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2504Il y a eu cette rencontre, impromptue semble-t-il, entre Vladimir Poutine et le conseiller de sécurité nationale du président Obama Thomas Donilon, le 4 mai, à Moscou. Nous avions fait brièvement mention de cette visite le 9 mai 2012. Parlant des problèmes que constitue l’ingérence US dans les affaires intérieures russes, avec le phénomène de l’“agression douce” (organisation et soutien de l’activisme de l’opposition anti-Poutine), nous écrivions :
«Il y a eu une rencontre discrète et impromptue, le 4 mai, en marge de la conférence de Moscou sur les antimissiles, entre Poutine et le directeur du National Security Council et conseiller d’Obama pour les affaires de sécurité national, Thomas Donilon. Poutine a clairement fait savoir à Donilon qu’il tenait effectivement cette question pour un contentieux important des relations USA-Russie, du point de vue russe.»
Certains éléments sont apparus, qui permettent de lier cette rencontre à la décision de Poutine de ne pas participer au G8, et donc de ne pas rencontrer Obama en tête-à-tête, comme cela était prévu (rencontre reportée “en marge” du G20, les 18-19 juin au Mexique). Nous allons tenter d’explorer les circonstances de la rencontre, autant que ses liens avec la décision de Poutine.
• La rencontre a été très discrètement annoncée, une fois qu’elle ait eu lieu, par des textes très brefs et sans aucune indication précise. Reuters fut le principal relais de la nouvelle hors de Russie, à partir d’Interfax. Il s’agissait d’une présentation assez vague couvrant l’appréciation d’une relance des relations USA-Russie avec le retour à la présidence de Poutine. Il était indiqué que Donilon avait remis à Poutine, de la part d’Obama, «un document de plusieurs pages et très détaillé, dont l'idée centrale est que Barack Obama est disposé à coopérer avec Vladimir Poutine pour faire avancer le processus de mise en place d'un partenariat entre les Etats-Unis et la Russie». Ce point, confirmé depuis, ainsi que l’orientation de la visite (Donilon venant en Russie), indiquent que c’est Obama qui a pris l’initiative de la rencontre, comme il avait pris celle de proposer un sommet en tête-à-tête “en marge” du G8, les 18-19 mai. On trouve cette rencontre Poutine-Donilon du 4 mai présentée très succinctement, avec une orientation différente selon la source, qu’on devinera aisément dans les deux cas cités : le 5 mai 2012 sur le site du Figaro («Poutine fait un pas vers les Etats-Unis») ; le même 05 mai 2012, sur le site de l’agence iranienne IRIB («Poutine pose des conditions au développement des relations avec les Etats-Unis»).
• Après l’annonce par Poutine qu’il ne se rendrait pas au G8 et que le sommet avec Obama était donc remis “à la marge” du G20, on comprenait aussitôt que, dans cette séquence, le président US avait plutôt la position peu glorieuse, surtout en période électorale, du quémandeur rabroué (voir encore notre texte du 10 mai 2012). Le côté US s’est donc employé à diffuser une “interprétation” des évènements où le président Obama retrouverait un rôle glorieux de leader incontesté, et où Poutine celui d’un président élu à la sauvette et aux mœurs fort peu démocratiques, et craignant, comme un garnement surpris en train de voler un pot de confiture, d’“être grondé” par ses camarades humanitaristes et démocrates du bloc BAO au G8, – cela étant la raison, qui laisse un peu sans voix, de son désistement du susdit G8. International Business Times écrivait, le 10 mai 2012, relayant le Wall Street Journal (WSJ) qui est lui-même le relais privilégié de la Maison-Blanche pour les attaques type-“agression douce” contre le Kremlin : «The White House reportedly was aware of Putin's change of plans when US National Security Adviser Tom Donilon met with Putin last week in Moscow. During that meeting, Putin told him that he would be forced to pull out of the summit, an administration official said Wednesday.» Cette version est particulièrement surprenante, puisqu’elle nous mène à la conversation téléphonique Poutine-Obama qui devient un montage rocambolesque, alors que l’annonce de la décision de Poutine à l’issue de sa rencontre du 4 mai, eût été beaucoup plus dans les normes de l’apaisement, – si, vraiment, Poutine en avait avisé Donilon. C’est le même WSJ qui avait répandu l’interprétation croquignolesque selon laquelle Poutine “avait peur” de venir au G8, de crainte de se faire “gronder ses camarades humanitaristes et démocrates”. Les Russes se sont contenté de ridiculiser l’argument, comme le rapporte Russia Today, le 10 mai 2012, citant le conseiller de Poutine, Arkadi Dvorkovich, «[who] also called the suggestion that Putin was afraid of questions about observation of Human Rights “idle talks that have no connection with reality.” “I do not think that Putin is afraid of anything connected with politics,” he added.»
