L’affaire Helen Thomas

Ouverture libre

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 1149

L’affaire Helen Thomas

Il n'est définitivement pas possible d'émettre la moindre critique contre Israël. Même pour une journaliste reconnue et jusqu'ici respectée. Helen Thomas (http://fr.wikipedia.org/wiki/Helen_Thomas), âgée de 89 ans, était la doyenne des correspondants de presse à la Maison Blanche où elle avait commencé à travailler au début du mandat de John F. Kennedy. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de George W. Bush, il était de tradition qu’elle soit assise au premier rang et pose la première question. Elle fermait également les conférences de presse par un «Thank you, Mr. President».

Elle a tenu des propos pour le moins iconoclastes au sujet des Israéliens à la suite d’une cérémonie qui s’est tenue le 27 mai à la Maison Blanche en l’honneur de “l’héritage juif américain” :

«Dites-leur [aux Israéliens] de foutre le camp de la Palestine. Souvenez-vous que ces gens-là [les Palestiniens] sont occupés et qu’il s’agit de leur terre, que ce n’est pas l’Allemagne ni la Pologne. Les citoyens juifs de l’État hébreu “peuvent rentrer chez eux, en Allemagne, en Pologne, en Amérique et n’importe où ailleurs”.»

David Nesenoff qui l’interviewait est journaliste et rabbin. Pro-israélien, il a fondé le site RabbiLive.com.

Ce qui est étrange dans cette affaire est que le journaliste ait attendu près d’une semaine pour faire diffuser cette interview (http://www.youtube.com/watch?v=nc4OeRu7cfs), surtout que Helen Thomas était connue pour ses positions critiques pour tout ce qui concerne la politique US au Moyen-Orient. L’interview s’est tenue quatre jours avant l’attaque israélienne contre la flottille qui naviguait en direction de Gaza, mais le journaliste n’a diffusé sa vidéo que bien après. Curieux et bien peu professionnel lorsqu’on tient un scoop de ce calibre.

Ce qui est tout aussi étrange est le contraste entre le ton badin de l’interview et les cris d’orfraie qu’il pousse depuis que sa vidéo ait fait le buzz et ainsi ait contribué à détourner l’attention du sujet principal du moment : l’attaque israélienne sur la flottille.

Peut-être les propos tenus par Helen Thomas (http://oumma.com/L-affaire-Helen-Thomas>D>) en conférence de presse le 1er juin ont-ils été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase :

«“Quelle est cette relation sacro-sainte, coulée dans le bronze, avec un pays assassinant délibérément des gens?”. Sourire crispé, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, élude tant bien que mal la question indélicate de Helen Thomas. Ce mardi 1er juin, au lendemain de l’attaque meurtrière d’un convoi humanitaire par Israël, l’insolente journaliste surenchérit lors de ce briefing portant sur une actualité brûlante : “Notre réaction initiale à ce massacre contre une flottille, un massacre délibéré, un crime international, a été lamentable”. Avant d’enfoncer le clou: “Que veut donc dire votre ‘nous regrettons’, lorsque quelque chose devrait être condamné avec la dernière énergie ? Et si n’importe quel autre pays dans le monde avait fait ça, ça serait déjà la mobilisation générale, chez nous!”»

Face aux critiques venant de toutes parts et en l’absence de soutien, Helen Thomas a dû s’excuser et démissionner de son poste. L’AFP (http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5g9IC2lCA2tRUHwM-jEXEDYPRME9w) rapporte notamment :

«Interrogé lundi sur cette affaire, M. Gibbs a indiqué ne pas avoir “directement parlé” avec le président Obama à ce sujet, mais a estimé que “ces déclarations étaient choquantes et répréhensibles”.

«“Je pense qu'elle a eu raison de présenter des excuses, parce qu'évidemment ces déclarations ne reflètent certainement pas l'opinion de la plupart des gens ici, et certainement pas celle de l'administration Obama”, a ajouté M. Gibbs.»

L'association des correspondants de la Maison Blanche a pour sa part qualifié les propos de Mme Thomas d'«indéfendables», et souligné que les journalistes «qui connaissent Helen depuis des années ont été attristés par ces déclarations», tout en rendant hommage à une «pionnière».

Aux USA, il n’y a pas que les politiques (Congrès, Chambre des Représentants, Maison Blanche) qui soient aux ordres du lobby israélien. Le milieu journalistique l’est tout autant et la tendance n’est pas à l’amélioration.

Bilbo