in Iraq. All in all, the pushback from Congress in January is believed to have played a key role in preventing hawks in the administration from forcing the U.S. into a military confrontation with Iran.
»But with Congress preparing for a fight over Iraq – not Iran – and with key lawmakers planning to pass legislation imposing harsh new sanctions on Tehran, Congress' ability and willingness to simultaneously contain deliberate or unintentional escalation with Iran may be limited. If so, there may be little business as usual about Washington and Tehran's intensified war of words.»
Mis en ligne le 30 août 2007 à 10H51
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