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152604 avril 2014 – Deux débats d’une heure se sont succédés sur la chaîne britannique de télévision LBC, entre le Libéral-Démocrate Nick Clegg, vice-Premier ministre, et Nigel Farage, chef du parti populiste UKIP (United Kingdom Independent Party). Il s’agissait de débats sur l’Europe, avant les prochaines élections européennes, entre un partisan (Clegg) et un adversaire (Farage) de l’Europe. Selon tous les sondages auprès de téléspectateurs, Farage l’a largement emporté dans les deux débats, – 57% contre 36% pour le premier, 68% contre 27% pour le second (sondage YouGov, référence généralement acceptée).
Ian Traynor, du Guardian, écrit le 2 avril 2014 à propos des élections européennes, et sans grand plaisir on peuten faire l’hypothèse, que «[t]he Lib Dems can anticipate a bruising European election performance, while Ukip should come second in Britain and might even win». La même chose pourrait être dite du FN, qui pourrait également, lors de ces élections européennes en France, se classer second ou premier, et encore la même chose pour nombre d’autres partis de la même catégorie, – populistes, anti-européens encore plus qu’“eurosceptiques”, hostiles aux politiques transnationales diverses développées selon une “inspiration” européaniste.
Traynor, qui fait beaucoup dans la caricatures sarcastique et aussi dans l’inexactitude dans son commentaire après le second débat Clegg-Farage du 2 avril, n’a pourtant pas tort lorsqu’il écrit, élargissant le débat et donnant ainsi l’explication de l’intérêt que soulèvent ces élections européennes : «It is unusual for a British debate on Europe to be focused on foreign policy and defence. But for the first 15 minutes, because of the Ukraine crisis, foreign affairs dominated...»
Plus loin, il écrit encore ceci, où, selon un autre point de vue, il élargit encore le champ implicite du débat aux dimensions du monde entier, – celui de 2014, globalisé, plus ou moins soumis aux lois du Système : «The message – rightwing nationalism coupled with leftwing protectionism and welfarism for the native “white” working classes – is replicated currently by Marine Le Pen's National Front in France, Geert Wilders' Freedom party in the Netherlands, along with their counterparts in Austria, Sweden, Finland, as well as Denmark. All are poised to make gains next month through a campaign that will be anti-European, but at base, like Farage, represents a revolt against the impact of globalisation.»
Si l’on fait le lien logique entre les deux remarques, Traynor, lui, ne le fait pas sous l’empire de la logique mais dans la passion dissimulée de l’idéologie-Système et de ses lieux communs. Lorsqu’il parle de “politique extérieure” et de “défense”, il cite explicitement comme cause du thème ainsi développé la crise ukrainienne. Le constat est précédé d’une longue tirade où l'on comprend qu’il s’oppose violemment à Farage selon le thème : “Contrairement à ce que nous dit Farage, ce n’est pas l’Europe qui nous entraîne sur des voies guerrières, mais les nations européennes en tant que telles, avec leur lourd passif nationaliste...” ; ce qui lui permet de terminer sur l’affirmation in fine, et néanmoins extravagante, que Cameron, Blair, Sarkozy et Hollande sont des gaullistes selon le slogan si mal compris, si humilié à force de subversion, de l’“Europe des nations” qui servit de thème à l’action politique du général... On voit dans quelles voies rocambolesques et abracadabrantesques sont conduits Traynor et ses pairs, engagés par contrat de “valeur humaniste” dans la défense à tout prix de l’“idée européenne“, devenue ainsi un sophisme, une inversion complètement extraordinaires : faire des “gaullistes” de ces “européens à tout prix”, libéraux, globalistes du bloc BAO, politiciens soumis au vertige économique des thèses capitalistes extrémistes, totalement étrangers à la valeur hautes des principes comme ils sont évidemment étrangers à toute hauteur de la pensées, que sont les Cameron, Blair, Sarkozy et Hollande... Le général doit s’en tordre de rire, alors que la plume de Traynor ne recule devant rien.
«It's a point of view and one that will perhaps resonate with voters when Ukip goes for Great British glory in the European elections next month. But the warmongering, militarist superpower, plotting conquest with its own air force, navy, and army, the Europe conjured up by Nigel Farage, is an EU that does not exist. If only it were true, some in Paris might sigh.