• Mais le plus intéressant est à fixer entretemps. Il s’agit d’un texte du site WhatItMeans.com, du 8 mai 2012, qui est un compte-rendu maison, et évidemment fort original, de la rencontre Poutine-Denilon. Cette rencontre est appréciée d’un point de vue très spécifique, et sans rapport avec ce qui a été rapporté ci-dessus. Il s’agit d’une circonstance où Obama, alarmé par les déclarations du chef d’état-major des armées russes concernant une stratégie de “frappes préventives” dans le cadre de l’affaire des antimissiles (la conférence sur le sujet était en cours à Moscou parallèlement), aurait envoyé Donilon de toute urgence à Moscou pour avoir des éclaircissements. Voici les passages essentiels du compte-rendu de “Sorcha Faal”, éditeur du site.
«From the very outset of this meeting, this report says, a “highly agitated” Donilon proceeded to denounce Russia’s threats and “non-cooperation” with the US over a number of international issues, including Syria, warning that Moscow’s actions could very well lead to Obama losing his upcoming election and putting into office Republican presidential candidate Mitt Romney who during a recent CNN interview stated that: “Russia, this is, without question, our number one geopolitical foe.”
»In responding to Donilon, this report continues, Putin stated that it didn’t matter to Russia who the US president was as the record clearly shows that Obama has done nothing since being in office other than continue Bush’s agenda of strict totalitarian domestic rule meant to aid America’s global hegemony. Putin further added Russia’s “extreme displeasure” that Obama has continued to protect the Wall Street “gangsters” who collapsed the global economy in 2008.
»As this meeting neared its end, this report states, Donilon became “decidedly dejected” and voiced his concern to Putin that everything they were talking about may, in fact, be pointless and cryptically stated, “what’s the difference in any of this anyway; Nostradamus is the one in charge, none of us may even have a world to live in before this year’s out.”
»This report ends by stating that Putin was “stunned” by Donilon’s strange remark after which the meeting ended with no further comments or appendages by the Kremlin or other Russian ministries, or officials…»
Bien... Ne nous attardons pas sur l’intervention de Nostradamus dans cet échange chauffé à blanc, quoiqu’il ne soit pas assuré qu’il s’agisse là de l’élément éventuellement le moins orthodoxe et le plus farfelu des actuelles relations entre les USA et la Russie. Comme d’habitude, avec ce site du nommé “Sorcha Faal”, on est dans l’expectative quant au crédit qu’il faut lui accorder. Nous sommes toujours partisan, à cet égard, de prendre comme référence la mesure du caractère avéré des évènements qui servent de trames aux analyses, et, dans ce cas, nous sommes effectivement placé devant un fait incontestable (la rencontre Donilon-Poutine). On trouve dans un texte du 27 février 2012 quelques précisions sur ce site de “Sorcha Faal”, qui laissent incertain à son propos, avec obligation de prendre les informations et les analyses publiées avec précaution, – mais, après tout, pas plus qu’avec un DEBKAFiles ou un Wall Street Journal, sinon dans un autre style… Un point, dans tous les cas, a attiré notre attention, et nous conduisant à ajouter “objectivement” un certain crédit au site de “Sorcha Faal”. Il s’agit de l’information qui nous est parvenue, selon laquelle ce site WhatItMeans.com a son accès bloqué dans un certain nombre de bureaucraties de sécurité nationale des pays du bloc BAO, notamment à Washington, éventuellement dans d’autres bureaucraties d'organisations et de pays du bloc BAO en Europe, et selon des motifs parfois inattendus. Le cas est après tout, du point de vue formel, semblable à celui où les fonctionnaires du département d’État s’étaient vus interdire la consultation des informations de WikiLeaks sur les dépêches diplomatiques US ; et le cas devient alors, on en conviendra, de nature à crédibiliser, sinon toutes, dans tous les cas une partie des analyses de “Sorcha Faal”…
Il ressort de tout cela une impression générale selon laquelle les relations entre les USA et la Russie se trouvent dans une phase très délicate. Il est certain que l’entrée en fonction de Poutine conduit à certaines pressions très violentes du côté du bloc BAO, dans certains milieux extrémistes, qui doivent s’exercer essentiellement sur l’administration Obama. Il s’agit de milieux viscéralement antirusses et anti-Poutine, qui craignent de se trouver mis dans des positions délicates, alors qu’ils se trouvent engagés dans des entreprises douteuses, par une politique beaucoup plus volontariste de la Russie. Le président US est donc pris entre ces pressions extrémistes d’une part, et son désir de préparer le terrain pour ce qu’il croirait être un second mandat où il pourrait tenter de réaliser certaines avancées constructives en politique étrangère. Dans tous les cas, notre appréciation est sans aucun doute que la nervosité est du côté de Washington, avec les USA et le bloc BAO dans des positions de plus en plus délicates sur un nombre important de fronts et de crises. Le retour de Poutine prend de plus en plus des allures d’évènement fondamental et déstabilisateur de la politique-Système de dissolution et d’autodestruction du bloc BAO. Cela laisse du champ pour des évènements inattendus et inhabituels, et la rencontre entre Poutine et Donilon en est peut-être un, ou bien l’amorce ou la révélation d’“évènements inattendus et inhabituels”.
Mis en ligne le 11 mai 2012 à 12H04