La grâce de l’Histoire: Première Partie

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La grâce de l’Histoire: Première Partie

25 janvier 2010 — Aujourd’hui, nous mettons en ligne la “deuxième partie” de l’essai métahistorique de Philippe Grasset, La grâce de l’Histoire – deuxième publication de notre parution en feuilleton, dont la première publication a été mise en ligne le 18 décembre 2009. Cette mise en ligne, aujourd’hui, concerne en réalité la Première Partie de l’ouvrage, tandis que la mise en ligne du 18 décembre 2009 concernait l’introduction du livre (“La souffrance du monde”). Le titre donné à la publication de ce jour est “De Iéna à Verdun”.

Le premier texte de l’introduction du livre était en lecture libre. A partir de ce second texte, nous entrons dans le domaine payant; d’une façon générale, le début du texte (autour de 15% de son contenu), est en lecture libre, avant d’entrer dans le domaine payant selon les conditions de souscription ci-après:

• Accès au texte complet du livre en ligne, avec accès à la version en pdf pour €16. (La version pdf n’est pas accessible en lecture libre.)

• Accès au texte complet du livre en ligne, avec accès à la version en pdf, et disposition d’un exemplaire du livre en édition classique, à paraître après le processus de mise en ligne (voir plus loin), pour €26. (Ce prix comprend l’envoi postal, comme on dit, franco de port.) (Prêtez attention à ceci: si vous passez cette commande qui implique un envoi postal, n'oubliez pas de donner sur votre commande votre adresse très précise. En effet, c'est à cette adresse que sera envoyé votre exemplaire.)

• Vous trouverez bien entendu l’offre de ces deux options dans la rubrique “Afficher vos abonnements”, en-dessous des propositions d’abonnements, dans votre “compte personnel” sur ce site. Précisons bien: ces sommes sont payées pour l’accès à tout le texte du livre, soit à toutes les parties suivantes qui paraîtront dans les trois prochains mois.

• Pour marquer ce que nous espérons être une proximité intellectuelle entre nos lecteurs et nous, et particulièrement entre les lecteurs de La grâce de l’Histoire et nous, les souscripteurs pour l’achat du livre en édition classique recevront leur exemplaire avec une dédicace de l’auteur.

Par rapport à notre annonce initiale (parution de cette Première Partie du livre), annoncée pour le 15-20 janvier 2010, nous sommes un peu en retard. Nous ignorons vraiment à quoi il faut attribuer ce retard: à des délais classiques, de travail plus long que prévu, ou à l’angoisse de l’auteur devant une entreprise autonome qui représente d’une certaine façon un saut dans l’inconnu, devant une entreprise ambitieuse qui représente elle-même un deuxième saut dans l’inconnu… Consulté, Philippe Grasset a marmonné sans répondre. Sans doute méditait-il à propos de cet inconnu dans lequel il est désormais plongé.

Comme nous l’avons fait dans le premier texte de présentation de l’introduction, nous cédons maintenant la plume à Philippe Grasset. D’abord, nous répétons sa présentation générale de l’ouvrage, son évolution, etc., (du 18 décembre 2009) terminées par des précisions sur les parutions. Pour ce dernier point, il s’agira d’une “mise à jour”, puisque les prévisions de publication précédemment présentées s’avèrent déjà fautives pour celle que nous introduisons et présentons aujourd’hui

Philippe Grasset parle de La grâce de l’Histoire

« Au départ, le projet était limité, dans l’ampleur chronologique du sujet, autant que dans le fond et dans les ambitions d’interprétation. Il devait beaucoup à une première expérience que vous connaissez (Les Âmes de Verdun, livre et album photographique dont vous pouvez consulter les différents caractères), et à une idée générale concentrée sur la période 1919-1933 et ses rapports conceptuels avec notre crise actuelle. Cette idée générale se résumais en ceci qu’on trouvait dans cette période entre 1919 et 1933 (ces dates sont justifiées précisément dans le cours du livre) un éveil considérable et un courant d’analyse et de polémique d’exceptionnelle qualité à propos de certains caractères (machinisme, américanisme, technologisme, communication, etc.) qui sont les fondements de notre grande crise actuelle. Cette crise elle-même était perçue dans ses signes précurseurs, au point que nombre des textes publiés pendant la période pourrait l’être aujourd’hui – certains sont republiés actuellement –, faisant bien meilleure figure que ceux qu’on trouve dans le courant de l’édition, venus de nos penseurs postmodernes de la crise.

