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210429 août 2012 – Dans notre F&C du 27 août 2012, nous annoncions une analyse pour tenter de donner une explication psychologique de l’opérationnalité de cette “pensée” absolument vide et nihiliste, – encore plus vide que nihiliste, – que produisent désormais en très grande série nos élites et directions politiques du bloc BAO ; laquelle “pensée” engendre une “politique” à mesure qui, confrontée à la vérité du monde, engendre de façon très naturelle, comme poussent les fleurs au printemps, désordre, chaos, contradictions, antagonismes internes, absurdités et, en général, un extraordinaire appauvrissement de l’esprit et une fatigue psychologique confinant à l’épuisement total. Le cas envisagé était celui des relations stratégiques nucléaires entre les USA et la Russie, désormais conduites par ce phénomène extraordinaires (l’“agression douce” et tout ce qui va avec). Il y a une multitude d’autres cas (on en verra plus loin), nécessairement puisque toute “politique” de quelque importance est aujourd’hui influencée décisivement par un phénomène psychologique spécifique.
Nous pensons en effet qu’il est nécessaire de rechercher une explication psychologique structurelle pour le comportement de nos dirigeants politiques dans les crises actuelles, – essentiellement sinon exclusivement, on s’en doute, les dirigeants politiques des pays du bloc BAO. Cette recherche, en plus d’enchaîner sur le F&C du 27 août 2012, vient en complément du F&C publié le 11 juin 2012 sur l’affectivité, disons comme la description structurelle du cadre psychologique qui permet l’expansion de cette affectivité dans la politique aux dépens d’une raison totalement subvertie par le Système (disons une raison-Système, à laquelle se raccroche le malheureux sapiens-standard). Nous tentons de décrire la forme psychologique permettant cette aberration politique et générale, et, au-delà, l’abaissement supplémentaire intellectuel et conceptuel des directions politiques du bloc BAO à un domaine proche de la vacuité ; et aussi, bien entendu, la confusion, le chaos des actes politiques et de leurs effets qui couronnent cette évolution catastrophique.
Cette recherche d’une explication psychologique nouvelle est devenue pressante depuis à peu près 2009-2010, et encore plus depuis le “printemps arabe” (commencée en décembre 2010). Cet évènement a notamment suscité la crise libyenne, trop rapide pour rendre le problème qui se pose à nous ni trop pressant ni trop visible ; le comportement psychologique impliqué n’a pas été trop marquant en raison de la rapidité des évènements. Dans cet ordre d’idée et cette sorte de crise, le “printemps arabe” a surtout suscité la crise syrienne, évènement beaucoup plus long et non encore résolu selon les normes du Système bien que fort influencé dans ce sens (résolution de l’événement par des conditions catastrophiques pires que celles de l’événement lui-même). Le cas syrien met par conséquent, et sans surprise, cette caractéristique psychologique de plus en plus en évidence.
Bien entendu, le phénomène ne s’est certainement pas cantonné, ni à la crise syrienne, ni à au “printemps arabe”. Mis en évidence surtout par ces évènements précis, il touche évidemment tous les évènements en général, ceux traités par les directions politiques BAO puisqu’il s’agit d’un nouveau caractère psychologique. Il touche la crise iranienne (et, très récemment, la perception BAO du sommet NAM en Iran) ; il touche (on l’a vu) la crise des relations avec la Russie, qui est la principale force à s’opposer à ces directions politiques ; etc. Il n’est pas du tout dépendant d’une de ces situations de force habituelles, comme l’hégémonie de l’un des membres du bloc (USA) sur les autres mais constitue un phénomène collectif désormais marquant de ces directions politiques. A cet égard, la chose confirme la nouvelle configuration du bloc BAO, selon laquelle l’empire du Système écrase tout le reste, écartant les habituels rapports de sujétion qu’on a connus (les autres par rapport aux USA, – voir notre F&C du 23 juin 2012).
