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792Toutes les autorités occidentalistes affutent leurs arguments et leurs positions pour déterminer chacune leur position à l’égard du projet de traité de sécurité paneuropéenne présenté par les Russes. Un point intéressant est de savoir quelle position va prendre la toute nouvelle Haute Représentante de l’UE, version post-Lisbonne.
@PAYANT Le cas est intéressant parce que l’envoi par les Russes d’un projet de traité appelle une réponse de bonne forme immédiate comme certains l’ont déjà fait, impliquant une appréciation générale évaluant le projet et, plus généralement, la politique russe elle-même. La baronne Ashton, on le sait, n’a guère d’expertise dans le domaine de la politique extérieure qu’elle dirige désormais, comme c’est souvent la coutume de bon aloi dans cette sorte de nomination. Elle doit baser sa position sur les analyses et les informations qu’elle reçoit des deux principales sources qui l’alimentent, la bureaucratie de la Commission et celle du secrétariat général (les services que dirigeait Solana, prédécesseur de Ashton dans la version précédente de l’UE). Nos sources dans les milieux européens indiquent que ces deux courants d’analyse sont très différents, sinon opposés.
• La Commission européenne définit sa position en fonction du service qui s’occupe de la Russie, qui est dirigé par un Britannique très orthodoxe, très anti-russe. Les analyses fournies recommandent une attitude réservée, implicitement hostile vis-à-vis des propositions Medvedev, considérées comme une manœuvre anti-occidentale. Nos sources observent que la Commission a beaucoup souffert de cette orientation dans l’époque récente, en se trouvant bloquée dans une attitude négative vis-à-vis de la Russie, alors que la situation a notablement évolué depuis la crise géorgienne, l’arrivée d’Obama et l’abandon du système BMDE.
• Au contraire, le Secrétariat Général a fourni des analyses beaucoup plus ouvertes, indiquant qu’il est nécessaire de considérer avec un esprit ouvert les propositions russes. Ces analyses sont beaucoup plus constructives, bien entendu, et beaucoup plus accordées au courant général, aussi bien qu’aux réactions qu’on a enregistrées jusqu’ici aux propositions Medvedev.
C’est un dilemme pour Ashton. Elle peut aussi bien, comme beaucoup l’en soupçonnent, s’appuyer également, en bonne Britannique, sur une position politique suggérée par le Foreign Office, qui ne serait sans doute pas très éloignée de la ligne suivie par la Commission – elle-même (la Commission) inspirée par cette ligne puisque inspirée par un service dirigée par un Britannique – et l’on sait comment agissent les Britanniques au sein des institutions européennes, bien souvent en courroies de transmission du Foreign Office. Mais une telle attitude, négative, fermée, alors que les autres forces occidentalistes sont plutôt inclinées vers l’ouverture, serait un bien mauvais début pour la Haute Représentante, qui a besoin de s’affirmer en raison de son manque d’expérience et de prestige dans le domaine qui est le sien. On ne s’affirme pas dans une position négative alors que le vent général est plutôt à l’ouverture.
Ce poste si prestigieux pour une Britannique, donc pour le Royaume-Uni, peut se révéler un piège, sinon une position contre-productive, si l’inspiration britannique continue à être défensive, plutôt bougonne à l’image de Gordon Brown, alors que l’Europe institutionnelle a besoin d’initiatives constructives pour s’affirmer. Une telle ligne profiterait à ceux des Etats-membres qui ont des programmes politiques plus ouverts (cas de la France, certes), dont la diplomatie tendrait dans ce cas à s’affirmer d’autant plus fortement au niveau national.
Mis en ligne le 3 décembre 2009 à 06H05