»Ask the Germans, the EU's pre-eminent power, who sided with the Russians and the Chinese against their European partners, Britain and France, as well as America, over the campaign to bring down Libya's Gaddafi. Ask Vladimir Putin, Farage's international model, who was so worried about European retribution that he has just redrawn the continent's borders at a stroke. Ask the Americans, who complain daily about collapsing European defence budgets, European refusal to invest in their own security, and their reliance for decades on Washington. Ask the Finns, the Swedes, the Austrians, or the Irish, all in the EU and all neutral.
»Iraq in 2003? The Schröder-Chirac alliance against Blair and Bush? Yugoslavia in the 1990s? Last year's failed Anglo-French bid to peddle arms to the anti-Assad rebels in Syria? That Cameron-Hollande scheme was stymied by broad German-led opposition. The EU is accused of many things, found wanting in more. Warmongering tends not to lead the charge sheet.
»Europeans do go to war, of course. The French and the British in Libya. Again the French campaign in Mali. But it is not the EU that is spoiling for a fight. Rather it is the nation states of Europe, Farage's Gaullist ideal, in the form of David Cameron, Tony Blair, Nicolas Sarkozy, and François Hollande who make the decisions about war and peace. Brussels is a bystander.»
On pourrait penser que Traynor fait la bête, en bon collaborateur qui applique les consignes, – ou bien, sa situation est désespérée, ce qui doit être le cas car nous croyons qu’il ne fait pas la bête, car tous ces gens manipulent moins le mensonge qu’ils n’expriment avec sincérité le venin de la subversion qui a si aisément envahi leurs psychologies, transformé leur perception du monde et les rendant ainsi aveugles à la vérité des situations. Faire des “gaullistes” des quatre sapiens cités est déjà un signe qui pousse au pessimisme extrême, tant l’inculture du propos est décourageante ; nous dire que l’UE n’a rien à voir avec l’expansionnisme belliciste dont font montre nombre de ses États-membres qui n’ont jamais été aussi complètement des parts d’elle-même (de l’UE) constitue une belle démonstration de cette hypocrisie involontaire à laquelle le respect des consignes du Système oblige ces serviteurs du Système. Au contraire, l’affaire ukrainienne a, pour la première fois, montré à découvert le visage expansionniste de l’UE.
... Car, pour ce qui est de l’UE, il s’agit d’un expansionnisme totalitaire qui, s’il ne pas manie directement avions chargés de bombes et chars chargés d’obus, n’en dispose pas moins, avec le tact de la narrative courante dans ces milieux, des caractères qui conduiraient, par la délégation donnée aux États-membres qui suivent la même ligne, à l’emploi de ces choses si ceux qui étaient pressés de capituler ne capitulaient pas. C’est ce que nous écrivions, le 25 novembre 2013 :
«... Et, dans l’affaire ukrainienne, l’UE a agi de manière autonome, selon ses propres plans. (Que ces plans rencontrent l’approbation des USA, puisque tout le monde est dans la même bouillie-Système, qui s’en étonnerait ? Les USA sont comme les autres des petits soldats du Système, et tout le monde suit les mêmes consignes.) L’intérêt de la démonstration est que l’UE a démontré, justement, sa nature absolument totalitaire, et cette nature qui lui est absolument propre, directement dérivée du Système. La vigueur des réactions de dépit des employés-Système, ministres et autres, devant l’outrecuidance ukrainienne, mesure effectivement, par antithèse, la nature totalitaire du projet, c’est-à-dire un projet qui, pour se présenter sous les atours de l’économie et de la finance, embrasse tous les domaines à partir d’un “modèle-Système” nécessairement parfait, et ne pouvant concevoir par conséquent qu’on puisse le repousser.