Nous allons rappeler des exemples précis de ce phénomène psychologique, de ce caractère psychologique nouveau auquel nous affectons le néologisme dont nous nous expliquons plus loin de “infraresponsabilité”. Les deux premiers sont rapportés dans un seul texte (le 13 juillet 2012), qui se réfère lui-même à un autre texte du 12 juillet 2012 :
«…Enchaînant sur cette citation, et la complétant, – “I take great pride in the fact that… […] I’ve been involved in an issue of global concern”, – on observe que la question du nucléaire iranien ne semble décidément pas être traitée comme une question “nationale”, où joue le principe de la souveraineté, mais comme une question “de préoccupation globale”, ce qui sonne bien différent et fait bon marché de cette souveraineté-là. Cela rejoint en un sens, nous voulons dire dans le sens de la tournure de l’esprit, tourné et retourné jusqu’à ressembler à une tournure qui serait un pentagone à trois côtés, aux remarques que nous iretranscrivions le 12 juillet 2012, concernant la très prochaine probable-certaine attaque-par-surprise de l’Iran, dont on nous avertirait à l’avance et qui n’est d’ailleurs pas une attaque de l’Iran, il faut d’ores et déjà le savoir, mais une attaque de quelque chose de la sorte d’une “préoccupation globale” qui, par définition, puisque c’est “global”, n’est pas du domaine de la souveraineté de l’Iran :
»“We would give Iran advanced warning that we will damage and likely destroiy its nuclear facilities. It is not an act of war against Iran, the Iranian people or Islam. It is a pre-emptive attack solely against the nuclear facilities and the military targets protecting them. We will take extraordinary measures to protect against collateral damages.”»
• Dans les deux cas envisagés, qui sont celui du directeur du MI6 expliquant les interventions illégales de son service en Iran et du planificateur anonyme nous annonçant comment va se faire l’attaque contre l’Iran, on observe combien les faits eux-mêmes, respectivement avérés et annoncés précisément, sont détachés de leur objet identifié (dans ce cas, identifié par rapport à une nation, donc à une entité souveraine). La responsabilité fondamentale de l’acte est donc transférée à un concept extérieur, – ou disons, arbitrairement et grossièrement “supérieur”, en ayant soin d’enlever au qualificatif toute qualité pour en garder l’aspect faussaire du concept, bien entendu ; il s’agit bien de l’infraresponsabilité. La responsabilité des acteurs est réduite à l’opérationnalité et l’infraresponsabilité les exonère de toute vraie responsabilité. Même si l’acte semblerait formellement condamnable par rapport aux lois internationales, l’infraresponsabilité dit que non ; ainsi, ceux qui ont conçu, préparé et exécuté l’acte, non seulement ne sont pas coupables, mais n’en sont pas vraiment responsables ; d’ailleurs, l’on sent bien qu’ils ne se sentent ni coupables, ni responsables…
• Un troisième cas concerne la question que nous synthétisons sous l’expression d’“agression douce”, particulièrement contre la Russie, avec la prolifération d’ONG financées par le bloc BAO et se transformant en machines, non seulement d’opposition mais de subversion, sous couvert d’humanitaire. A propos du comportement de l’ambassadeur US à Moscou McFaul, spécialiste de cette désormais fameuse industry of regime change, nous avions développé quelques remarques, le 15 juin 2012. (On y trouve effectivement une tentative de définition du concept d’“agression douce”.) Nous retrouvons cette même démarche de renvoyer la responsabilité fondamentale de l’acte à quelque chose d’extérieur/“supérieur”, qui se trouve hors d’atteinte de toute appréciation critique ou autre. Nous écrivions notamment ceci, où l’on constate à l’instar des cas précédents que McFaul constate (plutôt qu’“explique”), sans s’attarder sur la chose, que l’action antirusse qu’il développe n’est pas spécifiquement de sa responsabilité ni spécifiquement antirusse puisqu’elle renvoie à un “concept global” qui le dépasse évidemment, qui assure l’aspect extérieur/“supérieur” du phénomène d’infraresponsabilité :
