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1320(Première Partie)
La véritable Grâce de l’Histoire c’est qu’elle se raconte, a posteriori, en montrant où l’expérience s’est fourvoyée. Platon nous a fait voir une réalité lumineuse, hors de la caverne, et l’ombre de l’humanité que cette lumière projette sur le mur opposé à l’entrée. Les derniers siècles sont un traquenard de l’esprit où certains hommes ont cherché à imposer, comme seule réalité, le mirage de la caverne. J’aimerais lever un petit coin du voile sur une partie de cette Histoire bien cachée… la petite Histoire, dont le but était justement de rester cachée.
À plusieurs occasions, l’équipe de dedefensa s’est servi de l’expression “maistrienne”, qui s’appuie sur la philosophie de Joseph de Maistre, pour signifier que le déstructurant peut parfois servir de structurant. Comme en psychologie pour l’individu, l’univers se charge de ramener à la réalité l’Histoire qui s’écarte de ce qui est vrai. La crise qui est déstructurante devient alors structurante. Jusque là, ça va!
Nous avons eu quelques mésententes, Mr. Grasset et moi, sur la personnalité de cet homme qui marqua profondément notre civilisation. Mr. Grasset montrera, dans un texte prochain, l’aspect positif de l’individu. Moi j’essaie de faire voir le double langage et le caractère négatif de l’homme. Aux lecteurs de ces articles de se faire leur propre idée sur le personnage.
Pour tous ceux qui ne connaissent pas Joseph de Maistre, qui ne savent pas qu’il cherchait la révolution permanente pour faire évoluer la civilisation, le mal (fausse perception de la réalité) comme moyen unique de sauver l’humanité, il est bon d’approfondir un peu sa pensée. Affirmer que la maladie a plus d’importance que la santé, c’est un non-sens qui porte son lot de souffrance.
C’est pourtant ce contresens maistrien, pasquallyen, martiniste, qui a insufflé la pensée moderne. Le désordre créateur et la stratégie du choc, de nos modernes, découlent directement des loges maçonniques originelles qui ont propagé la noirceur comme étant la lumière. Avec elles, c’est l’homme qui s’arroge la place de Dieu et qui détermine les peuples qui méritent de vivre ou mourir.
La pensée maistrienne, qui a conduit à la pensée kantienne, est tout ce que nous combattons aujourd’hui. Elles sont les deux visages d’un même mal psychique. C’est l’hémisphère droit, qualitatif, avec une théologie en plein délire. C’est aussi l’hémisphère gauche de la raison, quantitatif, qui déraisonne totalement. Le suicide auquel nous assistons, c’est l’Histoire qui se retire violemment du mensonge. Comme quoi, même le mal concourt au bien!
Qui connaît la théologie maistrienne, perverse, mais tellement belle dans sa partie visible, sait qu’elle est à l’origine du système capitaliste que nous connaissons, du double langage, de la Révolution française, des philosophies matérialistes, des guerres et de tous les troubles psychologiques contre lesquels nous luttons.
Joseph de Maistre était franc-maçon depuis quelques années quand sa loge passa au Directoire écossais. Il fait alors partie d’un groupe très secret d’initiés qui ont une connaissance supérieure et un rôle plus important que les maçons ordinaires. Ses maîtres à penser, Willermoz, et le célèbre Pasqually.
Quelques mots sur ce Joachim Martinès de Pasqually, le grand mage de la branche maçonnique appelée les Illuminés. Pasqually est probablement un Juif espagnol, ses origines sont inconnues. Par contre, son enseignement est directement sorti des traditions juives cabalistiques. Il est thaumaturge, mage, théosophe, le plus haut initié, et dispose de pouvoirs prodigieux (à ne pas croire, c’est un imposteur). Pendant vingt ans, Pasqually s’adonne à la construction de son ordre, l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers (aussi appelé les Illuminés). Ces loges se répandent rapidement en Europe. En 1771, Pasqually met au point les rituels et la rédaction du Traité sur la réintégration des êtres, la base doctrinale de la théosophie et de la théurgie martinésistes (à ne pas confondre avec le Martinisme, découlant de Saint-Martin, émule de Pasqually). La doctrine martinésiste, ou pasquallyenne, est destinée à une élite, les élus de Coën ou les prêtres élus.
