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2201Il faut observer combien les temps, aujourd’hui, se prêtent à la prévision évidemment déstabilisante par rapport aux normes en général rassurantes de cette sorte d’exercice, chacun établissant ses propres prévisions selon ses us et coutumes. Il y a eu le rapport NIC 2008, dont la presse courante n’a pas fait ses choux gras après l’avoir signalé avec des pincettes, ce qui nous en dit beaucoup sur son potentiel déstabilisant; à côté de NIC 2008, Arnaud de Borchgrave, de UPI, nous informe le 21 novembre, à propos des dernières prévisions de Gerald Celente. Il s’agit d’un prévisionniste indépendant travaillant avec son réseau regroupé au sein du Trends Research Institute, en Californie, qui a une bonne notoriété aux USA, qui a une bonne presse (Borchgrave rappelle que The Economist a noté à son propos : «A network of 25 experts whose range of specialities would rival many university faculties»). Au reste, la chose est intéressante parce que ses prévisions, essentiellement pour l’évolution de la situation aux USA, s’accordent assez bien avec la situation actuelle, ses grandes tendances potentielles et l’état d’esprit perceptible dans ce pays.
Borchgrave rappelle également les diverses prévisions réussies de Celente: «Celente's accurate forecasts include the 1987 stock market crash, the collapse of the Soviet Union in 1991, the 1997 Asian currency crash, the 2007 subprime mortgage scandal that he said would soon engulf the world at a time when Fed Chairman Ben Bernanke, a macroeconomist and expert on the Great Depression, told us, “The worst is behind us.” In November 2007, Celente also told UPI that a massive devaluation of the dollar was coming and that some Wall Street giants were headed for total collapse. He called it “The Panic of 2008.”»
Puis nous continuons dans la prévision au-delà de 2008, par l’affirmation de plus en plus envisagée dans les commentaires courants que l’actuelle crise aux USA est pire que la Grande Dépression, qu’elle va toucher la psychologie américaniste et pousser à des mouvements déstabilisants, jusqu’au terme d’une déstructuration de l’actuel système.
«“Worse than the Great Depression,” Celente opined – beginning with a sharp drop in standards of living, and continuing with an angry urban underclass that threatens a social order that allowed the mega-rich to continue living behind gated communities with summer escapades to luxurious homes on the French and Italian Rivieras or to bigger and better and more expensive boats from year to year.
»This time, Celente's Trends Research Institute, which the Los Angeles Times described as the Standard and Poor's of popular culture, can see a tax rebellion in America by 2012, food riots, squatter rebellions, job marches and a culture that puts a higher premium on food on the table than gifts under the Christmas tree.
»Celente says, “There will be a revolution in this country,” though not until 2012, and it will take the form of a bloodless coup and the meteoric rise of a third party. While all this sounds like claptrap to sophisticated observers inside the Beltway, one can't ignore the high marks his forecasting gets from such prestigious global publications as The Economist: “A network of 25 experts whose range of specialties would rival many university faculties.”
»The George Washington's Blog listed all the kudos that Celente received from a wide variety of newspapers, magazines and television shows. He has a solid track record. The catastrophe that is about to hit our nation, he says, has its origin in wars we were told would be “off budget” and would not affect more tax cuts. This is the school that says there's nothing wrong with a little deficit funding.
»One of the cornerstones of America's giant economy is the ability to borrow from other countries – primarily China and Japan – from $2 billion to $3 billion a day in order to maintain the world's highest standard of living, which is based on conspicuous consumption, at a time of growing world shortages. That was bound to change. But Celente does not believe we can switch to a thrifty society without a gigantic upheaval from which a new paradigm will emerge.»
L’intérêt de cette sorte de prévision est moins dans son éventuelle précision, dans les détails qu'elle donne, dans l’excitation qu’on pourrait avoir à connaître l’avenir, que dans le constat que des développements de bon sens conduisent d’une façon de plus en plus convaincante à conclure à la nécessité d’une manifestation ou l’autre d’une révolte qui ne pourra plus être longtemps contenue. L’élection d’Obama, la forme qu’elle a prise, l’appréciation acceptable que c’est la crise, ou l’Histoire qui l’a imposée (chose que même un George Friedman n’est pas loin d’admettre), constituent déjà une “révolte” par rapport aux normes du système. La “récupération” d’Obama est en bonne voie, mais elle ne pèsera, devant la prochaine poussée de crise, que ce qu’a pesé la précédente “récupération”, celle de l’été dernier. En d’autres mots, Obama et les événements derrière Obama («History makes présidents», nous dit Friedman), présentent une large palette d’opportunité pour envisager un avenir assez proche de celui que nous annonce Celente. Peut-être même, notre BHO, transformé prestement en “American Gorbatchev”, sera-t-il lui-même le machiniste ou le détonateur de quelque chose qui ressemblerait effectivement à une “tax rebellion”. Un tel mouvement serait bien dans la manière des mouvements publics et communautaires aux USA; il aurait le charme gracieux de rejoindre, en une boucle historique presque parfaite, dans sa forme et dans sa signification, la “Boston Tea Party” du 16 décembre 1773; cette révolte contre une fiscalité imposée par l’Angleterre est l’événement symboliquement considéré comme le détonateur immédiat de la révolte des colonies contre l’Angleterre du roi Georges, menant à l’indépendance des colonies et à la fondations des Etats-Unis d’Amérique.
Borchgrave, journaliste et commentateur sérieux et réputé, n’hésite pas à comparer, d’ailleurs plutôt à l’avantage du premier, les prévisions de Celente avec celle du NIC 2008. Ce que nous devons retenir, effectivement, c’est la grande cohésion qu’est en train d’acquérir la prévision, à partir de sources et de milieux très différents, pour envisager un futur déstructuré pour les USA. Le système lui-même, complètement à bout de souffle et tanguant de crise en crise, est évidemment totalement impliqué puisque les prévisions concernent nécessairement des changements de structure des moyens économiques et technologiques par rapport à la société, plutôt que le contraire, cela sous la pression des crises systémiques centrales, de l’énergie et du climat.
Mis en ligne le 25 novembre 2008 à 16H50
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