«…On a d’ailleurs souligné l’intérêt de ce point, du fait de certains services du département d’État coopérant avec les Russes, jusqu’à leur transmettre des données normalement secrètes (les donations US à des organisations russes d’opposition) faisant partie d’un plan subversif anti-russe. Cela signifie simplement que le programme de “the industry of regime change” est hors de contrôle du gouvernement, même si certains services de ce gouvernement collaborent à fond à ce programme. (On retrouve la fragmentation totale du pouvoir postmoderne, et l’impossibilité d’un contrôle centralisé à cet égard.) Dans ce cas, la dernière phrase citée de McFaul est encore plus stupéfiante quant au fonctionnement de la chose : “He said that US sponsoring of NGOs was a global concept and was not aimed at affecting Russia’s affair…” On comprend donc que ce “concept global” des ONG, qui vit de sa propre vie et de sa propre dynamique, n’est pas dirigé contre la Russie mais “global”, – ce qui signifie, si l’on observe les réalités, qu’il n’est pas dirigé contre la Russie spécifiquement mais que la Russie fait partie des objectifs puisque le concept est “global” et, donc, que tout y passe, y compris la Russie… Il n’y a aucune raison de ne pas prendre cette observation à sa réelle valeur, alors que tous les évènements la confirment. Le “concept global” des ONG est un programme-Système, qui est lancé par l’intermédiaire des ONG et d’ailleurs suscité par ces mêmes ONG considérées comme regroupées en une entité-Système contre le principe de la souveraineté nationale, contre le Principe en général, au nom de la communication-Système (démocratie, droits de l’homme, bla, bla bla) ; le gouvernement US le soutient quasi-mécaniquement, sans que les autorités ou des services attenants y soient impliqués, ni même ne réalisent sur l’instant ses effets contre-productifs avant d’y être confrontés (d’où la collaboration de certains services du département d’État avec les Russes, quand il s’avère très contre-productif d’interférer gravement sur les relations normales avec la Russie à cause de ce programme). Quand à McFaul, c’est l’ambassadeur du “concept global”-Système des ONG (dans ce cas, avec la précision du “concept global” développé par le Système, essentiellement à partir des USA), bien plus que l’ambassadeur des USA ; McFaul, ambassadeur du Système à Moscou…»
• Le dernier cas et cas syrien est exceptionnel pour notre propos… Bien sûr, ne nous intéressent ici nullement politique, stratégie, rationalité du conflit dont nous doutons d’ailleurs grandement, et bien évidemment, de l’existence. Nous avons déjà exprimé quelques avis généraux dans ce sens (le 2 avril 2012, le 29 mai 2012, le 4 juin 2012 et, surtout, le 11 juin 2012), observant d’abord que ce conflit est d’une telle confusion et d’une telle incohérence qu’on pourrait avancer qu’il n’y a pas de conflit au sens organisé que suppose ce concept. Le dernier texte référencé surtout, sur l’intervention de l’affectivité dans les diverses décisions du bloc BAO concernant la Syrie, est pour nous, comme nous l’avons déjà dit plus haut, significatif et garde toute sa valeur.
Les plus récents “évènements” du “conflit” (syrien) nous confortent dans ce jugement. Le terme “événement” est, également, aussi douteux que le terme “conflit” selon l’emploi qu’on en fait généralement. Diverses interventions venues du côté russe, du ministre Lavrov précisément (voir le 6 février 2012, le 17 juillet 2012 et le 26 juillet 2012), nous confirment que la Russie, principal acteur du drame chaotique qu’est la crise syrienne, penche de plus en plus pour cette analyse ; de plus en plus, la Russie analyse la situation en termes de pathologie psychologique, ou en termes psychiatriques. (Pour autant, il n’est pas assuré qu’elle [la Russie] soit prête à accepter les conséquences d’un tel constat et à les assumer. C’est un problème “opérationnel” d’une extrême importance.)
