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1680L’organisation de presse washingtonienne McClatchy, presse-Système sans le moindre doute mais souvent productrice de choses loin d’être inintéressantes, sort un article extrêmement révélateur sur les causes et les raisons de la politique syrienne des USA à partir du mois d'août 2011. Il y est question, – qui s’en étonnerait car qui s’étonnerait de quoi aujourd’hui ? – des “mots magiques” au nom desquels cette politique fut suivie et développée durant exactement quatre années. On est habitué à croire en général que toute cette affaire était, par exemple, un montage des neocons ; nous aussi, il nous est arrivé d’y croire en nous en voulant un peu tant cette explication éculée peine à absorber toute la substance extraordinaire des évènements que nous vivons, avec leurs contradictions, leur inconsistante, etc... Eh bien nous voilà rassurés parce que pas vraiment, mais alors pas du tout ; nul neocon nécessaire, des mots simplement, quelques mots qui étaient calculées pour tailler sur mesure la “stature historique” du président...
«Après un mois d’échanges d’e-mails, d’analyses de renseignement, d’évaluation légales entre divers ministères et agences, la Maison-Blanche se décida pour une déclaration écrite que le président Obama lirait le 18 août 2011. On y trouvait un préambule saluant les manifestations pacifiques[ anti-Assad] qui s’opposaient à la “brutalité féroce” du régime, et puis il y avait cette ligne décisive : “Pour la survie du peuple syrien, le temps est venu pour le président Assad de quitter le pouvoir”
»Les conseillers politiques impliqués dans le dossier furent désormais référence à cette phrase sous l’expression “les mots magiques”...»
Ainsi, avec ces “magic words” était établie toute la stratégie des USA dans l’affaire syrienne... Le texte de McClatchy est long mais cela ne doit pas décourager sa lecture. Il est le fruit d’une enquête minutieuse, qui s’est étendue sur une année et a comporté notamment des interviews en profondeur d’au moins neuf hauts fonctionnaires du département d’État (certains sont nommés, d’autres ont demandé l’anonymat) qui ont travaillé tous sur le dossier syrien.
Au départ, le but “stratégique” US était simple : il ne fallait surtout pas renouveler le chapitre égyptien, c’est-à-dire la chute de Moubarak et ce qui s’ensuivit, au cours desquels l’administration Obama parut lente, peu inspirée, hésitante... La Syrie, et surtout Assad, semblaient présenter tous les “avantages” d’une telle contre-offensive “stratégique” de pour communication puisqu’il s’agissait de demander le départ d’un homme dont tout le monde disait, déjà depuis quelques mois, qu’il n’en avait plus que pour quelques semaines (avant de devoir quitter ignominieusement le pouvoir, peut-être pour le pire des sorts), voire que “ses jours étaient comptés”.
Ainsi en vint-on aux “mots magiques” dont on a parlé plus haut. Frederic Hof, actuellement au Centre Farik Haruri de l’Atlantic Council, menait la task force du département d’État chargée de la réponse à l’insurrection syrienne ... «A ce point, une déclaration présidentielle disant que Assad devait abandonner le pouvoir aurait du refléter une stratégie de sécurité nationale pour la Syrie. Elle aurait du refléter quelque chose de substantiel, la façon dont les États-Unis entendaient procéder. Cela fut composé entièrement en circuit fermé, dans un effort très rapide pour placer le président “dans le bon côté de l’histoire”, en se basant sur l’appréciation absolument fausse et absolument sans la moindre assurance ni la moindre présomption que le type [Assad] était sur le point de quitter le pouvoir dans les vingt minutes qui venaient...»
A côté de cela, le texte rapporte que la position générale de la communauté de sécurité nationale était une complète incertitude sur l’intérêt stratégique de la Syrie pour les USA, sur la valeur, le crédit, les capacités de l’opposition, ni même sur l’aide que les USA pouvaient apporter à une politique de regime change en Syrie ; la Maison-Blanche elle-même était persuadée que la Syrie n’avait que très peu d’importance stratégique pour les USA, que de toutes les façons elle ne serait jamais proche des USA quel que fût le régime... «La Maison-Blanche et le département d’État, et moi y compris, nous fûmes absolument coupables dans l’emploi d’une rhétorique prétentieuse sans aucun argument, aucune base solide pour la justifier... [...] Il y eut énormément de verbiage absolument dépourvu de la moindre détermination de faire en sorte que le projet soit mené à son terme. » (Hof) Une autre source au département d’État explique : «C’était toujours “il faut que nous ayons l’air de dominer et de contrôler le problème, que nous ayons l’air de faire quelque chose, mais il ne faut pas s’y laisser prendre”...»
