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2436Une enquête bien documentée, techniquement sans faille et qui présente toutes les apparences de la respectabilité conclut que plus d’un million d’Irakiens (1,2 million) sont morts en Irak depuis 2003, de “morts violentes” pouvant être considérées comme des conséquences de l’invasion US du pays. Le site WSWS.org rapporte cette nouvelle hier, précisant que les résultats de cette enquête atteignent le rythme d’un génocide selon la définition la plus récente puisque le rythme des assassinats dépasse désormais celui du génocide du Rouanda (800.000 assassinats en 1994). Les précisions qui sont données sur l’enquête et sur l’organisation qui l’a réalisée sont pleinement rassurantes quant à la valeur de ce travail.
« ORB (Opinion Research Business), qui mène des sondages en Irak depuis 2005, a publié les résultats d'une enquête menée auprès de 1 461 adultes à travers le pays. Entre autres questions, il demandait : « Combien de membres de votre foyer, le cas échéant, sont morts à cause du conflit en Irak depuis 2003 (c'est-à-dire à cause de la violence plutôt que d'une mort naturelle comme la vieillesse) ? Veuillez noter que je parle de ceux qui vivaient réellement sous votre toit.
»Parmi ceux qui ont répondu, 78 pour cent ont déclaré que leur foyer n'avait connu aucune mort violente, 16 pour cent avait connu un décès, 5 pour cent deux décès, 1 pour cent trois décès ou plus. Compte tenu du nombre de ménages que compte le pays, 4 050 597 selon les chiffres du recensement de 2005, cela représente près de 1,2 million de décès. […]
»Opinion Research Business n'est pas un groupe de gauche ou anti-guerre, mais un organisme de sondage bien établi, fondé en 1994 par Gordon Heald, qui a dirigé Gallup Britain de 1980 à 1994. Parmi ses clients figurent l'énorme groupe minier Anglo American, la Bank of Scotland. , et le Parti conservateur. Son directeur non exécutif est Geoffrey Martin OBE, actuellement conseiller spécial du secrétaire général pour les relations stratégiques du Commonwealth britannique.
» L'enquête ORB était basée sur des entretiens en face-à-face menés entre le 12 et le 19 août auprès d'un échantillon représentatif à l'échelle nationale de 1 720 adultes (dont 1 461 ont répondu), avec une marge d'erreur standard de 2,4 pour cent. Un échantillonnage aléatoire a été utilisé pour sélectionner les personnes interrogées dans 15 des 18 provinces irakiennes.»
Ces nouvelles sont effrayantes mais sont-elles étonnantes ? Le système déchaînés, comme il l’est aujourd’hui, devient, dans des situations à peine extrêmes, un système de mort. Les deux composants à l’œuvre sont le capitalisme et la bureaucratie, deux composants aveugles qui ne manifestent aucun intérêt pour des problèmes “collatéraux” tels les morts et souffrances humaines, les destructions, l’a-culturation, la pauvreté, l’oppression, etc. Le système est naturellement conduit à une politique entropique, conduite par une thermodynamique de la mort et de la destruction, mais dans des conditions telles, notamment grâce à l’action de la communication mais pas seulement, que la morale a beaucoup de difficultés à poser le diagnostic fondamental. La branche militaire du système n’a rien de spécifique, selon la tradition militaire; elle est totalement bureaucratisée et en voie de fonctionner comme le capitalisme, avec les diverses procédures de privatisation des forces militaires. De ce point de vue-là non plus, la logique qu’on décrit ici n’est nullement entravée.
Ces remarques nous sont inspirées par le livre La perfidie de l’Histoire, du professeur Richard L. Rubenstein. (Publié aux USA en 1975, il a été publié en français aux éditions du Cerf, en 2005. Les éditeurs ont malheureusement demandé une postface à Rubenstein, datant de 2004, ou bien est-ce Rubenstein qui a désiré la faire figurer. 9/11 est passé par là et nous, nous nous serions bien passés de la postface…) Rubenstein montre avec une grande précision les similitudes du mécanisme qui aboutit aux camps d’extermination nazis et du mécanisme capitalisto-bureaucratique du système de l’américanisme et de son extension globalisée :
«Avec le temps, il devient évident que les atrocités perpétrées par les nazis dans leur société de domination totale, comme les mutilations et expériences médicales meurtrières sur des êtres humains, ainsi que l’utilisation des esclaves dans les camps de la mort, ne sont que la logique extrême des procédures et conduites prédominantes dans les entreprises modernes et le travail bureaucratique.»
Mis en ligne le 16 septembre 2007 à 11H01
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