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699Deux nouvelles concernant des affaires d’armements différentes et importantes, des situations différentes, mais venant toutes deux de Russie et regroupées par nous intentionnellement. Les deux choses valant bien un commentaire commun…
• Concernant l’achat du Mistral français, dont Novosti disait le 16 juin 2010 que la procédure avait commencé, une annonce surprise… Toujours selon Novosti, ce 15 juillet 2010, l’apparition d’un concurrent inattendu, le Dodko, proposé en coopération avec la Corée du Sud, comme alternative au Mistral.
«Le Groupe russe unifié de construction navale (OSK) a invité le ministère de la Défense à ne pas arrêter son choix sur le Mistral français, mais sur le Dokdo sud-coréen, motivant sa proposition par les avantages de la coopération militaire et économique avec Séoul, a confié jeudi à RIA Novosti une source haut placée au sein d'OSK. C'est ainsi que l'interlocuteur de l'agence a commenté la publication du quotidien moscovite Kommersant selon laquelle le Consortium aurait trouvé une alternative au BPC Mistral. […].
»D'après le quotidien, une lettre proposant de donner la préférence au Dokdo a été adressée par le PDG d'OSK Roman Trotsenko au ministre de la Défense Anatoli Serdioukov. “Je confirme que de telles lettres ont été envoyées il y a longtemps au commandant en chef des forces navales Vladimir Vyssotski et au ministre de la Défense Anatoli Serdioukov, mais nous n'avons toujours pas reçu de réponse. Le Consortium estime qu'il existe dans le monde beaucoup d'autres offres que le Mistral. Le Dokdo sud-coréen figure parmi les variantes les plus avantageuses en ce qui concerne le rapport qualité-prix et les perspectives de la coopération mutuellement avantageuse entre Moscou et Séoul”, a déclaré le représentant d'OSK qui a requis l'anonymat.
»S'agissant de la coopération entre les deux pays, il a précisé que la Corée du Sud pourrait s'associer à la mise en place d'un chantier pour la construction de cargos et pétroliers de gros tonnage dans l'Extrême-Orient russe.»
• Concernant le missile sol-air S-300 commandé par l’Iran, qui sème la terreur parmi les partisans occidentaux d’une attaque contre l’Iran, et dont la vente semblait annulée… Pas sûr du tout, écrit Hugo Natowicz, pour Novosti le 16 juillet 2010, – rien n’est vraiment annulé.
«Nouveau rebondissement dans le feuilleton-fleuve entourant la livraison des missiles russes S-300 à l'Iran: le contrat tient toujours. Une pique de Moscou qui n'a toujours pas digéré le coup de filet contre des espions russes aux Etats-Unis.
»“Le contrat n'a pas été annulé”, a laconiquement souligné Sergueï Tchemezov, PDG du conglomérat public Rostekhnologuiï, qui chapeaute notamment le monopole russe des exportations d'armements. […]
»Cette volte-face russe surprend à plus d'un titre. Approuvées par la Russie, les sanctions de l'ONU adoptées début juin empêchent définitivement la réalisation du contrat signé en 2005 par Moscou et Téhéran sur la vente de cinq systèmes sol-air S-300. Auparavant déjà, le contrat n'avait jamais été honoré en raison de la pression de Washington, qui redoute que ces missiles capables d'abattre un avion volant à 27 km d'altitude ne mettent l'Iran à l'abri d'éventuelles frappes. Téhéran avait maintes fois protesté contre les faux-fuyants russes sur ce dossier. […]
»Le principal frein au ralliement de Moscou à la croisade internationale contre l'Iran était jusqu'à présent d'ordre commercial. Soufflant le chaud et le froid, les Russes disaient redouter l'apparition d'une bombe nucléaire iranienne mais continuaient dans le même temps à construire la centrale nucléaire de Bouchehr et souhaitaient participer à la mise en valeur de gisements d'hydrocarbures dans ce pays.
»Toutefois, un événement politique d'une grande résonance est venu se greffer sur la problématique iranienne. Fin juin, Washington faisait voler en éclat la lune de miel entre les deux pays en annonçant l'arrestation de dix espions russes (les “illégaux”) immédiatement après la visite aux Etats-Unis d'un Dmitri Medvedev tout sourire. Un morceau de hamburger de trop, qui est resté en travers de la gorge des Russes.
»Le scandale a eu l'effet d'une douche froide, et repoussé aux calendes grecques les projets conjoints dans le domaine de l'innovation, si chers à Medvedev. Mais surtout, l'affaire a été ressentie comme une défaite russe. Afin de rapatrier les "illégaux", des espions de bas étage, Moscou a été contraint d'extrader vers les Etats-Unis quatre agents secrets expérimentés, russes de surcroît. Un échange humiliant qui est loin de satisfaire les appétits de revanche côté russe.
»Le spectre des S-300 ne refait jamais surface par hasard: des rumeurs selon lesquelles la Russie aurait entamé la fourniture de “composantes pour les systèmes de missiles S-300” avaient été relayées en décembre 2008. Soit quelques mois après le conflit russo-géorgien, au comble de la tension dans les rapports est-ouest.
»C'est donc Medvedev qui aura le dernier mot dans cette affaire: “la décision devait être prise par le président lui-même”, a précisé Tchemezov.»
dedefensa.org
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