Enfin, il y eut les pressions que subit l’administration Obama pour poursuivre et accentuer sa “politique” anti-Assad, sa “stratégie” définie par un seul but qui était l’élimination d’un homme, sans aucune autre disposition fondamentale, sans aucun autre but stratégique, dans une affaire où l’intérêt stratégique des USA était largement mis en cause, sinon inexistant pour certains des acteurs principaux. Ces pressions vinrent de deux groupes ...
D’une part, la presse US elle-même, qui ne cessa d’exercer une pression portant sur la question de la légitimité d’Assad, donc sur la nécessité de son départ. «Pour être franc, explique l’ambassadeur Ford, alors en poste à Damas pour représenter les USA et lui-même pendant de nombreux mois agitateur US n°1 (type “révolution de couleur”) en faveur des révoltés anti-Assad, la presse, les médias ne cessaient de nous presser. Ils n’étaient nullement impartiaux là-dessus parce que, dès que les républicains commencèrent à dire qu’il [Assad] n’avait aucune légitimité, la question revint tous les jours en conférence de presse : Croyez-vous qu’il ait une légitimité ? Qu’est-ce que nous aurions dû répondre ? Oui, il a une légitimité ?»
D’autre part, la pression des allié du bloc BAO, particulièrement les Européens, particulièrement les Français .... C’est l’habituelle inversion aujourd’hui, à-la-Wallerstein : qui est le caniche de qui ? (Charmante question pour la France, n’est-ce pas...) Les asservis pro-US, dont la France est un brillant exemple, finissent très vite par émettre sans arrêt des exigences de durcissement supplémentaire de leur maître, si bien que les gens de l’équipe Obama ne craignaient rien tant que les visites des ministres français. Lors d’une visite de Juppé en juin 2011 (donc avant la déclaration d'aout 2011 d'Obama), le même Ford rapporte qu’il craignait par-dessus tout qu’Hillary Clinton, emportée par sa fougue interventionniste ranimée par son interlocuteur, n’oubliât la ligne générale qu’il tentait de soutenir au sein du département et qu’elle se laissât entraîner par Juppé, devenu extraordinaire et improbable neocon, et demander le départ d’Assad...
Ainsi apparaît dans ce très long texte de McClatchy une stupéfiante vérité de situation, – ou plutôt ce qui devrait être une stupéfiante vérité de situation pour la plupart des gens de communication, ceux qui soutinrent la même narrative pendant quatre années, – puisque, par ailleurs, pour nous, rien de stupéfiant là-dedans, narrative confirmée et situation conforme à notre hypothèse d’un Système écrasant, de l’absence de toute politique, de toute stratégie dans le chef des pays du bloc BAO, USA en premier... Nous allons énoncer quelques remarques générales qui constitueront le terme et l’essentiel de notre commentaire.
• Effectivement, la première chose qui doit retenir l’attention, c’est cette absence de stratégie, ou bien la “stratégie” réduite à une phrase de dix mots concoctée après de longs échanges et émettant une banalité extrême basée sur une appréciation complètement faussaire de la réalité, dans le but explicite, – fondement de la “stratégie”, – que le président soit “du bon côté de l’histoire”. Il n’est donc question que d’affectivisme avec une importance énorme accordée à la communication. Pour le reste, lorsqu’on parle véritablement de l’enjeu stratégique, il s’avère que l’opinion la plus courante dans l’administration, dans tous les cas à la Maison-Blanche, est que la Syrie n’a guère d’intérêt stratégique pour les USA. Ainsi le cadre est-il bien tracé et complété, toute l’action politique étant verrouillée dans la narrative dont on reconnaît quasi-explicitement qu’elle n’a strictement aucun rapport avec la réalité stratégique. La “vérité de la situation“ est à déterminer au niveau de cette occurrence à la fois dérisoire et pathétique ; on sent, on devine le désintérêt d’Obama pour toute cette affaire, sinon dans son aspect de communication, ce qui rend assez suspect son affectivisme à lui, qui lui tient lieu de politique, au profit d’un cynisme assez cool et bien dans sa manière ; en d’autres termes, Obama s’en fout (de la Syrie et du reste) mais tient à son “image” d’être “du bon côté de l’histoire”...
