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1445Les statistiques officielles du gouvernement US, considérées en général comme largement inférieures à la réalité, indiquent que, pour 2009, autour de 20% des citoyens américains adultes (1 sur 5, ou 45 millions de personnes) souffrent de troubles psychologiques sérieux à graves (allant des “dépressions sérieuses à des tendances suicidaires”) et que moins de la moitié reçoivent des soins.
Selon CBS.News, du 18 novembre 2010
«A survey being released Thursday by the Substance Abuse and Mental Health Services Administration found that 45 million experienced some form of mental illness in 2009, from major depression to more serious problems such as suicide attempts. Fewer than 4 in 10 received treatment for their mental health condition.
»The survey found a strong link between mental health problems and alcoholism and drug abuse. Mental illness was also more likely among the unemployed, young adults and women. Overall, more than 8 million had serious thoughts of suicide, and 1 million tried to carry them out.»
Il s’agit des Américains adultes. La population non adulte (adolescents) est elle-même encore plus atteinte, comme l’indiquait notre nouvelle du 19 octobre 2010 : «Enfin, cette nouvelle que nous plaçons volontairement en corrélation avec les précédentes, pour introduire notre commentaire. A peu près 50% des adolescents US (teenagers) rencontrent les critères de déséquilibres mentaux, et à peu près la moitié d’entre eux manifestent des symptômes pathologiques qui interfèrent gravement sur leur vie courante…»
Il s’agit impérativement, bien entendu, de placer ces divers constats qui concernent la population des USA (et qui se retrouvent dans nombre de populations de pays du bloc occidentaliste-américaniste) dans le contexte qui importe. La situation de la crise économique et sociale est le plus évident élément de ce contexte, avec la latence de la crise, les chocs successifs qu’elle engendre avec ses effets sur la population et l’incapacité du système d’amener à une amélioration de la situation alors que cette amélioration est sans cesse annoncée. Cette réalité de pauvreté et de précarité, assortie de la tension permanente entre les annonces optimistes et les déceptions qui suivent, est un puissant facteur de dérèglement psychologique.
Ce premier élément du contexte se greffe sur un paysage plus large, également marqué par la tension permanente alimentée par la politique de “sécurité nationale” (ou “sécurité collective” puisque tous ces pays de l’Ouest se prétendent unis) appuyée depuis plusieurs années sur la menace terroriste, et, en général, une menace absurdement exagérée et décrite comme apocalyptique. Cette action constante du système de la communication est substantivée par diverses mesures quotidiennes dites “intrusives” de surveillance, comme notamment les méthodes de fouille et de contrôle corporel dans les aéroports US, – dite Transport Security Administration (TSA), – qui commencent à prendre l’ampleur d’un scandale national et conduisent désormais à un débat dans le corps législatif US. Enfin, cette situation générale est encore plus aggravée par les guerres en cours, l’Afghanistan principalement, qui se définissent à la fois par des destructions absurdes et massives, des dépenses énormes, un échec constant et une absence de but, voire de compréhension du conflit, et enfin l’espèce de reconnaissance tacite unanime de l’impossibilité de la victoire. (Ces divers cas concernant la tension due à la politique de terrorisme des psychologies engendrée par la “guerre contre la terreur” sont largement renforcés par la présence en constante augmentation, aux USA également, de vétérans de ces guerres eux-mêmes frappés dans des proportions effrayantes, allant jusqu’à 80% selon certaines études, de troubles psychologiques sérieux à très graves… Il s’agit de conflits qui font plus de pertes du fait des suicides dus aux problèmes psychologiques que du fait de l’action au combat.)
En d’autres mots, la situation d’une population gravement affectée psychologiquement devient un problème de première dimension, un problème central de cette crise générale de notre civilisation. Les 45 millions de personnes recensées aux USA comme affectées de troubles “sérieux à graves” (de la dépression sérieuse au suicide), nous indiquent, avec une grande partie du reste de la population affectée de troubles plus légers qui menacent constamment de s’aggraver, qu’il s’agit d’une crise collective majeure dont nous n’hésitons pas à affirmer qu’elle est directement et massivement liée à la situation générale de crise terminale de notre civilisation et à l’accélération très rapide de l’aggravation de cette crise. Elle est surtout ressentie et spectaculaire aux USA parce que ce pays, sans assise historique, avec aujourd'hui une politique massive d'engagement extérieur et un virtualisme de la communication exacerbé, est d’une fragilité psychologique évidente très grande.