Dans ce cas également, mais d’une façon générale bien plus large et puissante que les deux cas précédents à cause de la puissance extraordinaire et complètement inattendue de cette crise, on observe un étrange découplage et une sorte de dissolution dans le chef de la psychologie des “acteurs” du bloc BAO, qu’il serait plus approprié de désigner comme des êtres emprisonnés par ce caractère étrange de leur psychologie. Alors qu’elle ne devait être que secondaire et accessoire au départ, la “crise” elle-même est devenue “puissante” à cause de ces conditions complètement inhabituelles de la psychologie.
On observera qu’à nouveau, l’ambassadeur McFaul peut être tenu comme un “cobaye” d’excellente facture pour cette démarche qu’on tente de décrire ici, en lui mettant une correspondance dans un caractère psychologique. On le vit, le 30 juillet 2012, avec cette déclaration extraordinaire de McFaul («“En réalité, nous ne soutenons aucun groupe impliqué dans le conflit syrien. Nous ne sommes pas hostiles aux Syriens qui soutiennent el-Assad. Ce n'est pas notre combat. Nous plaidons pour les négociations… […] Nous ne cherchons pas à déstabiliser Syrie. Nous ne voulons pas la chute de l'Etat syrien. […] Nous partageons l'objectif du gouvernement russe: prévenir la désintégration de l'Etat syrien”…»). Nous ajoutions que McFaul aurait tout aussi bien pu servir la phrase signalée plus haut, de lui-même, à propos de son action (l’action d’“agression douce” des USA) en Russie, adaptée à la Syrie : «He said that US sponsoring of Syria’s rebels was “a global concept” and was not aimed “at affecting Syria’s affair…”»
Il nous paraît évident qu’il nous faut chercher une explication originale pour de telles appréciations, débouchant sur des évènements dont la logique devient folle… Il apparaît en effet difficile d’expliquer rationnellement le processus, d’une façon satisfaisante pour leur parti, d’une action menée par le bloc BAO et ses appendices (Turquie, Qatar, Arabie), d’une telle violence en Syrie qu’elle risque de conduire, de l’aveu des commentateurs-Système eux-mêmes, à la mise en péril du régime turc, voire à la “désintégration” du pays, ou à l’effondrement du régime saoudien (notre Notes d’analyse du 10 août 2012), au succès du sommet du NAM en Iran (notre Notes d’analyse du 23 août 2012), etc., etc… Il nous faut donc chercher une explication originale et, selon notre hypothèse favorite qui conduit l’essentiel de nos réflexions de fond, il s’agit évidemment d’une “explication psychologique structurelle”.
Nous proposons donc un néologisme pour désigner cette attitude psychologique qui se généralise parmi les dirigeants du bloc BAO et fait désormais partie de l’“arsenal” psychologique auquel les contraignent les pratiques du Système que ces directions sont obligées de gérer, d’expliquer, de justifier et de prendre à leur compte sans se compromettre d’une façon qui les disqualifierait à leurs propres yeux et ferait peser une charge terrible, sinon insupportable, sur leur conscience, et sur leurs capacités par conséquent. (Nous désignons cette situation psychologique en constant changement qui exige de nouveaux concepts du nom d’“arsenal”, en référence à l’introduction de concepts nouveaux que nous développons dans nos analyses, littéralement comme on se constitue un “arsenal” dans cette véritable “guerre” intellectuelle qu’est la recherche d’une explication de la situation du monde, qui soit à la mesure de cette situation, et nous laisse espérer une ouverture vers la vérité du monde. Pour cela, nous devons disposer de concepts, éventuellement sous forme de néologismes, pour substantiver des situations et des attitudes nouvelles.) Bien entendu, le néologisme proposé désigne un processus non-conscient, – littéralement, “Seigneur pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font”, – et c’est pourquoi nous disons qu’il affecte la psychologie spécifiquement, sans conscience de la chose de la part de la raison concernée ; par conséquent, suscitant des attitudes intellectuelles et pseudo-rationnelles totalement incompréhensibles pour ceux qui ne sont pas affectées, totalement justifiées sans débat nécessaire pour ceux qui le sont. Il s’agit par conséquent d’une action du Système en tant que tel, en tant qu’entité autonome, cela compris d’une façon impérative, dans la pleine signification du processus avec toutes les hypothèses que cela implique, y compris celle d’une entité qui pourrait être une égrégore…
Nous tenons le Système pour une entité produisant le Mal, extrêmement sophistiquée, à côté de ses aveuglements tonitruants et de ses stupidités extrêmes. (Un peu à l’image, cela, de ce qu’écrivait René Guénon : «On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature…») Le Système charge ses serviteurs d’un nombre imposant de taches herculéennes et absolument épuisantes, par rapport à la vérité du monde qu’elles transgressent et contredisent très grossièrement ; économe et avisé, il entend bien que ces (ses) créatures soient protégées dialectiquement, – c’est-à-dire “moralement” selon la vertu-Système, – parce qu’elles doivent rester utiles, disons “en bon état de marche”, tant qu’elles ne sont pas disqualifiées.