• Il se déduit immédiatement de ce qui précède que toutes les théories, les “Grands Jeux”, les projets planétaires, les grands thèmes de l’hégémonie US, les complots pour la mettre en place tout cela qui a été détaillé en si grand nombre durant toute la crise syrienne devrait être très sérieusement révisé, sinon jeté à la poubelle de la pseudo-histoire (ou disons à l’histoire réduite à une poubelle). Cette remarque vaut pour les grands stratèges-Système dans la presse-Système, mais encore plus pour la myriade de commentateurs antiSystème qui semblent ne jamais devoir arrêter de dévoiler les plans machiavéliques des USA, et qui continuent aujourd’hui avec l’Ukraine. (On serait curieux de rassembler les thèses et descriptions des grands plans US sur la Syrie pendant la période considérée, et de les comparer avec les témoignages que nous apporte le texte de McClatchy ; mais comme l’on voit, par exemple avec The Moon of Alabama du 14 août 2015, l’enquête de McClatchy est simplement écartée comme une manœuvre d’intoxication, mise sur le même plan que deux articles du Washington Post et du New York Times qui ne disent pas du tout la même chose sur le fondement de la démarche qu’ils décrivent.)
• Il serait temps, avec l’éclairage de quelques textes de cet acabit de mesurer le vide absolu, l’inexistence complète de la politique US réduite à la simple application, complètement aveugle de la politique-Système... Car, bien sûr, il y a une politique, ou une dynamique tenant lieu de politique, qui n’a rien, strictement rien à voir avec le sapiens basique du Système, qui est toute entière imposée par le Système et sa dynamique surpuissante, qui consiste en une poussée déstructurante et dissolvante constante. Outre celui d’opérationnaliser cette politique, le sapiens-Système n’a pour rôle que de lui donner une justification pour l’aligner sur les préoccupations de sa hiérarchie, qui sont du seul ordre de la communication (“être du bon côté de l’histoire”). A part cela, du côté sapiens, rien, le vide absolu, une sorte de désert intellectuel où pas un seul complot, fût-il le plus sophistiqué, ne survivrait un seul jour, mort de sottise comme l’on meurt de soif. Il est à peu près assuré qu’on est loin, du côté des Sapiens-Système, mais surtout du côté des antiSystème, d’admettre cette explication que les USA et leur “politique“ sont aussi vides qu’une coquille vide datant du Tertiaire. On dirait que nombre d’antiSystème n’ont la sensation de ne pouvoir exister que dans la mesure de la puissance de ce qui les menace dans l’ordre de l’humain dressant des plans machiavéliques.
• Il y a le phénomène bien connu de surenchère des irresponsables, en général des “croyants” de la narrative totalement immergés dans l’affectivisme qu’ils prennent pour une “politique morale”. La plupart ont bien entendu été mobilisés par les instances supérieures, sur lesquelles ils sont complètement alignés, mais bientôt conduits à justifier à leurs propres yeux cet alignement par une véritable croyance dans la politique dont ils doivent faire la promotion, – évacuant ainsi tout sentiment de culpabilité, de lâcheté, de conformisme et d’asservissement. Ces redoutables asservis deviennent aisément beaucoup, beaucoup “plus royalistes que le roi”, et ne cessent d’exiger toujours plus de zèle, toujours plus de dénonciations, toujours plus de forces. La limite est atteinte chez ceux qui ont totalement éliminé toute indépendance de jugement au profit d’un déchaînement paroxystique de l’affectivisme, les plus redoutables étant ceux qui dissimule la chose derrière l’apparat du discours retenu, de l’affirmation équilibrée, de l’arrogance de bon aloi, caractérisant les plus grandes intelligences de nos temps étranges (Juppé, excellent exemple). Du côté de la presse-Système, complètement alignée sur le Système et les directions politiques, l’absence complète de responsabilité, ainsi que du moindre compte à rendre à quelque réalité que ce soit, permet le déchaînement des exigences pour un durcissement continuel, pour des précisions concernant la politique en cours pour trouver par quel biais exiger son durcissement, etc. De ce côté, nous dirions qu’on est beaucoup, beaucoup “plus stalinien que Staline”.
