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656C’est une circonstance de plus où le souffle nous en est coupé. C’est une époque saccadée, qui vous coupe le souffle à chaque instant, à lire les extraordinaires péroraisons orwelliennes et virtualistes à répétition de sapiens-Système, qui écarte comme une incongruité infâme la mémoire de ses propres mystifications pour pouvoir condamner faussement, au nom d’attendus complètement faussaires et vécus en toute sincérité comme autant de vertus, ceux que le Système désigne à leur vindicte. La confusion est si grande, la tentative, qu’on ne peut même plus qualifier de mystificatrice car elle fait plutôt partie d’un automatisme pavlovien, si grossière, qu’en vérité le Diable ne cesse d’en rire encore et finira par en mourir de rire.
Il s’agit de l’intervention de Judith Miller, celle du New York Times de 2002, célèbre pour ses articles documentant les armes de destruction massive que Saddam n’eut jamais. Elle condamne Julian Assange pour “mauvais journalisme”, parce qu’il ne recoupe pas ses sources (qui sont des documents authentiques, livrés comme tels et reconnus comme tels par tous), alors qu’elle-même, bonne journaliste, recoupa avec une conscience professionnelle remarquable les canards mystificateurs et montages divers que lui livrèrent ses “sources” pour justifier l’attaque de l’Irak. Pour Miller, l’essentiel est que le mensonge soit le même partout, recoupé, vérifié et ainsi de suite.
Cette histoire rocambolesque d’impudence et d’anti-mémoire plutôt que de mémoire courte est rapportée par RAW Story le 2 janvier 2011. Le texte donne tous les liens de références nécessaires.
«A former New York Times reporter assailed for her incorrect reports about Iraq's purported weapons of mass destruction is criticizing Julian Assange for being a “bad journalist.” Judith Miller took on the WikiLeaks founder during an appearance on Fox News Watch Saturday, arguing that Assange was a bad journalist “because he didn't care at all about attempting to verify the information that he was putting out, or determine whether or not it hurt anyone.”
»For many critics of the war in Iraq, that claim is likely to set off irony alarms. Miller has become famous for being the author of a 2002 New York Times article – now debunked – suggesting that Saddam Hussein had an active nuclear weapons program. “Mr. Hussein's dogged insistence on pursuing his nuclear ambitions, along with what defectors described in interviews as Iraq's push to improve and expand Baghdad's chemical and biological arsenals, have brought Iraq and the United States to the brink of war,” Miller wrote.
»Senior Bush administration officials would soon use the article to argue for an invasion of Iraq.
»Lying exile grifter Ahmad Chalabi fed her the worst of the nonsense designed to push America into toppling Saddam Hussein (and giving Iraq to him), and she pushed that nonsense into the newspaper of record. She got everything wrong, and for some insane reason, she remained employed at the Times until 2005, when she negotiated her separation from her longtime professional home.
»As the Crooks and Liars blog points out, Miller once defended her reporting with the argument that it is not a journalist's job to verify – only to report inform readers of what they had been told. “[M]y job isn't to assess the government's information and be an independent intelligence analyst myself. My job is to tell readers of the New York Times what the government thought about Iraq's arsenal,” she said. […]
«Miller made her comment about Assange while arguing that organizations like WikiLeaks are part of the “new journalism” of the digital age. “This is part of the new journalism,” she said. “Everybody's just got to get used to it. If you have that much information, most of which is over-classified – if the waste basket in the office is classified, someone's going to leak it,” she said.»
La philosophie de Miller est parfaitement établie. L’éthique du métier de journaliste consiste à vérifier et à recouper une information, pour avoir la confirmation que le mensonge (puisque “information” égale mensonge) est bien le même partout. Celui qui livre une information reconnue comme authentique par sa forme même (un câble diplomatique) sans la “recouper” commet un manquement à l’éthique professionnelle. Il s’agit bien d’une philosophie mécaniste, où ce qui importe est le processus de la chose, le fond lui-même étant de la responsabilité du Système. Nul ne peut dénier que Miller ne soit pas logique, et parfaite appointée du Système, de cette nouvelle catégorie humaine qui mériterait l'institutionnalisation de sapiens-Système. [Nous incluons volontiers cette expression de “sapiens-Système” dans la nomenclature de dedefensa.org ; nous ne manquerons pas d'en user abondamment.]
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