Le néologisme que nous proposons est le mot “infraresponsabilité”. Par “infraresponsabilité”, nous entendons quelque chose en-dehors de la responsabilité du sujet, et en-dehors du sujet lui-même, mais conservant des liens de communication avec cette responsabilité, dont la presse-Système, les conseillers, les experts, sont les innombrables media ; quelque chose qui annule certains aspects de l’obligation générale, ou ce qu’il en reste, de responsabilité du sujet. Le manifestation “opérationnelle” du caractère psychologique de l’infraresponsabilité implique que le sujet ne se perçoit pas, toujours d’une façon non-consciente et presque réflexe, comme fondamentalement responsable de ce qu’il fait (des évènements qui sont la conséquence de ses décisions et de ses actes), non pas à cause d’une pathologie quelconque, y compris une pathologie de “comploteur” complotant jusqu’à retourner contre lui-même le résultat du complot, mais parce qu’il existerait une responsabilité qui lui est extérieure, qu’on supposerait être parfaitement définie et complètement rationnelle. Puisqu’il s’agit d’une situation d’absence de conscience, ce n’est pas non plus évidemment le cas de l’absence de responsabilité du sujet par choix assumé (et conscient), par respect de l’ordre de la hiérarchie, par croyance ou par foi en quelque chose, quelque entité, quelque puissance mystérieuse que ce soit, etc., mais bien le constat réflexe évident sans nécessité de démonstration ni de preuve de l’existence d’une responsabilité que le sujet exerce mais n’assume pas, qui dépend dans son fondement d’une situation et d’une dynamique, sinon d’une volonté en-dehors de lui, très puissante mais extrêmement basse.
(Le choix du néologisme n’a pas été simple. Nous avions pensé à “surresponsabilité”, comme à une “responsabilité au-dessus de soi” pour marquer la domination de la chose sur les sujets, mais ce terme pouvait trop prêter à confusion, – tant avec d’autres situations déjà existantes, tant avec l’idée qualitative de hauteur. “Infraresponsabilité” rend compte d’une part de toute la puissance d’une responsabilité extérieure qui exonère les acteurs de leur propre responsabilité et les fait agir sans frein ni compréhension, d’autre par l’aspect résolument bas [“infra”, “qui vient du dessous”] de cette responsabilité… Comme dans “infrastructure”, il n’y a pas de contradiction entre la puissance et la bassesse : l’infrastructure d’un bâtiment est en général la plus puissante des structures, et elle est en-dessous, au plus bas du bâtiment. Certes un bâtiment n’est nullement handicapé par cette bassesse qui est purement, matériellement structurelle en répondant à des lois physiques ; pour nos sapiens par contre, la messe est dite, c’est le bon cas de le dire : la plus grande puissance émane de la plus extrême bassesse du point de vue de l’intelligence.)