• La séquence ainsi décrite renvoie complètement à la dynamique de notre déterminisme-narrativiste, et à une influence totale du Système. Il y a l’abdication complète de tous les acteurs de tenter de comprendre la logique de ce qui est en cours, c’est-à-dire d’embrasser la situation dans son ensemble. Le rythme de l’action, des délibérations, des décisions, etc., étouffe toute velléité de distinguer combien sont vaines et faussaires cette action, ces délibérations et ces décisions. Cette situation est bien connu et exsude plus qu’aucune autre une vérité d’elle-même qui est une parfaite description de la crise en éclairant d’une lumière crue l’irresponsabilité et l’inconscience des acteurs. Il reste, – rien que cela, – à explorer l’origine des forces qui agissent comme elles le font ... Nous avons souvent évoqué ce problème et conduit certaines hypothèses qui s’inscrivent dans le cadre de notre rangement métahistorique qui s’ordonne autour de l’événement du “déchaînement de la Matière”. De ce point de vue, il n’y a aucune raison pour nous de modifier cette démarche, mais au contraire, à la lecture de cette enquête, de l’accentuer plus encore.
• Une dernière remarque qui est en accord avec tout ce que nous relevons à propos de la psychologie, concerne la quasi-pathologie des psychologies des acteurs concernés. L’effet obtenu est un cloisonnement de l’esprit et la réduction de la mémoire à un instrument de constat lui-même cloisonné et nullement à un instrument de pédagogie. La description d’une période passée qui offre une explication permettant de comprendre la plupart des aspects incompréhensibles de cette période, tout en rencontrant ce qu’on devine du sentiment, des comportements, des faiblesses et des aveuglements des uns et des autres, ne suggère aucun remède efficace pour la période présente où l’on reproduit les mêmes errements avec une quasi-innocence refaite à neuf. La description est faite comme s’il s’agissait de quelque chose d’extérieur à soi, quelque chose qui, justement, a été imposée. L’on sent bien, et l’on comprend aussi bien à suivre les évènements, que les mêmes errements, les mêmes faiblesses, les mêmes absurdités seront répétées dans d’autres circonstance, – comme en Ukraine, par exemple, et même en pire. Il s’agit d’esprits et d’intelligences quoi sont complètement infectées par le Système, qu’ils se placent dans un camp ou l’autre (du côté du Système ou du côté des antiSystème).
Pour nous, il ne fait aucun doute que de telles analyses, comme d’autre part les déclarations du Général Flynn (voir le 12 août 2015 et le 14 août 2015 pour leur mise en évidence), constituent des avancées précieuses sur la voie de la compréhension du fonctionnement général du Système et de la Grande Crise d’effondrement du Système. Que tout cela vienne du Système lui-même (de la presse-Système ou d’exécutants du Système) ne fait que mettre en évidence combien les seules voies d’une compréhension complète de la crise du Système ne peuvent venir que du Système lui-même. (Ci-après, le texte de McClatchy.News du 13 août 2015, signé de Hannah Allam.)
dedefensa.org
« By the summer of 2011, the Syrian uprising was spiraling into a full-fledged insurgency, with ragtag militias eclipsing the nonviolent opposition and dealing serious blows to the once-untouchable regime of Bashar Assad.
» Inside the Obama administration, a debate was heating up between senior officials who opposed U.S. involvement and others who urged the White House to do something, anything, to boost a then-nascent rebel movement. European allies and Arab partners added to the pressure by calling nonstop, leaning on the United States to denounce Assad in a symbolic move that they hoped would catalyze regime change in Damascus.
» After a month of interagency emails, intelligence assessments and legal reviews, the White House settled on a written statement that President Barack Obama would issue on Aug. 18, 2011. There was a preamble hailing the peaceful demonstrators who stood up to the regime’s “ferocious brutality,” and then the money line: “For the sake of the Syrian people, the time has come for President Assad to step aside.”
» Senior aides referred to them as the “magic words.” [...]
» In multiple interviews over the past year, nine of the most senior Syria policymakers from across the government, some of whom spoke on the record and others on condition of anonymity so as to freely describe sensitive internal debates, recounted how a seemingly risk-free gesture of solidarity with dissidents yoked the United States to the anti-Assad cause even though he’s no longer the primary target as the policy evolves into what Secretary of State John Kerry called an “ISIL-first” strategy. “It’s an ISIS-first war,” agreed one former senior U.S. official who was closely involved in Syria planning for the first two years of the conflict. “Of course, there’s nothing second, but they just don’t say that.”
» Obama had made clear to his Middle East hands that he wanted to avoid U.S. entanglement in Syria. But he also wanted to avoid the vilification that came when the United States was perceived to have been moving too slowly to support the Egyptian uprising in early 2011. To bridge these two objectives, policymakers said, they settled on a gamble. They bet that calling for Assad to step aside would be painless for the United States because he was on his way out anyway, facing the same reversal of fortune as the autocrats in Tunisia, Egypt and Libya during that era of popular uprisings.
