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363729 août 2013 – Prenons l’exemple du site Moon of Alabama (MoA), qui a acquis une certaine notoriété et une réelle audience à l’occasion de la crise syrienne, en se concentrant sur cette crise avec des commentaires et de très courtes analyses très justement critiques de l’action du bloc BAO. (MoA est édité par “b”, dont l’anonymat affiché fait une part de la notoriété et du charme mystérieux du site, sans déparer la valeur de son commentaire.) MoA est très discret depuis le début de la phase paroxystique actuelle ; en un sens, cette discrétion est expliquée par une très rapide intervention, ce 27 août 2013, sous le titre «At A Complete Loss». En fait, il s’agit pour l’essentiel d’une citation d’Alexei Pouchkov, président de la commission des affaires internationale de la Douma, exprimant autant le sentiment collectif de la direction russe que son avis personnel (le souligné en gras est de MoA) :
«To us, it looks as though Bush, Cheney and Rumsfeld never left the White House. [...] It’s basically the same policy, as if US leaders had learned nothing and forgotten nothing in the past decade. They want to topple foreign leaders they regard as adversaries, without even making the most basic calculations of the consequences. An intervention in Syria will only enlarge the area of instability in the Middle East and expand the scope of terrorist activity. I am at a complete loss to understand what the US thinks it is doing.»
Ce commentaire de Pouchkov est accompagné de cette introduction de MoA (“b”) : «Alexei Pushkov [...] saying what I think» ; puis, terminé par cet autre commentaire, très rapide, auquel nous accorderons beaucoup moins d’importance puisqu’il apparaît simplement comme une prudence de pensée, par rapport à l’essentiel (“Pouchkov dit ce que je pense”) : « Or maybe I am not yet enough of a cynic.»
Cette intervention extrêmement courte est ponctuée par un déchaînement de commentaires de lecteurs extrêmement diserts et assurés. Si ces commentaires ne mettent pas en cause “b” et MoA en général, on n’en est pas loin ; dans tous les cas, nombre d’entre eux mettent en cause les Russes, accusés de parler plutôt qu’agir, de ne pas intervenir d’une façon plus conséquente, de n’être pas encore en guerre contre les USA. Nous noterons là-dessus que cette profusion de commentaires se retrouve au niveau d’une catégorie très fournie d’analystes dissidents, ou qui se veulent tels, qui peuvent être perçus comme plus ou moins “sérieux” ou “crédibles”, avec la meilleure foi du monde, qui apportent tous leurs contributions rationnelle et souvent impérative à une explication détaillée de la stratégie secrète des USA, ou plus généralement du bloc BAO, souvent dans des sens opposés [pour la stratégie], mais tous unanimement peignant les USA comme un monument de machiavélisme. On peut en trouver de nombreux exemples sur des sites comme Infowars.com dont c’est la spécialité, ou le site iranien PressTV.ir qui fait une place non négligeable à des collaborateurs occidentaux de cette catégorie, tout en gardant la place de l’essentiel de ses publications au traitement classique de l’information.
• On notera que la position de Pouchkov rapportée par MoA rencontre effectivement la position de la direction russe, comme nous l’avons dit, telle qu’exprimée diplomatiquement par Lavrov, et un peu moins diplomatiquement par Dimitri Rogozine, vice Premier ministre et ministre de l’industrie d’armement, et ancien envoyé spécial russe auprès de l’OTAN. On sait que Rogozine n’a pas sa langue dans sa poche. Il le confirme dans cette occurrence, en comparant “la politique occidentale” au Moyen-Orient à celle d’un “singe tenant dans sa main une grenade” (sans doute dégoupillée, suppose-t-on). On comprend que l’image renvoie à l’appréciation d’“hystérie” ou autres du même domaine que la direction russe favorise en général. (Sur Novosti, le 27 août 2013.)
«A firebrand Russian nationalist-turned-senior official said Tuesday that the West was acting in the Islamic world like a “monkey with a hand grenade.” Deputy Prime Minister Dmitry Rogozin, Russia’s former envoy to NATO, did not elaborate on his comparison, made on his Russian-language Twitter page. But Rogozin, who used to head a popular nationalist political party and now oversees Russia’s military industrial complex, has previously lambasted on Twitter the alleged plans of “Anglo-Saxons” to attack Syrian government forces.»
