Israël, le sourire de BHO et son “manque de sympathie”

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Les effets et les résultats de la rencontre Obam-Netanyahou du 18 mai sont largement confus, selon les interprétations qui en sont présentées. Un texte intéressant à ce propos vient du site The World Tribune.com, en général proche des milieux dirigeants israéliens. Ce texte, publié le 25 mai 2009, met plusieurs points en évidence, dont certains sont d’un réel intérêt.

• L’ensemble est résumé par la première phrase de ce texte, suivie d’une autre observation dans le même sens: «Israel is bracing for what officials called a confrontational U.S. Policy. […] Officials said the Netanyahu government has been bracing for heightened tension with the Obama administration. They said the White House was leading a pressure campaign on the Jewish state to withdraw from parts of the West Bank in wake of Obama's scheduled address to the Muslim world on June 4.»

• Le texte se montre très pessimiste même vis-à-vis de l’attitude du Congrès, ce qui est un point nouveau. Le premier ministre israélien s’est en effet rendu au Congrès après sa rencontre avec Obama, où il a rencontré les principaux leaders parlementaires. La rencontre avait été, comme à l’habitude, largement préparée par le Lobby (l’AIPAC), selon la ligne habituelle de soutien à 100% du Congrès à la ligne dure du gouvernement israélien. Cette fois, le résultat a été notablement différent. Les dirigeants israéliens ont pu découvrir des milieux parlementaires notablement proches des positions de l’administration Obama. Cela confirme une impression surprenante déjà relevée, selon laquelle il semble bien que le Congrès, notamment les démocrates, n’aient pas grand’chose à redire à la nouvelle politique israélienne des USA qui se dessine avec Obama.

«Since then, officials said, Israel has been pressed by leaders of both the Democratic-controlled House and Senate to take measures against the 300,000-member Jewish community in the West Bank. The congressional leaders have warned the Netanyahu government that the United States was becoming impatient with Israel's policy of sustaining Jewish residential areas in the West Bank.»

• Il y a au moins une voix officielle qui confirme d’une façon publique cette mésentente entre le gouvernement israélien et Washington, au cours d’une interview télévisée le 23 mai. Sa citation dans ce texte a toute sa valeur, reflétant sous la forme d’une image volontairement adoucie le gouffre d’incompréhension qui s’est établi entre les deux partenaires: «“From the banks of the Potomac in Washington it is not always clear what the real situation here is,” Israeli Strategic Affairs Minister Moshe Ya'alon said. “This is where Israel must step in and help her ally understand the situation.”» Cela étant dit d’une façon fort diplomatique, le ministre des affaires stratégiques passe aux choses sérieuses en évoquant la visite de l’envoyé spécial d’Obama au Moyen-Orient, George Mitchell, après le discours “à l'intention du monde musulman” de ce même Obama début juin au Caire. Il semble que les Israéliens considèrent ce discours comme un tournant qui devrait officialiser la nouvelle position politique US vis-à-vis d’Israël.

«Still, Ya'alon did not rule out harsh American pressure during the next visit by U.S. envoy George Mitchell. Mitchell was expected to arrive in Israel soon after Obama's address to the Muslim world, issued in Cairo, Egypt. “We'll see whether their [U.S.] declarations become actual demands,” Ya'alon said. “We won't let them threaten us.”»

• Sans doute le passage le plus intéressant et le plus énigmatique est la citation ci-dessous, où est décrite l’attitude personnelle d’Obama. Il y a manifestement l’affirmation du sentiment général des dirigeants israéliens, comme celle des dirigeants juifs US qui soutiennent le Likoud, d’un sentiment d’une très grande méfiance vis-à-vis d’Obama. Le président US est perçu comme fondamentalement, viscéralement hostile à la politique israélienne, voire à Israël, d’une façon qui constitue un véritable procès d’intention des dirigeants israéliens contre lui et a toutes les chances de marquer leur perception de sa politique. (Cette remarque à propos de la rencontre Obama-Netanyahou, qui montre que les dirigeants israéliens estiment qu’Obama “ne les comprend pas”: «Obama listened and even smiled, but you could see he wasn't empathetic to our needs.») Le passage énigmatique de cette citation concerne “les conseillers juifs” de l’entourage d’Obama («his Jewish advisers»), qui sont paradoxalement mis en accusation, présentés comme jouant un rôle néfaste (du point de vue israélien) en encourageant Obama dans sa position dure vis-à-vis d’Israël. Qui sont ces “Jewish advisers”? On pense bien sûr à Rahm Emanuel, le secrétaire général de la Maison-Blanche, dont on avait vu la nomination comme le signe qu’Obama serait aligné sur une politique pro-israélienne sans faille, et qui pourrait être soupçonné, au contraire, de “trahir” ce qui était perçu comme un “engagement” de facto; ou/et à David Axelrod, actuel conseiller d’Obama après avoir été le chef de sa stratégie de la campagne électorale.

«Officials said the May 18 meeting between President Barack Obama and Prime Minister Benjamin Netanyahu did not lead to any agreements or understandings regarding either the West Bank or Iran. They said Obama, encouraged by his Jewish advisers, stressed that the U.S. aim to establish a Palestinian state would determine Washington's relations with the Jewish state.

»“Obama listened and even smiled, but you could see he wasn't empathetic to our needs,” an official said.»

Ce texte dégage une impression assez forte, bien sûr dans le contexte d'un ensemble d’impressions et d’observations qui, depuis des semaines, suggèrent un malaise très profond entre Washington et Israël. Il est en train de s’établir un climat de défiance, une mésentente psychologique considérable entre les deux partenaires. Cela constitue sans aucun doute un point d’une extrême importance. La confiance Washington-Tel Aviv fut, durant les années Bush, quelles que soient les décisions politiques, la pierre angulaire de l’entente serrée entre les deux pays. Cette confiance semble avoir volé en éclats.


Mis en ligne le 27 mai 2009 à 14H28