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1122On parle bien sûr, en fait de “conflit armé”, de la nébuleuse de crises diverses dont celle de la Syrie et celle de l’Iran, évoluant en “crise haute” selon notre classification. Des signes divers ne cessent de se multiplier, dans le même sens qui est celui d’une impression extrêmement affirmée que la Russie exclut de moins en moins une confrontation armée où elle pourrait être impliquée, et elle-même se préparant en conséquence.
Cette attitude est évidemment en accord d'esprit et de logique avec la réinstallation puissante de la Russie comme acteur extérieur principal au Moyen-Orient. DEBKAFiles écrit, le 8 avril 2012 : «Lavrov, rather than US Secretary of State, Hillary Clinton is evidently regarded these days as the senior Middle East power broker. In a thumbs-down on Russia’s deepening footstep in the region, the London-based Saudi Sharq al Awsat captioned a Sunday op-ed item, “Nor do we want a ‘Sheikh’ Lavrov.” For the first time since the Cold War ended, the management of a major world crisis has passed into the hands of the Kremlin in Moscow and the UN Secretariat in New York.» (Voir aussi, sur ce thème, notre Analyse du 5 avril 2012.)
La Russie est donc conduite à estimer qu’elle a désormais une responsabilité majeure dans la région, une responsabilité pour la sécurité et la stabilité de la région directement connectées à sa propre sécurité et à sa propre stabilité, et avec son nouveau statut de puissance d’influence centrale. Pour cette raison, la Russie est directement intéressée par la dimension militaire de la situation, autant que par la situation diplomatique. Le même article de DEBKAFiles donnent des indications aussi à ce propos des dispositions militaires, dont on voit que certaines remontent même jusqu’en Pologne… (Nous avons déjà envisagé ce déplacement des tensions de la part des Russes, avec des pressions vers le Nord de l’Europe, notamment face à la Pologne, le 2 janvier 2012.)
«Russia sent its Foreign Minister Sergey Lavrov last week on a round trip to the capitals of Armenia, Azerbaijan, Kazakhstan, Kyrgyzstan and Uzbekistan – an expedition designed to secure Iran against a potential US/Israeli attack via its northern and eastern neighbors, DEBKAfile’s military sources report. On his return to Moscow, April 6, the Russian army let it be known that highly-advanced mobile S-400 surface-to-air missiles had been moved into Kaliningrad, the Baltic enclave bordered by Poland and Lithuania, its response to US plans for an anti-Iran missile shield system in Europe and the Middle East.
»In Yerevan, the Russian minister finalized a deal for the establishment of an advanced Russian radar station in the Armenian mountains to counter the US radar set up at the Turkish Kurecik air base, our sources disclose. Just as the Turkish station (notwithstanding Ankara’s denials) will trade data on incoming Iranian missiles with the US station in the Israeli Negev, the Russian station in Armenia will share input with Tehran.»
Le G2’ Bulletin, de Joseph Farah, donne l’information de la concentration de troupes russes à la frontière russo-iranienne, éventuellement pour venir en aide à l’Iran en cas d’attaque, – «Plans to move troops to protect interests, possibly assist Islamic enclave.» (La nouvelle, réservée aux abonnés, est donnée succinctement sur le site DailyPaul.com le 9 avril 2012, sous cette forme : « The Russian military anticipates that an attack will occur on Iran by the summer and has developed an action plan to move Russian troops through neighboring Georgia to stage in Armenia, which borders on the Islamic republic, according to informed Russian sources. Russian Security Council head Viktor Ozerov said that Russian General Military Headquarters has prepared an action plan in the event of an attack on Iran…»)
Le 7 avril 2012, PressTV.com avait présenté une interview d’un ancien officiel du Pentagone, Michael Malouf, sur la situation et les intentions militaires de la Russie dans l’ensemble Syrie-Iran…
«“Unfortunately, what's now occurring in Syria and even the threat to Iran by the Israelis is having a very serious effect on the Russians in terms of their own vital interests in the Middle East,” Malouf went on to say that Russia “has some major military assets in Syria itself that will probably come into play if the opposition continues the way it is right now in continuing to bombard unabated.”
»On Thursday, Russian Foreign Minister Sergei Lavrov warned Western and Arab nations against arming foreign-backed opposition groups in Syria, saying that a heavily armed opposition won’t defeat the Syrian army. This comes as several Persian Gulf Arab states and the United States pledged 100 million dollars to provide salaries and communications equipment for Syrian rebels fighting against the government. “When the opposition first started out they didn't have very much in terms of arms; now they have very exotic weapons. Where did they get those weapons? They had to come from the outside. You had Saudi Arabia arming and providing that kind of assistance,” Malouf added.
