Kissinger, Poutine et l’Ukraine

Brèves de crise

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Kissinger, Poutine et l’Ukraine

Le vénérable Henry Kissinger, que d’aucuns désigneraient à cause de ses actes passés comme une “vénérable crapule”, est également homme d’expérience à qui il arrive encore de prendre la plume pour émettre quelque avis sur l’état des affaires courantes. Il l’avait fait en mars, dans le Washington Post, pour juger de la situation de la crise ukrainienne, et son propos se résumant à ce jugement qu’on retint en général, et qui s’exprimerait ainsi : “Démoniser Poutine n’est pas une politique, c’est plutôt le signe de l’absence d’une politique”. C’était déjà laisser entendre que, malgré la prudence qu’il a toujours montrée de ne pas trop s’opposer à la politique en cours (dito, la politique-Système suivie aveuglément), il avait quelques nuances bien défavorables à apporter sur ce cas ukrainien.

Lors de l’émission de Fareed Zakarias (“Fareed Zakarias GPS”), sur CNN, le 10 mai, il est allé un peu plus loin dans un passage de la conversation qu’il a eue avec son hôte, membre éminent de l’establishment (Zakarias, membre du CFR, est un globaliste impeccablement aligné sur le Système). Dans ce passage, relevé le même 10 mai 2014 par Global Public Square, Kissinger affirme nettement, avec les prudences de langage d'usage, que Poutine n’est en rien responsable de la crise ukrainienne, qu'il ne l'a certainement pas suscitée, qu’il n’a fait que réagir aux événements de cette crise d’une façon conséquente avec sa position de dirigeant de la grande puissance qu’est la Russie. Cela revient indirectement à désigner les vrais coupables de la crise, dans une autre direction qu’à l’Est mais plutôt à l’Ouest de l’Ukraine, vers notre cher bloc BAO. Pas de surprise certes, mais il est toujours intéressant qu'un Kissinger-“vieille crapule” exprime effectivement ce jugement.

Henry Kissinger : «One has to ask oneself this question: He [Poutine] spent $60 billion on the Olympics. They had opening and closing ceremonies, trying to show Russia as a normal progressive state. So it isn't possible that he, three days later, would voluntarily start an assault on Ukraine. There is no doubt that…»

Fareed Zakaria : «So to explain. You're saying you don't think this was a plan. You think he reacted to events that he saw as spiraling out of his control?»

Henry Kissinger : «Yes. I think at all times he wanted Ukraine in a subordinate position. And at all times, every senior Russian that I've ever met, including dissidents like Solzhenitsyn and Brodsky, looked at Ukraine as part of the Russian heritage. But I don't think he had planned to bring it to a head now. I think he had planned a more gradual situation, and this is sort of a response to what he conceived to be an emergency situation. Of course, to explain why he did it doesn't mean one approves of annexing part of another country or crossing of borders. But I think we ought to settle the Ukraine issue first, and then have a discussion about relations with Russia.»


Mis en ligne le 15 mai 2014 à 05H41