Finalement, Obama sera-t-il…? Oui, il pourrait bien être FDR, dit Baker

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Puisque nous sommes dans les hypothèses concernant Obama alors que la course approche de son terme, que Obama est le vainqueur probable-certain, après le verdict de Mike Davis voici celui de Gerard Baker, dans le Times d'aujourd’hui. Là où Davis dit “non”, Baker dit “oui, sans aucun doute”. C’est assez caractéristique: le dissident, l’homme “de gauche” (sens relatif lorsqu’il s’agit des USA) qu'est Mike Davis, doute extrêmement de son champion naturel; Baker, l’homme “de droite”, le pro-républicain et pro-américaniste, ne doute pas une seconde qu’Obama apporte avec lui le changement radical. Les prévisions sont à fronts renversés, ce qui est une caractéristique assez logique, finalement, d’un système où tout est passé à la lessive agressive du conformiste, baigné dans un bain constant de virtualisme et ainsi de suite. Les convictions finissent par privilégier des orientations inattendues.

Pour autant, il y a, dans l’analyse de Baker (comme dans celle de Davis, sans aucun doute) une solidité remarquable qui fait croire que l’homme partisan et propagandiste s’est dégagé de sa gangue habituelle, pour laisser parler son jugement tel qu’il est. Ce point très particulier, qui vaut pour Baker comme pour Davis répétons-le, suggère que nous sommes à un moment de vérité de l’appréciation de l’évolution du système. Tout se passe comme si la crise avait pris le dessus, y compris du processus électoral US, et imposait ses choix, et que le poids de l’obligation d’être partisan généralement supporté par les commentateurs était éliminé. Par là s'explique que nous avons des analyses qui sonnent vrai, celle de Baker comme celle de Davis. Le fait qu’elles soient diamétralement opposées en dit long sur l’incertitude réelle qui caractérise en vérité la situation. Nul ne sait ce que sera Obama, y compris, sans doute, Obama lui-même. Restent les convictions, et voici celles de Baker après celles de Davis.

L’intérêt est effectivement, là aussi, quez Baker brosse un portrait de la situation toute entière animée par des forces qui ne dépendent pas d’Obama, qui constituent des éléments complètement extérieurs à lui-même, – la crise, le besoin aujourd’hui irrésistible de changement à cause du caractère insupportable, au bord de la crise de nerfs pour certains, de la direction actuelle, avec son incompétence, sa sottise, son impuissance à assumer son autorité, etc.; et même une campagne républicaine devenue le reflet de cette situation de la direction, par conséquent donnant encore plus de raison aux citoyens d’aller vers Obama…

«It's been conventional wisdom for months in Washington that the only way that the Democrats were going to lose this election was if Barack Obama just seemed too big a risk. The desire for change has been so palpable for so long, the stench of failure around the Bush Administration so great, the mood of the country so grim, that only fear of the Democratic candidate's callowness and doubts about his alignment with the basic values of Americans could possibly stop him.

»Now, as a campaign that seemed to have started 17 years ago winds down into its final 17 days, two important new realities have emerged. First, the scale of the economic crisis has become so politically dominant that, even if Mr Obama were exposed in the next two weeks as a Manchurian Candidate, programmed by Islamic fundamentalists to subvert the very core of American life, there's a chance voters would still think: hell, at least he's not from Wall Street.

»But the other thing that has happened is that Mr Obama has not only succeeded in uprooting much of the thicket of doubts about his own suitability and readiness. He has had the unusual good fortune to watch as his opponent has planted a whole forest of fearful uncertainties around his own fitness for the presidency.»

Ces conditions sont dites “objectives”. Ainsi arrivent les révolutions, estime Baker; non par la vertu de l’idéologie nouvelle s’offrant comme alternative mais par la force du rejet des forces en place. Ainsi en fut-il, poursuit Baker, de… FDR, – tiens, l’analogie est venue naturellement sous la plume. FDR n’annonçait rien de révolutionnaire durant sa campagne et même, en général et notamment dans le domaine de l’action du gouvernement, le contraire de ce qui fut fait. Les pressions de la crise le conduisirent là où il déboucha le 4 mars 1933, FDR avec le génie de transcrire cela dans un art consommé de la communication.

«But that is often how political revolutions are made. A nation isn't suddenly intellectually convinced by an alternative ideology. It just rejects the people who have screwed up, and in doing so, creates an opening for a new era.

»It wasn't clear in 1932 that, in electing Franklin Roosevelt, the country was endorsing the New Deal. In fact, as economics student know, FDR campaigned on reducing the government deficit. But that did not alter the magnitude of what followed. And nor, I suspect, will the current occasion for Republican defeat.»

Le résultat sera, selon Baker, le gouvernement le plus à gauche du monde industrialisé. C’est une conviction du chroniqueur du Times depuis plusieurs mois, cette fois assortie de la perception d’une perspective quasiment révolutionnaire. Tout juste goûtera-on dans cette analyse de Baker par rapport à ce qu'il nous exposait précédemment un peu moins de fièvre et fort peu de vindicte anti-Obama, – sans doute parce que, après tout, ils sont tellement bêtes en face, du côté de chez Bush, qu’il n’y aura rien à regretter.

«Barring a last-minute miracle, [Obama] will be elected on the crest of a wave of Democratic triumph in Congress. The Democrats are likely to gain between six and ten seats in the Senate, giving them as many as 61 seats out of 100, and possibly another 20 in the House, giving them a majority of more than 70. These data alone will place the 2008 election on a par with the transformative elections of the past 100 years. The only two occasions in the last century when the party of a newly elected president made gains on this scale in Congress were 1932 and 1980; the births of the New Deal and the Reagan Revolution.

»So we are about to witness something extraordinary. America, the country that the world loves to think of as an irredeemable hell of gun-toting, government-hating, Bible-clutching, gas-guzzling right wingers, is about to have the most left-wing government in what used to be called the industrialised world.»


Mis en ligne le 17 octobre 2008 à 13H09