»However, Moscow has responded to Western encroachment by “moving more and more troops and modernizing their base in Armenia in anticipation of the whole crisis in the Middle East from Syria to Iran exploding.” […] “Not only the crisis in Syria, but in the larger geo-political and geo-strategic stand point this is also going to be the problem with respect to the potential threats that you're hearing from not only the US, but from Israel in wanting to bomb Iran - It's making Moscow increasingly uneasy in terms of the instability in the region,” Malouf concluded.»
Ces diverses nouvelles confirment un climat général, que le chef d’état-major des forces armées russes avait bien défini il y a quelques jours en annoncent qu’il pensait qu’une attaque contre l’Iran était possible, sinon probable cet été. Le rapport immédiat qui vient à l’esprit est qu’il est de plus en plus probable, sinon quasi assuré, que la Russie ne restera certainement pas indifférente, et certes pas inactive en cas d’attaque contre l’Iran. L’avertissement de Rogozine du 13 janvier (voir notre Bloc Notes du 14 janvier 2012) n’était pas de simple convenance ni seulement rhétorique : comme il le disait à ses collègues de l’OTAN entre deux petits fours, au cours de sa réception d’adieu à Bruxelles, la sécurité de l’Iran concerne directement la sécurité nationale de la Russie. Rogozine est actuellement Vice-Premier ministre et ministre de l’armement, et il devrait passer au poste essentiel de la défense en restant Vice-Premier dans le futur gouvernement Poutine : ses avis expriment plus que jamais l’orientation de la direction russe, comme ceux qu’il présentait en janvier les annonçaient déjà.
Cela implique donc qu’une aggravation armée de la situation en Syrie ou une attaque en Iran impliquerait presque automatiquement des forces russes en tant que telles, en plus d’un soutien matériel russe aux deux pays concernés. On n’a guère l’impression, sauf chez les chefs militaires US interrogés précisément sur la question syrienne, que ce point soit pris en très grande attention par les dirigeants politiques du bloc BAO, et d’Israël et des USA particulièrement. Il est vrai que les uns et les autres sont suffisamment occupés à intriguer entre eux et les uns contre les autres, comme dans le cas d’Obama versus Netanyahou, pour songer à s’inquiéter de l’implication directe possible, sinon probable, de la Russie dans un conflit où ils seraient eux-mêmes partie prenante, sinon responsables pour une large part.
…Il est extrêmement rare de mesurer un tel climat d’irresponsabilité, et c’est même sans précédent historique par rapport à la hauteur et à l'importance considérable de l’enjeu. Ces gens se rendent-ils compte qu’ils risquent de plus en plus un affrontement majeur, qui ne serait plus réduits aux habituelles puissances-gangsters du bloc BAO et à leurs victimes attaquées en toute illégalité ? Qu’en parlant d’“affrontement majeur”, on parle évidemment d’un conflit qui peut effectivement dégénérer jusqu’aux cas les plus graves envisageables, c’est-à-dire le risque d’une guerre mondiale, ou dans tous les cas d'une guerre au niveau le plus haut ? Qu’il faut désormais sérieusement envisager la connexion entre ces crises géopolitiques nationales (Syrie et Iran) et la crise stratégique transversale des antimissiles, et donc une extension des conditions d’un éventuel conflit à l’Europe elle-même ? La réponse est bien entendu que bien peu, sinon aucun parmi ces dirigeants, ne s’occupent directement de ces questions, – réponse négative, par conséquent, sur le fond, à toutes ces questions un peu irritantes. Il s’agit certes d’une dynamique-Système qui dépassent tous ces dirigeants, dont ils tentent de limiter les effets sans en rien comprendre du fond, ou d’orienter ces effets d’une façon avantageuse pour eux, électoralement s’entend. L’on sait que, pour Obama dans les mois à venir, l’attaque éventuelle de l’Iran, avec ou sans les USA, ne s’envisage essentiellement qu’en termes d’interférences positives ou négatives sur sa réélection.
D’autre part, il faut considérer que c’est effectivement dans une telle occurrence où l’une ou l’autre, ou l'une et l'autres de ces situations de conflit prendraient un tour aussi dramatique qu’on peut désormais envisager, que les situations intérieures de l’une ou l’autre puissance du bloc BAO pourrait être gravement déstabilisée, avec la mise en cause du pouvoir lui-même. Le scénario d’une attaque contre l’Iran est en effet une de ces hypothèses que certains analystes favorisent pour envisager la “fin de l’Empire” (ou ce qu’il en reste), c’est-à-dire du pouvoir central de Washington, aux USA. Tout cela confirme amplement que l’extension de ces crises en “crise haute”, avec un potentiel colossal d’ébranlement du monde, est désormais un fait avéré de la situation internationale.
Mis en ligne le 10 avril 2012 à 16H02
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