C’est ici que le double langage montre toute sa perfidie. Au haut de la pyramide, c’est une théologie à la Jim Jones ou l’Ordre du Temple solaire, complètement coupée de la réalité, avec des rites magiques et de sordides communications avec l’au-delà. Eux dirigent le monde. Au bas de la pyramide, ce n’est plus une théologie, mais un engagement social, presque tout à fait admirable, presque tout à fait sans rapport avec le plan de Dieu entre les mains des dirigeants.
Cette doctrine prendra un grand essor en Europe, mais les opérations théurgiques resteront réservées aux seuls initiés des plus hautes loges. À l’intérieur de ces organisations, il y a au sommet les grands initiés. Il y a même certaines loges où les plus hauts initiés sont au-dessus de tous. Les Illuminés font partie de celles-là (les pires). Ils connaissent la voie à suivre pour l’humanité! Il y a ensuite les degrés inférieurs, au-dessus des débutants. Enfin, il y a tous ceux, à l’intérieur des loges, qui n’ont aucun pouvoir… les hommes de main. C’est une forme de pouvoir hiérarchique et dictatorial.
Comme une traînée de poudre, ces loges se multiplient, et c’est la crème de la crème des sociétés occidentales qui y adhère. Aristocrates et hauts bourgeois se précipitent à la suite de Pasqually et ses émules. Dans toutes les sphères de la société, dans presque toutes les universités, aux postes de commande, cette philosophie, dans son aspect sociale, s’infiltre. Médecins, juges, avocats, notaire, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires, politiciens, avec les meilleures intentions du monde, prennent d’assaut les loges maçonniques. Seul un petit nombre, les grands initiés, sont au courant de l’aspect théologique de la secte.
La doctrine de Pasqually est une doctrine théologique qui s’applique à toutes les religions puisqu’on y parle du plan de Dieu dans l’organisation du monde… et de sa main droite ou gauche, les francs-maçons initiés à la magie kabbalistique. En plus de faire des miracles, de converser avec les anges, les morts et le diable parfois, le but premier du mouvement est l’action sur les hommes. Il ne faut pas oublier que cet aspect obscur de la franc-maçonnerie, occulte, avec magie et rites, ce n’est pas celui qui est présenté au commun. Pour les bas initiés, c’est surtout une doctrine sociale bienfaisante, socialiste, qui est offerte : un humanisme athée où la religion est absente. Ces deux langages, de la droite et de la gauche, sont habilement manipulés par ceux qui savent.
Le spiritisme, l’occultisme et la théosophie dans la théologie pasquallyenne seront condamnés quelques siècles plus tard par Krisnamurti, celui que la démoniaque théosophe Helena Petrovna Blavatski entrevoyait comme l’élu du Nouveau Monde.
Juste avant la Révolution française, certains aristocrates et hauts bourgeois affirment que la moitié des postes de pouvoir sont entre les mains des francs-maçons. Les deux langages sont à l’œuvre dans la Révolution. La base de la pyramide maçonnique, la très grande majorité, est en faveur de la Révolution. Les quelques grands initiés, au haut de la pyramide, restent royalistes (dont Joseph de Maistre). Car dans la doctrine, les initiés de classe inférieure créent les conditions et entrent dans la crise, en l’occurrence la Révolution française, alors que ceux des hautes initiations restent fidèles au roi. Ils savent, ces grands initiés, que le roi disparu, c’est le retour à la barbarie (structurante), la fin de l’ordre social. Ils créent la crise, mais n’y participent pas. Ils ont le mobile parfait pour agir de la sorte. Comme les généraux ils doivent survivre; ils ne sont pas les branches, mais les jardiniers qui émondent l’arbre. L’arbre, c’est nous, le peuple. Le but ultime de ces maîtres à penser, la Révolution permanente!
Ils deviennent ainsi ceux qui créent les crises régénératrices, dans un but conforme au plan de Dieu (c’est du moins ce qu’ils croient). Ils sont la main visible de Dieu qui applique son plan. Ils sont là pour diriger le monde, en l’émondant comme un arbre fruitier. Les fruits de la civilisation, ce sont eux et ils ne doivent garder que les meilleurs. Psychologiquement c’est la dictature de l’ego, l’envers de la réalité, la noirceur, le mal à l’œuvre.