• D’une façon générale, “l’appréciation d’hystérie” citée ici n’implique nullement un diagnostic d’un comportement systématiquement incohérent. Il s’agit d’une observation imagée qui ne renvoie pas à la pathologie stricto sensu mais qui représente essentiellement un comportement irresponsable et donc sans aucun sens du point de vue de l’accomplissement d’un dessein rationnel, accompli dans des actes qui, pris séparément, peuvent être exécutés rationnellement et d’une façon efficace, et qui, ensemble, aboutissent à l’incohérence. Le tir d’un cruise missile par un hystérique irresponsable ne rend pas le cruise missile hystérique : la machine suit son plan de vol grâce à sa technologie et attaque l’objectif recherché, avec plus ou moins de bonheur selon la qualité de sa technologie. L’appréciation d’hystérie concerne effectivement le projet et le but, ou plutôt l’absence de but du comportement général, ce qui se traduit d’une façon concrète par cette observation de Pouchkov : «They want to topple foreign leaders they regard as adversaries, without even making the most basic calculations of the consequences.» D’où le sentiment du même Pouchkov (et de “b”) : “Je suis bien incapable de comprendre ce que font les Américains”. Il s’agit de l’observation plus générale et plus “technique” souvent développée ici d’une action uniquement centrée sur le tactique, sans le moindre souci de stratégie ; et d’un comportement où, selon nous, l’affectivité et les réactions de communication ont remplacé la rationalité dans la politique.
La réplique de “ceux qui comprennent” est de dire que le plan est justement d’agir d’une façon telle qu’on ne puisse comprendre dans quel but on agit. Et cette réplique conduit à prolonger le propos en ajoutant, poursuivant une logique interne qui se doit de boucler la rationalisation entreprise : le résultat “incompréhensible” qu’on atteindra (dans le cas de la phase paroxystique actuelle de la crise syrienne), qui est d’accentuer le désordre d’une façon en apparence mais tout de même par définition incontrôlable, constitue effectivement le plan lui-même, et donc, puisqu’il y a plan on ne peut parler d’hystérie et d’irresponsabilité. Seul l’auteur du plan sait qu’il y a un plan et sait à quoi aboutira ce plan, et cela s’exprime par la simple mais puissante et définitive affirmation de la complète domination par le désordre. Ces répliques laissent en général l’interlocuteur sans réplique ; elles relèvent par essence de l’absolutisme dans l’argument : cela est parce que cela est. Leur seul défaut éventuel est qu’elles peuvent également faire naître le soupçon d’“hystérie” chez ceux qui les émettent, parce que c’est justement l’un des aspects de ce comportement que de rationnaliser ce qui n’est pas rationnel ; ce soupçon n’est pas systématiquement fondé mais on conviendra qu’il ne peut être écarté, surtout dans les circonstances actuelles et sur un thème qui éveille tant de passion. Ce thème, – l’omnipotence de la toute-puissance US, y compris dans ces temps d’effondrement de cette omnipotence, – est une des grandes tendances absolutistes du jugement politique, surtout depuis la fin de l’URSS, encore plus depuis le 11 septembre 2001. Cette tendance absolutiste persiste depuis 2008 et la grande crise financière, et elle est d’autant plus absolutiste lorsqu’elle se manifeste que cette “omnipotence de la toute-puissance US” est manifestement sujette à des avatars considérables qui ne cessent de la mettre fondamentalement en question et de précipiter son effondrement : lorsque l’occasion s’en présente, on l’affirme d’autant plus que les événements la démentent. (On observera que certains de ces “avatars” sont simplement le constat que certains événements qui étaient censés marquer cette omnipotence s’avèrent terriblement destructeurs pour elle, ce qui met encore plus en cause, rétrospectivement, cette même appréciation ; par exemple, l’aventure irakienne de 2003, souvent saluée comme la marque de cette omnipotence, s’est avérée être un désastre pour cette omnipotence.)