Le sujet ne raisonne pas ni ne spécule de cette façon que nous avons exposée ci-dessus pour comprendre ce qu’il fait mais agit comme si c’était le cas. Nous nous permettons de raisonner et de spéculer pour lui (il devrait nous pardonner, s’il s’aperçoit de quelque chose), selon le constat expérimental évident que nous offrent la situation et l’évolution des crises diverses auxquelles sont confrontées les directions politiques du bloc BAO, et selon une démarche intuitive de notre part, ouverte sur l’intuition haute.
Nous répétons que le fondement même de notre hypothèse est qu’il s’agit d’un processus psychologique, par définition non-conscient. Il n’y a donc aucune élaboration de l’esprit, qui pour en appeler à des manoeuvres basses (tromperie, hypocrisie, mensonge avéré, etc.), qui pour se référer à un engagement de conscience, affirmé comme tel (idéologie, intérêt supérieur de tel ou tel groupe, telle nation, etc.). L’esprit, à qui la psychologie impose le fait, en déduit lui-même une hypothèse qu’il existe quelque chose de “supérieur”, en termes de communication et de publicité, devant lequel il s’incline (a global concept, dit McFaul, qui a fait des études). Ainsi se comprend-il que le sapiens investi de cette façon défende à tour de rôle des causes, des groupes, des ambitions, contradictoires entre elles, et dont l’effet des actions est parfois, et même souvent, contradictoires avec ses propres intérêts, ou ceux de groupes divers dont on le jugeait proche et asservi, ou ceux de son pays, etc. Il ne perçoit pas cette distorsion entre sa résolution et les effets de sa résolution, parce qu’il n’est plus capable d’une vision globale et intégrée des évènements du monde, sans parler de la vérité du monde, parce qu’il est privé de cette capacité dans la mesure où il dépend pour ses références de cet apport psychologique qui échappe à sa conscience. Une telle psychologie déstructurée ne peut en aucun cas produire, ni une perception, ni une intelligence structurée.
… L’infraresponsabilité qui apparaît pour donner une explication psychologique “globale” à un phénomène psychologique “global” (dans tous les cas, dans le chef du bloc BAO), permet d’assurer, de verrouiller les deux caractères essentiels de la psychologie américaniste devenue dans l’enthousiasme général américaniste-occidentaliste, que sont l’inculpabilité et l’indéfectibilité, c’est-à-dire respectivement l’incapacité de se percevoir comme coupable et l’incapacité de se percevoir comme vaincu, – ceci s’accordant à cela, comme dans les westerns (et l’analogie n’est pas qu’ironique). L’infraresponsabilité, par son caractère inconscient, par son habillage “global” très au goût du jour, notamment exprimé dans l’idée originale du global concept du philosophe McFaul, est quelque chose qui semblerait s’imposer comme infiniment “plus puissant” et “plus sage” selon la doctrine en vogue, qui pourrait figurer une sorte d’habillage psychologique de ce qui serait une global governance, mais qui la dépasserait absolument, et dont on pourrait alors conclure qu’elle est extra-humaine ; elle pourrait même apparaître comme ayant les allures d’une référence métaphysique, – bien sûr complète caricature invertie de la chose, – puisque après tout, métaphysique vers le bas, – “inframétaphysique”, non ?…
Notre point de vue est qu’il serait incroyablement naïf, pour ne pas dire pire, pour ne pas parler de subversion de sa propre raison, de ne pas considérer cette puissante hypothèse d’une refonte de leur psychologie dans le chef des membres de nos dirigeants politiques, et de ne pas envisager des processus qui échappent à la raison humaine évidemment subvertie. La pauvreté et la bassesse intellectuelles de ces élites, du fait de leur extrême faiblesse psychologique, de leur fatigue de communication, invite à chercher évidemment une explication de cette sorte. Les hypothèses de la maniaco-dépression et de la terrorisation générale de leurs psychologies le permettent, sinon le réclament. Leur état est d’ailleurs visible dans l’ennui extraordinaire que