» A l’étude et à la réflexion, la chose s’est transformée, le cadre s’est élargi, l’ambition a grandi, le sujet lui-même a pris ses aises et réclamé plus d’observations, de largeur de vue, d’efforts, de considération, voire de respect pour lui-même. Ce qui apparaissait, peu à peu à découvert, s’imposait bientôt comme une immense crise affectant toute une civilisation, et l’enquête réduite aux bornes initiales s’avérait de plus en plus incomplète et, en vérité, fort étriquée. Le projet a changé. Dès que le titre fut choisi, en mars dernier, un peu comme s’il s’imposait de lui-même, le sort en était jeté… La grâce de l’Histoire exigeait que l’on allât plus loin, beaucoup plus loin. Je me suis exécuté. Il y a des mots qui ont des exigences.

»Cela explique le retard apporté à ce que nous avions primitivement prévu comme calendrier pour la mise en ligne. Il faut aussi savoir que la rédaction de l’ouvrage n’est pas terminée: fin de la sixième Partie encore à faire, septième Partie (qui est la conclusion) à écrire complètement mais dont le canevas est déjà constitué en reprenant la thèse complète de l’ouvrage, avec ses perspectives; travail conséquent de relecture à faire [de la] cinquième Partie. Le travail se poursuivra donc parallèlement à la publication, et il s’agit là, au fond, du principe même du “feuilleton” dans le sens traditionnel du genre, qui est écrit à mesure de la publication. C’est suggérer également combien il est justifié de penser qu’il y aura des modifications entre la publication en ligne et la publication en édition classique que nous projetons ensuite…»

Mise à jour. Contrairement à ce qui était annoncé le 18 décembre 2009, les dates de publication sont déjà modifiées (18 décembre 2009 : «Le calendrier est donc à peu près celui d’une publication tous les 20-25 jours ; la première aujourd’hui, la seconde le 10-15 janvier 2010, la troisième le 30 janvier-5 février 2010 et ainsi de suite. Mais j’espère que vous comprendrez que ce calendrier est théorique, qu’il peut être changé selon la bonne marche du travail de l’auteur.») Le dernier point était hypocritement prémonitoire, puisque la possibilité envisagée était très sérieuse… Effectivement, nous publions la Première Partie (deuxième publication après l’Intro) le 25 janvier 2010, avec 5-10 jours de retard. Il est possible mais nullement assuré que nous puissions effectivement tenir le rythme des publications suivantes tous les 20-25 jours, mais 30 jours sera le maximum accepté et acceptable. Merci à tous les lecteurs et acheteurs effectifs et potentiels de leur compréhension, notamment à mon égard, d’autant que ce retard n’est pas du temps perdu mais la nécessité du travail à effectuer.

De Iéna à Verdun

Au départ, cette Première Partie devait se nommer “Le siècle allemand et la matrice tragique de la Grande Guerre”. Peut-être y reviendra-t-on – mais, “De Iéna à Verdun”, phrase plus forte, plus parlante, plus cinglante en un sens, rend compte parfaitement du propos et a des chances d’être conservée comme titre.

Cette partie de La grâce de l’Histoire se concentre sur ce qu’on pourrait considérer comme l’installation historique de la scène générale à partir de laquelle se développe l’hypothèse de cet essai métahistorique.

• D’une part, on y trouve les prémisses et les éléments de base qui forment le fondement de la puissante dynamique historique identifiée. L’accent est mis sur deux des trois événements fondamentaux (le troisième étant la Révolution américaine) qui sont identifiés dans ce cadre: la Révolution française d’une part, avec la puissance extraordinaire d’un événement de rupture de civilisation, d’une telle puissance qu’on devrait résolument et décisivement l’extraire de la seule histoire de France pour la considérer comme un événement de civilisation et, effectivement, de rupture de civilisation.