• On notera encore que, depuis un ou deux jours, après une période initiale d’affirmation de puissance incontestée, tant matérielle que morale dans le chef de la perspective d’une frappe contre la Syrie au nom d’une responsabilité décrétée du régime d’Assad dans l’attaque chimique du 21 août, un fort courant de doute concernant cette attaque s’est fait jour dans la “communauté de sécurité nationale” anglo-saxonne, jusqu’à influencer les directions et l’ensemble du projet. Divers textes de la presse-Système répercutent des doutes très sérieux de nombreux experts, également experts-Système. Selon les procédures en cours dans cette communauté, et dans le cœur anglo-saxon du Système en général, on ne peut tenir ces interventions pour accessoires, ou bien comme partie d’un montage général, mais bien comme une manifestation d’un puissant mouvement de contestation de l’opération projetée. D’une façon générale, même si l’argument d’“hystérie” et d’irresponsabilité n’est pas avancé comme il l’est par les Russes, c’est lui qui, dans le contexte général, pourrait manifestement s’imposer comme explication générale de la critique, puisque cette critique tend à dire qu’“on va faire en Syrie une opération dont on ne sait rien des conséquences qui peuvent être catastrophiques, et dont l’efficacité est de toutes les façons extrêmement douteuse”. On citera quelques textes qui rendent compte de cette évolution ...
Un texte de McClatchy, le 27 août 2013 : «The type of limited, punitive military campaign now being contemplated against Syria has failed to deter U.S. adversaries in the past, and at times emboldened them, military analysts say.» Il y a également un texte de Foreign Policy (sur le blog nommé Cable, le 27 août 2013) : «The United States appears to be closer than ever to deploying a series of surgical strikes on Syrian targets. But a key architect of that strategy is seriously and publicly questioning the wisdom of carrying it out. [...] Now, a former U.S. Navy planner responsible for outlining an influential and highly-detailed proposal for surgical strikes tells The Cable he has serious misgivings about the plan.» Enfin, on citera un texte du Guardian du 27 août 2013, qui rend compte de la division des experts sur la perspective de l’attaque, mais en privilégiant ceux qui y sont défavorables, dont de nombreux anciens chef militaires (dont le général Sir David Richard, chef d’état-major général jusqu’à la fin juin), avec d’ailleurs le constat que le débat n’est pas sur “la meilleure option” mais bien “sur la moins mauvaise” ... «Amid growing signs that America, backed by Britain and other allies, will soon launch military strikes against Syria, expert opinion is dramatically divided on how to respond to the use of a weapon of mass destruction. For most considering the merits of intervention in the violent chaos of the Syrian civil war it is not a question of the best course of action, but the least bad...»
• Enfin, on donnera quelques nouvelles du “front”, notamment de la question de la responsabilité de l’“attaque chimique“ que le bloc BAO a unanimement et avec une désinvolture remarquable mis sur le compte du Syrien Assad. (Cette extraordinaire conviction mécanique qui fait passer la responsabilité d’Assad sans la moindre preuve nécessaire comme un accessoire du langage courant, comme on parle de la pluie et du beau temps et sans nécessité de s’y attarder un instant, est un événement psychologique et sémantique qui n’a plus rien à voir, ni avec des consignes, ni avec des pressions. C’est un acte qui relève du complet asservissement de la psychologie aux pressions du Système. C’est un acte quasiment supra-humain, auquel le sapiens-Système ne s’attarde pas puisqu’il n’en a nulle conscience.) Sur son tweet, Pépé Escobar annonçait, le 27 août 2013, que le journal As-Safir donnait des détails précis sur des “preuves” de la culpabilité des rebelles. Escobar écrit : «Khalil Harb, of Lebanese paper As-Safir, confirmed a few minutes ago to my great friend Claudio Gallo an article published in Arabic two days ago, quoting a Russian source. According to the source, Russia's ambassador in the UN Security Council, Vitaly Churkin, presented conclusive evidence – based on documents and Russian satellite images – of two rockets carrying toxic chemicals, fired from Douma, controlled by the Syrian “rebels”, and landing on East Ghouta. Hundreds of “rebels”, as well as civilians – including those children on the cover of Western corporate media papers – were killed. The evidence, says the Russian source, is conclusive. This is what Lavrov himself was hinting at yesterday. And that's the reason there's no UN Security Council resolution against Syria, and why Washington does not want the inspectors to find anything.»
