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1197Alors qu’on se dirige paisiblement vers la nomination des toutes nouvelles autorités de l’UE conformément au traité de Lisbonne, quelques remarques nous ont été faites, d’une source européenne, concernant l’orientation, ou disons l’esprit de la politique extérieure européenne. Cette source observe que l’échec quasiment acquis de Tony Blair d’obtenir un des deux postes de direction (présidence ou Haut-Représentant, sorte de ministre des affaires étrangères) n’empêche nullement que la tendance que représente ce même Tony Blair sera très présente dans cette direction européenne.
@PAYANT Officiellement, on dit bien sûr que la candidature de Tony Blair n’est pas souhaitable à cause des conditions que connaît son pays, l’absence britannique de l’euro, de l’espace Schengen; il s’agit des argument “politiquement corrects” habituels. En réalité, observe notre source, dans les conversations de couloir dans les milieux institutionnels européens, nul n’ignore et personne ne cache que c’est le rôle de Blair dans la guerre en Irak qui a joué à fond contre sa candidature. Il y a à cet égard une situation paradoxale. «Ce qu’il faut voir, dit notre source, ce sont les influences d'ores et déjà en place qui vont s’exercer pour orienter cette politique extérieure, quelles que soient les nominations qui vont être faites; c’est intéressant, parce que ces influences vont toutes dans le même sens, qui est effectivement celui des conceptions qui ont conduit la politique de Blair dans la question irakienne…»
Trois personnalités doivent être prises en compte pour définir cette influence. D’une part, il y a le président de la Commission européenne, Barroso, qui a un rôle dans cette politique extérieure; Barroso, qui était Premier ministre portugais lors du déclenchement de la guerre en Irak, et qui soutint celle-ci à 100% (on se rappelle de la rencontre Blair-Bush des Açores, avec participation anecdotique d’Aznar, organisée par Barroso, juste avant le déclenchement des hostilités). «D’autre part, ce qui compte également, c’est l’échelon juste en-dessous du Haut représentant qui va être nommé, qui assurera le contrôle de l’énorme service commun extérieur qui est en train d’être mis en place. Cet échelon comprendra une direction constituée de Joao Vale de Almeida et de Robert Cooper. Ces hommes sont de la même tendance.»
Almeida est un homme de Barroso, venu de son cabinet, et effectivement de la même tendance que le président de la Commission. Robert Cooper, actuel n°2 de Solana, ancien inspirateur de Blair, est également de la même boutique, encore plus extrémiste si possible. Ainsi aurait-on, comme groupe de soutien et de contrôle de la politique extérieure de l’Europe, une unité de conception assez remarquable se rapprochant nettement de la tendance Blair, inspirée par les néo-conservateurs US.
Bien entendu, cette tendance n’a aujourd’hui plus aucun crédit et la situation générale, notamment avec le déclin des USA et une politique extérieure US plus qu’hésitante, avec l’affirmation de divers pôles alternatifs (notamment les pays BRIC), ne lui est absolument pas favorable. L’appréciation de l’évolution politique par des membres de cette tendance, comme Cooper vis-à-vis de la Turquie, montre une vision effectivement complètement dépassée et désorientée.
Quelles peuvent être les conséquences de cet état de fait? «Oh, c’est assez simple, observe notre source. Encore plus de paralysie et encore plus de heurts avec certains Etats-membres.» En fait, il est possible que la présence d’hommes de cette tendance qui n’a plus guère de moyens de s’exprimer ait un effet paradoxal et, selon certains jugements qu’on pourrait avoir, paradoxalement bénéfique. Cette situation accentuerait effectivement les possibilités de paralysie et les querelles internes entre les institutions et les Etats-membres, par conséquent elle entraverait encore plus une politique extérieure dont il apparaît chaque jour de plus en plus évident que l’Europe à 27 est incapable de la formuler, encore moins de l’assumer et de la conduire à bien. L’orientation européenne, quand elle s’appuie sur cette sorte de radicalisme d’inspiration néo-conservatrice rescapé d’une autre époque, se traduit en bavardages insignifiants et aboutit rapidement à une marginalisation de l’Europe en tant que telle au profit de certains de ses Etats-membres (cas des relatins avec la Russie). Cette orientation devrait donc compléter le désordre que la composition même du “service diplomatique commun” de l’Europe du traité de Lisbonne va susciter. C’est une façon comme une autre, même si involontaire, de saboter un traité qui constitue évidemment, après l’abandon de la Constitution, l’archétype de la méthode courante de tromperie de l’Europe institutionnelle.
Mis en ligne le 13 novembre 2009 à 06H15
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