• D’autre part, la “Révolution anglaise”, manifestée de façon beaucoup plus discrète, beaucoup plus insinuante et sans aspect de rupture évidente, pourtant d’une importance qui ne le cède en rien à celle de la Révolution française. Il s’agit du choix de la thermodynamique comme source d’énergie pour la “révolution industrielle” qui s’ouvre, aux dépens du choix de l’hydrodynamique. Bien que ce choix ait été plus fortuit que volontaire, ses conséquences sont évidemment considérables puisqu’il détermine tous les développements de l’aspect de l’économie et de la technologie qui marque toute notre civilisation et porte une responsabilité directe dans la crise de l’environnement.

Ces facteurs de base ont nourri un premier mouvement politique fondamental qui est le premier porteur et la première expression de la dynamique historique fondamentale qui est observée. L’émergence de la Prusse puis de l’Allemagne à partir de la défaite d’Iéna est cet événement déstabilisant et déstructurant qui va conduire au paroxysme de la Grande Guerre, un des points paroxystiques centraux de l’évolution de cette dynamique. C’est principalement aux dépens de la France que s’effectue ce parcours allemand, de façon tout à fait paradoxale puisque que la France est la matrice à contre-emploi par rapport à ses caractères fondamentaux de l’un des événements fondateurs de cette dynamique historique. Paradoxalement, par conséquent, la France s’emploie en fait à réduire, tout au long de la séquence, les conséquences déstructurantes de l’événement dont elle fut la matrice. Son rôle dans la Grande Guerre est l’aboutissement de cette évolution.

Dans cette description générale, on trouve une réappréciation du rôle des deux principaux acteurs. L’Allemagne “de Iéna à Verdun” est considérée comme la puissance révolutionnaire et déstructurante, avec son paroxysme postmoderniste de l’immédiat avant-guerre (avant 1914), tant industriel que culturel et artistique, et surtout psychologique par conséquent. (Parallèlement, les USA se développent et sont déjà identifiés comme la puissance qui prendra le relais de porteuse de ce même courant historique après l’échec et la chute de l’Allemagne.) La France tient un rôle central de force structurante, qui résiste à la déstructuration et qui est constamment et justement perçue comme le principal obstacle à la déstructuration fondamentale de la civilisation qui caractérise cette dynamique historique marquant la “deuxième civilisation occidentale”.

(On notera déjà le peu de cas qui est fait des “idées” en général – ces idées exprimées par les élites, et les diverses manigances notamment idéologiques qui vont avec, auxquelles est dénié tout caractère fondateur fondamental. Je reviens de plus en plus en détail sur cette idée (!) selon laquelle les idées développées durant la période sont des faux-nez pour masquer en l’habillant convenablement la dynamique déstructurante identifiée, qui est pur déchaînement de la puissance de la matière.)

Pour le reste, et pour rappeler la logique et le fondement du projet, tant dans son contenu que dans ses rapports avec la vie publique et littéraire de notre temps, et, particulièrement, dans ses rapports avec les lecteurs de dedefensa.org, je rappellerais la conclusion du premier texte (18 décembre 2009) de présentation, pour le lancement de la publication en ligne de La grâce de l’Histoire

«…L'idée de cette “deuxième civilisation” ainsi détaillée nimbe toute l’approche du thème ainsi choisi. Elle concerne l’Histoire dans le sens le plus haut qu’on peut donner au mot. C’est l’essentiel du propos et je ne sais encore sous quelle forme il sera précisé, et comment l’esprit en sera présenté; il formera une part importante du point de vue du sens fondamental de l’ouvrage, dans sa conclusion. C’est le mystère, ou le Mystère on verra, de La grâce de l’Histoire qui n’est pas encore achevée, à l’heure et au jour où ces lignes paraissent.

Je m’adresse aux lecteurs de defensa.org, qui savent certes dans quelles conditions ce livre est lancé et qui souscrivent à l’esprit de ce projet. Ils ont un rôle à jouer, directement et même indirectement, en y souscrivant et en répandant le bruit de sa publication. Nous ne comptons pas trop sur les ci-devant, encore sur le devant de la scène, faisant fonction de critiques officiels de genre de la littérature historique, pour s’emparer de la chose. Ils ont d’autres chats à caresser dans le sens du poil.»