» Based on what would turn out to be flawed and incorrect assessments that Assad’s fall was imminent, the planners said, they dismissed naysayers among them who pointed out that the words could be construed as an implicit pledge of U.S. help and, worse, that there was no backup strategy should Assad remain.
» Frederic Hof, who led the State Department’s response to the Syrian uprising and is now with the Rafik Hariri Center for the Middle East at the Atlantic Council, said that Obama’s statement should’ve come only after “a very careful and very comprehensive interagency planning process” that identified U.S. objectives in Syria and offered the president policy options as part of a broader, agreed-upon strategy.
» “At that point, a presidential statement saying Assad must step side would reflect an approved national security strategy for Syria. It would reflect something of substance, it would reflect the manner in which the United States intends to proceed,” Hof said. “This was done entirely backwards, in this rush to get the president on ‘the right side of history’ based on a faulty and thoroughly unsupported, unsubstantiated assumption that this guy was going to be gone in 20 minutes.”
» Ryan Crocker, a former career diplomat and noted Arabist who’s served as ambassador to Iraq, Afghanistan and Syria, called the president’s statement “an uh-oh moment, based, I think, on a fundamental misunderstanding of the basic history and dynamics inside Syria.” Current and former officials who worked on the conflict in its infancy, as well as outside experts who advised the policymakers, now speak of the debate over the so-called magic words as an early lesson in the divisions within the administration that persist today as hindrances to a coherent U.S. response to the Syrian conflict.
» Unlike in discussions over how to handle Libya, for example, senior U.S. officials never agreed on Syria’s strategic value, the potential of the political opposition, the trustworthiness of the rebels and to what degree the United States could – or should – help to bring about regime change. “The White House and the State Department both – and I include myself in this – were guilty of high-faluting rhetoric without any kind of hard policy tools to make the rhetoric stick,” said Robert Ford, who as the U.S. ambassador to Syria would become the American face of the conflict.
» However, he said, even if the White House had resisted the intense lobbying of that summer, the public campaign and private diplomacy to draw in the United States would’ve continued. After all, the pressures had gotten to him all the way in Damascus. “To be fair to the White House, they did ask me shortly before the president made the announcement whether it was a good idea. And I said, ‘well, you might as well go ahead at this point,’ ” Ford recalled. “That was a mistake.”
» What the Oval Office intended as a cost-free gesture to support the seemingly imminent overthrow of Assad was received on the battlefield – and to rebel supporters within the administration – as a tacit pledge of U.S. help to get the job done. But Assad hung on and the help didn’t arrive, leaving the insurgents bitter and disillusioned over what they now consider the first of many broken promises of Western assistance. “It began a pattern of rhetoric getting out in front of action,” Hof said. “There’s been a lot of verbiage unaccompanied by real determination to make it happen.”
» Such a call from Obama, Hof argued, was “not idle chitchat, it’s not an advisory opinion, and it’s not Dutch-uncle advice to the president of Syria. It’s directive in nature, and, therefore, we damn well better make it happen.” Obama’s call for Assad to go was no spontaneous cri de coeur from a world leader who’d had enough of the blood-soaked images coming from Syria.
» Instead, it was a carefully orchestrated moment that capped weeks of debate over what Obama should say, according to officials whose accounts converge in showing an administration that was caught off guard by the Arab Spring protests, ill-informed about Assad’s staying power and under pressure at home and abroad from those who saw an opportunity to hit Iran via its ally in Damascus. Even critics of Obama’s handling of the conflict say that any examination of the decision-making should take into account the pressures and frenzy of that moment in the Middle East.
» An unprecedented wave of uprisings against Arab autocrats already had toppled the leaders of Tunisia and Egypt by the summer of 2011. Yemen’s president was on his way out and Gadhafi was on the run in Libya. Demonstrations in Bahrain had just forced the cancellation of that country’s Grand Prix, a major Formula One racing event. “You were constantly pivoting from portfolio to portfolio, knowing there were linkages between them all,” recalled Jeffrey Feltman, who then oversaw the State Department’s Middle East policy as assistant secretary of Near Eastern Affairs. “It was really hectic a lot of the time.”