Le double langage est en action : la gauche activiste, au bas de l’échelle et qui fait les révolutions avec un discours social, et la droite qui possède les connaissances, les hauts initiés, avec un discours religieux pervers. C’est le beurre et l’argent du beurre pour les élus, la souffrance et la mort pour les autres. Double langage que l’on retrouve partout aujourd’hui, qui finit toujours par se morde la queue. L’incohérence porte en soi les germes de sa propre destruction.
Les émules, Illuminés, de Pasqually auront une influence profonde et marquante dans toutes les sphères de la société, mais principalement dans l’organisation politique et financière.
Le mouvement sioniste et les B’nai Brith, maçonnerie exclusivement juive, détermineront dans une grande mesure l’orientation de la Maçonnerie universelle.
Le comte Joseph de Maistre sera l’un des très hauts initiés de France, ainsi que Louis Claude de St-Martin (qui donnera naissance aux martinistes, dont le mouvement synarchique opère toujours, nous y reviendrons). Les deux sont membres de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers, des Illuminés. La théologie du comte Joseph de Maistre est une radiographie de la psychologie qui a donné naissance à l’aberrant monstre que l’Histoire est sur le point d’abattre.
La thèse maistrienne est essentiellement un déterminisme théologique, qui fait des hommes des individus, librement esclaves. (Sommes-nous autre chose que cela dans le système qui nous domine?) Sa thèse est appuyée sur une métaphore où Dieu est le géomètre et les hommes, des montres. Des montres distinctes, mais dont le but est d’indiquer l’heure divine. Déterminé par le temps divin, l’homme l’indexe en l’actualisant. Et ce travail d’indexation est celui des grands initiés.
Esclave libre, l’homme est un automate. Cette métaphore de l’automate est omniprésente dans sa thèse, associée à la marionnette platonicienne, au cartésianisme et à son prolongement hobbien, jusqu’à Benjamin dans une double référence : l’automate, couplé à la théologie, est le seul à pouvoir assurer le retournement de l’Histoire, par le moment révolutionnaire : la Révolution permanente. Se référant à Benjamin, il parle de la conscience de faire éclater le temps, la continuité historique. Il s’agit d’un renversement, la crise révolutionnaire qui appelle un nouveau calendrier.
L’essence de la pensée Maistrienne, et de ses initiateurs, c’est le retournement de l’Histoire, à répétition. Voilà le jeu des démiurges qui lanceront l’humanité dans des guerres, régénératrices, où il y aura plus de morts que jamais auparavant dans l’Histoire.
Avec une théologie perverse (hémisphère droit), qui engendrera un rationalisme pervers (hémisphère gauche), celui de Kant et de Nietzche qui conduit au nihilisme et au suicide, cette thèse théologique oriente l’Histoire moderne dans l’aberration.
Joseph de Maistre dira : « La Révolution française, et tout ce qui se passe en Europe en ce moment est tout aussi merveilleux, dans son genre, que la fructification instantanée d’un arbre au mois de janvier. » Phrase surprenante dans la bouche d’un royaliste…, surprenante pour ceux qui ne connaissent pas le double langage des grands initiés.
Voilà la théorie de l’événement maistrienne (la révolution permanente) en réponse à la philosophie des Lumières, du progrès, de Voltaire à Condorcet. Pour Joseph de Maistre, cette raison qui est déraison, puisqu’elle appelle la dégénérescence de tout un monde, appelle le miracle révolutionnaire. L’homme doit ajuster l’horaire humain à l’horaire divin!
Il dira en parlant de la crise régénératrice : « personne n’a contrarié sa marche impunément ». Cette marche est une marche punitive, c’est le noyau de la thèse maistrienne, qui est un écho à Burke. Ceux qui tentent d’empêcher la marche punitive, que ce soit le roi, les contre-révolutionnaires ou même les révolutionnaires, ne peuvent être épargnés. Cette marche n’est autre que le châtiment de Dieu, organisé par les élites initiées, les émondeurs. Une mécanique qui survit pour punir et punit pour survivre.