»La puissance et la faiblesse de l’UE à la fois, c’est son incapacité de concevoir un autre système que le sien, par conséquent son inéluctable antagonisme pour tout ce qui n’est pas elle. C’est sa forme de totalitarisme, cette exclusion de tout ce qui n’est pas elle. Bien entendu, le totalitarisme dont nous parlons n’a rien à voir avec les totalitarismes du XXème siècle ; il est plus avenant, plus pernicieux, bien plus dévastateur et mortel au bout du compte. Sa dimension génocidaire implicite mais sans frein est une évidence (voir le 13 novembre 2013). Au contraire, cette puissance totalitariste oblige à l’affrontement, au défi, au refus de la moindre défaite, de l’accommodement, etc. Plus encore, cette tendance, autant la tension qu’elle impose que les effets catastrophiques qu’elle suscite, interdit la moindre apaisement de l’UE pour elle-même, le moindre “stationnement”, et l’oblige à une “fuite en avant“ selon le principe fameux du “qui n’avance pas recule” ...»
Développer la description de l’événement des sorties de Farage contre Clegg n’est qu’un biais pour aborder ce sujet de l’achèvement de la transmutation de l’UE en une machinerie expansionniste. Farage représente la branche anglaise d’un phénomène européen dont le texte de Traynor nous a déjà renseigné sur l’extension. Ce phénomène est aujourd’hui connu, il est en général classé à l’extrême-droite, parfois avec des apports d’extrême gauche, et il se manifeste en Europe (pour notre cas) mais aussi ailleurs. Il a des dimensions objectives antiSystème par le simple fait de l’évolution du Système qui le place naturellement dans cette posture. Cela suffit pour la définition politique approximative, qui n’a ici que fort peu d’intérêt.
La nouveauté ici est bien que, dans cette composante européenne, particulièrement exprimée dans le cas Farage, le phénomène débouche sur un domaine nouveau qui le sort de ses particularismes nationaux et sociétaux, pour aborder le domaine de ce qu’on a coutume de nommer “politique extérieure”, mais transmutée dans un sens postmoderniste, principalement dans le champ de la communication. Par conséquent, on aborde les caractères fondamentaux de l’activité forcenée du Système et donc, plus précisément, on touche à l’essentiel de ce que nous nommons la crise d’effondrement du Système. Pour un débat électoral avec la médiocrité qui en est la marque habituelle dans nos démocraties, avant des élections jugées d’habitude de piètre importance, ce n’est pas si mal.
Au cours et en marge de ces duels Farage-Clegg, les attaques contre Farage ont été souvent d’une puissance inouïe, surtout de la part de la presse libérale britannique (Guardian & Cie) rejoignant le courant libéral-interventionniste qui marque la force principale de communication du Système. Contrairement à l’habitude dans le cas de cette sorte de politiciens que représente Farage, les attaques ont porté quasi exclusivement sur la question de l’Ukraine parce que Farage a pris une position anti-UE qui le rapproche “objectivement” de Poutine, parce qu’il a reconnu à Poutine, tout aussi “objectivement”, c’est-à-dire sans épouser son parti, des qualités hors-pair de stratège politique. On était loin des sujets habituels de dénigrement et de condamnation (immigration, racisme, etc.) de ces débats avec des politiciens type-Farage. C’est ce changement de priorité, marquant un changement dans les grandes lignes de la crise générale, qui nous arrête ici ; du coup, c’est la grande crise qui nous intéresse, et pas du tout ceux qui en débattent. Ainsi le sujet est-il moins Farage et ses pairs d’autres pays européens, que l’UE elle-même, sous l’éclairage des critiques de Farage (et de ses pairs).
