Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1397C’est une étrange aventure, celle de ce traité de libre-échange Ukraine-UE, dont le refus de Ianoukovitch de le signer en novembre 2013 mena à sa chute, et qui est à nouveau soumis à la signature du pouvoir de Kiev, lequel s’empresse de commencer à signer, pour-cent par pour-cent ... Le pouvoir légal ukrainien a refusé de le signer, le pouvoir illégal s’empresse de parapher. L’aventure continue, avec toute la légalité de l’UE qui lui permet de juger de la légalité du du référendum de Crimée.
Hier à Bruxelles, le Premier ministre ukrainien, Arseniy Yatseniouk dit Yatse dans le code-express et neocon de Victoria Nuland-Fuck et qui semble être devenu résident bruxellois, a signé 2% du traité, soit 21 des 1 378 pages de la chose monstrueuse. Cette signature partielle, étonnant engagement pour 2% d’un traité, est considérée comme un symbole de l’engagement de l’Ukraine dans l’UE et vice-versa, – ceci, selon von Rompuy, l’héroïque président de l’UE : «The refusal to sign the association agreement with the European Union created a popular uprising, a political and cultural shift. We pay tribute to those who gave their life for freedom … [The signature] is a sign of our solidarity».
EUObserver, du 21 mars 2014 nous apporte des précisions indispensables sur cet acte : «EU and Ukrainian leaders have described as “historic” the signature of what amounts to 2 percent of an association and free trade treaty. The 28 EU Prime Ministers and Presidents, Ukraine’s interim PM, and top EU officials in Brussels on Friday 21 March put ink on the same accord that was rejected by ousted Ukrainian chief Viktor Yanukovych last November. [...]
»In concrete terms, Friday’s signature covers 21 out of the 1,378 pages (excluding annexes and protocols), or some 2 percent, of the full accord. The 21 pages contain a preamble, some general principles for bilateral relations, and plans for joint foreign and security policy, for instance, on arms proliferation. They also bind the EU to respect Ukraine’s “territorial integrity.” The other 1,357 pages – a far-reaching alignment of Ukrainian commercial law and standards with the EU rulebook, or acquis – are to be signed on an uspecified date after Ukraine’s presidential elections on 25 May.»
On notera ces commentaires désappointés de certains diplomates de l’UE, qui craignent le désappointement chez les Ukrainiens, et qui le craignent avec un incontestable sens de bravoure éclairant d’une lumière imprévue leurs âmes qu’on ignorait si héroïques, – héroïques pour pour eux, ces braves Ukrainiens, qui moururent pour l’UE, comme on le sait .... «People have died for the EU, and this is the solution we come up with...» (Honte sur notre civilisation.)
Nous allons être, nous, plus terre-à-terre. Ce qu’on ignore en général de ce document de 1 357 pages, que peu de personnes ont lu et qu’une source qui nous est aimable et nous veut du bien a parcouru, c’est qu’il contient de nombreuses références et dispositions à une coopération militaire entre l’UE et l’Ukraine, couvrant divers domaines logistiques, de l’entraînement, voire d’une certaine coordination et intégration des forces ukrainiennes avec celles de l’UE. Cette “dimension militaire“ est complètement passée sous silence, les bureaucrates de Bruxelles ignorant complètement en général la dimension militaire de cette crise. Si elles ont été inclues dans le traité, estime notre source, c’est par simple réflexe bureaucratique de rentabilisation économique, et nullement selon le projet d’un vaste complot ...«Il n’empêche, ces clauses existent, et elles ne seraient pas différentes de ce que serait un accord avec l’OTAN conduisant à une intégration». Notre source observe également : «Si le traité avait été signé en novembre 2013, il y aurait certainement eu une réaction brutale des Russes devant ces clauses militaires, voire une crise !»
... Cela nous conduit à la remarque que tout indique qu’il n’y a aucune raison pour que les Russes n’aient pas cette réaction lorsque le traité complet sera signé, quelque part après l’élection du 25 mai. (Puisque, fort démocratiquement et de façon très légale comme le montre la pré-signature des 2% du traité, la clique de Kiev et celle de l’UE sont capables du don de double vue : ils sont assurés que le président élu le 25 mai, quel qu’il soit, signera effectivement le traité, à 98% cette fois. Démocratie et légalité, certes.)
Mis en ligne le 22 mars 2014 à 14H59