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1272L’un des aspects les plus remarquables de la “crise des soins de santé” aux USA, c’est sans aucun doute l’apathie des partisans de l’“option du service public” dans le projet de soins de santé actuellement débattu aux USA. Robert Reich est un de ceux qui veulent changer cela, face à l’activisme des groupes républicains organisés, qui interviennent avec violence lors de réunions publiques de débat sur la question des soins de santé.
Dans une interview qu’il fait avec le site Politico.com, le 18 août 2009, Reich appelle à une “marche sur Washington” le 13 septembre prochain, pour appuyer le choix de l’“option service public” dans le projet de loi sur la question des soins de santé. L’intérêt de la proposition est notamment que la “marche” suivrait d’un jour une marche du mouvement “tea party”, d’obédience républicaine, également sur Washington D.C. (A noter que Reich choisit le 13 septembre parce que c’est “la journée des grandparents” (Grandparents Day), qu’il est lui-même grand’père, que c’est ainsi indiquer la préoccupation que l’on doit avoir pour sa progéniture, pour laquelle on espère un meilleur service de soins de santé et ainsi de suite. Le caractère bon enfant de ces explications ne dément en rien le caractère surréaliste qui marque cette crise aux USA, il le confirme plutôt... Par ailleurs, la coïncidence est particulièrement arrangeante, que le “Grandparents Day” suive d’un jour la marche sur Washington du mouvement du “tea party”.)
«Robert Reich, the former Labor secretary, scholar and commentator, called Tuesday for a “march on Washington” on Sept. 13 —“Grandparents Day” — in support of a health care bill that offers a public option. While he said organizing was not his strength, he would be prepared to assist. “If enough people feel that’s the best way for their voices to be heard, and can’t be heard in any other way, then we march,” Reich said in a reader question-and-answer session in POLITICO’s Arena.
»A group of conservatives have already announced a “tea party” movement march on Washington for Sept. 12. An opposing march the next day, if one were to materialize, could make for an interesting weekend.
»Reich’s suggested march is the latest manifestation of liberal anger about signs that the Obama administration may be willing to live without a public option if it means a health care bill can become law. “Very few things happen in Washington that are in the public's interest when corporations have huge financial stakes in the game, as they obviously do with health care — unless the public is actively involved, engaged and organized,” Reich wrote. “We won't get a public option, or anything close to it, unless people who feel strongly about it make a racket.”»
Pour l’instant, tous ces projets semblent plutôt bon enfant, ou bien, dit autrement, extrêmement prudents. Nul ne peut dire sur quoi ils déboucheront, en termes de succès, si même ils se concrétiseront complètement (après tout, Reich ne fait là qu’une proposition, mais il est bien entendu qu’il ne l’a pas faite sans garanties sérieuses d’avoir ici et là, dans telle et telle organisation, des réactions positives.)
D’autre part, cette “prudence” (plutôt que “bon enfant”, finalement) est certainement un signe des temps, et un signe politique plutôt qu’une marque d’humeur. Plus que de l’indolence, ce serait plutôt une marque paradoxale de tension. On a remarqué la violence de l’intervention des divers groupes opposés à l’“option service public” et on a déjà mentionné divers facteurs de violence effective ou potentielle d’un caractère grave. Cela signifie que la prudence est plutôt celle d’une situation qu’on sent souterrainement et potentiellement explosive.
Si le binôme 12-13 septembre (marches des deux camps sur Washington) fonctionne, s’il y a des foules significatives, on pourra considérer qu’un nouveau palier est franchi avec l’apparition des manifestations publiques organisées, hors du seul circuit de présentation du projet sur les “soins de santé”. En parlant de “palier”, nous voulons signifier effectivement un nouveau palier dans le processus d’affrontement en cours aux USA. Il y a bien entendu une logique dans cette évolution, liée directement au blocage antagoniste qui existe au niveau du pouvoir à Washington. Cette logique a un potentiel explosif.
Mis en ligne le 19 août 2009 à 11H41