La cause de la guerre

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Les relations entre les USA (l’OTAN) et le Pakistan sont agitées ces derniers jours. Les attaques US (OTAN) en territoire pakistanais, avec les pertes “collatérales” qui vont avec, ont amené à une fermeture temporaire par le Pakistan de la frontière Pakistan-Afghanistan, et le blocage du ravitaillement terrestre de l’ISAF par le Pakistan. Des attaques contre les convois immobilisés ont fait de gros dégâts et provoqué des pertes.

Dans War in Context, Paul Woodward examine les appels (US) à une attitude dure contre le Pakistan, voire une attaque contre ce pays. (On trouve une synthèse sur le sujet également sur Antiwar.com le 5 octobre 2010.) Il cite l’éditorial du Washington Post du 5 octobre 2010 réclamant le durcissement contre le Pakistan et un article de Foreign Policy (le 1er octobre 2010) expliquant la situation des obstacles naturels à une intervention US, ce que l’article décrit comme “le droit de veto” du Pakistan sur la stratégie US (“stratégie US” ?). Woodward (Paul) écrit notamment…

«The Washington Post editorial page now shoots back: “[Pakistan's] resistance to a more muscular U.S. campaign in North Waziristan, where the Haqqani faction is based, is unacceptable.”

»So what’s the Obama administration going to do? Show the Pakistanis who’s the boss and threaten to cut off aid to a country currently dealing with an environmental catastrophe worse than the 2004 Asian Tsunami?

»For those with an imperial mindset (like the editors of the Washington Post) the issue here is about who has the right and the power to exercise their will. America, land of the righteous, savior of the world, must prevail.

»But America’s real military problem is not it’s inability to restore a global consensus about the supremacy of its military might. America’s problem is topography. It’s because of topography that “Pakistan has a veto over President Barack Obama’s military strategy in Afghanistan [3].”

«It’s because of topography that the border between Pakistan and Afghanistan is a contrivance that the Taliban can freely use to their advantage.

»Though thanks to Vietnam’s jungles, quagmire remains the metaphor of choice when we talk about unwinnable wars, a more appropriate metaphor for what is now glibly referred to as Af-Pak is The Labyrinth…»

Notre commentaire

@PAYANT La radicalisation en cours de la situation américano-pakistanaise, – une de plus, d’ailleurs, selon un scénario archi-éculé, – permet de disposer d’une illustration éclairée de l’absurdité de ces conflits, de leur inutilité, de leur bêtise d’une pureté presque cristalline, à l’image de la fière allure des soldats-robots bardés de lunettes noires et de gilets de protection qui voient dans la nuit des légions américanistes-occidentalistes, et assimilées, type-mercenaires divers. L’absence de sens politique, l’emprisonnement des opérations par la logistique et la bureaucratie, l’asymétrie accentuée jusqu’à l’absurde des affrontements, la présentation virtualiste nécessaire et massive selon une narrative d’une grossièreté épuisante pour les psychologies (même amies et conformistes), l’impuissance désormais structurelle d’emporter la victoire de la part des forces armées les plus puissantes du monde, l’usage massif d’armes absolument inadaptées au conflit, le gaspillage, la corruption, etc., tout cela additionné finit pas construire un état de confusion extraordinaire.

Il en résulte qu’on ne sait plus exactement le “pourquoi” et le “comment” des choses, notamment dans ce cas où la crise atteint le paroxysme actuel à cause des interventions aériennes US, notamment par drones de la CIA qui rajoutent aux diverses réputations occidentalistes dans ces pays celle de la lâcheté la plus complète, et des diverses pertes de civils, de soldats pakistanais, etc., dues à l’incohérence régulière de ces actions et l’absence tout aussi régulière de renseignement sérieux. En d’autres termes, nous aboutissons à une crise qui semble majeure, et éventuellement menacer de déstabilisation grave sous le coup d’éventuelles actions ou frappes occidentalistes-américanistes un pays (le Pakistan) dont le bloc occidentaliste-américaniste craint comme la peste depuis dix ans la déstabilisation, parce que cette déstabilisation pourrait profiter, armement nucléaire compris, aux extrémistes islamistes… Et nous aboutissons à tout cela du fait d’un aspect opérationnel tout à fait mineur mais d’un aspect humain et psychologique tout à fait majeur, tel que l’avait reconnu le général McChrystal, qui est ce caractère indiscriminé, notamment à cause d’un renseignement aléatoire et à des pratiques généreuses, des frappes aériennes. (Entretemps, bien entendu, les restrictions à l’emploi des forces aériennes ordonnées par McChrystal ont été levées, après avoir fait l’objet de gémissements de la presse officielle de notre civilisation sur les menaces pesant sur les forces américanistes-occidentalistes, comme l’on sait pressées de toutes parts par des agressions diverses.) Le parcours est impressionnant…

Il se termine, le parcours, dans les salles de rédaction ultra-libérales et ultra-climatisées du Washington Post, étendard de la vertu américaniste et occidentaliste depuis le délicat épisode du Watergate, qui réclame sans barguigner une intervention enfin “musclée” contre le Pakistan. C’est le moment ou jamais, avec les inondations habilement enfantées par notre crise climatique qui, selon les polémistes du Climategate, n’existe pas. Le Washington Post, comme tous les milieux libéraux et huppés de l’establishment, ne parvient pas à concevoir l’idée même d’une restriction de l’emploi de la force, non plus qu’un pays ne s’aligne pas comme il respire sur les consignes de Washington. De plus, il s’agit du Pakistan, dont le régime est pourri, bien que démocratique selon les dernières salves d’applaudissements qui saluèrent le départ du général Pervez Mousharraf (d’ailleurs de retour, rassurons-nous, créateur d’un nouveau et éminemment démocratique parti au Pakistan, depuis le 2 octobre 2010, et ainsi prêt à répondre à toute éventualité habilement combinée par la CIA). Le Washington Post se confirme pour la nième fois, comme le reste de la basse-cour, de droite, de gauche et d’ailleurs, comme totalement adducted à l’idée de la force, à l’emploi de la force, à l’incapacité de penser en d’autres termes que ceux de la force, absolument sous l’empire de l’hubris impérial et américaniste. En la matière, les neocons ne sont ni des usurpateurs, ni des comploteurs, mais des représentants complètement conformes aux exigences du système. La seule chose remarquable, ou bien amusante, dans cette comédie piteuse, c’est la capacité du système à transformer des situations compliquées en imbroglios absolument kafkaïens ponctués épisodiquement de déclarations martiales et de références aux vertus de la Constitution.

On comprend que l’on ne prétend nullement avec ce commentaire donner une appréciation stratégique d’une situation qui s’apparente à une bouillie pour les chats, et encore moins de faire des prévisions de type stratégique, à l’instar des divers experts américanistes-occidentalistes qui nous annoncent la victoire depuis l’attaque US contre l’Afghanistan du 7 octobre 2001. Tout juste peut-on conclure que cette “illustration éclairée de l’absurdité de ces conflits” est, en même temps l’illustration non moins lumineuse de l’état du système secoué par ses propres incohérences. Ainsi aura-t-on l’impression d’avoir avancé dans le commentaire, et dans la situation du monde.


Mis en ligne le 6 octobre 2010 à 14H11