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862De nouvelles statistiques présentées par le U.S. Army Surgeon General montrent une aggravation considérable des conditions psychologiques des forces armées US au combat. En quatre ans, le nombre de cas de soldats au combat (U.S. Army et Marine Corps) affectés par des troubles psychologiques graves, ou PTSD (Post Traumatic Stress Disorder), a été multiplié par dix: de 1.020 soldats de l’U.S. Army et 206 Marines en 2003, à 10.049 et 2.114 respectivement en 2007. (A noter que ces chiffres portent sur des situations où les deux principales guerres étaient complètement engagées.) Bien entendu, ce constat doit être placé dans la logique des récentes révélations sur la situation des vétérans des guerres d’Irak et d’Afghanistan, avec le nombre très élevé de suicides.
Le site WSWS.org publie une analyse de ces nouvelles statistiques le 29 mai.
«American military personnel deployed to Iraq or Afghanistan are being diagnosed with Post Traumatic Stress Disorder (PTSD) in rapidly increasing numbers, according to statistics released on Tuesday by the US Army Surgeon-General.
»In 2003, 1,020 army personnel and 206 marines were diagnosed while on deployment. The figures had climbed to 6,876 and 1,366 by 2006. Last year, PTSD cases leapt to 10,049 and 2,114—ten times the number before the Bush administration launched the invasion of Iraq in 2003.
»Including Navy and Air Force cases, 39,366 members of the US military were officially diagnosed as suffering from the debilitating illness between January 1, 2003 and December 31, 2007, during their deployment in Iraq or Afghanistan.»
Ces chiffres impressionnants semblent pourtant notablement en-dessous de la réalité. L’article détaille les insuffisances de traitement, les diverses mesures existantes pour diminuer la réalité apparente de ce problème, etc. Le Surgeon General, le lieutenant général Eric Schoomaker, semble effectivement reconnaître cette situation, comme le montrent ses réactions à une question qui lui a été posée à propos d’un récent (avril 2008) rapport de la RAND Corporation concluant à l’existence d’au moins 320.000 cas de soldats affectés par le PTSD. Ce rapport indique que nombre de soldats ou de vétérans touchés ne font pas l’objet de soins médicaux (le chiffre de 150.000 est cité), par insuffisance de moyens médicaux et par absence d’accompagnement médical de la part des autorités, et ne sont donc pas recencés officiellement.
«The Army Surgeon-General, Lieutenant General Eric Schoomaker, did not comment on the Rand findings, but he did admit that the official tally of PTSD cases is most likely only the tip of the iceberg. He told journalists on Tuesday: “I think we’re still in the infancy of fully knowing how to track it [PTSD].”
»Indicating that he believed that the number was far higher, Schoomaker underscored the relationship between combat deployment and serious mental illness. “We know that human beings exposed to that environment are susceptible to developing symptoms. Soldiers are human beings and they are subject to extreme stress,” he said.»
L’analyse générale de ces conditions met aussi en évidence le rapport direct entre la réduction des pertes au feu à cause d’une protection très améliorée et renforcée des soldats, et l’augmentation des troubles psychologiques. Le nombre élevé de déploiements au combat pour les soldats est également cité, bien entendu, comme une cause de cette situation.
Ces précisions confirment le caractère très particulier, très spécifique, de ces guerres en Irak et en Afghanistan, particulièrement pour les soldats US. Les améliorations au niveau de la sécurité et de la protection des soldats, qui se payent souvent par une agressivité beaucoup plus grande vis-à-vis de l’environnement, des habitants des pays concernés, de la situation générale de ces pays, etc., semblent effectivement accroître considérablement les pressions psychologiques sur les soldats tout en les rendant plus vulnérables à ces pressions. On rejoint l’habituel constat qu’on fait, à propos des conditions de combat des forces US, comme à propos des USA eux-mêmes. Une séparation très grande des conditions extérieures locales, un refus des contacts avec ces conditions locales, avec les habitants et leur culture, etc., toutes ces conditions isolent les soldats US et les rendent très vulnérables aux pressions psychologiques. De même, cette protection et cet isolement conduisent les adversaires des soldats US à développer des méthodes d’attaque très violentes, privilégiant l’attaque par surprise, ce qui accentue encore les conditions de pression psychologique.
On voit renforcées et confirmées les diverses appréciations faites jusqu’ici concernant cet aspect des conflits en cours. Les conditions “postmodernes” choisies par les USA pour mener leurs guerres conduisent à la création de nouvelles conditions de guerre, avec notamment ces effets psychologiques dévastateurs, d’une telle ampleur qu’on peut effectivement parler d’une nouvelle sorte de guerre. La caractéristique de ces conflits, qui s’apparentent d’une façon ou d’une autre à la catégorisation de “guerre de 4ème génération” (G4G), est bien entendu que la puissance moderne et les technologies avancée des armées occidentales (US) sont loin de constituer l’atout décisif qu’on a l’habitude d’en faire, qu’ils constituent même, de plus en plus souvent et de plus en plus nettement, un “atout contre-productif” en provoquant des conditions et des réactions très dommageables pour ces forces armées.
Mis en ligne le 30 mai 2008 à 06H32