Commençons donc, sans trop nous y attarder, par le paradoxe de “l’Europe-puissance” implicite ici, avec cette courte phrase de Traynor «If only it were true, some in Paris might sigh»(dans cet extrait : «But the warmongering, militarist superpower, plotting conquest with its own air force, navy, and army, the Europe conjured up by Nigel Farage, is an EU that does not exist. If only it were true, some in Paris might sigh.»). Traynor veut dire par là que les Français soupirent “si cela pouvait être vrai”, à propos de cette “Europe-puissance” bardée d’avions et de chars que semble décrire Farage, selon Traynor. Il est vrai que les Français ont rêvé de cette “Europe-puissance”-là, mais ces supputations semblent d’un autre siècle, si plus loin encore dans l’histoire, d’un autre temps pour ainsi dire. D’ailleurs, cette “Europe-puissance”-là n’a plus guère de raison d’être, si l’on observe les conditions d’affrontement qui s’affirment de plus en plus aujourd’hui, telles que les Russes nous les ont démontrées, avec quel brio, lors de l’“invasion” furtive et exceptionnellement efficace de la Crimée (voir le 24 mars 2014). Par conséquent, les “soupirs des Français” n’ont plus de raison d’être, – d’autant plus, comme Ian Traynor continue pourtant à l’ignorer, que les Français d’aujourd’hui, ceux qui occupent les places de direction, n’ont plus rien à voir, eux non plus, avec ceux qui rêvaient d’une “Europe-puissance” d’abord pour affirmer une indépendance collective, essentiellement vis-à-vis des USA et guère vis-à-vis de la Russie par rapport à laquelle l’indépendance était assurée et avec laquelle régnait une certaine affinité au moins principielle
Aujourd’hui, les actions militaires d’affirmation de la puissance sont l’extrême du processus d’affirmation de cette puissance, quand tout le reste n’a pas suffi et qu’il s’avère alors nécessaire de faire un peu de bruits avec dégâts et victimes pour ponctuer divers diktat et ultimatums auxquels celui qui les subit devra se soumettre. C’est singulièrement le cas pour cette dynamique de surpuissance qui agit comme opérationnalisation du Système, cette dynamique qui est la principale force à se manifester dans le monde aujourd’hui, et à semer désordre et chaos. Cette dynamique de puissance, renvoyant à ce courant inspirateur que nous nommons “idéal de puissance”, c’est essentiellement le fait du bloc BAO, c’est-à-dire l’UE sans aucun doute, et d’autre part les USA transformés, de plus en plus différents des USA du début du siècle, ceux du trio GW-Cheney-Rumsfeld qui “tiraient plus vite que leur ombre”. (Même ces actions militaires de l’extrême de l’application de la puissance, réalisées par des membres-adhérents du bloc BAO, ont besoin du fameux et inaltérable consensus qui régule les rapports des membres du bloc BAO, et d’abord, pour les pays européens, “entre européens” avec la courroie de transmission vers l’OTAN. Aujourd’hui, aucun État-membre ne peut envisager de monter quelque opération militaire que ce soit sans être couvert du vertueux label d’“Europe”.)
Bref, l’Europe a trouvé sa dimension de puissance, – l’“Europe-puissance” selon sa définition postmoderne qui est désormais la seule acceptable, sans aucun doute. Cette transmutation s’est faite à une extrême rapidité, aussi vite que vont les choses dans une époque où l’histoire ne cesse d’accélérer et le temps de se contracter, et où le système de la communication assure l’essentiel de cette puissance tandis que le système du technologisme, jusqu’alors au premier rang mais confronté à de plus en plus d’avatars, n’assure désormais dans sa dimension militaire que les missions de complément. Cette transmutation s’est faite, comme on l’a vu, grâce au système de la communication, exactement en même temps, – et ceci expliquant cela en long et en large, – que le système de la communication faisait sentir tous ses effets hégémoniques sur la constitution de la puissance ; c’est certainement le cas depuis l’époque 2008-2009, où la communication s’est effectivement révélée l’arme suprême, notamment pour nous faire croire que la puissance du bloc BAO continuait au même niveau d’excellence et d’hégémonie après la crise de l’automne 2008.
De ce point de vue qui, à notre sens, reflète une nouvelle vérité de la situation, Ian Traynor utilise des arguments complètement obsolètes pour contrer les arguments de Farage, et Farage dit le vrai sans aucun doute sur cette fonction de fauteur de guerre de l’Union Européenne. Nous ignorons si Farage s’explique lui-même dans le sens que nous développons, mais il reste que sa perception est conforme à ce sens. Or, si l’on définit la fonction de l’UE “fauteur de guerre” dans le sens où on le fait, où entrent en jeu d’abords des moyens de communication, de pressions financières et commerciales, des diktats ou des ultimatums qui se traduisent souvent par l’obligation de se soumettre à un plan du FMI ou quelque chose d’approchant, alors il est manifeste que nous entrons dans des domaines qui affectent la vie intérieure de toutes les communautés, de toutes les nations (s’il y en a encore) de tous les États-membres de l’UE ; alors, l’idée de l’UE “fauteur de guerre” devient un cas de politique intérieure autant qu’elle est une sorte de définition de la politique extérieure du bloc BAO, ou politique-Système si l’on veut.
