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1282La question posée ici ne concerne pas la possibilité ou non d’une attaque contre l’Iran, qui reste complètement ouverte, mais d'abord le cas de l’extraordinaire disparité, sinon l’antagonisme entre les automatismes-Système, type neocon et Likoud tendance Netanyahou, de la presse US particulièrement, et ce qu’on peut deviner du sentiment populaire US parallèlement et, nous dirions, d’une façon directement antagoniste.
Les appréciations critiques de l’alignement extrémiste de la presse-Système US sur les thèses de Netanyahou concernent celles que cette presse portent sur le rapport de l’IAEA. Le parallèle est fait avec les positions développées par cette même presse lors de la préparation de l’attaque contre l’Irak en 2002-2003, avec les différents montages grossiers faits à cette occasion, notamment concernant les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Sur son site Consortium.News, Robert Parry développe cette approche, le 10 novembre 2011.
«The New York Times is trotting out some of its favorite words – like “meticulous” – to praise the new report by United Nations weapons inspectors citing Iran’s supposed work on a nuclear bomb, and the Washington Post says the findings “ought to end serious debate” about Tehran’s nefarious intentions. So, rather than undertake a careful examination of the report’s claims, America’s preeminent newspapers are once more putting on display their deep-seated biases regarding the Middle East. Any claim against a Muslim adversary must be true. In the words of New York Yankees great Yogi Berra, “it’s déjà vu all over again.”
»The Times editorial on Thursday was headlined, “The Truth About Iran” with the subhead: “A new report from weapons inspectors leaves little doubt about Tehran’s ambitions.” The editorial fully embraced the methodology of the International Atomic Energy Agency’s report, declaring: “The report is chillingly comprehensive. … What gives the report particular credibility is its meticulous sourcing. The agency’s director, Yukiya Amano, built a case on more than a thousand pages of documents, the assistance of more than 10 agency member states and interviews with ‘a number of individuals who were involved in relevant activities in Iran.’”
»The Washington Post’s neocon editors, in an editorial entitled “Running out of time,” were similarly enthusiastic about the report, writing: “The IAEA’s evidence, which includes 1,000 pages of documents, interviews with renegade scientists who helped Iran and material from 10 governments, ought to end serious debate about whether Tehran’s program is for peaceful purposes.”
»It might be noted that on Feb. 6, 2003, the day after Secretary of State Colin Powell gave his infamous speech to the United Nations detailing Iraq’s WMD arsenal, the Post editors deemed Powell’s case “irrefutable” and added: “it is hard to imagine how anyone could doubt that Iraq possesses weapons of mass destruction.”»
C’est dans des termes assez parallèles, des citations assez proches, des rappels également similaires, que Brian Whitaker, du Guardian, s’interroge sur cette tendance des journaux-Système US, particulièrement le New York Times et le Washington Post, à adopter une ligne si complètement extrémiste concernant l’interprétation de rapport de l’IAEA. (Le 9 novembre 2011.)
«Fast-forward to 2011 and we're left wondering if these same newspapers have really taken on board the lessons of Iraq. Here, for example, is David Sanger, chief Washington correspondent of the New York Times, writing in its Sunday Review last weekend: “At the White House and the CIA, officials say the recently disclosed Iranian plot to kill the Saudi ambassador to the United States – by blowing up a tony Georgetown restaurant frequented by senators, lobbyists and journalists – was just the tip of the iceberg.”
»Note how the allegation of an “Iranian plot” in the US – which was greeted with a good deal of scepticism when it first surfaced last month – now appears to have become an established fact (even though it has yet to be tested in court). Not only that. Sanger's anonymous officials are now asking us to believe it is part of a bigger and even more menacing Iranian plot which stretches across continents from the Yemen to Latin America.
»At the Washington Post, meanwhile, Joby Warrick has been briefed by David Albright, a former UN weapons inspector who now heads the Institute for Science and International Security. Citing Albright, Warrick describes Iranian work on a detonation device known as the R265 generator: “According to the intelligence provided to the IAEA, key assistance in both areas [design and testing] was provided by Vyacheslav Danilenko, a former Soviet nuclear scientist who was contracted in the mid-1990s by Iran's Physics Research Center, a facility linked to the country's nuclear programme.”
»The way this is presented in the Washington Post, it points very clearly to the idea that Iran was working on a trigger for a nuclear bomb. But look elsewhere and that interpretation becomes less certain: possibly it wasn't nuclear at all, but a project to manufacture nanodiamonds.
»Of course, these are extremely murky waters and I'm not at all sure who to believe. There is probably a lot of deception taking place on both sides. But what seems to me extraordinary is the reluctance of journalists – especially in the US mainstream – to acknowledge the uncertainties and their willingness to accept what, as far as Iran is concerned, are the most incriminating interpretations.»