Il y a désormais un rapport direct entre l’individu moyen de notre civilisation pris dans un sens collectif et la crise générale de cette civilisation. A côté des effets matériels qui sont diversifiés, inégaux, et dont on fait tout pour qu’ils n’aient pas un aspect collectif pour éviter la perception de la crise générale, ce rapport affecte justement la psychologie (c’est-à-dire la perception inconsciente) puisque le système de la communication tel qu’il est utilisé officiellement (virtualisme) dissimule systématiquement la réalité des conditions de gravité de la crise par tout un apparat de communication qui tend à vanter l’expansion, les loisirs, la globalisation d’une économie fondée sur la promesse de l’abondance et du bonheur, etc. Ce qui est refusé à la conscience collective (la conscience de la crise centrale du système), la psychologie le perçoit de façon massive, avec les effets dévastateurs qu’on commence à apprécier statistiquement. A côté de cela, les adjuvants tels que la drogue, l’alcool, etc., jouent leur rôle, également massif, d’aggravation du problème. Si l’on veut, puisque la crise ne peut entrer ouvertement par la grande porte de la conscience de l’individu, elle pénètre subrepticement par les fenêtres de sa psychologie, et le résultat est dévastateur. La conscience placée devant une crise dont rien ne lui est dissimulé est capable de l’appréhender (les exemples des vraies guerres, montrant qu’à côté des dommages infligés directement par les conflits, les psychologies sont beaucoup plus stables parce que la réalité du danger n’est pas dissimulé et que l’instinct vital organise la psychologie pour l’affrontement de cette situation) ; dans le cas contraire, il s’agit alors des dommages indirects catastrophiques causés à l’équilibre des individus, qui prennent la forme de troubles psychologies puisque la cause directe de ces dommages est dissimulé (les mécanismes internes des individus qui ne sont conscients de rien de précis n’agissent pas et n’organisent aucune adaptation défensive de la psychologie).
Mais l’on comprend bien que c’est une situation sans issue. Le système ne peut pas reconnaître la puissance et la profondeur de cette crise centrale puisque ce serait reconnaître son vice irréversible et sa mort prochaine. Il en résulte que ces troubles psychologiques, qui doivent s’exprimer d’une façon ou d’une autre, fournissent une explication acceptable d’une situation de plus en plus chaotique, notamment une situation politique de plus en plus chaotique. La chaos politique répond aux troubles de la psychologie, que les consciences ne s’expliquent pas et dont elles cherchent la cause en réagissant par divers excès politiques, une insatisfaction grandissante, un jugement chaotique sinon fantasmatique de la situation. Cela est particulièrement évident aux USA, dans ce pays dont les structures politiques sont très rigides, le conformisme généralisée, c’est-à-dire un système d’enrégimentement paradoxalement fondé sur les affirmations de liberté et d’autonomie qui fonctionne seulement si les citoyens conservent une psychologie qui, même déséquilibrée, doit se trouver en accord absolu avec ce système. Ce n’est plus du tout le cas, comme on le sait. Notre hypothèse est que le désordre américaniste actuel a sa cause principale dans ce phénomène. De là, on peut tirer la conclusion que la psychologie malade des citoyens du système de l’américanisme est la première menace de sécurité nationale pour les USA (encore une fois, bien en avance sur “le reste” à cause de leurs spécificités historiques), qu’elle affecte directement l’équilibre et la cohésion de cette puissance, qu’elle devrait accélérer d’une façon dramatique le processus de dissolution du cadre politico-social des USA, et très rapidement sa cohésion géopolitique. On aurait ainsi la démonstration que, dans l’ère psychopolitique, la dimension psychologique règle tout et, notamment, la dimension géopolitique. Mais il s’agit, bien sûr, d’un aspect et rien qu’un aspect du phénomène plus général de l’effondrement d’un système et de la civilisation qu’il a pris sous sa coupe.
Mis en ligne le 20 novembre 2010 à 07H10
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