Ainsi la structure du débat Farage-Clegg, s’explique-t-elle, comme le remarque Traynor : «It is unusual for a British debate on Europe to be focused on foreign policy and defence. But for the first 15 minutes, because of the Ukraine crisis, foreign affairs dominated...» Simplement, il importe d’expliquer complémentairement que la crise ukrainienne, avec le rôle de l’UE, ce n’est pas de la “politique extérieure et de la défense” au sens traditionnel, c’est cela mais dans le cadre d’une politique beaucoup plus large, avec de très nombreux aspects qui se répercutent dans les politiques intérieures variées, qui structurent ces politiques intérieures, qui affectent les psychologies des citoyens, même lorsque ces citoyens ne montrent que peu d’intérêt pour la “‘politique extérieure et de la défense’ au sens traditionnel”... Bref, on ne peut mieux dire, c’est la politique-Système, ce qui signifie que la question même du Système va de plus en plus se trouver au cœur des débats généraux de nos restes de nations, et donc s’imposant par une sorte de coup de force, malgré tout et quoi qu’on en veuille, au cœur de nos débats électoraux (celui des européennes du mois de mai, et la suite), comme seul problème digne d’être pensé et débattu par l’esprit civique. La question même du Système va se poser comme le problème fondamental au cœur de tous ces débats, et de nos débats électoraux également, qui vont ainsi commencer à ressembler à quelque chose d’utile ; le problème du Système sans lequel, – s’il est absent, c’est-à-dire si le Système ne fait plus problème pour nous, – il n’est plus d’esprit civique par la seule cause capitale de l’annihilation psychologique et de l’extermination intellectuelle.
Cette présence indispensable du problème du Système au cœur de nos préoccupation telle que nous la pressentons, est d’autant plus affirmée qu’avec cette idée brillante de l’UE “fauteur de guerre”, qui dément absolument toute la construction européenne qui devait avoir la vertu de nous garantir la paix, toutes les idées développées depuis 1945, toutes les prémisses développées dans l’entre-deux-guerres de la part des mêmes milieux, etc., nous nous retrouvons complètement face au Système et à sa politique (voir plus haut, “politique-Système”). Et nous savons aussitôt, comme nous le voyons expérimenté dans chaque situation intérieure de chaque État-membre, que le but de guerre de l’UE “fauteur de guerre”, selon la loi interne du bloc BAO, du Système, c’est la déstructuration, la dissolution, jusqu’à l’extrême de l’entropisation de tout ce qui se dresse contre elle, de tout obstacle qui entrave sa route, – c’est-à-dire de tout ce qui représente une forme cohérente dans un ensemble civilisationnel. (Déstructuration, dissolution & entropisation, selon notre formule dd&e, voir le 7 novembre 2013.) Par conséquent, nous savons que l’UE “fauteur de guerre” est la définition même de la chose, que l’Europe est devenue productrice de guerre, que l’“Europe-puissance” en est le “nom de guerre” d'un temps dépassé, et que nous nous trouvons sur la voie de l’affrontement suprême avec le Système.
On conviendra par conséquent de l’utilité de tels débats que celui qui opposa Farage et Clegg, non pour le bénéfice électoral de l’un ou l’autre, ni des partis qu’ils représentent, mais par la fonction de signal qu’ils tiennent dans l’évolution la plus profonde et le plus terrible de la crise. Il s’agit d’une fonction inattendue de la démocratie : le processus démocratique et ses agréments divers pouvant jouer le rôle de “faiseur d’alerte” (whistleblower) face au Système qui a pourtant réussi parfaitement à le détourner à son avantage. Brave et vertueuse démocratie! La mise en évidence de sa faiblesse proche d'être mortelle contre cette sorte de danger dont elle est censée nous protéger, nous permettant, contre son gré, d'identifier et de dénoncer ce danger.