La presse-Système US n’a donc pas modifié son attitude de quelque façon que ce soit depuis 2001-2003, malgré tous les démentis que la vérité de la situation a ensuite apportés concernant l’Irak, qui était le premier exercice du genre de cette façon si ouverte et impudente. Cet acharnement relève du processus systémique et d’un alignement inconditionnel et, dirait-on, bien plus pavlovien que délibérée ; cela confirme un comportement général qui relève effectivement de l’automatisme d’une presse complètement soumise à l’influence quasiment inexprimée du Système, quasiment sans identification consciente.
A la différence de la situation de 2001-2003 (l’Irak), il y a le sentiment de la population US, qui est extrêmement hostile à une attaque de l’Iran, alors qu’elle était favorable en 2001-2003 à une attaque de l’Irak. C’est bien là qu’on peut parler d’un automatisme ; la presse-Système US ne semble tenir aucun compte de cette référence, pour tenter de rendre sa dialectique plus subtile, c’est-à-dire plus efficace. Elle écrit aujourd’hui en faveur de l’attaque contre l’Iran comme elle écrivait il y a dix ans en faveur de l’attaque contre l’Irak, comme si rien n’avait changé et, notamment, comme si la population avait la même attitude belliciste aujourd’hui qu’il y a dix ans.
Un sondage CBS.News montre cette hostilité de la population US à une attaque contre l’Iran. Selon un procédé désormais connu relevant également d’une “technique”-Système, le sondage est présenté dans des termes assez ambigus pour que ce fait n’apparaisse que très difficilement, noyé dans une enquête générale d’opinion sur la politique extérieure, alors que le problème iranien devrait être mis en exergue en raison de la tension présente. (On croirait parfois que l’hostilité à une attaque contre l’Iran est aussi difficile à apprécier qu’un résultat de Ron Paul dans un “straw poll”.) Dans l’article de CBS.News du 11 novembre 2011, consacré à l’enquête, le passage sur l’Iran dit ceci : «A majority of Americans – 55 percent – say the threat posed by Iran, which has been developing a nuclear capability, can be contained by diplomacy. Fifteen percent say the situation requires the United States to take military action now; 17 percent say Iran is not a threat. Republicans are more than twice as likely as Democrats to say Iran is a threat that requires military action.»
Ainsi faut-il réaliser un calcul complexe et minutieux pour parvenir à des chiffres plus exacts et surtout significatifs, selon la forme des questions posées, selon la présentation alambiquée qu’en fait CBS.Nrews. Ainsi, le site iranien PressTV.com, dont on comprend qu’il s’attache à ce travail, signale successivement, après comptes et recomptes des réponses aux différentes questions, que 72% des Américains sont hostiles à une attaque contre l’Iran (Le 12 novembre 2011 : «A recent CBS News poll shows that 72 percent of Americans either do not see Iran as a “threat” or believe “diplomacy” is the best course of action in dealing with Iran.») Puis un recompte conduit au chiffre de 85%... (Le 12 novembre 2011 : «Poll: 85% of Americans against Iran war.»)
S’il y a une différence dans les opinions des Américains entre l’affaire irakienne et l’affaire iranienne dans sa phase actuelle, il y a aussi une différence d’attitude. La question intéressante est de savoir si les Américains resteraient aujourd’hui, dans le climat général des mouvements Occupy et de la dégradation de la situation intérieure et du pouvoir US consécutive à la crise générale, aussi passifs aujourd’hui, alors qu’ils s’opposent massivement à une attaque contre l’Iran, qu’ils le furent en 2001-2003, alors qu’ils soutenaient l’idée de la guerre contre l’Irak. Les paramètres ont notablement changé, et l’état d’esprit avec, à un point que l’on peut dire que l’on se trouve, notamment du point de vue psychologique, dans une époque totalement nouvelle, et totalement antagoniste de celle de 2001-2003.
On notera avec intérêt combien cette idée d’une époque nouvelle commence à pénétrer les jugements généraux. Ainsi du Dr. Ashraf Ezzat, de l’association US Veterans Today, qui donne le 9 novembre 2011 une interview à la même chaîne PressTV.com. Il expose que cette affaire iranienne doit être vue dans un contexte nouveau de “révolte générale” contre l’autorité dominante (nous dirions “contre le Système”) et non plus seulement contre la chaîne de pression USA-OTAN-Israël qui a dominé l’époque précédente de la séquence historique (à peu près de 2001-2008). (Cette idée renvoyant aux conceptions proposées dans cet autre Bloc Notes de ce 14 novembre 2011.)
«Dr. Ashraf Ezzat a columnist at Veterans Today says the world is breaking loose from the ‘chain of obedience’ that he believes is the source of world problems. “The problem lies not in this chain of American-NATO-Israel command but it lies in the chain of obedience by the people,” Ezzat told Press TV's U.S. Desk in an interview on Tuesday. “As we all can see, the world is breaking loose of that chain of obedience. People are gaining control now and a new world order is emerging with new powers and new rules … especially in the Middle East. So this Israeli bluff to hit Iran may be the last political stunt,” he concluded.»
Mis en ligne le 14 novembre 2011 à 05H59
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