Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1257Michele Bachmann, la représentante républicaine du Minnesota, mère de 5 enfants, au physique attrayant, à l’abattage impressionnant, est en train de déborder les frontières de la politique intérieure de l’Amérique. (Nous avons déjà parlé de Bachmann, le 6 novembre 2009.) Ce 15 novembre 2009, c’est l’Observer qui consacre un long portrait à cette femme qui est en train d’acquérir un poids politique de grande importance dans la politique intérieure US, dans le parti républicain mais un peu à côté, si l’on considère ses connexions avec le mouvement Tea Party.
«Bachmann, at 53, is a darling of the so-called Tea Party movement, which has campaigned vociferously against healthcare reform, the economic stimulus package and legislation to combat climate change. Her followers have been behind mass rallies in Washington and smaller ones all over the country. She has emerged as one of the most visible politicians in America, frequently appearing on the conservative Fox News channel, whose hosts often champion her causes.
»She is part of an increasingly visible “female brand” of conservatism that is rising in America in the wake of the election of Obama. They include notable syndicated commentators such as Michelle Malkin and Ann Coulter, whose dislike for liberals has grown ever more shrill in recent months. And, of course, Palin herself… […]
»All these women express a mood of conservative discontent that is becoming increasingly vocal and, some experts warn, extreme. The Republicans have been kicked out of power in the White House and Congress. The party is becoming more white and southern at the same time as national demographic changes give power to other regions and minorities. Many Americans are also suffering in the recession. That is a grim picture but one that also makes many voters vulnerable to a talented rabble-rouser. “They are tapping into grassroots frustration... they are charging up an already highly charged group of people,” said Shaun Bowler, a political scientist at the University of California at Riverside.
»The politics espoused by Bachmann, Palin and others on the far right of the conservative movement warn darkly of Obama's intentions. They paint a picture of an America that is under threat from its own president. Bachmann has spoken of the possibility of the White House setting up “re-education camps” for America's youth. Palin once accused Obama of “palling around” with terrorists. To the many critics of this new breed of conservatism, people such as Bachmann and Palin are putting an attractive female face to a very ugly brand of politics.»
@PAYANT Bachmann commence à prendre une allure politique de belle dimension, puisqu’on commence à la découvrir hors des frontières et hors des centres de presse et des think tanks chics de Washington et de New York qui sont les références des journalistes européens se targuant de comprendre la politique US. Aussitôt fleurissent, d’une part les comparaisons avec Palin, d’autre part les références à la droite extrême qui nous renvoie à une référence type néo-conservatrice. Il n’est pas assuré que la presse internationale et les observateurs non-US comprendront avant longtemps à qui ils ont affaire avec Bachmann, si celle-ci devient effectivement “l’homme fort” du parti républicain et candidate pour les présidentielles en 2012.
Contrairement à Palin, qui avait été sortie du complet anonymat pour être propulsée candidate vice-présidente, Bachmann est en train de se créer une solide base populaire, qui est beaucoup plus le mouvement Tea Party que le parti républicain lui-même. C’est-à-dire que sa puissance, si elle s’affirme et se confirme, ne vient pas du parti républicain mais d’un mouvement populaire d’une puissance et d’une organisation incontestables, et hors des canaux habituels de la politique washingtonienne. Elle a le temps devant elle – trois ans avant 2012 – là aussi, contrairement à Palin, et, par conséquent, toutes les opportunités du monde de se bâtir une machine de guerre électorale qui lui soit propre.
Son orientation politique est différente de celle de Palin, qui, s’adaptant à son nouveau rôle par surprise, s’est répandue dans l’extrémisme dans tous les coins. Bachmann a une orientation nettement populiste (selon l’entendement US du mot), c’est-à-dire basée sur des préoccupations intérieures à la fois concrètes et conservatrices. La crise économique y a une grande place, mais aussi la “crise d’identité” que connaissent les Blancs aux USA depuis l’élection d’Obama et la montée des minorités, et particulièrement les “petits Blancs” des campagnes pauvres et des Etats du Sud. Les prises de position extrémistes sur les questions de politique extérieure vont avec mais ne constituent certainement pas, à la différence fondamentale d’avec l’époque Bush, le thème principal.
La candidature de Bachmann, si elle se fait, prendra naturellement une allure anti-establishment, l’allure de l’Amérique pauvre qui, paradoxalement, prétendra s’identifier à une Amérique blanche de plus en plus en crise d’identité face aux minorités, et qui se sent trahie par les “élites” washingtoniennes et new-yorkaises, blanches ou pas qu’importe. Que Bachmann soit soutenue en sous-main par diverse groupes d’intérêt ou “astroturf”, ceux qui soutiennent Tea Party pour des raisons objectives d’intérêts corporatistes et de business n’a pour l’instant aucune signification particulière. Tous les candidats ou politiciens importants le sont, et ces soutiens portent sur des points très particuliers, souvent déterminés par enchaînement indirect de l’action des groupes politiques ainsi soutenus, et d’ailleurs portant sur des actions ponctuelles.
Bachmann découverte par les commentateurs internationaux, c’est la découverte qu’ils n’en ont pas fini avec les interrogations à propos du destin de l’Amérique. Plus divisée que jamais et de plus en plus divisée au-delà des piètres explications habituelles, plus que jamais en crise, avec des segments importants de sa populations eux-mêmes en crises identitaires. Bachmann est une femme de son époque et, surtout, de la crise de son époque; en plus, c’est une femme, ce qui n’est pas l’aspect le moins intéressant du phénomène, et une preuve de plus de la crise multidimensionnelle qu’affrontent les USA.
Mis en ligne le 16 novembre 2009 à 07H04