Cette Révolution permanente est la puissante machine à purifier. L’exemple est celui du système immunitaire qui remet les pendules du droit à l’heure. L’homme doit être purifié par le sang. Nous sommes en droite ligne avec les événements guerriers des trois derniers siècles, préprogrammés pour purifier les hommes. La stratégie du sang et du choc de Friedman, stratégie des Chicago Boys qui emploient encore le système immunitaire comme exemple pour faire passer la pilule de leurs exactions, est un vestige de cette philosophie du peuple élu, les émondeurs. La classe dominante doit dominer!
Les synarchistes et la dizaine de sectes contemporaines travaillent tous dans ce sens; même si très peu connaissent l’autre langage, celui des grands initiés. Pour les chefs de sectes, le sang, celui des autres, est le prix à payer. Ils sont les émondeurs, les générateurs de crises. Pour eux, la pureté provient de la pure impureté. La Révolution est dans cette perspective, à la fois maladie et remède. C’est la mise en marche, à répétition, du système immunitaire, qui détruit la maladie, et le corps qui n’en peut plus de ces souffrances imposées.
Les synarchistes Chicago Boys, émules de Friedman, ont administré la médecine monétaire partout sur la planète, créant par la dette des esclaves libres. C’est au tour de l’Occident de goûter à cette même crise. Tous les droits acquis, tous les services sociaux, tout ce qui reste de noble seront vendus à vils prix aux maîtres du monde.
Cette doctrine du renversement de l’État par la rébellion n’est pas partagée par tous. Kant la réprouve. Le pire, pour lui, c’est l’horreur des idées des droits de l’humanité qui s’effondre. Le roi mort, c’est la mort du droit. Mais bien plus, c’est l’effondrement de l’espoir de la raison, c’est l’anéantissement, en plus d’un régime et d’un État, du droit lui-même. C’est la fin de la Loi, la fin de l’Humanité. Il parlera d’un suicide de l’État, d’un renversement de principe, là où le peuple se constitue souverain du roi alors qu’il dépend et qu’il doit son existence à la législation de ce dernier. Pour lui, ce contresens de la raison, c’est la violence qui marche au-dessus du droit. Un abîme, une masse noire qui engloutit tout. Le vide sans retour, le suicide.
Nous avons ici, la totale représentation, la totale régression, d’un cerveau écartelé entre ses deux hémisphères en état de crise. D’un côté, il y a une théosophie maçonnique, complètement déconnectée de la réalité. C’est l’hémisphère droit en inflation qui tombe dans la démence (comme toutes les sectes).
De l’autre côté, il y a un rationalisme (hémisphère gauche) kantien, nietzschéen, avec tous les philosophes et les scientistes, unidimensionnels, qui renient l’aspect qualitatif, qui poussent la raison jusqu’à la déraison et trouvent l’abîme, le néant et le suicide.
Nous sommes devant le dieu pourri des vendeurs du temple, et le cerveau pourri de ceux qui mettent fin à la philosophie; comme si le suicide, des deux côtés, était une solution. On nous impose le mal (mauvaise interprétation de la réalité), on nous l’inocule de toutes les façons. Le cinéma, américaniste et grandement sioniste, est un exemple de cette salade, vide de substance, qui réduit l’homme à l’animal…, librement esclave de la forme, de l’image, de l’illusion et du mensonge. Voilà où nous conduit la “global governance”.
Pour reprendre une phrase de dedefensa.org, «Qui plus est, ces mouvements poussent la psychologie vers ces espaces inconnus de la pensée où il se pourrait qu’un jour se fasse une dénonciation publique et tonitruante du système qui tient la civilisation emprisonnée et entretient les crises eschatologiques qui la frappent.»
Nous assistons à la fin d’un monde, à l’effondrement d’une civilisation fondée sur le mensonge. Le développement psychique est la clé du Nouveau Monde. Un véritable Dieu d’amour (qui passe par le canal intuitif de l’hémisphère droit, puisque non démontrable) et une raison éclairée qui le découvre (qui passe par le canal de l’intellect du cerveau gauche), sont l’équilibre nécessaire au bonheur…, qui est notre destinée.
Aux armes citoyens! Aux armes intérieures!
Roger Leduc
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