Dans un texte précédent (voir notre F&C du 25 août 2013), nous présentions l’aspect de cette situation syrienne dans sa phase paroxystique actuelle, comme un exutoire pour des tensions psychologiques extrêmes, une sorte d’“outil” sous la forme d’un événement permettant de déchaîner ces tensions psychologiques qui couvre tout le spectre des diverses crises à l’intérieur de la crise d’effondrement du Système dans des attitudes et des processus extrêmes, furieux et passionnels. (Il n’y place pour aucune raison là-dedans, sinon la raison subvertie certes. Il s’agit à nouveau d’une pure attitude d’affectivité.) Cette phase étant exécutée, on se trouve désormais dans une phase nouvelle qui est celle de la crise syrienne dans cet épisode paroxystique renvoyant à son tour des impulsions et des tensions extrêmes qui déchaînent chez les différents acteurs et commentateurs des attitudes, des analyses, des jugements également extrêmes. En un sens, cette phase paroxystique de la crise syrienne est retournée, comme un boomerang, vers le cœur même du Système, dans les pays du bloc BAO. (Il s’agit d’un jugement qui met à part le déroulement “opérationnel” de cette phase de la crise, – attaque ou pas contre la Syrie, – non sans observer que cet aspect est lui aussi touché et présente des signes de dérèglement. Il n’y a plus rien de la superbe machine, lente mais inarrêtable, carburant au mensonge et au virtualisme, qui nous emmena dans la guerre d’Irak de mars 2003.)
Ainsi la crise syrienne dans cette deuxième phase de la séquence paroxystique réverbère, dans ce qu’on décrirait comme une sorte de dynamique-miroir, la tension psychologique qui a conduit avec la première phase initiale, de l’extérieur à partir des réactions de communication à l’attaque chimique du 21 août, à ce même paroxysme. Cette dynamique-boomerang affecte toutes les parties, chacune dans leur sens : Système, antiSystème, les divers domaines dans ces deux camps, etc. On observera bien entendu que ce processus lui-même risque d’être gravement affecté par l’effet-boomerang que nous observons : l’effet-boomerang de communication conduisant la tension dans les pays du bloc BAO, au cœur du Système, répercute lui-même des effets secondaires qui influent directement sur les événements et sur le processus de communication qui les a enfantés.
Le climat a été notablement dramatisé, d’abord par les autorités-Système dans un premier temps, avec l’habituelle montée de la tension pour préparer psychologiquement un climat favorable à une acceptation de l’attaque. D’une façon inhabituelle par rapport au schéma habituel, cette phase de “montée la tension” est aujourd’hui remplacée par une situation d’incertitude due à divers facteurs (voir deux textes dans ce sens, du 29 août 2013 et du même 29 août 2013), qui n’implique nullement un apaisement de la tension mais diversifie cette tension en jetant le doute sur les capacités et les intentions du Système. En même temps et parallèlement, on a assisté et on continue d’assister à une formidable pression venue de nombreuses sources de la communication dissidente ( “presse alternative” et de la dissidence, internet, etc.) développant nombre de théories impliquant les autorités-Système d’une façon ou l’autre, avec, souvent évoquée également, la possibilité d’un conflit au plus haut niveau. La diversité des thèses qui sont développées par cette “opposition” au Système, est très grande jusqu’à parfois s’opposer, et c’est un phénomène relativement nouveau dans une crise où, naturellement, le Système est impliqué et reste la cible principale ; on avait déjà eu un aperçu de cette diversité contradictoire dans l’opposition avec l’affaire Snowden/NSA, certains avançant des thèses hostiles à Snowden. Dans ces crises, et particulièrement dans cette phase paroxystique de la crise syrienne, les “complots”, montages, desseins cachés qui sont affirmés sont très divers, parfois même antagonistes, seulement unis bien entendu par leur hostilité à l’encontre des acteurs principaux du Système.
De ce point de vue, cette action générale n’a pas l’efficacité antiSystème qu’elle devrait avoir pour être considérée avec avantage parce qu’elle ne dénonce pas une démarche spécifique. Mais cela n’importe guère, surtout au regard de l’avantage apporté en contrepartie par cette profusion, ce qu’on pourrait définir comme un “bruit” de communication dissidente hostile et constant, d’accusations et de réquisitoires, qui est générateur d’une grande confusion. Ajoutée aux incertitudes qu’on constate dans le chef du Système, ce “bruit” général de la communication hostile forme lui-même un ensemble de grande confusion et devient, dans ce cas, un facteur antiSystème objectif évident. La dramatisation, si nécessaire pour le Système pour la mise en condition générale lorsque l’objectif est bien identifié dans le temps, dans la chronologie, dans les moyens, devient absolument contre-productive dans ce cas où l’objectif se détricote littéralement du fait de la faiblesse du Système (voir par exemple WSWS.org ce 29 août 2013 : «US-NATO campaign to justify Syria war disintegrates as attack looms»).
