Israël et le JSF: paroles diplomatiques et ambiguës

Le cas de la position d’Israël par rapport au programme d’avion de combat JSF continue, par son ambiguité, à justifier toutes les spéculations. A l’été dernier, l’état-major israélien (dominé par l’armée de terre) avait annoncé la réduction radicale de l’intérêt des forces armées israéliennes pour le JSF, dans le bouleversement apporté par les enseignements du conflit de l’été 2006 avec le Hezbollah, avec réduction de la commande (de 100 à 25) et retardement de la livraison. Cette prise de position avait été très mal perçue par les USA, ce qui amena une contre-offensive médiatique et de relations publiques de Lockheed Martin (LM), avec le soutien du Pentagone. On put en voir l’effet dans plusieurs articles dans Aviation Week & Space Technology (AW&ST) du 17 décembre 2007.

Il s’agissait clairement d’une offensive d’information caractérisée évidemment et en toute logique par l’habituel recours à la désinformation implicite, chacun des intervenants devant tenir compte des positions d'autres pouvoirs hostiles au JSF. Il y était question entre les lignes (à peine) de 100 exemplaires et même plus alors qu’on en était à 25 précédemment, et une première livraison pour 2012 alors qu’on en était resté à 2016 et pas de commandes dans le plan quinquennal militaire 2008-2012. L’article principal (accès payant) annonçait (titre) : «Israel Wants JSF As Soon As Possible– The Israeli air force wants a squadron of F-35s quickly for first-day advantages in any conflict», puis précisait aussitôt : «Israel plans to keep its aerial domination of the Middle East intact, and that includes buying Lockheed Martin’s F-35 Joint Strike Fighter, accelerating its first deliveries, and deciding whose advanced equipment will be packed into the stealthy strike aircraft.»

AW&ST prenait soin de prendre ses sources là où cela importait, – chez des officiels de la force aérienne israélienne et chez LM: «“The plan is that we will get the F-35 as soon as it’s possible,” the senior IAF official says. He says the service will end up with more than 100 F-35s, but he would not confirm the size of the purchase or that Israel is asking that the initial delivery date be accelerated by two years to 2012. The IAF wants the JSF “the minute it is available.”»

Cette poussée de fièvre venait de la force aérienne israélienne et du Pentagone. Le gouvernement israélien a remis avec précaution les pendules à l’heure approximative lors d’une intervention toute en douceur de l’ambassadeur d’Israël à Washington. Il s’agit d’un subtil mélange de la réaffirmation de l’intérêt d’Israël pour le JSF et d’un délayage de toute précision quant au nombre, aux commandes et aux besoins de livraison. Sallai Meridor a fait ces déclarations lors d’un petit déjeuner avec la presse US de défense, et AFA Daily en rapporte quelques notes aujourd’hui.

«Israel’s Ambassador to the US predicts that his country will have a “significant need” for the capabilities that the F-35 Joint Strike Fighter offers, but he would not confirm that any formal request for airframes is on the way. “We are obviously interested, we have been in discussions with the [Bush] Administration on this matter,” Ambassador Sallai Meridor told reporters Tuesday at a Defense Writers Group breakfast. “I cannot tell you exactly how many and what configuration and when.” Israeli officials have said that the country is seeking around 100 aircraft to replace older F-16s in the Israeli Air Force.»

Mis en ligne le 27 février 2008 à 10H04