EuroVegas, ou la civilisation du casino au bordel

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EuroVegas, ou la civilisation du casino au bordel

L’Espagne est un des pays les plus touchés par la crise financière et économique en Europe, après avoir été pendant quelques années un des fleurons du développement hyper-capitalistique de la même Europe. Ceci explique cela, impeccablement et irrémédiablement. Cette formule imprescriptible et toujours similaire débouche cette fois, d’une façon à la fois symbolique et lucrative, sur le projet EuroVegas.

Il y a donc le multi-milliardaire de service, américaniste comme il se doit, et investisseur naturellement, Sheldon Adelson. Il a un grand projet, qui nous fait passer de l’ère de l'EuroDisney (transformation de l’Europe en un vaste parc d’attraction, type DisneyWorld) à celle de l’EuroVegas (transformation de l’Europe en un vaste complexe casino-bordel, type Las Vegas). Il a mis $35 milliards sur la table et promet la création de 300.000 emplois, moyennant quelques aménagements fiscaux à son avantage et quelques aménagements sociaux à l’avantage de la souplesse dans la mobilité expéditive de l’emploi. On imagine qu’il compte dans cette augmentation salvatrice de l’emploi l’augmentation vertigineuse de la prostitution qui devrait accompagner, d’une manière spontanée donc vertueuse selon le dogme du marché (la “main, de Dieu” en un sens, selon la théologie du marché libre), l’installation de l’ensemble.

Russia Today nous informe, ce 11 avril 2012, des projets d’Adleson portant sur $35 milliards de complexes casino (casino-bordel) à Madrid et à Barcelone.

«…“We are looking at twelve integrated resorts, 3,000 rooms each. A mini Las Vegas, about half the size of the Las Vegas strip in Spain for the European market,” Adelson said at a press conference in Macau. Adelson also said he hopes for some concessions from Madrid and Barcelona that would help to accommodate such an enormous project. He suggested loosening employment laws and fast-tracking planning regulations for the complex’s skyscrapers.

»The gambling magnate’s company Las Vegas Sands has estimated that the complex will generate 300,000 jobs and bring 11 million new tourists to Spain, increasing holiday spending by €15 billion in the next decade. Supporters of Adelson’s project claim it could be a way out of Spain’s crippling economic downturn, where unemployment has now passed 20%. Meanwhile, opponents argue it will raise crime and prostitution rates in both Madrid and Barcelona.

»Tomás Gómez, secretary general of Madrid’s Socialist Party, voiced his disapproval of the plan to “sell” Madrid to the American tycoon, saying it would increase crime and would send prostitution rates “through the roof.” He said the the Community of Madrid’s government had lied to the people of Madrid and that the Las Vegas-style complex would not generate as many jobs as claimed. “A total of 180,000 people work in the hospitality industry in Madrid. How then is it plausible that 260,000 people are going to work in the twelve hotels they will build?” He said following a meeting with Madrid’s general assembly.

»In contrast, Madrid’s conservative leader Esperanza Aguirre has championed the new scheme, claiming that over the next ten years it will allow “more than half of Madrid to find work.” [….]

»Spain’s rapidly growing prostitution industry has many politicians worried that the new casinos will exacerbate the problem. According to police figures there are currently an estimated 370,000 women involved in prostitution in Spain, 90 percent of whom are trafficked. Prostitution is not illegal in Spain, but the economic downturn has seen thousands of women forced into work.

»“Ninety percent of women who work as prostitutes are victims of sexual exploitation and end up in the hands of organized mafias who restrict their freedom. Their human rights are under threat,” said Rocio Nieto, President of the Association for the Rehabilitation of Prostituted Women.»

L’“investisseur” n’est pas un inconnu, comme vous vous en doutez. Sheldon Adelson concourt régulièrement aux USA pour le titre, ouvert en permanence, de l’“homme le plus riche” du pays. Il est l’homme qui s’est acheté un candidat aux primaires républicaines (Newt Gingrich) pour tenter de massacrer Mitt Romney et de donner au sionisme la place qui lui revient dans la direction du principal fleuron du bloc BAO. Il n’y parviendra pas pour Gingrich, qui est mauvais comme un cochon, mais cela ne changera pas grand’chose, ni à la course du système de l’américanisme, ni à la sensibilité presque familiale de la politique dudit système à la situation et aux influences pro-sionistes dont Adelson est un des tuteurs. Pour Adelson-Gingrich, voyez le 22 décembre 2011 et le 11 janvier 2012 ; et relisez ce rapide portrait d’Adelson, extrait d’un des textes référencés : «Sands Corporation CEO Sheldon Adelson is based in Las Vegas but has business and political interests in Macau, China and Israel. In Israel, Adelson’s importance stems from his close friendship with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and his ownership of Israel HaYom, a free daily newspaper which supports Netanyahu’s Likud party. Back in the U.S., Adelson sits on the board of the Republican Jewish Coalition and is outspoken about his views on the Israeli-Palestinian conflict…»

Pour boucler le paquet cadeau et lui donner la dimension qu’il mérite, qui est quasiment socio-idéologique, on sait qu’Adelson, nommé “empereur des casinos” de Vegas à Macao, a de fortes et nécessaires connexions avec le crime organisée, aussi bien aux USA qu’en Asie, – et en Israël, naturellement... Il est d’ailleurs connu qu’Israël, qui reste la référence absolue et universelle d’Adelson (outre sa chaude proximité de Bibi Netanyahou, il aurait la double nationalité US et israélienne), continue son évolution vers une situation d’“État mafieux”, déjà évidente depuis quelques années ; les convictions et les intérêts réalisent dans tout cela un mariage heureux. Dans cette logique, le constat inévitable et sans originalité est que la dynamique de notre civilisation devenue contre-civilisation continue sa course autodestructrice. Le processus ne manque pas d’être fascinant, en ajoutant chaque jour des avancées dans des domaines extravagants de caricatures haineuses de cette contre-civilisation pour elle-même, par la destruction de tout ce qui peut prétendre à garder quelque apparence de structure, par la dissolution systématique de ce qu’elle est elle-même devenue ; en un sens, comme si l’état de chute où elle se trouve ne la satisfaisait pas jusqu’à l’accomplissement complet de cette chose ; c’est d’une logique impeccable et implacable. Encore quelques Adelson et nous atteindrons la situation d’“entropisation” qui semble désormais à portée de casino.


Mis en ligne le 12 avril 2012 à 04H45