Il est évident que tout cela, d’une façon ou l’autre, du point de vue de la rupture de plus en plus grande dans la continuité de la narrative dans le chef du Système (incertitudes et hésitations), du point de vue de la diversité des thèses et des accusations présente dans le “bruit” de la communication dissidente, participe de ce climat d’hystérie dans le sens de l’irresponsabilité. Nous observons cela sans accusation ou hiérarchie des responsabilités de cette situation, mais simplement comme un fait objectif de grand intérêt et de vertu certaine. Il s’ensuit que les événements sont sans aucun doute hors de tout contrôle du point de vue de la communication, – dans ce domaine qui, naturellement, forme pour l’instant l’essentiel de l’activité crisique, et le champ principal de l’affrontement ... Étant hors de contrôle du point de vue de la communication, il s’ensuit une incohérence ou une paralysie grandissante, – c’est la même chose pour le résultat, – dans l’évolution de cette phase paroxystique, – et cela, bien entendu, aux dépens du Système.
Si ces conditions perdurent, et elles ne le feront qu’en accroissant le désordre qu’elles génèrent, on approchera du point où même le volet opérationnel se trouvera touché du même vice. On approchera du point où cette phase risquerait alors de constituer une défaite retentissante du Système, avec des retombées sévères, notamment pour la position d’Obama. On peut alors être assuré que les crises un instant mises au deuxième plan, – la crise Snowden/NSA, notamment, – feraient leur réapparition avec la plus extrême vigueur. D’un autre côté, bien entendu, la situation de la crise syrienne évoluerait d’une façon imprévisible, mais certainement pas favorable au bloc BAO, avec certains pays mis dans une situation délicate, – notamment les deux pays maximalistes de la phase actuelle de la crise syrienne, soit Israël et l’Arabie Saoudite.
En attendant, l’évolution de la séquence nous impose une attitude évidente, qui est celle, souvent mise en évidence sur ce site, de l’inconnaissance ... Le refus de s’aventurer dans des prospectives hasardeuses et nécessairement parcellaires qui, le plus souvent, aboutissent à des impasses, notamment dans telle ou telle thèse de la communication dissidente ; l’essentiel, pour nous, est d’observer les comportements et d’identifier les occurrences où le Système est touché... On observera en commentaire de nos remarques introductives que c’est l’attitude de The Moon of Alabama telle qu’on l’a présentée : il n’y a rien à observer et encore moins à comprendre d’un point de vue du jugement de la politique et des projets des acteurs-Système, et notamment des USA, hors du “Je suis bien incapable de comprendre ce que font les Américains” de Pouchkov. Cette phrase se traduit simplement par le constat que les USA sont de plus en plus entraînés dans une politique-Système à laquelle ils ne comprennent rien eux-mêmes, et surtout pas qu’elle a une finalité autodestructrice marquée dans leur chef par un nihilisme et un développement contreproductifs d’une surpuissance qui a perdu tout sens. Dans tous les cas, l’hystérie générale, l’irresponsabilité des appréciations et des comportements, interdisent toute possibilité de précision en rendant cet exercice vain et futile ; bénie soit cette hystérie-là qui nous oblige à nous concentrer sur l'identification des occurrences où le Système est mis en cause.
Comme dans les situations crisiques paroxystiques désormais, les événements ont une fois de plus pris le commandement de leur propres destins, et une fois de plus avec une décision encore plus affirmée et des effets à mesure. Rien ne peut être dit de particulièrement intéressant dans le détail sur leur “politique”, sinon ce constat, qui n’est pas rien, du détricotage actif de tous les actes du Système, y compris de la narrative centrale qui est d’une pauvreté remarquable et suscite une mobilisation à mesure, – massive bien entendu, parce que les troupes, sinon les troupeaux-Système sont là, mais appuyée sur une conviction aussi mince qu’une couche de glace dans la débâcle du printemps ... Il importe enfin de prendre cette ferme position d’inconnaissance en cherchant à distinguer dans ce chaos où et comment se dégagent et se manifestent les forces hautes qui détermineront ce qu’il y a de fondamental dans la phase actuelle.
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