dégagent ces personnages au travers de leurs discours, interventions et analyses, ennui qui n’est rompu que par les sorties hypomaniaques de l’un (de l’une, puisque nous pensons tous à Hillary, la Rock-Star Diplomat) ou de l’autre (Fabius et ses anathèmes type-XVIème arrondissement). L’ensemble se distingue par une “banalité” extraordinaire, au sens bergsonien qu’a signalé Lucien Jerphagnon, dans son livre Connais toi toi-même… : «Mais si de l’amour, de la haine ou de quelque sentiment, le langage, – comme vocabulaire, – ne sait fixer que l’aspect commun, générique, impersonnel, c’est que la réduction s’impose de façon catégorique… […] L’originalité des affections du moi fondamental se résorbe dans l’équipement opératoire du moi conventionnel. L’intuition s’habile en confection. C’est le règne de la banalité…» L’appréciation bergsonienne est, dans le cas que nous exposons, dépassée et infiniment plus renforcée dans le sens de l’abaissement : le “moi conventionnel”, qui remplaçait le “moi fondamental”, a été lui-même remplacé par un “non-moi extérieur”, totalement uniforme, totalement formaté, inoculant dans les esprits quelque chose comme la banalité-Système, disons puisque nous y sommes une sorte d’“infrabanalité” désormais imposée au service de la narrative imposée par une main de fer par le Système… Par conséquent, ils se détendent avec leurs poussée d’hypomanie ; pour l’essentiel, toute élaboration d’une “politique” a totalement échappé au personnel des directions politiques, à ces étranges personnages notoirement agités dans leur vacuité très favorable à cette agitation, tout cela sous la vaste inspiration de l’infraresponsabilité
Si l’on persiste, comme on le lit dans de nombreux commentaires, à parer ces personnages (nos élites, directions politiques) qui accumulent les catastrophes et les non-sens de qualités qu’ils n’ont évidemment plus (machiavélisme, maniement de la puissance, etc.), nous tombons à leur niveau et les équivalons en termes de fatigue intellectuelle et de faiblesses psychologiques nous-mêmes. L’on peut évidemment soupçonner ceux qui cherchent d’autres explications, plus profondes et plus substantielles, de naïveté parce que ces explications ne se trouvent pas, – et pour cause, – dans les manuels que distribuent en général l’enseignement-Système de nos universités et l’information-Système de la presse du même type. Nous sommes dans une situation où, pour comprendre une situation à la fois essentielle, fondamentale et d’une terrifiante simplicité, il nous faut dédaigner (toujours l'inconnaissance) l’accessoire fourmillant des hypothèses “infrabanales” et suivre la voie de l’audace de la pensée…
Pour le reste, qui est l’essentiel, s’ouvrent d’autres chemins d’enquête, d’exploration et de connaissance (celle-ci libérée de l'accessoire par l'inconnaissance). Nous avons développé une hypothèse pour tenter de décrire comment pourraient survenir certains phénomènes que la raison-Système subvertie est incapable d’identifier, et encore moins d’expliciter. Il “reste” effectivement à comprendre quoi ou qui anime ces processus, quelles forces extérieures puissantes agissent, manifestement dans un but d’emprisonnement des psychologies et, au-delà, d’abaissement de l’intelligence et de suppression de la responsabilité, pour parvenir aux effets catastrophiques d’entropisation de la politique elle-même, du chaos et de l’incohérence qui s’ensuivent. La mesure même de ces effets, en conséquences déstructurantes et dissolvantes, témoigne de la puissance de ces forces. Il nous paraît absolument évident que le même constat s’impose, cette fois avec des conséquences beaucoup plus considérables ; il s’agit de rechercher des hypothèses et des explications échappant au vaste goulag de la pensée des raisonnements-Système qui s’en tiennent à l’arsenal d’une exemplaire banalité qui, depuis au moins deux siècles, explique notre destin en nous le promettant chantant et en le construisant absolument bas jusqu’à la catastrophe finale.
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