dedefensa.org et Natacha

Notre situation

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dedefensa.org et Natacha

Nous nous trouvons à cinq jours de la fin du mois, avec toujours ce même problème mensuel qui revient effectivement avec une remarquable régularité d’avoir à rappeler à nos lecteurs notre campagne de donation mensuelle proche de son terme pour ce mois de mai, et toujours dans une situation difficile. Cette fois, pourtant, nous avons la tâche facilitée par le moyen et l’art de la citation.

Nous nous adressons à cette lectrice réagissant à notre dernier message (le 22 mai 2013), que nous nous voyons conduit à appeler par un prénom qui est sans doute le sien, puisque c’est sa signature sur le Forum de ce texte, du 23 mai 2013. (On verra plus loin qu’à cause de l’extrême diversité des sujets abordés par cette lectrice, l’on alterne dans ce message le “nous” et le “je” dans un roboratif désordre, comme il est notamment coutume dans les écrits de La grâce de l’Histoire. L’on aura aisément identifié le coupable, avant même qu’il se soit désigné lui-même.) C’est sans aucun doute ni la moindre hésitation que ce “message” prend la forme d’une sorte de “lettre à Natacha” contenant elle-même une sorte de “lettre de Natacha”.

... Certes, une lettre de nous-même (“lettre à Natacha”) pour dire à notre lectrice notre très sincère reconnaissance, et sans aucun doute une émotion certaine à la lecture de son intervention. Nous qui nous déchirons la plume pour tenter d’introduire, d’exposer, d’énoncer, etc., nos messages de “fin de mois difficiles à boucler”, voilà que nous recevons ce message qui nous décharge de cette tâche pour cette fois et nous encourage à poursuivre dans une voie qu’il nous arrive de considérer souvent avec peu d’aménité et la crainte d’importuner ou de désintéresser nos lecteurs. Ainsi laissons-nous à notre lectrice Natacha le soin de plaider pour notre compte et pour notre cause, et, en même temps, de réhabiliter à nos propres yeux ce qu’elle va même jusqu’à désigner comme une “chronique” (ce que nous désignons nous-mêmes sous le nom de rubrique Notre situation).

« Pour en revenir à l'essence de votre message, vous écrivez que votre rubrique pour la donation mensuelle ne suscite plus beaucoup de réactions, et que celles-ci sont “restrictives mais très bien attentionnées à notre égard” et suggèrent que cet exercice mensuel est inutile voire contre-productif si non teinté d'humour ou de légèreté. Pour ma part, j'ai beaucoup d'intérêt à suivre ces messages, qu'ils soient inspirés ou non, car Dedefensa est propulsée par votre esprit, votre verve et votre énergie, et cette rubrique mensuelle en est (à mon avis) le pouls, qui nous renseigne sur l'état de vos finances. Dans notre monde, on ne peut pas maintenir un site internet digne de ce nom sans l'or vil, et vos messages ont le mérite de le rappeler. D'ailleurs, vous parlez ici de rubrique, mais à mon avis cette rubrique pour la donation n'est autre qu'une chronique. En ce sens, on pourrait même, en exagérant à l'extrême, oser un rapprochement sémantique: la rubrique pour la donation mensuelle est un peu comme une piqûre de rappel révélant la maladie chronique de la fin du mois, cette fin de mois où toutes les interrogations, toutes les angoisses sont permises. Sous cet angle, Dedefensa n'échappe pas à la trivialité des cycles, comme n'importe quelle autre “entreprise” (ou n'importe quel autre ménage pour le rapprocher d'une situation plus individuelle). Et c'est à ce moment critique et chronique, que le soutien des lecteurs s'avère crucial. L'un des problèmes qui pourrait se poser, c'est si le lecteur “lambda” de Dedefensa, dans sa propre vie, se retrouve concerné lui aussi par sa propre fin de mois...»

Ce que nous apprécions dans ce “message”, – “message” pour “message”, – c’est la conscience qui l’habite. Non pas précisément conscience de nos difficultés et de nos angoisses, si c’est le cas et quand c’est le cas, mais conscience d’un partage qui établit un lien d’une très belle qualité entre auteur et lectrice(eur). Nous nommons cela du mot “solidarité” parce que nous peinons à en trouver un autre alors qu’il nous paraît parfois bien galvaudé et un peu usé. (Ce galvaudage et cette usure sont un dommage causé par le bavardage sans fin de cette époque insupportable par son absence de responsabilité dans le sens des choses et des mots. C’est dommage car ce mot devrait retrouver la noblesse qui est sienne.) ... Peut-être pourrions-nous parler d’une “communauté de pensée”, d’une angoisse commune qu’ensemble nous parvenons à tenir à distance et à vaincre temporairement, d’une nécessité collective de résister qui nous rassemble... Quoi qu’il en soit et parce que le cœur y est, que Natacha soit ici remerciée pour son intervention.

(Cela étant écrit par la plume collective de dedefensa.org, je prends la mienne pour ajouter quelques mots. Une citation, à nouveau, toujours de notre lectrice Natacha :

« Souvent, le soir, je retrouve vos dernières contributions, et je les savoure. Parfois, le cerveau trop déconnecté après les heures de travail dans ce monde virtuel rempli de symboles et de concepts abscons, il me faut alors relire les phrases pour en saisir la substance, et souvent avec peine: mais c'est alors ce qui me plaît le plus, l'exigence de votre verbe, auquel nous ne sommes plus vraiment habitués en ce monde de pensée facile, et l'effort que cela exige. Sans doute allez-vous me trouver terre à terre, mais peu de personnes peuvent se targuer d'appréhender sans difficultés les concepts et les hypothèses que vous maniez avec tant d'aisance...»

C’est beaucoup moins un sentiment personnel, – quel qu’il soit, – qui me pousse à une réaction explicite, que le souci de signaler combien ces remarques ont pour moi de l’importance, et je dirais une importance objective. En soulignant certains aspect de ce qu’on nomme le style, celui des textes qui paraissent sur ce site, notre lectrice Natacha met le doigt sur un problème que j’estime absolument fondamental, auquel j’ai beaucoup réfléchi et réfléchis beaucoup, notamment dans le cours du travail sur La grâce de l’Histoire. Pour mon compte, c’est beaucoup plus qu’une question de forme, parce que le “style” de l’écrit est beaucoup plus qu’un art de la présentation et de l’expression. Le “style” fait partie intégrante de la signification du texte, et une partie qui n’est ni accessoire ni marginale. Dans le cas de cette interprétation, la forme est une partie du fond, elle oriente la pensée, elle l’enrichit, – ou l’appauvrit, c’est selon, – et je dirais même que dans des cas extrêmes qui sont les plus remarquables et les plus importants, elle contribue à créer cette pensée. Je reviendrais là-dessus, avec d’autant plus de conviction qu’un passage de La grâce en cours d’élaboration porte effectivement et directement sur cette question, – et d’ailleurs avec effectivement cette réponse : le “style” est bien une partie intégrante et fondatrice de la pensée. PhG.)


Mis en ligne le 27 mai 2013 à 06H28