» The protests shattered the status quo of the Middle East, ushering in a dangerous era of untested political actors and trigger-happy militiamen of all loyalties. The U.S. foreign policy machine, not known for being nimble in the smoothest of times, was struggling to find ways to protect American interests and evaluate the new forces that were seizing power across the region.
» The goal had been to “ratchet up” the Syria response incrementally, starting with U.S. condemnation of the violence and eventually suggesting that Assad had lost legitimacy, two former policymakers said. But the conflict was moving too quickly and the U.S.’s allies in Europe, especially the French, were relentless in their lobbying for a denunciation of Assad, they said. The United States already had imposed sanctions against Assad and his cronies for human rights abuses that May. [...]
» “There was never a view, from the highest levels, that the U.S. had a big, important role – or should have a big, important role – in the Syrian civil war,” another former senior policymaker said. “It was always, ‘Let’s look like we’re on top of this problem, let’s look like we’re doing something, but let’s not own it.’” He and other officials said that confusion – both inside and outside the administration – arose in large part because the administration could never bring itself to bluntly communicate that view, especially after having joined the NATO-led intervention that helped to overthrow Libya’s Muammar Gadhafi, whose atrocities paled in comparison to the Assad regime’s tactics.
» Plus, senior Middle East policymakers were still stinging from criticism of their response to the popular uprising against Egypt’s Hosni Mubarak and were determined to change the U.S. image by responding more swiftly on Syria. “People around the president were very chastened by their slow, excessively prudent reaction to the Egyptian revolution. That was the view at the time,” the same Syria policymaker said. “They weren’t going to be caught flat-footed in that way. And, to be fair, they weren’t.
» “They made a totally different mistake.”
» The Syrian regime picked August, which coincided with the Islamic holy month of Ramadan, to launch an operation that left hundreds dead in the anti-Assad stronghold of Hama. Amateur footage uploaded to the Internet showed lifeless civilians amid thick, black smoke.
» And there was another urgent development: reports were emerging of heavy regime losses, inspiring greater confidence in the rebels and giving credence to internal assessments that Assad would fall by Christmas, perhaps even by Thanksgiving. European campaigning kicked into overdrive. The allies had successfully talked the United States into an active role against Gadhafi and now wanted the same support to take down Assad. They reiterated calls for a coordinated, simultaneous demand for Assad’s departure. [...]
» As the regime widened its attacks on opposition targets that month, Syrian activists and their supporters around the world lambasted the United States for failing to call for Assad’s ouster, forcing Clinton to go on the defensive at a public appearance on Aug. 16, 2011. Clinton said that the United States lacked the leverage in Syria that it enjoyed in other countries with stronger economic and political ties. She also noted that Turkey and Saudi Arabia already had called for regime change in Damascus, so Assad surely had gotten the message. “It’s not going to be any news if the United States says, ‘Assad needs to go,’ Clinton said at the time. “OK, fine, what’s next?”
» The administration didn’t dwell on that question. Two days later, on Aug. 18, Obama called for Assad’s ouster in coordination with the leaders of the United Kingdom, France and Germany, who issued their own joint statement. The president also signed an executive order that immediately froze all assets of the Syrian government that fell under U.S. jurisdiction and banned Americans from doing business with the regime. The “magic words” finally had been uttered, after five months of violence and a death toll of 1,800.
» Syrian opposition factions cheered, with news reports from that day quoting jubilant activists. Razan Zaitouneh, a lawyer and vocal opposition activist, told Britain’s Guardian newspaper that she interpreted the statement as a sign that the international community was ready to get serious about addressing Assad’s atrocities. “This statement is the right start,” she was quoted as saying. [...]
» Today, the remnants of the opposition groups that rejoiced at Obama’s statement, thinking that they had a superpower in their corner, now understand the words as they were intended by the speechwriters in Washington – as only “a preference and a prediction,” as one former senior official explained it.
» Zaitouneh, the once-hopeful activist who went on to win two State Department awards for her work, was seized along with her husband and two colleagues in December 2013 – not by the regime she risked her life to oppose but reportedly by one of the many jihadist groups that have proliferated over the years. The activists’ fates are unknown. At the time of her abduction, U.S. officials who dealt with her confided, Zaitouneh was so let down by the response from Washington that she wasn’t even on speaking terms with her old American contacts. That sense of betrayal is pervasive among opposition activists and armed rebels who say they wasted months on halfhearted, abortive projects and forged bonds with U.S. officials who turned out to be powerless or unwilling to help them. [...]
Hannah Allam, McClatchy.News
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