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1020Il se chuchote avec de plus en plus d’insistance que la date du 2 avril 2009 serait retenue pour le prochain sommet du G20 de crise à Londres, dont le principe a été décidé au premier sommet de crise du G20 à Washington le 15 novembre. Stupeur et inquiétude dans ce cas, dans les milieux atlantistes et de la défense, notamment à Bruxelles où se trouve le siège de l’OTAN: le 3 avril 2009 se tient le sommet de Strasbourg des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OTAN, pour le soixantième anniversaire de l’Alliance. «Si c’est le cas, observe une source dans ces milieux de défense à Bruxelles, c’est une catastrophe médiatique pour Strasbourg, toute l’attention sera retenue par Londres. Mais ce n'est pas tout...»
Plus encore que l’aspect médiatique, il y a l’interprétation politique de l’adoption d’une telle date pour Londres. L’argument pour ce choix concernerait surtout les Américains (Obama & compagnie), et il serait pratique, mais déjà avec une signification politique: on ferait ainsi un seul déplacement et, semble-t-il, le plus rapide possible, – crise économique aux USA oblige. Une telle coïncidence de date, dans de telles conditions où l’on “groupe” les grandes occasions avec l’OTAN en queue de liste, indiquerait combien on tient le sommet de l’OTAN en assez piètre estime, comme d’une importance assez moyenne; combien, par conséquent, on tiendrait le sort de l’OTAN comme une question assez accessoire…
Le “sort de l’OTAN”? En effet, les mêmes sources observent que ce sommet de Strasbourg devait être à l’origine une grande fiesta médiatique destinée à redonner des couleurs à l’Alliance. Si l'événement essentiel tourne à l’événement accessoire, les couleurs en seront d’autant moins rehaussées. Pourtant, l’OTAN en a bien besoin, de couleurs rehaussées. Le climat au sein de l’Alliance est absolument délétère, avec ces questions empoisonnées du système anti-missiles (BMDE) et de l’élargissement actuellement en suspens, déjà largement compromises par la nouvelle attitude de la Russie et le regroupement de plus en plus général pour accepter cette attitude; avec l’attitude à venir de l’administration Obama, qu’on devine, de plus en plus, surtout pressée d’accentuer une “détente” avec la Russie, ce qui se ferait au détriment de l’OTAN, imprudemment montée aux extrêmes dans ces affaires, – comme si les copains et les coquins de l’administration Bush et consort étaient là pour l’éternité. (Avec, comme amère cerise sur la gâteau, la situation en Afghanistan, où les Américains se passeraient bien de l'OTAN.)
Si toutes ces choses (la date du 2 avril pour le G20 et les effets politiques envisagés) se confirment, comment doit-on envisager le retour de la France dans une telle OTAN dévaluée, voire menacée? L’affaire prend une tout autre tournure. Certains voient alors dans ce retour une évolution pour placer la France en meilleure posture au sein d’une Organisation aux abois, qui pourrait voir en son sein se développer des discussions pour des restructurations radicales, ressemblant à quelque chose qui s’apparenterait à une liquidation en douceur. La France serait là, littéralement, pour avoir son mot à dire et sa part dans le processus de restructuration et les restes de l’OTAN dont il faudrait déterminer quoi faire. Effectivement, à Bruxelles, aujourd’hui, c’est cette sorte de réflexion qu’on entend sur l’évolution de cette grande organisation dont on nous a si longtemps et souvent dit qu'elle pérennisait les “valeurs” occidentales et transatlantiques. Les temps changent.
Mis en ligne le 26 novembre 2008 à 14H54